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mardi 10 octobre 2006

Crise au conseil: la place du Stade

Demain, réunion de crise du Conseil municipal australovicien (hein?). Le projet de réaménagement de la place du Stade (Stadionplein, qui pour l'instant est un parking à ciel ouvert) proposé par OMA (le bureau d'architecture de Rem Koolhaas) pour le site a provoqué de nombreuses réactions et pose des problèmes techniques qui ont failli cuaser une grave crise politique. Certains parlaient déjà du départ du bourgmestre, ce qui est bien sûr exagéré.
En fait il y a trois sortes de problèmes:
- des problèmes réglementaires, puisque le Conseil Municipal avait posé un cadre réglementaire contraignant quand à la hauteur des bâtiments, leur utilisation et la nature des bouleversements. Il faut soit changer le projet (qui s'annonce très intéressant), soit changer les règles.
- la procédure doit donc être révisée pour permettre les ajustements sans perdre trop de temps. C'est en voie, puisqu'on vote demain pour un nouveau projet de procédure. Ce projet ne préjuge pas du contenu, mais donc uniquement des procédure à suivre. C'est assez compliqué, en fait.
- la plus grosse question est architecturale. Je crois que de profonds désaccords existent au sein de tous les partis politiques australoviciens sur la fonction même de cette place. Pour résumer, il y a ceux qui veulent que rien ne change, ceux qui veulent une place de quartier tranquille, et ceux qui veulent en faire un endroit important pour la ville entière.

En fait, d'après moi, nous sommes coincés par plusieurs blocages psychologiques. Le premier est le culte de la démocratie directe, qui est fétichisée. Lorsque quelques habitants (parfois manipulés par certains partis populistes, mais pas toujours) sont contre un projet, souvent parce qu'ils sont mal informés, les politiques prennent peur et se rétractent. Je pense que beaucoup de politiques n'ont pas vraiment de vision et se content de suivre ce qu'ils pensent que les gens veulent. La démocratie directe ce n'est pas la dictature des grandes gueules, mais un processus long et difficile associant décideurs, habitants et voisins (des autres arrondissements).
Un deuxième blocage est géographique: on oublie que cet endroit de l'arrondissment est au contact direct d'autres arrondissements. Cette place borde de fait Zuidas (Axe Sud en français), le projet géant de ville nouvelle prolongeant le centre par le Sud, via notre arrondissement. Y sont (et seront) construits de nombreuses tours de bureaux et d'habitations. La discussion enflammée que nous avons eu lors du dernier Conseil municipal sur un immeuble en hauteur (discussion confinant parfois au ridicule, le magnifique Gherkin de Londres étant attaqué pour pornographie) n'a de sens que si nous replaçons la place dans un contexte plus large. Ce n'a pas été fait.
Un troisième blocage est culturel. Alors que certains d'entre nous (dont moi-même) rêvons d'un projet audacieux et architecturalement novateur (sans préjuger de la hauteur des bâtiments), beaucoup veulent que le style de Berlage soit respecté religieusement. On risque de se retrouver avec des bâtiments petit-bourgeois, néo-conservateurs et médiocres en opposition totale avec le projet initial de Berlage qui à l'époque était tellement révolutionnaire et visionnaire. Je pense que ce serait une insulte à son talent que de mimiquer son style pour satisfaire les plus réacs des habitants.
Bref, le sujet n'a pas fini de fâcher...