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lundi 17 juillet 2006

Des fonctionnaires fonctionnant mal?

Depuis quelques jours, les Pays-Bas s'interrogent sur le Bos-En-Lommerplein, cette place toute nouvelle sensée renouveler et dynamiser un quartier à problème, et qui a été évacuhée depuis qu'elle menace de s'effondrer. On a beaucoup entendu parler du marché des travaux publics construisant à perte, de l'absence (légalisée) de tout maître d'oeuvre, des économies réalisées en oubliant la qualité... Mais, ce qui m'a le plus frappé, c'est l'éditorial de Felix Rottenberg (photo) dans Het Parool. Il y raconte le combat épique du maire d'un autre arrondissement, Ahmet Marcouch, contre ses hauts fonctionnaires: face à une machine bureaucratique très territoriale et convaincue de sa supériorité, il est réduit à l'impuissance administrative et politique. Rottenberg nous rappelle que ces fonctionnaires, très très bien payés, sont en vacances et injoignables alors même qu'un quartier entier est évacué et sinistré, et que le besoin de coordination et de management se fait vraiment sentir.

Hier, en visitant le festival multiculturel du Kwakoe à Bijlmer (je recommande!), on en a parlé avec Rachid Jamari: dans d'autres cadres, en particulier celui de l'intégration des allochtones, les fonctionnaires amstellodamois font preuve d'une méconnaissance des dossiers assez saisissante, et surtout d'une paraisse intellectuelle vraiment fascinante. La plupart ne sont pas amstellodamois, et la Hollande provinciale blanche hétérosexuelle chrétienne y est plus que sur-représentée. Et ce n'est pas un hasard.
Mon expérience personnelle des fonctionnaires amstellodamois est mitigée: dans mon arrondissement, les quelques contacts que j'ai pu avoir avec eux (en tant qu'élu) se sont bien passés. Par contre, en tant que citoyen, c'est plutôt à une bureaucratie rigide, xénophobe et autiste que j'ai eu affaire. Le fait que j'avais un accent les agaçait, et le fait que je n'arrive pas à penser comme eux à 100% les rendait fous.
Ce n'est pas un hasard si un des thèmes porteurs lancés par Pim Fortuyn était le poids de la bureaucratie. Ce n'est pas non plus un hasard si ce thème n'a été repris par personne: la bureaucratie néerlandaise est puissante, et la critiquer a des coûts. Se mettre a dos ses fonctionnaire peut coûter cher à un ministre ou un maire. C'est d'ailleurs une forme de contre-pouvoir qui, en soi, est saine, puisqu'elle évite de se jeter sans réfléchir dans des politiques hasardeuses (voir: la résistance de certains fonctionnaires aux directives xénophobes de Rita Verdonk). Cependant, le fait que, comme en France avec les énarques, la plupart des hauts fonctionnaires amstellodamois ignorent la vie des vrais habitants et leur façon de penser me pose vraiment un problème.