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lundi 24 juillet 2006

Croissance pour qui?

En ce moment, on n'arrête pas d'entendre que l'économie va mieux et que la vie de tout le monde va s'améliorer. Plus on le dit, plus on va finir par y croire. Pourtant, aux Pays-Bas et à Amsterdam en particulier, il ne s'agit que d'indicateurs partiels et de court terme...

- Selon les estimations glânées ici et là, seuls les plus riches vont vraiment profiter de l'embellie économique, qui ne se traduit pas par un baisse du chômage pour les classes moyennes et inférieures, et encore moins par des augmentations de leur pouvoir d'achat. Les emplois créés pour ces classes sont loin de satisfaire les besoins de gens, car beaucoup sont des emplois précaires. Le gouvernement et une partie de la classe politique semble se contenter de bonnes nouvelles et oublie que la transformation d'une embellie pour les plus riches en emplois solides pour les autres demande beaucoup de volonté.

- Une grande partie des richesses accumulées ces dernières années aux Pays-Bas sont, d'une part, le fruit du travail des européens invités pendant les années 1990 (et qui sont pour beaucoup partis ailleurs) dont les fruits ont été cueillis par les financiers et les managers hollandais, et de l'autre un phénomène purement financier et spéculatif. Je ne suis pas un productiviste soviétique, mais une économie saine ne peut pas être basée uniquement sur des positions managériales ou l'envolée des prix de l'immobilier: il faut aussi fournir des produits, des services, inventer des choses, et pas seulement gérer. Sur le court terme beaucoup de gens bien placés s'enrichissent, mais sur le long terme, si le marché libre existe vraiment, ce n'est pas une économie viable.

- Beaucoup pensent que l'augmentation du prix des maisons montre que les Néerlandais sont devenus plus riches. Ce n'est pas vrai. Tout d'abord, les loyers sont devenus tellement absurdes qu'il est désormais plus rentable d'acheter une maison que la louer, même dans le social. Ensuite, l'explosion de la durée des emprunts (on les appelle "hypotheek" en néerlandais, par ue glissement sémantique révélateur: la maison ne vous apparetient jamais vraiment) a surtout eu comme conséquence que les prix ont augmenté, sans que le marché ne s'ouvre vraiment. Il y a pénurie de logements, et permettre à tous d'emprunter plus, c'est juste s'assurer que les prix augmentent.
Enfin, l'augmentation du prix de la pierre est un phénomène général en occident qui a lieu même si l'économie ne va pas si bien: l'économie française de brille pas par son dynamisme, et les prix augmentent tout de même.

La solution? Ah, si j'en avais une. La première est de s'assurer que les différences salariales ne deviennent pas trop obscènes. La deuxième serait de favoriser la création de richesse réelle et ne pas trop encourrager le bricolage spéculatif (financier, organisationnel et immobilier). La troisième serait de réellement inverstir dans une économie de la connaissance. Cela commence par une éducation généraliste de qualité, car la connaissance n'est pas uniquement l'électronique: sans designers, Apple n'aurait jamais aussi bien vendu son disque dur à mp3. Enfin, il faudrait penser à long terme. Pas 2 ou 5 ans, mais 20 ou 30.
Les libéraux du VVD sont très bons à se vendre comme source d'inspiration (et de liberté) quand on parle économie. C'est très souvent du vent. Et les autres partis sont tout intimidés par leur assurance et les suivent sans trop se poser de questions. Le capitalisme est certes le seul régime viable quand il faut que les individuent créent de la richesse, mais cela ne veut pas dire que l'ultralibéralisme (qui d'ailleurs déteste le marché et préfère la voie du plus fort) doit devenir dictature.
La campagne électorale va bientôt commencer. J'espère que mon parti, le PvdA, viendra avec quelque chose de plus consistant qu'une version "sociale" du programme du VVD.