Drogués, violés, et contaminés avec du sang, c'est ce qui est arrivé à des dizaines d'hommes dans la province de Groningue au Nord des Pays-Bas. L'histoire fait la "une" de tous les journaux néerlandais après l'arrestation de trois hommes ayant volontairement contaminé leurs victimes, contactées sur internet, lors d'orgies privées en utilisant du GHB, "la drogue des violeurs".
Le nombre exact d'hommes contaminés (une dizaine officiellement) est encore inconnu: beaucoup sont mariés ou sont trop haut placés pour se permettre d'avoir leur nom révélé.
La police est sur la sellette car elle a mis un an à arrêter les suspects: impossible, selon elle, d'agir sans plainte de victime malgré les nombreuses alertes des services sanitaires parlant d'une hausse brutale du nombre de contaminations dans la région. Les autorités appellent d'éventuelles victimes à se faire dépistement anonymement et gratuitement très rapidement.
http://www.tetu.com/rubrique/infos/infos_detail.php?id_news=11469
jeudi 31 mai 2007
Le fabulous gadget
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Le fabulous gadget du moment, c'est un morceau de plastoque recouvert de fourrure douce qui se plie et se transforme en bac à téléphone. C'est simple, tellement simple qu'on se donnerait presque une claque de le pas y avoir pensé avant.
J'ai acheté ça sur un site allemand (et un rouge/blanc pour Lewis), et l'envoi a quasiment coûté plus cher que l'objet. Le pire a été la réception: la compagnie néerlandaise en charge du paquet passait à l'improviste sans sonner en me laissant un message du genre "On est passés, y'avait personne, on ne repassera plus et on n'a pas de téléphone. Bye."
Finalement, après de nombreux coups de fils d'Allemagne (service irréprochable!), et quelques engueulades avec la mégère hollandaise qui me demandait de me poster devant la porte de l'immeuble toute la journée pour attendre mon colis ("Non, on fait un rendez-vous à la journée, ils n'ont pas le téléphone et il leur est interdit d'appeler les clients"), j'ai donné l'adresse du boulot de Lewis où on a enfin pu aller le chercher.
Mais bon, ça fait chôli sur le mur, non?
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mercredi 30 mai 2007
Une série avec un cochon d'inde gay
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Liberté / sécurité
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Derrière cette liberté de choisir se profile une société pseudo-libérale qui donne de faux choix aux gens: tu veux trop payer et être mal remboursé par l'assurance A ou l'assurance B? Tu veux la liberté d'accepter un boulot de merde mal payé ou la liberté de te suicider puisque l'assurance chômage produit de l'assistanat et doit donc être abolie? Tu veux payer, sans discussion plus large sur notre mode de consommation, le même prix ridicule pour le gaz "vert" (qui ne l'est pas) de la compagnie X ou de la compagnie Y? Pourtant, personne ne demande si on préfère une société pseudo-libérale à l'américaine, un modèle mixte à l'allemande, un Etat fort à la suédoise ou de la flex-securité à la danoise. N'est-ce pas là que s'opère le vrai choix?
Je ne sais pas où en est le SP sur la question (apparemment plus avancé que nous en tous cas), mais le PvdA nage en pleine fable libérale, à vouloir laisser faire un marché qui n'existe pas. Alors que de nombreux militants, cadres et électeurs ne suivent pas du tout cette logique pseudo-libérale. Va-t-il falloir attendre une victoire du SP à la soviétique pour que les travaillistes et les verts se réveillent?
Idée de punition possible pour acte homophobe: nettoyage de darkroom
Un homo de 38 ans a été poussé dans un canal à Amsterdam mercredi dernier après que sa chemise eût été arrachée par trois jeunes d'origine marocaine et forcé à y rester deux heures durant. Le passage d'une voiture a mis les jeunes en fuite et a mis fin à son calvaire. La police pense qu'il s'agit d'un acte homophobe. En réaction à cet acte qui a causé beaucoup d'émoi aux Pays-Bas, le chef de file de l'extrême-droite islamophobe, Geert Wilders, a demandé au ministre de la justice que les jeunes soient sévèrement punis. Il a même proposé que les trois jeunes nettoient une darkroom amstellodamoise. Rien n'indique que ce sera la peine retenue.
Il faut rappeler que Geert Wilders, comme Rita Verdonk ou Pim Fortuyn avant lui, n'est pas un défenseur des homos, loin de là, mais se sert régulièrement de drames homophobes pour attaquer l'Islam et les musulmans néerlandais.
http://www.tetu.com/rubrique/infos/infos_detail.php?id_news=11458
Il faut rappeler que Geert Wilders, comme Rita Verdonk ou Pim Fortuyn avant lui, n'est pas un défenseur des homos, loin de là, mais se sert régulièrement de drames homophobes pour attaquer l'Islam et les musulmans néerlandais.
http://www.tetu.com/rubrique/infos/infos_detail.php?id_news=11458
lundi 28 mai 2007
I scream 4 Ice Cream!
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A exactement 30 secondes de chez moi vient de s'ouvrir un petit magasin de glace, ça s'appelle Yscuypje ("petite coupe de glace", écrit de façon archaïque, mais c'est aussi une référence au marché d'Albert Cuyp juste à côté: avec l'orthographe moderne ça donnerait ijskuipje). Dieu sait si on est difficiles (on a jeté le marchand de glace italien du quartier car il y avait trop de sucre et pas assez de crème ou de fruits), et pourtant là on est ravis: les sorbets sont vraiment plein de fruits, la crème glacée au chocolat est faite essentiellement de chocolat et de crème, et la glace à la pistache est vert pistache (pas E412) et a un vrai goût de pistache.
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J'ai discuté un peu avec un des deux entrepreneurs ce soir. Ils ont tous les deux les cheveux longs, mais celui de ce soir a rendez-vous chez le coiffeur demain. Il m'a raconté que la machine à glace est italienne et a 30 ans. C'est la Rolls des machines à glace et coûte, neuve, le prix d'une grosse berline allemande. Il m'a dit qu'ils font aussi de leur mieux pour garder leurs prix raisonnables, malgré le fait que la pâte à pistache coûte horriblement cher. Les recettes ne sont pas italiennes, mais "amstellodamoises", c'est à dire développées par eux. Donc non seulement c'est délicieux et fait avec de bons ingrédients, mais les prix ne sont pas ridicules comme dans de plus en plus de bars et restaurants du quartier. On va finir par croire que c'est bon pour notre santé...
Je précise que j'ai payé mes glaces (on a été en tester plusieurs par esprit scientifique, vous noterez notre sens du sacrifice) mais que les cadeaux sous forme glacée (on peut acheter par litre aussi) sont les bienvenus.
___________
PS: ce message a été repris sur le site de 24 Oranges. Coule, hein?
Un as dans la manche
Bon, qui ne connaît pas l'histoire des deux cowboys amoureux de Brokeback Mountain (appelé Bareback Maintain par un copain, quel cochon)? La nouvelle d'Annie Proulx se trouvait dans un recueil de nouvelles gaies sorties par Pinguin il y a quelques années (voir la photo ci-dessous) et a été ré-éditée lors de la sortie du film. Pas franchement au courant de l'étendue de notre bibliothèque, Lewis avait commandé sur Amazon une version poche avec pour couverture l'affiche du film. Il ne l'a jamais fini ("elle dit qu'ils sont moches et qu'ils puent de la gueule, je crois que je vais m'en tenir au film") et c'est Martin le chien qui a fini par le dévorer. Littéralement.
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Pourquoi je vous en parle? Et bien parce qu'à Bruxelles je me suis acheté une traduction en français d'un de ses romans, "That Old Ace in the Hole" traduit par "Un as dans la manche". C'est l'histoire de Bob Dollar, jeune Américain désargenté, qui doit parcourir le "manche de casserole" du Texas (ainsi nommé pour sa forme), partie spetentrionale assez délaissée de l'Etat, pour essayer de trouver d'éventuels vendeurs de terre pour implanter des porcheries industrielles. Un prétexte pour parcourir le coin et tailler une bavette avec les autochtones.
Proulx a un style très fluide, très agréable (et le traducteur a dû souffrir), et est parfois proche du conte, mais aussi du récit anthropologique et historico-sociologique. On y découvre une Amérique dure, soumise aux dures lois du capitalisme, de la nature ingrate et des coups du sort, au bord de la catastrophe écologique. Après le pétrole (tari!), c'est au tour de la nappe phréatique (du joli nom d'Ogallala) d'arriver à sa fin. Une vraie récréation, pleine de charme, de surprises et d'histoire tristes et ironiques qui me font beaucoup de bien.
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Ça donne même envie d'aller se perdre dans ces plaines sales et semi-désertiques, et aller manger des tartes trop sucrées avec les indigènes du coins, probablement édentés et sans le sou, un chien crasseux à ses pieds, bercé par le son des moulins à vent pompant ce qui reste d'eau. On est bien loin des drames avé terroristes de Hollywood ou des pitreries mondialo-européennes raffinées d'un Woody Allen, et beaucoup plus proche des analyses d'Emmanuel Todd sur le capitalisme de prédation cher à nos cousins américains. Vous avez deviné: c'est chaudement recommandé.
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Pourquoi je vous en parle? Et bien parce qu'à Bruxelles je me suis acheté une traduction en français d'un de ses romans, "That Old Ace in the Hole" traduit par "Un as dans la manche". C'est l'histoire de Bob Dollar, jeune Américain désargenté, qui doit parcourir le "manche de casserole" du Texas (ainsi nommé pour sa forme), partie spetentrionale assez délaissée de l'Etat, pour essayer de trouver d'éventuels vendeurs de terre pour implanter des porcheries industrielles. Un prétexte pour parcourir le coin et tailler une bavette avec les autochtones.
Proulx a un style très fluide, très agréable (et le traducteur a dû souffrir), et est parfois proche du conte, mais aussi du récit anthropologique et historico-sociologique. On y découvre une Amérique dure, soumise aux dures lois du capitalisme, de la nature ingrate et des coups du sort, au bord de la catastrophe écologique. Après le pétrole (tari!), c'est au tour de la nappe phréatique (du joli nom d'Ogallala) d'arriver à sa fin. Une vraie récréation, pleine de charme, de surprises et d'histoire tristes et ironiques qui me font beaucoup de bien.
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Ça donne même envie d'aller se perdre dans ces plaines sales et semi-désertiques, et aller manger des tartes trop sucrées avec les indigènes du coins, probablement édentés et sans le sou, un chien crasseux à ses pieds, bercé par le son des moulins à vent pompant ce qui reste d'eau. On est bien loin des drames avé terroristes de Hollywood ou des pitreries mondialo-européennes raffinées d'un Woody Allen, et beaucoup plus proche des analyses d'Emmanuel Todd sur le capitalisme de prédation cher à nos cousins américains. Vous avez deviné: c'est chaudement recommandé.
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Reprise en main
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D'habitude, ce sont des pakistanais qui se chargent de la boutique. C'est marqué en anglais et en hébreu sur la devanture, mais c'est pour la frime. Il aurait mieux valu l'écrire en néerlandais et en ourdou. Ce qui est chouette avec cette boutique, c'est qu'on nous donne une barquette en plastique (utilisées pour les frites) que l'on peut remplir de crudités, une micro-barquette pour la sauce, et dans un pain on a cinq falafels bien cuits dans l'huile d'olive avec de la salade. Miam...
Aujourd'hui, surprise. Le Pakistanais habituel a été relégué au fond de la boutique et c'est une Hollandaise blonde et un peu vulgaire qui s'occupe des clients. Robe noire cachant mal son bidon, tresse blonde de Teutone moyen-âgeuse, et une gueule de trois kilomètres de long. La politesse n'est aujourd'hui pas de mise, ça peut arriver. Je commande deux falafels. Elle me donne deux micro-barquettes pour saucisses. Je la regarde d'un air interrogateur. "C'est pour la salade." La barquette, désormais réduite des deux-tiers, est vite remplie avec trois morceaux de carotte et deux olives. Je remplis une barquette à sauce de humus, et l'autre de sauce verte, mais elle me les vide à moitié en me disant "si c'est trop plein la boite ne ferme pas". Ben voyons, et puis quand c'est complètement vide ça ferme encore mieux?
Les falafels arrivent, ils sont juste assez cuits pour ne pas être crus (une minute de cuisson en plus ça lui coûte trop cher), et elle les fourre rapide dans le pain avec trois molécules de salade (Lewis, à la maison: "euh, ils ont oublié la salade, on dirait." "Non, lui répondé-je, la grosse a juste mis de quoi dire qu'il y a effectivement de la salade dans le pain, et que c'est détectable par les légistes et leurs traceurs de matières organiques, donc juridiquement inattaquable."). Elle m'emballe ça et me donne le sac avec un "eetse" ("mange bien") histoire de ne pas pousser la politesse trop loin.
Bref, son rôle était apparement de montrer à nos Pakis comment faire des affaires en rognant sur les marges. Et plus besoin de politesse: le marché est assez visité pour qu'on s'encombre d'une relation humaine avec le client, nom d'un chien. Et bien, méchante blondasse, mission accomplie: maintenant que Maoz est repris en main, il va falloir nous trouver un nouveau resto à falafels. Où l'invasion va-t-elle s'arrêter?
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dimanche 27 mai 2007
Dépossession
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J'ai de plus en plus de gens qui se plaignent ouvertement de la tournure que prend mon quartier, le Pijp. Surtout des étrangers. La plupart se sont installés à Amsterdam et dans le Pijp car ils s'y sentaient bien: des loyers un peu élevés, mais une mixité sociale et ethnique fabuleuse, de bons restos, de la bonne bouffe partout, plein de petits magasins mignons et une bonne ambiance tolérante et mutli-ethnique. Alors que le reste du pays versait dans l'hystérie xénophobe, notre quartier restait relativement épargné.
Mais depuis un an à peu près, l'équilibre a été rompu. On croirait qu'ils exagèrent, ces allochtones, à se plaindre. Des amies lesbiennes: "avant on était tranquilles, mais maintenant c'est la Straight Pride™ tous les jours, avec ces couples hétéros qui se fourrent la langue dans le gosier en public, les filles habillées comme des putes, les mecs bourrés à la bière avec trop de gel dans les cheveux. On se sent agressés par leur arrogance et leur sans-gêne."
Un copain américain: "je ne supporte plus ces bobos hollandais thunés et arrogants. Ils n'ont aucune culture, aucune politesse, aucune hygiène personnelle. Pourtant ils me donnent des leçons de politique américaine, se comportent comme des pirates à te voler ta table de terrasse alors que tu les avais juste autorisé à prendre une chaise, et ils mettent des "fuck" partout, je ne suis pas puceau (c'est le moins qu'on puisse dire, NdLC), mais ça me choque. Je me sens envahi, chassé de mon quartier. Alors que c'est nous, les artistes et les étrangers, qui avons rendu ce quartier si sympa, pas les bobos arrogants."
Aujourd'hui, avec Lewis nous sommes allés à Burgermeester, le nouveau resto de burgers hip. Le nom joue sur la notion d'expert du burger, et bourgmestre. Les burgers sont réputés et effectivement ils ne sont pas mal. Mais les manger à côté de couples en chaleur avec des femmes trop maquillées et rigolant bêtement, des mecs qui se la jouent thunés et sales (virilité et saleté ne sont pourtant pas synonymes, nan?) et avec tout le monde qui est vulgaire, arrogant et parle fort, c'est une torture. Ils ont gâché nos burgers. Nous nous sommes aussi sentis dépossédés de notre amstellodamité, étrangers dans notre propre quartier.
Le Pijp commence à avoir un sérieux problème.
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samedi 26 mai 2007
Combats discrets à l'hôtel de ville
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Sans rentrer dans les détails (assez compliqués, mais en gros en prouvant une baisse de revenus ils ont droit rapidement à une compensation à effet rétroactif, et l'accusation est donc fausse), il est apparu que c'est l'échevin de la Ville Centrale, Lodewijk Asscher (photo; on murmure qu'il serait le successeur désigné du maire, Job Cohen), aussi du parti travailliste, qui a plus ou moins distordu les faits et a promis à quelques entrepreneurs qu'une compensation collective, via une baisse des charges, était prévue. Via quelques coups de téléphone à certaines personnes importantes de l'arrondissement, il a réussi à sérieusement semer la panique ici.
On reviendra sur ce marché, qui est victime de dysfonctionnement, de pratiques discutables et sur lequel les entrepreneurs, mon parti et l'échevin travaillent. La question centrale, c'est la forme politique de l'Amsterdam du futur. D'après des sources qui veulent rester anonymes à l'administration centrale de la ville, le projet est de supprimer les arrondissements amstellodamois, bien trop indépendants malgré la forte tendance à tout centraliser, de donner à Zuid-Oost (Bijlmer, le ghetto noir) son indépendance, et d'aboutir à une structure beaucoup plus centralisée et dont Asscher serait le roitelet. La question de la suppression des arrondissements revient régulièrement dans la presse (certains remarquent que la presse locale est notoirement pro-Asscher), et un incident lié à la mauvaise gestion de quelque chose aussi important que le plus grand marché du pays serait un bon moyen d'orienter la discussion.
Le problème est en effet que si certains arrondissement sont peu peuplés et faiblement dirigés, mon arrondissement (Oud Zuid) est le plus riche, le plus créatif, avec une concentration d'entrepreneurs, d'artistes et d'allochtones talentueux, et serait donc plus légitime à combattre le centralisme d'Asscher. Délégitimer Oud Zuid en faisant passer nos échevins pour incompétents serait le meilleur moyen de neutraliser les opposants aux plans d'Asscher.
Bref, on croit qu'il y a incompréhension sur certaines choses, et on finit par découvrir que la réalité est bien plus complexe et que beaucoup de choses se trament sans qu'on se rende compte nécessairement de ce qui se passe vraiment. Intéressante, la politique, non?
Violence verbale
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Il y avait une femme hispanophone sur une machine, et un de ces connards musclés et toujours de mauvaise humeur (faut y aller mollo sur la nandrolone, hein, chéri) harcelait la pauvre fille pour qu'elle lui laisse sa machine. Elle lui a d'abord dit en néerlandais un peu hésitant "oui, plus que deux séries", et le mec est revenu à la charge au bout d'une petite minute.
Elle a déclaré quelque chose pour le calmer avec un fort accent. Le mec lui a dit "Quoi? Je comprends pas." Elle a répété la chose et le mec lui a dit "Si t'es pas capable de parler néerlandais correctement, c'est pas la peine de rester dans ce pays."
La femme s'est tirée rapidement, a été se changer et en sortant des vestiaires tirait une tronche de trois kilomètres de long. Pas facile de se faire insulter par des connards alors qu'on essaye d'apprendre la langue. Sur le coup on n'a pas réagi avec Lewis. Maintenant, on se dit qu'on aurait dû intervenir. La prochaine fois, c'est promis.
Le sel de la démocratie, enfin rééditée
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vendredi 25 mai 2007
Adoption: vers une égalité totale
Une large majorité du parlement néerlandais ne veut pas de traitement différencié pour les couples de même sexe dans le cadre de la nouvelle loi sur l'adoption. Les partis laïcs de la chambre (le gouvernement est composé d'une alliance entre deux partis religieux, un chrétien-démocrate et l'autre chrétien fondamentaliste progressiste, et un parti laïc, le parti travailliste), de droite comme de gauche, ne veulent plus en entendre parler.
"Les conclusion de tous les rapports sont ainsi: la qualité des parents adoptifs est essentielle, pas leur orientation sexuelle" a répondu le chef de fil des travaillistes modérés (D66), Alexander Pechtold, au ministre chrétien-démocrate qui voulait commander un nouveau rapport sur la question. "Il en va de l'égalité entre homos et hétéros."
Jusqu'à maintenant, seuls les homos et lesbiennes célibataires peuvent adopter à l'étranger. La coparentalité dans un couple lesbien ne peut avoir lieu que si l'autre parent renonce à ses droits parentaux, et cela ne garantie en rien que l'opération réussisse, alors que cela ne pose aucun problème chez les couples hétérosexuels, sans avoir à renoncer à ses droits parentaux, même quand le père n'est pas le géniteur.
La nouvelle loi devrait régler ces questions: adoption des couples à l'étranger, et, source de discorde pour les chrétiens, la coparentalité au sein des couples lesbiens. La question devrait être réglée avant la rentrée de septembre.
"Les conclusion de tous les rapports sont ainsi: la qualité des parents adoptifs est essentielle, pas leur orientation sexuelle" a répondu le chef de fil des travaillistes modérés (D66), Alexander Pechtold, au ministre chrétien-démocrate qui voulait commander un nouveau rapport sur la question. "Il en va de l'égalité entre homos et hétéros."
Jusqu'à maintenant, seuls les homos et lesbiennes célibataires peuvent adopter à l'étranger. La coparentalité dans un couple lesbien ne peut avoir lieu que si l'autre parent renonce à ses droits parentaux, et cela ne garantie en rien que l'opération réussisse, alors que cela ne pose aucun problème chez les couples hétérosexuels, sans avoir à renoncer à ses droits parentaux, même quand le père n'est pas le géniteur.
La nouvelle loi devrait régler ces questions: adoption des couples à l'étranger, et, source de discorde pour les chrétiens, la coparentalité au sein des couples lesbiens. La question devrait être réglée avant la rentrée de septembre.
jeudi 24 mai 2007
Un espace public confisqué
Dans un message précédent, j'avais parlé des tendances asociales et anti-urbaines de certains Amstellodamois, souvent des hommes jeunes hétérosexuels et autochtones (le sommet de la pyramide sociale, ce n'est pas un hasard). Aujourd'hui, nous sommes allés promener Martin sur le Museumplein. Voilà l'état de la pelouse, où certains jouaient au foot:
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Je suis peut-être ringard, ou même soviétique comme on m'a accusé, mais je trouve cette façon de s'approprier l'espace public et le détruire l'illustration d'un manque de savoir-vivre. Dans un espace relativement dense et peuplé, il faut aussi penser aux autres.
En revenant dans le Pijp, panique de Martin le chien, qui ne savait pas où aller. Impossible de traverser la place: des vélos garés sauvagement nous empêchaient de rentrer chez nous:
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Comme je discute souvent avec pas mal de gens dans le quartier, j'ai des échos pour le moins négatifs sur la tendance qui se profile dans le Pijp, avec cette confiscation de l'espace public par le groupe dominant, au détriment de l'ensemble des habitants. Au nom de l'économie florissante (discutable, d'ailleurs, les cafés et restaurants ne fournissant pas des emplois très intéressants), on accepte tout et n'importe quoi de la part de certains. Un jour ou l'autre, ça va chauffer sérieusement.
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Je suis peut-être ringard, ou même soviétique comme on m'a accusé, mais je trouve cette façon de s'approprier l'espace public et le détruire l'illustration d'un manque de savoir-vivre. Dans un espace relativement dense et peuplé, il faut aussi penser aux autres.
En revenant dans le Pijp, panique de Martin le chien, qui ne savait pas où aller. Impossible de traverser la place: des vélos garés sauvagement nous empêchaient de rentrer chez nous:
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Comme je discute souvent avec pas mal de gens dans le quartier, j'ai des échos pour le moins négatifs sur la tendance qui se profile dans le Pijp, avec cette confiscation de l'espace public par le groupe dominant, au détriment de l'ensemble des habitants. Au nom de l'économie florissante (discutable, d'ailleurs, les cafés et restaurants ne fournissant pas des emplois très intéressants), on accepte tout et n'importe quoi de la part de certains. Un jour ou l'autre, ça va chauffer sérieusement.
Nouvelle poésie urbaine
Je sais que cela va paraître bizarre à certains, mais en me promenant à Massy avec Lewis et Martin le chien, je suis tombé sur une résidence près de l'immeuble de mes parents qui a été restaurée/isolée il y a moins de dix ans. Le style est un peu béton et crypto-soviétique genre Tcheliabinsk-40, mais j'aime. J'aime le béton régulier, les passerelles en béton dans la verdure, les balcons infinis et les parois en métal... Qui l'eût cru? (Photos par Lewis avec son téléphone)
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L'heure des bilans
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C'est là que je me suis rendu compte que, pour l'instant, 100% de mes projets ont raté:
- une couverture wifi sur le quartier (économie, émancipation des jeunes, santé publique): rejeté par mon parti ("laissons faire le marché")
- un arrondissement propre: l'idée fait son chemin mais les changements sont, pour l'instant, homéopathiques. Surtout, les changements dans la conception de la ville et du mobilier urbain n'ont pas été discutables
- une inspection d'hygiène pour les cafés restaurants: rejeté, il faut laisser faire le marché ("si on est malade on ne revient pas, et à long terme le resto ferme")
- une fête de la musique: même pas la peine d'en parler, c'est une véritable catastrophe
- le pédibus: "ne correspond pas à l'âme hollandaise"
Les raisons? Je n'ai probablement pas réussi à trouver le bons arguments. Il y a aussi l'incompétence de certains (tout ne dépend pas de moi), le manque d'intérêt des autres politiciens, et des différences de culture, la taille de notre fraction et les différences politiques, culturelles et sociales qui s'y trouvent, et aussi mon manque d'expérience. Je ne cache pas que je suis extrêmement déçu de cette première année, même si elle m'a permis d'apprendre beaucoup: la langue, les gens, le parti, le pouvoir, la culture néerlandaise, le quartier...
J'ai d'autres idées mais je me demande si je dois m'embêter à les présenter, vu les résultats.
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mercredi 23 mai 2007
Tant qu'on y est...
Cheikh: twelve points
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Voilà deux semaines que j'ai fini "Cheikh", le bouquin de Lestrade. J'ai adoré, dommage qu'il ne soit pas plus long. Par honnêteté, je me dois de préciser que Didier est un copain et qu'il m'arrive parfois de discuter avec lui, et même (rarement) de travailler avec lui. Il n'empêche que quand je ne suis pas d'accord avec lui, je le lui dis. Par exemple, je tique encore sur le concept du cheikh (et je lui ai dit) mais c'est vraiment un détail. Ceci dit, j'ai donc adoré son livre, je l'ai laissé à ma mère qui nous dira ce qu'elle en pense. C'est probablement le livre le plus rafraîchissant sur le monde homo que j'aie pu lire depuis plusieurs années. Chaudement recommandé, donc, même si un bonus avec des photos des plantes dont il parle aurait aidé les citadins comme moi...
Paname, BXL, Anvers, Mokum
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A Paris, j'ai revu M., un ami qui est juge. Il m'a raconté qu'on déjoue en moyenne deux ou trois projets d'attentats sérieux par an en France. Selon lui, la question n'est plus s'il y aura un attentat ou pas, mais où et quand. La Hollande et la Belgique ne sont pas épargnés, et la seule réponse est le renseignement, ainsi que l'assèchement des supports financiers et sociaux. Même si, avec moins de 1000 euros, on peut toujours faire une bombe... On a aussi parlé de la vie parisienne, de plus en plus impossible à financer, même pour un juge. Quel dommage, une si belle ville.
A Bruxelles, j'ai pu parler de mon bouquin avec des amis impliqués dans le site Minorités. Mehmet Koksal (correspondant du Courrier International et qui tient des éditoriaux dans la presse belge) m'a emmené dans un joli quartier mélangé, m'a fait manger de vraies frites belges (que je n'ai toujours pas fini de digérer) et m'a raconté les mainmise du PS sur l'immobilier de la ville. Il y avait des affiches pour les candidats du PS sur toutes les vitrines et fenêtres du quartier, c'était assz impressionnant, comme s'il s'agissait d'un parti unique.
J'ai passé la soirée à discuter avec Karim K., un juriste européen avec qui on a parlé minorités, Maghreb, terrorisme, racisme, antisémitisme, sionisme, ghetto et intériorisation des valeurs pseudo-universelles. J'ai enchaîné le lendemain avec Bertrand M.: on a aussi parlé minorités, identité, émigration et ghetto.
J'ai fini ce voyage en m'arrêtant à la nouvelle gare centrale d'Anvers, pas encore finie. Elle est assez impressionnante, et j'ai beaucoup aimé les quais inférieurs, avec les grands panneaux lumineux bordant les colonnes et le logo de sortie de secours (des personnages courant) incrustés dans le béton. Par contre la galerie marchande est un peu minable (trois journaux, quatre magazines chez le buraliste) et les murs en briques ne sont pas à leur place dans cet univers de béton et de verre. On ira l'inspecter quand elle sera complètement finie...
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Écoles noires et pics à bestiaux
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Mais bon... Traversant la cour désormais déserte, je suis arrivé à l'atelier où je devais parler. Ça s'est bien passé, sauf que j'ai peu à peu réalisé que cet atelier avait pour but d'encourager les élèves (13-14 ans) à monter leur entreprise. Il y avait un petit mec d'origine marocaine, à peine pubère, moins d'un mètre quarante de haut, 30kg tout mouillé, à qui le staff conseillait de s'investir dans le restaurant marocain de son père, et d'en faire une affaire florissante.
J'ai gardé le sourire parce que j'étais invité mais j'étais ravagé intérieurement: le pauvre gosse arrive à peine à écrire le néerlandais, et au lieu de lui offrir un bagage culturel et scolaire à la hauteur pour qu'il puisse décider, lorsqu'il est adulte, ce qu'il veut faire de sa vie, on le pousse à rester dans sa banlieue pourrie et aller bosser au resto ethnique de son paternel. Une sortie rapide de l'école est la garantie d'une vie bousillée émaillée de chômage et de problèmes sociaux, et ces enseignants (Hollandais blancs) poussaient le petit beur à quitter l'école. J'étais choqué. J'ai fini par prétexter une rendez-vous ailleurs pour partir prendre mon train vers Amsterdam.
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Alors c'est donc ça, les écoles noires? Les enfants sont tellement séparés du reste de la société qu'ils paniquent quand ils voient un chien? On les encourage à quitter l'école sans diplôme pour monter un business bidon et éviter qu'ils ne s'émancipent? On les traite comme du bétail avec de hautes barrières et des pics à vaches? Pas étonnant que les autochtones n'y envoient pas leurs enfants. La société néerlandaise qu'on nous promet où les allochtones sont "intégrés" m'a l'air très très mal partie...
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Changements mineurs
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Et bien l'autre jour, il est sorti en tirant la tronche d'un café du Marais, il avait les cheveux longs ramassés en catogan, un sac à dos, des lunettes de vue assez moches et portait un marcel mal coupé. Il ne m'a pas vu. Que l'ai-je entendu grommeler d'un air dégoûté? "Putaaaaiiiin..."
J'avais envie de lui faire coucou et de parler du bon temps, et finalement je me suis abstenu. Je me suis souvenu pourquoi je n'étais pas resté en contact (il était passé par la Hollande à l'époque où j'y étais et n'avais jamais répondu à ses appels), et je sais maintenant que j'avais bien fait.
C'est incroyable comme certaines choses ne changent pas, hein? Aucun sens du vêtement (pire que moi), une attitude de victime, et ce talent pour faire peur aux gens. Le pauvre.
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lundi 21 mai 2007
Pathologie végétale
Une copine m'a envoyé le lien d'une vidéo avec Claude Bourguignon, ancien agronome à l'Inra, qui parle des sols européens, et c'est franchement effrayant. Cela correspond aussi à ce que j'ai vu de l'agriculture néerlandaise, qui produit la pire trashfood du continent. Quelques extraits en texte, qui recoupent des observations de proches:
"Nous ne faisons plus de l'agriculture en Europe, nous faisons de la pathologie végétale. Nous essayons de maintenir vivantes des plantes qui ne demandent qu'à mourir. Rien à voir avec l'agriculture. Normalement l'agriculture c'est cultiver des plantes saines."
"La Hollande a déjà perdu 75% de sa flore. Elle a une des flores les plus pauvres de la planète. C'est intensifié au niveau agricole de façon incroyable."
"Le sol abrite 80% de la biomasse vivante. On en a tué 90%. On a tué ce qui est à la source de la vie. Nous sommes dans la société la plus confortable de l'humanité et nos dépenses de sécurité sociale augmentent de 6% par an. Est-ce que les gens sont si bien nourris que ça pour être aussi malades? On dit que les gens vivent de plus en plus longtemps. Les gens qui ont 80 ans n'ont pas connu l'agriculture chimique avant l'âge de 50 ans. C'est tellement récent dans l'humanité qu'on ne connaît pas encore les résultats réels."
"Les écologistes se posent la question: à quel moment l'humanité commencera à s'écrouler? Pour le moment on détruit 90% de notre biodiversité en Europe et ça va encore pour nous. Est-ce que c'est à 95% que le système va lâcher? On ne sait pas. La catastrophe du crétacé est ridicule en comparaison de ce qui se passe en ce moment. Mais ça meurt, ça meurt, ça meurt."
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samedi 19 mai 2007
Dales et la police
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Dales a dit la même chose, mais en langage plus diplomatique. Cochon, va...
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jeudi 17 mai 2007
La banlieue différement
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Aujourd'hui nous sommes allées au supermarché puis au parc. Oui, je sais, ça n'a pas l'air très excitant. Sauf que ce fut une révélation pour Lewis.
Le supermarché, tout d'abord. Un truc de banlieue, ce n'est pas le Bon Marché. Pourtant, quand on entre, il y a des montagnes de produits, littéralement. A gauche, jardinage et wifi. Des brouettes vertes, des argentées, des petites pour enfants. Des télés petites, moyennes et géantes. Des iPods, des chaussettes pour iPods, des boites pour iPods, des speakers pour iPods de toutes les tailles. A droite, fringues et bouffe. Des kilomètres de yaourts, des centaines de sortes de desserts, des mètres de jambon à la coupe, des centaines de fromages. Des milliers de plats plus ou moins cuisinés, au moins cinquante sortes de pizzas surgelées. Des fraises et des melons sechés (miam miam dans la salade), de la marmelada portuguesa et des boites de thés du monde entier. Lewis: "c'est incroyable, il y a au moins vingt sortes de tomates. Pourquoi on ne peut pas avoir ça en Hollande?" (voir sa photo)
Je sais que tout cela semble parfaitement normal aux Français, mais en débarquant d'Amsterdam (et encore, on habite dans le Pijp, le quartier où l'on peut trouver le plus de produits dans tout le pays), on se prend pour des Nord-Coréens débarquant à New York. On n'y croit simplement pas. Autant les supermarché français surjouent la profusion, autant l'économie néerlandaise semble être basée sur la pénurie. Lewis a des théories sur le choix, le protestantisme et le marché: les Français vivent pour manger, les Hollandais mangent pour vivre (donc pas besoin de 50 sortes de saucissons, une saucisse bien nourrissante et grasse suffira); le choix est une perte de temps donc d'argent; le marché fonctionne mieux avec la pénurie, car les gens sont prêts à acheter n'importe quoi à n'importe quel prix s'ils croient que cela va manquer.
Les Français, outre leur culte latin de la bouffe (voir leurs cousins italiens ou espagnols, aussi obsédés des plaisirs oraux), forment une nation très diverse, aux origines géographiques et ethniques très différentes, et cela se retrouve dans le choix des produits, surtout en région parisienne, vrai creuset de l'identité collective française moderne: le fromage corse au bord de l'explosion biochimique cottoie les crêpes bretonnes au blé noir et le calendos cru de Normandie jouxte un couscous qui sent incroyablement bon. Normal, quoi. Bref, entre la France et la Hollande, on a deux modèles culturels et économiques complètement différents. Les Hollandais sont riches mais vivent chichement, les Français vivent pleinement, même les plus pauvres.
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Après le supermarché et une orgie de charcuterie, de pains et de fruits mûrs (j'insiste sur le terme, le pêches ou les abricots n'ayant jamais eu pour finalité d'être croquants), nous sommes allés au "parc urbain" de Massy pour promener Martin le chien. Lewis me tire la tronche: "le chien a besoin d'espace pour courir, pas un morceau de gazon avec un banc et cinquante crottes de chien." Je ne vois pas trop où il veut en venir.
En arrivant au parc (trois patés d'immeubles plus loin), il m'explique qu'il retire ce qu'il vient de dire. Par parc, il entendait quelque chose de petit et sale, comme le Sarphatipark près de chez nous, pas ce qu'il avait devant les yeux. Un ensemble avec plusieurs lacs, des jardins différents, un labyrinthe d'arbustes, plusieurs zones de jeux pour enfants (garanties aux normes européennes), plusieurs promenades romantiques, un énorme gazon central, un morceau de forêt, une zone sauvage pour les animaux, un amphithéâtre végétal. Plus loin, la maison du gardien, un terrain de rugby, un terrain de foot, une zone pour le cirque, un terrain pour vélos, un passage de rochers (voir la photo par Lewis), et des poubelles et des fontaines pour boire partout.
Lewis: "je ne comprends pas, en Hollande on dit que la banlieue c'est pourri, que tout est moche, et là le parc est plus beau et mieux entretenu que le Vondelpark. Tu me mets un carrosse et je me croirais dans le jardin de la reine. Et regarde, les endroits de passage sont renforcés avec du gravier bétonné, comme ça il n'y a pas de gadoue... Incroyable." Je me rends compte qu'en effet, tout est propre, bien conçu, tout est bien réparé, on ne voit pas une crotte de chien. Ce qui me fait me demander: mais comment se débrouille-t-on à Amsterdam pour que tout soit si moche et sale, avec tout le savoir-faire et l'argent qu'on a?
Une des réponses est culturelle: à Massy, si on veut jouer au rugby, on va sur le terrain de rugby. A Amsterdam, si on veut jouer au foot, on joue sur le gazon au milieu du parc entre les filles en bikini et les crottes de chien. Forcément, le gazon n'a plus la même allure après quelques matches. Si j'aborde la question de la confiscation de l'espace publique par certains groupes bruyants (les jeunes hommes autochtones hétérosexuels, pour être précis), on me fait comprendre que c'est le moment de me taire. Vraiment. Quand à Amsterdam je fais la tête quand quelqu'un laisse bouser son molosse sur le gazon, je manque de me faire lyncher par la foule: "c'est sa liberté, il a payé l'impôt sur son chien, c'est son droit de salir." L'autre jour, à Poitiers, Martin était en train de crotter dans le caniveau quand une femmes d'une quarantaine d'années est venue nous indiquer où on pourrait trouver des sacs canins plus bas dans la rue. Deux vieilles ont surveillé de loin qu'on s'en servait bien pour enlever l'étron du caniveau (où l'eau passe tous les matins). Pas franchement les mêmes règles sociales, hein?
Mon problème politique le plus évident à Oud-Zuid est que je suis français: si je commence à donner des leçons aux Amstellodamois sur leurs parcs et jardins, sur la propreté et le savoir-vivre en collectivité, je vais déclencher un pogrom antifrançais (je remercie Finkielkraut pour avoir inventé le terme). En fait il faudrait emmener l'échevin et quelques hauts fonctionnaires en ballade dans d'autres pays, histoire de leur montrer ce qui s'y fait. Et franchement, un gardien pour le Vondelpark, où se promènent des centaines de milliers de personnes chaque année, cela ne représente pas tellement d'argent que ça (quand j'en ai parlé on m'a regardé comme si j'étais un meurtrier budgétaire).
Bref, c'est pas gagné, hein?
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Photos par Lewis depuis son téléphone (d'où le grain un peu bizarre)
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mardi 15 mai 2007
Amsterdam Paris Le Cap Jo'burg Pretoria
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lundi 14 mai 2007
On se réveille un peu à droite de la gauche et à gauche de la droite
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Je ne suis pas un expert de la droite néerlandaise, mais l'action de Geert Dales ressemble à un réveil des libéraux pragmatiques (la branche gauche du parti) qui ont été tellement mis à l'écart et terrorisé par les autres pendant les années post-Fortuyn. Le retour de la droite sortable?
Dans la presse néerlandaise:
"Au VVD, la discussion sur la double nationalité a repris", note le même Trouw en page 4. "C’est Geert Dales, le maire de Leeuwarden, qui l’a relancée samedi, lors d’un congrès à Rotterdam. Dales, auteur du programme de base du VVD paru il y a deux ans, a appelé le groupe parlementaire à débattre de nouveau de ce thème au sein du parti. Le groupe estime que la double nationalité n’est pas souhaitable, mais selon Dales le libre choix des personnes en faveur de leur deuxième passeport mérite ’un grand plus libéral’." "Dales avait déjà tiré la sonnette d’alarme plus tôt cette année, lorsque le leader du groupe, Mark Rutte, avait déclaré qu’il serait à l’honneur de la secrétaire d’Etat PvdA de renoncer à la nationalité turque. Selon Rutte, la détention de deux passeports peut déboucher sur un manque de clarté et des conflits d’intérêts. Rutte se sait soutenu par une majorité de son groupe." "Dales a défié le groupe VVD de dresser une liste de fonctions nécessitant une nationalité unique. Cette liste devrait aussi être valable pour les membres de la famille royale. Dales faisait allusion à la princesse Máxima, qui possède la nationalité argentine. Elle ne peut pas y renoncer, parce la législation argentine l’en empêche" (également de Volkskrant p.3, AD Haagsche Courant p.7).
Après ces quelques années d'angoisse, on dirait que l'élite haguenoise comprend enfin les dérives dramatiques des années Verdonk. Cela ne m'étonne pas que la réconciliation vienne de mon parti, mais j'e attendais plus des autres partis, en particulier le CDA, qui aime se profiler comme centriste. Bravo, la Vogelaar!
Toujours dans la presse:
"La réconciliation, pas la polarisation, tel est le message que la ministre Vogelaar (Intégration, PvdA) propage, y compris au niveau européen", note le NRC Handelsblad (p.3) de samedi, depuis Potsdam. "Le ton polarisateur de la précédente ministre, Rita Verdonk (VVD), n’a pas fait de bien à l’intégration, déclare Vogelaar dans le hall de l’hôtel Dorint, à Potsdam. Elle y a passé les derniers jours pour un échange informel d’idées avec ses homologues européens." "Vous voulez réconcilier, avez-vous dit le premier jour de la conférence." "C’est là le ton de nos entretiens. L’antagonisme de ces dernières années, le doigt accusateur, m’a énormément dérangée. Il y a des gens qui sont aux Pays-Bas depuis vingt ans et qui ne s’y sont plus sentis chez eux les dernières années. La polarisation et la ségrégation sont les vraies menaces pour l’intégration." "Est-ce une rupture définitive avec la politique de l’ancienne ministre Verdonk ?" "Je trouve moi aussi qu’il est parfois nécessaire d’imposer une obligation. Je soutiens l’intégration obligatoire. Elle a énormément contribué à l’émancipation de certaines femmes. Mais nous ne devons pas suggérer que l’obligation était nécessaire parce que les immigrés ne voulaient pas apprendre notre langue. Je rencontre suffisamment de femmes qui veulent plus que cela. Elles veulent participer, travailler. Et je veux moi aussi rappeler aux gens qu’ils ont des responsabilités." "Mais aux yeux de Verdonk le multiculturalisme était synonyme de la négation des problèmes. Comprenez-moi bien, je ne veux pas revenir au voile de la pudeur. Nous devons continuer de nommer les problèmes et en parler avec respect les uns pour les autres."
Lien: http://www.ambafrance.nl/article.php?id_article=8509
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Un an après: bilan rapide
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Pendant la campagne électorale, je me suis engagé auprès de mes électeurs à respecter certaines choses (voir http://kies.laurentchambon.com/):
(1) faire en sorte que le quartier reste diversifié et vivant, en maintenant la cohésion sociale et une bonne atmosphère pour tous,
(2) favoriser l'intégration et l'émancipation de tous (étrangers, gays, seniors, jeunes, allochtones, autochtones...)
(3) promouvoir la participation politique des habitants et plus de transparence dans la gestion municipale.
Pour plus de distance, je suis allé relire les instructions du parti travailliste à ses élus quant aux valeurs essentielles du politicien PvdA. Je traduis à la hussarde:
1. Implication. Le fil rouge de l'histoire travailliste est la solidarité. Nous trouvons que la politique doit être au service de la société. Le PvdA s'intéresse traditionnellement aux plus faibles de la société et se bat pour l'émancipation. L'implication en dit beaucoup sur la manière dont nous traitons les dossier et les gens que nous rencontrons.
2. Crédibilité. La politique est importante, c'est notre conviction essentielle. Mais la politique ne marche que si on est digne de foi. Crédible. Ce que nous demandons des autre n'est possible que si nous sommes dignes de foi et crédibles.
3. Indépendance. Les représentants du peuple doivent pouvoir inspirer la confiance en leur gestion des affaires. Ils doivent être ouverts aux opinions de ceux qui connaissent bien les dossiers, mais doivent ensuite prendre leur responsabilités de façon autonome.
4. Ouverture. Cela signifie tout d'abord la transparence dans ses actions (essentielles s'il s'agit d'intégrité). Nous avons aussi pour but l'ouverture aux autres (disponibilité), l'ouverture aux idées et initiatives de la société, et aux idées contradictoires.
5. Respect. Dans le programme de base, on parle de morale libérale: il y a de l'espace pour les différents modes de vie et cultures à l'abri des droits fondamentaux pour tous. C'est pour cela que nous soutenons le droit de tous à une existence convenable. Nous voulons concrétiser le mot respect.
6. Responsabilité. Il ne s'agit pas seulement de prendre ses responsabilités. On vise aussi l'idée du "pouvoir appelle un contre-pouvoir". Les politiciens doivent accepter les contre-pouvoirs et donner de l'espace à ceux qui veulent prendre leurs propres responsabilités. A côté de cela, il faut savoir répondre de ses actions: tout ce qu'on entreprend doit pouvoir être défendu.
Alors? Et bien respecter engagements et principes n'est pas facile du tout. Tout d'abord parce que chacun a tellement peur de l'opposition et de la presse qu'on incite tout le monde à ne rien faire. Ne rien faire est payant politiquement parce que le risque politique est nul. Faire quelque chose est presque suicidaire (je l'ai vécu, croyez moi) et ne vous attire que des ennuis. Des autres politiciens, de vos collègues de parti, et des mécontents en tout genre (car rien n'est jamais parfait).
Ensuite parce que le parti a tellement peur de la corruption et du conflit d'intérêt qu'on vous incite à hurler avec les loups quand les autres (surtout des autres partis, mais pas seulement) font des choses qui ne sont pas 100% parfaites, et surtout qu'on vous conseille de bien vous asseoir dans votre fauteuil au Conseil, bien lire la littérature des fonctionnaires, voter oui, voter non, mais ne pas trop en faire. Devenir des fonctionnaires de la politique, en fait.
Enfin, nous sommes tellement occupés avec des dossiers vraiment locaux avec plein de détails techniques qui nous forcent à apprendre plein de choses sur des règlements de la ville ou nationaux qu'on en oublie le bien commun et l'intérêt général. On veut plaire à tout le monde, des cafés aux boutiquiers, des riches aux pauvres, des cyclistes aux automobilistes, des familles aux célibataires, et résister à la pression de certains n'est pas facile. Il est largement plus facile de se retrancher derrière des réglements que de vouloir affirmer l'intérêt général.
Bref, entre l'idéal de la fonction et sa réalité, il y a une fossé pas facile à combler.
Dernière chose essentielle qui me pose problème: la compétition interne au parti. Chacun sait que les prochaines élections ne sont pas gagnées du tout (je panique quand j'y pense), que nous ne nous sommes pas du tout rapprochés de nos électeurs (en particulier les allochtones), et que seuls quelques uns figureront sur la prochaine liste, et que peu finiront élus. Au lieu de s'imposer comme une équipe soudée (ce que nous sommes parfois, par exemple avec Jan Witting et Alper Tekin Erdogan au sein de notre commission), on sent l'esprit compétitif et l'affirmation des égos. Avec des conséquences désastreuses sur certains sujets, et surtout une peur de s'intéresser à tout car qui se trouve sur le territoire politique de l'autre est brutalement rappelé à l'ordre (cela m'est arrivé, ce n'est pas toujours une sinécure).
Mais bon, il reste un peu moins de trois ans. Assez pour s'y mettre sérieusement?
Un plaisir transnational
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Samedi j'avais l'intention de travailler un peu. Finir ces bouquins à moitié-lus. Ou répondre à tous ces emails en attente. (Mal)heureusement, Lewis a mis le matelas-gonflable-pour-invités dans le salon avec pleins de coussins et j'ai eu du mal à résister. On s'est donc vu le concours de l'Eurovision, une première depuis quelques années. C'est toujours aussi kitsch, avec une scène de plus en plus démesurée, des effets pyrotechniques toujours plus effrayants, des écrants toujours plus géants, et des présentateurs carrément glaçants, aux dents anormalement blanches, qui sortent des évidences superficielles et souriantes en anglais avec l'air de révéler des vérités éternelles.
Heureusement, comme chaque année, il y a l'antidote au sein même de la bête. Cette année, elle venait d'Ukraine. Verka Serduchka est un trav' résolument post-soviétique, lunettes très Minsk 1987, coiffe avec étoile scintillante, rain coat argenté et jambes maigrichonnes. J'ai lu que ce mec a commencé ce personnage de Verka pour rire et qu'il a un succès incroyable en Ukraine. Il s'est essayé à d'autres choses, en homme, mais c'est resté confidentiel. Sa dernière vidéo, Gop Gop, sur Youtube est franchement fabuleuse, très esthétique et très gender-trash, avec sa reprise du folklore ukrainien façon orgie (qui a fait enrager les ultranationalistes).
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Verka, pour qui j'ai voté par sms, a fini deuxième derrière une lesbienne butch serbe religieuse et nationaliste entourée de ses "femmes" brushées à mort. Quand elles se tenaient la main, un cœur se dessinait, ma copine Magali a dû encore tomber amoureuse.
La leçon de cette édition de l'Eurovision? Le misérabilisme oriental est over. Maintenant, il est objet d'autodérision. L'Ukraine et la Serbie viennent-elle officiellement de rentrer dans le concert des nations civilisées grâce à Verka et l'Eurobutch n°1?
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jeudi 10 mai 2007
Français des Pays-Bas majoritairement ségolâtres
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Dessin: http://www.bulledair.com/everland/
Malgré la sortie du placard bruyante des sarkophiles dimanche dernier, les Français des Pays-Bas restent ségolâtres à près de 60%. Les Français d'ici ont une longue tradition de progressisme (surtout à Amsterdam), beaucoup d'entre eux sont beyond eurenthousiastes, pas mal de gays, de couples mixtes et de jeunes gens entreprenants. Je ne les ai pas mais les Amstellodamois sont largement plus à gauche que les Haguenois. Trop de fonctionnaires bien dans leur niche dans la ville blanche?
Les résultats communiqués par Hélène Le Moing, de la section haguenois du PS (qui écrit toujours Nicolaï au lieu de Nicolas, est-ce un lapsus ou un début de sabotage?):
Ségolène Royal: 58.3%
Nicolas Sarkozy: 39.3%
Blancs ou nuls: 2.4%
Participation: 49.6%
mercredi 9 mai 2007
Petite vague nostalgique
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Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?
Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :
Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la doulceur angevine.
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Flashback
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En faisant un peu le ménage je suis tombé sur un double-CD que m'avait offert Liza pour mes 24 ans, il va y avoir donc bientôt 11 ans. Art of France, cela s'appelait. C'était avant Sarko et son nationalisme puant. Cela a amené pas mal de flashbacks sur l'époque, sur la musique, sur Strasbourg, sur mes amis... Mine de rien, j'ai importé ce CD sur iTunes histoire de pouvoir l'écouter tranquillement.
L'ensemble a bien sûr vieilli, mais finalement pas tant que ça. Il y a encore une certaine naïveté musicale sur l'ensemble des morceaux, une recherche de beauté (même à travers les sons techno) et de l'équilibre mélancolique qui est assez touchant. Comme si la House et la Techno de l'époque étaient encore pures, comme si vendre n'était alors pas le but ultime. Cette pureté se retrouve désormais très rarement sur la plupart des disques House/Techno, même la piste de Daftpunk ("Rollin' & Scratsching") est délicieusement hardcore et fraîche, alors que depuis c'est de la soupe pour radio qu'ils nous servent, avec un casque de robot à un million de dollars et un attitude de star interplanétaire.
Détail touchant, un peu prétentieux mais tellement français: la dernière piste est un extrait des Gymnopédies d'Erik Satie. Premier morceau de techno, selon les compilateurs. Gonflé, mais pas mal vu. Un peu intello, un peu historien, histoire de revendiquer une filiation évidente mais parfois occultée. En plus de Detroit et Chicago, bien sûr.
Bref, c'était un beau cadeau, en 1996, que j'ai eu pour mon anniversaire. Merci Liza, ton disque a été apprécié à sa juste valeur.
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mardi 8 mai 2007
Le communauté et le mensonge
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Je suis en train de lire le dernier bouquin de Didier Lestrade: "Cheikh, journal de campagne". Il ne porte pas sur la campagne électorale mais la campagne où il vit depuis 4 ans. J'en suis à la moitié. Il commence à s'énerver et taper sur la "communauté".
L'ordre divin et sexuel
Je dois être vieille France, car je suis complètement d'accord avec ce qu'écrit Lestrade. Le monde homo est fasciné par la consommation, la compétition et le sexe. Cela devient complètement absurde. Il y a une haine de soi et des autres, un racisme ethnique et social complètement assimilé, dans la façon de se conduire, de traiter les autres, de faire son shopping de sexe sur le net, mais surtout de tout mesurer selon des échelles convenues: il vaut mieux être blanc, musclé, bien monté et riche que l'inverse, comme si la personnalité, les talents et les réalisations ne comptaient pour rien. Une sorte de droitisation des pédés, pour qui seul le code génétique et le compte bancaire suffisent. Peu importe ce qu'on fait de sa vie, ce qui compte c'est la place dans la pyramide sociale et sexuelle. Tout l'inverse de ce qu'on m'a appris.
Pour qui connaît un peu les lois de l'amour, les deux plus fondamentales sont "à froid, la loi du marché domine" et "à chaque pot son couvercle". Dans la façon dont les pédés urbains modernes se conduisent, on retrouve le monde de Sarkozy et des capitalistes protestants croyant à une prédestination divine. Pas étonnant que tant d'homos urbains soient si seuls. On ne donne pas l'occasion aux gens de se connaître assez pour dépasser l'illusion d'un marché parfait où tout se négocie, et on réduit donc fortement les chances de chaque pot de trouver son vrai couvercle, et non pas celui qui est considéré comme le plus beau ou le plus approprié par les autres.
J'ai quelques amis homo parisiens qui sont des garçons brillants, créatifs et de bons amis (et oui, c'est une qualité estimable) et qui sont désespérément seuls. A croire que, structurellement, la "communauté" leur interdit de rencontrer des gens avec qui ils seraient bien. Ils sont trop jeunes, trop vieux, pas assez riches, trop cultivés, trop blancs, pas assez musclés, trop provinciaux... Personne ne leur dit: "je déteste ton travail artistique" ou "tu es trop obsédé par la musique". Non, ils sont juste pas assez cotés au marché de la viande.
Résultat, beaucoup de folles parisiennes trop seules importent des maris de province, histoire d'éviter la mercatisation de leur vie affective. Ces maris importés deviennent vite des Parisiens maigrichons, aigris et dépensiers, et il est alors temps d'importer d'autre provinciaux pour les remplacer.
Le mensonge comme arme universelle
Un autre truc qui m'intéresse dans son livre, c'est la question du mensonge. C'est quelque chose qui me touche beaucoup, car le mensonge a ceci de particulier qu'il pollue la vérité: dès que l'on sait qu'il y a un mensonge, la vérité s'en trouve ternie. On ne sait plus ce qui est mensonge de ce qui ne l'est pas. On le voit avec la prolifération des nouvelles mal vérifiées, trop simplifiées ou juste mensongères. On le voit aussi sur le net: le drague se passe sur des critères mensongers, avec des centimètres internet plus courts que les centimètres terrestres, ou des années plus longues. Tout le monde y est beau, bien monté, grand, musclé, mince, riche et jeune.
C'est cette utilisation du mensonge, aussi en politique, qui me pose le plus de problèmes et qui me révolte le plus. Ce n'est pas pour rien si les Classiques sont obsédés par la Vertu et la Vérité, ils savent que le mensonge corrompt tout. Les relations, les contrats, l'information, l'amitié, les relations sociales. Je ne sais pas si c'est dû à ma position d'outsider dans une société étrangère, hétéronormée et germanique, mais je me suis rendu compte que le mensonge était à l'origine de beaucoup de problèmes. Au travail, avec des chefs qui mentent. En amitié avec des gens qui trahissent leurs engagements amicaux (Lewis s'est fait une spécialité de tomber sur ce type de personnes). Dans les rapports avec les entreprises où la première question qui vient désormais à l'esprit quand on signe un contrat est "en quoi m'ont-ils menti, où vont-ils m'arnaquer?". Et en politique où l'utilisation du mensonge est l'arme la plus fréquemment utilisée, et elle est même considérée par beaucoup comme une preuve d'intelligence et de pragmatisme.
Je ne vais pas cacher que mon engagement à ne rien dire des discussions qui ont lieu dans mon parti me posent un problème de taille. Je le ressens comme une forme de censure a priori, et Dieu sait si j'en aurais de bonnes à raconter, mais le pire est que la transparence, qui est la seule arme que je possède, est donc a priori interdite. Dans un monde politique où chacun joue de ses capitaux (sociaux, symboliques, financiers), ma position est assez difficile. Seul un recours à la transparence me permet de dépasser les mensonges et les censures. Et c'est justement sur cette transparence que je suis régulièrement attaqué, ce n'est pas un hasard.
Me traiter de menteur, c'est délégitimer ce que je construit patiemment depuis des années, avec ce blogue, avec des positions publiques parfois difficile, et avec mes articles et interventions diverses.
Je me demande si la victoire de Sarkozy est un hasard dans ce cas: dans une société où le menteur est de mieux en mieux vu (regardez, Bush, Chirac ou Sarkozy), où le traître devient le maître et où les qualités se mesurent en euros ou en dollars, le mensonge est une valeur refuge... Certains parleront de déni, je n'en crois rien. Les lepénistes savent bien qu'on a torturé et tué lors de la colonisation. Ils savent bien que les Juifs ont été exterminés avec la collaboration active de l'Etat français. Ce n'est pas un déni, donc. C'est un mensonge qu'ils savourent avec un plaisir non dissimulé.
Bref, le livre de Lestrade, en plus d'être bien écrit, me lance sur des pistes de réfléxion auxquelles je n'aurais pas pensé. La suite très bientôt.
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Radio 1 et BNR
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Ce soir, j'étais à BNR, sorte de BFM à la hollandaise. Radio indépendante, sérieuse, intéressante et diverse. On a parlé de Sarko, mais aussi d'économie, de ce que c'est que d'être un étranger aux Pays-Bas, de l'intégration et de l'anti-américanisme supposé des Français. Le genre d'émission à laquelle je participerais volontier toutes les semaines!
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Histoires de pervers narcissiques
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• Le déni : «La France n’a jamais commis de génocide», en France, on a rien fait, la collaboration n’a pas existé, donc nous n’avons pas besoin de repentance (et on tue en même temps le Père en détruisant le remarquable travail de mémoire accompli par son prédécesseur).
• La diffamation sans y toucher : «ON égorge des moutons dans les baignoires », le ON anonyme du mépris et du colonialisme.
• Frapper l’autre d’inexistence pour le mépriser et le déstabiliser : je ne regarde pas mon adversaire au cours d’un débat, je dis «elle» en regardant un témoin.
• La jouissance du sous-entendu : « Je dis tout haut ce que tout le monde pense tout bas». Ce qu’on pense tout bas, ce n’est en général pas très beau, et justement, on ne le dit pas. Ou «en France, on ne peut pas dire les choses» : par exemple, les nègres nous emmerdent, foutons les dehors…
• Provoquer la sidération et l’adhésion de l’entourage en le confrontant à l’horreur absolue : par exemple parler longuement du calvaire de la mère de Sohane pour faire passer une loi sur la récidive.
• Etre mégalomane, ne pas supporter le moindre accro à sa propre image : faire virer un grand patron de presse pour avoir été montré sous les traits ridicules du cocu.
• Enfance : venger une mère abandonnée qu’on ne quitte qu’à l’âge de 28 ans.
• Amour de la traîtrise : prendre pour porte-parole celui qui a trahi et calomnié son propre camp…
Au regard de ce qui m'est arrivé ces derniers mois, lorsque j'ai été attaqué, calomnié et menacé par des gens (pour une certaine fête dont j'ai décidé de ne plus parler) pour qui seul leur pouvoir et leur désir comptaient, je commence à comprendre que ce profil psychiatrique se rencontre assez souvent. Chez un chef vraiment méchant et manipulateur, chez des parents abusifs, chez des politiciens dérangés (on a parlé d'Ayaan Hirsi Ali comme d'une personalité borderline, je me demande si le terme "perverse narcissique" s'applique à elle ou pas).
Quelque part ça me rassure: ces mensonges et plans compliqués pour me forcer à exécuter leurs quatre volontés n'étaient pas normaux. C'est bien de signe d'un esprit malade. Je commençais à douter, me dire que j'étais vraiment crétin et qu'être en politique signifiait que tous les coups étaient permis.
Allez, il est temps de passer à autre chose. Il faut savoir se couper des personnalités toxiques, et j'ai bien l'intention de le faire.
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