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dimanche 30 novembre 2008

Ouiquenne glacé en Veluwe



Ce ouiquenne, Lewis a voulu fuir la ville et m'a emmené en Veluwe (en province de Gueldre), dans la dernière forêt sauvage des Pays-Bas. Promenade géniale dans la boue, la neige et les feuilles mortes. Température: 1°c. Taux d'humidité: 99%. Pas d'internet, mobile éteint. État du chien, des humains et des vêtements ce soir: fatigués et pleins de gadoue. D'autres photos suivent ci-dessous, en particulier avec Martin se faisant les crocs sur des troncs d'arbres.

En revenant, on est passés par Lelystad, en Flevoland, l'énorme polder au nord-est d'Amsterdam. Autoroutes ultradroites et totalement désertes, éoliennes géantes dans la brume, aéroport sans avion aucun, forêts immenses avec des arbres bien alignés succédant aux énormes fermes industrielles: les Hollandais n'ont même pas essayé de faire semblant d'avoir construit une zone naturelle. La nature y est, en fait, violemment artificielle.
Lelystad est une ville qui n'en est pas une, constituée seulement de banlieues où les maisons se ressemblent toutes. Certaines zones sont délicieusement avant-gardes et cubiques, d'autres terriblement démodées et laides. Ils sont en train de construire un centre-ville dont l'architecture est vraiment intéressante (übercubique noir et métal, principalement, photo ici), mais cela n'embellit pas pour autant le reste de la ville, ni ne la densifie vraiment. Une erreur architecturale et urbaine qui, je le crains, est amenée à disparaître. Je l'appelais Lelijkstad pour rigoler (lelijk veut dire "laid" en néerlandais), maintenant j'ai vraiment pitié et n'ose plus répéter ma vanne en public.

En rentrant, nous sommes passés par Enkhuizen, en Frise Occidentale (même si techniquement cela fait partie de la Hollande Septentrionale). Ville minuscule ultra-mignone avec des maisons de poupées datant du 17e siècle et des cafés bruns très conviviaux. De quoi faire sérieusement hyperventiler n'importe quel touriste américain. Pire, j'y ai mangé le meilleur hamburger du pays ever au café "van Bleiswijk": steak haché persillé de légumes, de la salade fraîche avec des miettes de paprika, du bacon revenu à mort, du fromage hollandais fondu et du pain croustillant légèrement beurré. Et des frites fraîches, of course, mais en Hollande on ne le précise jamais tant c'est évident. Le froid creuse, certes, mais là, bravo. Burgermeister et McBeurk (tous les deux Albert Cuypstraat) peuvent aller se recoucher.

Avant cela, nous sommes passés sur la digue d'une trentaine de kilomètres qui relie Lelystad à Enhuizen. À l'origine, il était prévu qu'un autre polder soit construit entre les deux, mais c'est entretemps devenu une réserve naturelle très riche en animaux protégés (poissons, oiseaux, que sais-je...) et son assèchement a été abandonné. On a laissé la digue pour relier le polder à la terre ferme, mais c'est bien tout.
30 km d'une étroite route bordée par l'eau glacée, à peine protégée par quelques blocs de béton et une barrière en métal. Avec la brume, la neige et le vent, on avait une visibilité quasiment nulle, et le navigateur satellite nous renvoyait sur la carte à une bande verte coincée par deux espaces bleus immenses, sans rien d'autre. Une traversée délicieusement effrayante, en gros.
J'ai voulu vanner Lewis et lui ai demandé qu'on s'arrête en plein milieu pour sentir l'air frais et permettre au chien de nager dans de l'eau propre. Il a pété un plomb, m'a dit qu'on n'était pas sur un plage à Nice et a refusé de s'arrêter. La tempête de neige/pluie et l'humour, pas toujours compatibles, donc.

Bref, ouiquenne exotique sans non plus devoir aller en avion dans des dictatures méridionales. On s'est jurés de refaire ça plus régulièrement, même s'il fait froid. La forêt sauvage, pas Lelystad ni les dictatures.





Waterschappen: pas encore ça



Oui j'ai voté pour les waterschappen il y a une semaine, mais mon enthousiasme commence à se transformer en effroi: il n'y a aucun(e) allochtone sur aucune des listes, ce qui est quand même fascinant en 2008. Allochtone weblog est outré, à raison d'ailleurs.
Pire encore, le CDA ne présente que des hommes, aucun ne venant d'Amsterdam (c'est vrai que le CDA ne cartonne pas vraiment ici), mais c'est surtout deux partis qui commencent à sentir leurs oreilles siffler: la liste Eigen Woning en Water (Habitation particulière et Eau, un parti de propriétaires) et celle de la Socialistische Waterschapvereniging (Union socialiste des waterschappen, qui dit vouloir défendre les locataires) sont toutes deux fondées par un loulou vaguement escroc qui a réussi à être élu (deux sièges pour chaque parti, quand même).

En regardant les résultats (lien), on voit que la participation a été faible (18,2%, contre 20,1% en 2004) et que l'équilibre politique de la région est ailleurs: 5 sièges pour les verts de Water Natuurlijk (l'Eau naturellement), 3 pour le PvdA, 3 pour le VVD (dont Anne-Lize van der Stoel, ancienne échevine de l'arrondissement du Centre), 3 pour le CDA, 2 pour chacune des listes bizares sus-citées, 2 pour le Partij voor de Dieren (le parti pour les animaux), 1 pour la ChristenUnie, et 1 pour deux listes traditionnelles. 9 femmes sur 29 (31%) ce n'est pas mauvais, ni fabuleux non plus.
Rob van der Bijl m'a dit de ne pas trop perdre de temps là-dessus, tant cette institution est, d'après lui, amenée à disparaître. Trop ringarde, trop provinciale, trop masculine, pas assez efficace. L'ouverture aux partis politiques traditionnels (et un moyen de caser leurs éléphants) va-t-elle lui permettre de survivre?

vendredi 28 novembre 2008

Colonie ou ville-monde?



Hier, au Conseil, la droite libérale (VVD et D66) a essayé de faire passer une motion demandant à ce que l'arrondissement mette des informations en anglais sur son site internet pour les expatriés, au nom de l'hospitalité amstellodamoise.
Je n'avais rien contre (on parle anglais à la maison) jusqu'à ce que je lise la motion. Là, le choc. "L'anglais est la langue mondiale." Ça m'a mis dans une fureur terrible et m'a empêché de dormir, et j'ai fini par expliquer brièvement au Conseil que je ne voterai pas pour un tel texte, tout en essayant de rester calme. Heureusement mon parti et GroenLinks ne les ont pas suivis.

Ce qui m'irrite dans ce texte et l'attitude de la droite, c'est leur complexe d'infériorité vis-à-vis du monde anglo-saxon, et leur attitude de peuple colonisé. À l'inverse, on a pu entendre que les migrants non-anglo-saxons devaient s'intégrer fissa et apprendre le néerlandais. Je pense que si l'on veut faire preuve d'hospitalité, pourquoi ne pas parler la langue des autres migrants, ceux qui ne sont pas parachutés par les grosses boîtes? Pourquoi pas le polonais avec ceux qui construisent nos maisons, le portugais avec ceux qui les nettoient, le français avec celles qui s'occupent de nos enfants?

Je propose quelque chose de similaire dans les résultats, mais en partant d'une hypothèse différente. Pas celle de la domination coloniale de l'anglais, mais de la diversité amstellodamoise...
1. les textes de communication envers les habitants doivent être rédigés dans un néerlandais simple, compréhensible, et dénué de tout jargon administratif
2. l'utilisation d'icônes claires (une longue et brillante tradition hollandaise) doit être favorisée
3. inciter les fonctionnaires qui parlent d'autres langues que le néerlandais à se porter volontaire pour répondre dans d'autres langues aux questions des habitants qui ne maîtrisent pas encore le néerlandais

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(dimanche 30 novembre)
Oups, va falloir que je fasse gaffe à ce que j'écris... Le message ci-dessus a été repris sur "Nieuws uit Amsterdam" de ce ouiquenne (lien en néerlandais, lien en anglais):

'VVD en D66 gedragen zich als gekoloniseerden'

29 november 2008 - VVD en D66 in Oud-Zuid hebben de ergernis opgeroepen van raadslid Laurent Chambon (PvdA) door het stadsdeel op te roepen om Engelstalige informatie op de website te plaatsen. "Waarom geen Pools spreken met degenen die onze huizen bouwen?"

Chambon, zelf van Franse origine, zegt dat hij sympathie had voor het initiatief om informatie in het Engels op de website van het stadsdeel te plaatsen, tot hij las dat de liberale partijen het Engels omschrijven als 'de' wereldtaal. Hij zegt dat ze hiermee blijk geven van een minderwaardigheidscomplex tegenover de Angelsaksische wereld en een houding van gekoloniseerden.

"Aan de andere kant is gezegd dat niet-Angelsaksische migranten als de bliksem moeten integreren en Nederlands leren. Als je gastvrijheid wil tonen, waarom zou je dan niet de taal spreken van andere migranten, degenen die niet zijn geparachuteerd door de grote bedrijven? Waarom geen Pools [spreken] met degenen die onze huizen bouwen, Portugees met degenen die ze schoonmaken, Frans met degenen die op onze kinderen passen?"

Op een meer praktisch niveau stelt Chambon voor dat het stadsdeel zich bedient van eenvoudig Nederlands zonder bestuurlijk jargon en gebruik maakt van duidelijke ikonen ('een lange en glansrijke Nederlandse traditie').

Ville en transition



Hier, Conseil municipal spécial budget 2009. J'en reparlerai. Mais l'important, c'est que le Conseil à voté à l'unanimité (c'est assez rare pour être souligné) en faveur de la motion que je présentais avec GroenLinks et Amsterdam Anders/De Groenen sur les toits verts. En gros, on aide financièrement les habitants qui se décident à mettre un tapis d'herbacés sur leur toit. Cela permet de mieux gérer les pluies, d'offrir un espace de nidification pour les oiseaux, de renforcer l'isolation thermique et sonore, et surtout d'être magnifique. Cela nous coûte presque rien (surtout vu notre budget général), et beaucoup d'habitants m'ont déjà témoigné de leur enthousiasme.

Bon, la question pressante, selon moi, est désormais de mettre Amsterdam en mouvement et en faire une "ville en transition", vers zéro émission de carbone et surtout vers une emprunte minimale sur la nature, avec la participation des citoyens (j'insiste là-dessus).
Pour vous donner une petite idée des révolution qui doivent avoir lieu, je vous incite à aller voir la vidéo ci-dessus du ministère nippon de l'agriculture, des forêts et de la pêche. C'est un bon antidote à la propagande pro-nucléaire de la pub d'Areva que vous avez peut-être vue (revoir ici), artistiquement fabuleuse, mais révoltante dans son message.






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(lundi 1er décembre)
Le vote a donné lieu dans la presse spécialisée à un compte rendu/interview par Martine Potsma (lien):

Stadsdelen Amsterdam ontdekken groene daken
Na het Amsterdamse stadsdeel Centrum (88.000 inwoners) komt nu ook Oud-Zuid (ruim 83.000) met een subsidieregeling om groene daken in het stadsdeel te stimuleren. En ook andere stadsdelen in Amsterdam raken geleidelijk aan bekend met de duurzame dakbedekking die bestaat uit mossen, gras en andere planten.

De deelraad van stadsdeel Oud-Zuid nam afgelopen donderdag een motie aan waarin voor subsidie op groene daken werd gepleit. De motie was ingediend door de PvdA-fractie in het stadsdeel en werd door de voltallige deelraad gesteund. "Dat is politiek heel bijzonder", zegt PvdA-raadslid Laurent Chambon. "De deelraad telt 29 leden en er is altijd wel een kleine partij die tegen stemt."
In dit geval dus niet. "Maar groene daken zijn ook zo simpel en zo leuk voor iedereen", aldus Chambon. "Ik begrijp eigenlijk niet waarom ze in Nederland niet allang veel populairder zijn. Het klimaat is er hier bijzonder geschikt voor, met al die regen."

Gewoon niet zo duur
De subsidieregeling gaat per 2009 in. Het dagelijks bestuur van het Amsterdamse stadsdeel trekt er voor dat jaar 15.000 euro voor uit. Dat lijkt misschien weinig, geeft Chambon toe. "Vergeleken met het totale budget van het stadsdeel is het niks." Toch is er volgens hem geen sprake van symboolpolitiek. "Een groen dak is gewoon niet zo duur. Dat is nu juist het mooie. Het is een maatregel die heel goedkoop is en tegelijkertijd heel goed werkt, op allerlei gebieden."
In stadsdeel Centrum, waar half november al werd besloten tot een subsidieregeling voor groene daken, is wel kritiek op het budget. Het stadsdeel stelt 20.000 euro beschikbaar, met een maximum van duizend euro per aangelegd groen dak. "Daarvan ben je al tweehonderd euro kwijt aan een constructeur", weet Lydia Geijtenbeek, deelraadslid voor de lokale partij Amsterdam Anders/De Groenen (AA/DG). Die maakt zich al jaren sterk voor groene daken in de stad.
De partij diende afgelopen donderdag, samen met de VVD-fractie in het stadsdeel, een voorstel in om de groenedakenregeling te verruimen. Volgens het voorstel moet er volgend jaar 200.000 euro beschikbaar komen voor groene daken. "Dat kan makkelijk", zegt Geijtenbeek. Stadsdeel Centrum heeft volgens haar het afgelopen jaar miljoenen euro's overgehouden. Dat geld zou allemaal besteed kunnen worden aan "groene dingen", vindt AA/DG.

Meer vliegen in één klap
Niet alleen particulieren zouden zich volgens de partij op groene daken moeten storten, ook de gemeente zelf moet ermee aan de slag. "Het stadsdeel heeft 25 panden met platte daken", vertelt Geijtenbeek. "Slechts één daarvan heeft nu een groen dak. Dat moeten er veel meer worden. Waarom heeft bijvoorbeeld de Stopera (het Amsterdamse stadhuis, red.) nog geen groen dak?"
Ook in andere Amsterdamse stadsdelen begint het onderwerp langzaam door te dringen. In Oost-Watergraafsmeer (60.000 inwoners) bijvoorbeeld bestaat nog geen subsidieregeling, maar het stadsdeel nam groene daken dit najaar wel op in de Woonvisie 2015. In dat document zet het bestuur zijn ideeën over wonen in het stadsdeel uiteen. "Met groene daken kunnen een aantal vliegen in één klap worden geslagen", schrijven de bestuurders. Zij wijzen erop dat daken met plantjes erop niet alleen zorgen voor groen in de buurt, maar ook een uitkomst zijn op het gebied van waterberging en warmte-isolatie.

Gepubliceerd op www.duurzaamgebouwd.nl op 1 december 2008

mardi 25 novembre 2008

CJR013: Si tu m'aimes encore



Notre nouvelle chanson s'appelle 'Si tu m'aimes encore', elle est chantée par Lewis en français, et va sortir prochainement sur toutes les plateformes numériques. Entretemps, il est possible de la télécharger gratuitement ici: http://www.digitaldeejay.com/media-Situm39aimesencore-Original
Cela ne va pas durer, alors profitez-en. L'idée était de mélanger la renaissance anglaise, le blues, l'électro, la variétoche française et le disco. Chacun y retrouvera ses petits... Eddy de Clercq nous prépare sa version (überdisco, pour très bientôt). La pochette est signée Pierre Marly (Islande), le mastering Teemu Myyryläinen (Finlande).

Merci à Ta·Mi·Yo, Laurent V., Eddy, Pierre, Didier, Patrick, Geneviève, Jérôme, Aaron-Carl, Orcinus, Hank, Xavier, Christophe et Natasha pour leur oreille. Les paroles: Si tu m'aimes encore / Va vivre à l'autre bout de la terre / Si tu m'aimes encore / Cesse donc de me dire que tu m'aimes // J'ai attendu des jours entiers / Prêt à tout faire tout sacrifier / Prêt à te suivre à tout jamais / Mais tu n'en faisais rien / Tout ce temps tu m'as trompé // Si tu m'aimais alors / Pourquoi avoir été si cruel / Si tu m'aimes encore / Reste superficiel // J'ai attendu des jours entiers / Prêt à tout faire tout sacrifier / Prêt à te suivre à tout jamais / Mais tu n'en faisais rien / Tout ce temps tu m'as trompé // (Si tu m'aimes encore) // Ton cœur brisé ne soigne pas le mien / Si tu m'aimes encore / Va t'en prendre le premier train // J'ai attendu des jours entiers / Prêt à tout faire tout sacrifier / Prêt à te suivre à tout jamais / Mais tu n'en faisais rien / Tout ce temps tu m'as trompé // (Si tu m'aimes encore)...

vendredi 21 novembre 2008

Ah, la crise va peut-être venir ici aussi

Le système financier s'effondre, et d'après ce que j'ai compris on n'est pas sortis de la mouise, mais les Pays-Bas seraient totalement immunes. Bien sûr, à part le fait que l'économie néerlandaise est une des plus ouvertes d'Europe, qu'Amsterdam est devenue une ville ultra financiarisée, qu'on a privatisé une partie des systèmes de retraite (désormais investis en bourse) et le système maladie au nom du dogme libéral, que la spéculation immobilière a touché le pays plus encore que ses voisins, avec la bénédiction de l'État (il y a peu on voulait encore nous vendre un emprunt immobilier sur 30 ans sans remboursement du capital avec investissement en bourse...), et qu'un tiers des ménages néerlandais est surendetté, tout va bien!
Dans mon parti, quand je leur disais que leurs modèles immobiliers basés sur l'hypothèse d'une croissance infinie de l'économie et des richesses collectives et individuelles me paraissaient un peu casse-cou, on me traitait de râleur. Il suffisait que je leur parle de la pauvreté qui augmente dans les quartiers les plus déshérités de l'arrondissement pour que certain(e)s ne mettent à crier et à me couper la parole violemment. Outre le fait que certain(e)s camarades ont un problème (d'ordre psychiatrique) avec leur propre richesse et le manque de richesse de certains australoviciens, l'idée même d'une baisse de la croissance économique était un blasphème inacceptable. Sainte Croissance qui êtes aux cieux, sauvez nos placements!

Là, surprise... Wouter Bos parle enfin de récession. Même Lodewijk Asscher, pourtant un échevin d'un néo-libéralisme très enthousiaste et adepte d'une ville à deux vitesses (privilèges pour les riches issus du monde de la finance, bureaucratie pour les autres), commence à évoquer des possibles problèmes économiques pour Amsterdam. Il a même déclaré, ô surprise, que beaucoup d'amstellodamois pourraient sombrer dans la pauvreté. Eh, Lodewijk, smell the coffee, certains n'en sont même jamais sortis, de la pauvreté.
Quelle perspicacité, quand même, ils ont nos chefs, hein? Je me sens tellement en sécurité avec de tels devins de la finance, j'y crois à peine moi-même. (Not.)

Les homophobes ne sont pas qui on croit

Rappelez vous, il y a environ un an, panique: les jeunes "Marocains" sont homophobes. Ouh, vilaine culture musulmane homophobe. L'intégration est ratée, c'est terrible... Vite, Sainte Rita Verdonk, viens sauver les pédés! Ayaan, au secours!
En fait, on vient de le découvrir (ou on feint de le découvrir): 75% des actes homophobes sont perpétrés par des jeunes blancs issus des classes sociales inférieures. Des white trash, pour parler simplement. Cela ne m'étonne pas du tout: je n'ai jamais eu aucun problème avec les jeunes d'origine maghrébine ou turque alors que plusieurs fois j'ai surpris des remarques violemment homophobes venant de certains groupes indigènes. De la violence verbale à la violence physique, il n'y a qu'un pas...
D'après les chercheurs qui se sont penchés sur la question, il s'agit encore et toujours de jeunes hommes ayant du mal avec leur masculinité, et issus de familles à problèmes. "Duh", comme dirait Lewis. Comme si on ne le savait pas. N'importe quel pédé de base peut vous faire le profil de l'homophobe type, mais qui se soucie de nous écouter, hein?

Ce qui m'agace dans cette histoire, c'est qu'une fois de plus les pédés blancs issus des classes favorisés (l'ancien directeur du COC en tête) nous ont fait le plan des méchants Arabes homophobes, et qu'ils ont été suivis par la meute des politiciens à la recherche d'un bouc émissaire idéal. Le rôle des élites homo, c'est justement de s'attaquer à l'homophobie d'où qu'elle vienne, et surtout de ne pas céder à la xénophobie. Il faut attaquer l'homophobie à sa racine, et surtout ne pas se tromper de combat. L'ennemi, ce sont les conditions sociales et culturelles qui engendrent l'homophobie (problèmes familiaux, problèmes identitaires, problèmes personnels, dynamique de groupe, traditions homophobes dans divers corps de métiers...), pas une origine ethnique ou une religion.
Cela fait des années que je dénonce l'utilisation des violences homophobes par la droite nationaliste pour ostraciser des pans entiers de la population néerlandaise, alors que sa clientèle électorale est, à mon avis, tout aussi homophobe. J'avais l'impression de prêcher dans le désert. Voilà qu'une étude vient confirmer officiellement cette imposture. Il était temps...
D'ailleurs, je me dis parfois que dans ce genre de cas, des excuses publiques de la part des grandes gueules à la Verdonk, Hirsi Ali ou van Dale seraient tout à fait appropriés. On peut rêver, non?

jeudi 20 novembre 2008

Wifi sélectif


L'autre jour, je suis allé pour un déjeuner de travail à Smørrebrød avec mon Mac. Là-bas, malgré une réception wifi parfaite, impossible de se connecter. "L'antenne que m'a installé KPN [l'opérateur historique] ne marche qu'avec Windows™" me raconte alors le tenancier, après avoir fait joujou avec ma machine pour voir ce qui n'allait pas.
Quelques semaines avant, même mésaventure au Café Poef: antenne KPN, seulement Windows™. Aujourd'hui, je suis allé au Coffee Company, où j'ai écrit une partie de mon livre: plus de wifi. Il y a avait trop de gens avec leur ordinateur portable, vu que c'était le seul endroit du quartier avec wifi gratuit. Désormais, dans mon quartier, où une population éduquée et créative est suréquipé en Mac, il n'y a plus d'endroit où se connecter. Impossible de bosser tranquillement nulle part. Il faut rester chez soi, le fil à la patte.

Mon projet de wifi sera discuté bientôt en commission. Il est plus que temps. Les cafés du quartier se plaignent du baisse de leur chiffre d'affaire avec l'interdiction de fumer, mais il y est impossible d'y travailler en journée. Et quand ça l'est, ces parasites krypto-monopolistiques de KPN se débrouillent pour que seuls les PC équipés par le géant de Redmont puissent se connecter.
Un peu comme si les routes étaient réservées aux seules voitures et camions Renault, et encore que quelques unes soient payantes (et chères!), et d'autres en très mauvais état. Notre économie n'y survivrait pas. Et pourtant c'est exactement ce qu'on fait en ce moment avec le wifi. Comme quoi le coup du marché qui s'autorégule et qui est le plus à même d'offrir ce que les gens veulent est un gros mythe urbain qui est loin de se vérifier.

Concrètement, si la commission me soutient dans ma démarche, il va falloir que l'arrondissement aide les cafés à avoir un wifi gratuit surtout aux heures creuses (avant 17h) et surtout les aider à se sortir des griffes acérées de KPN pour s'assurer que leur réseau est accessible non seulement depuis Windows™, mais aussi avec un Mac (pour nos innombrables créatifs) ou un portable sous Linux, de plus en plus fréquents avec la vague des micro-portables. Encourrager un monopole à travers des installations limitées aux Windows est, d'ailleurs, tout à fait antilibéral. Mais venant d'un ancien monopole, est-ce vraiment surprenant? En gros, il ne s'agit pas de casser un marché, mais au contraire de l'ouvrir vraiment à la concurrence. On verra si le VVD et le D66 nous suivent sur cette question...

Décoller en toute légalité



Décoller (get high) est un besoin humain, apparemment. Les riches y arrivent avec de la coke ou du shopping, les pauvres avec des courses de chevaux ou de la beuh, les classes moyennes avec de la codéine et de la bière. Bref, même si on connaît parfaitement les conséquences économiques et sociales qu'ont les drogues, il s'agit d'une réponse humaine à la dureté des relations sociales.

La question qui domine les Pays-Bas ces dernières semaines est celle de la politique de la drogue. En gros, les jeunes libéraux veulent une légalisation alors que les chrétiens-démocrates veulent une interdiction. L'argument des amis de Balkenende: comme les autres pays n'ont toujours pas dévié de leur politique répressive, notre politique a échoué.
Il y a un échec, c'est vrai, mais il est dû au législateur: en tolérant la vente de marie-jaja tout en interdisant la production d'herbe, il s'est débrouillé pour que, de facto, la production soit controlée par des criminels. Qui interdit un produit demandé s'assure que son économie profitera aux entrepreneurs avec les moins de scrupules.
Je pense que la politique néerlandaise a fait la preuve de son efficacité, non pas en éloignant la filière des criminels (mais c'est dû à l'hypocrisie des différents gouvernements), mais par les chiffres. Les Néerlandais consomment moins que les autres. Alors que les pays les plus répressifs sont ceux où on fume le plus. Plus c'est interdit, plus c'est désiré. C'est bête mais c'est ainsi.
Plein de Français ou d'Américains, quand ils apprennent que je vis à Amsterdam, se font des gros rêves: "mec, tu dois fumer tout le temps!", "si j'y vivais, je me roulerais des gros ouinjes de la mort." Et bien nan, comme c'est accessible, la tentation n'est pas là. L'interdiction fonctionne comme les soldes: on se sent obligé d'acheter car c'est une occasion, alors qu'on n'en a pas forcément ni besoin ni envie.

Au lieu de suivre les chrétiens-démocrates dans leur moralisme hypocrite, il vaudrait mieux s'assurer de la sécurité des consommateurs (avec des contrôles qualité et une traçabilité irréprochable) et des producteurs honnêtes (qui ne manqueront pas de se mettre au travail dès que la culture sera légalisée). J'espère que les politiciens haguenois auront l'intelligence de ne pas écouter les discours hypocrites des Français ou des Américains sur la question, où pourtant ils ont fait preuve de leur incompétence. Mais le complexe d'infériorité des élites néerlandaises est un facteur à ne pas sous-estimer dans ce genre de décisions...


Dans la presse néerlandaise d'aujourd'hui (lien):
"Plus de la moitié des maires qui ont des coffee-shops dans leur commune sont favorables à la légalisation de la ’chaîne des drogues douces tout entière’, y compris donc l’approvisionnement des coffee-shops", relève le Volkskrant (p.3). "Ils veulent qu’on mette fin au ’système dualiste’ dans lequel la vente de cannabis par la porte de devant est tolérée, alors que la culture et l’approvisionnement par la porte de derrière ne le sont pas."
"C’est ce qui ressort d’une enquête de Binnenlands Bestuur , une publication hebdomadaire pour gestionnaires et fonctionnaires publics. Les Pays-Bas comptent 106 communes avec un ou plusieurs coffee-shops. Tous ces maires ont été approchés par téléphone pour leur demander s’ils sont partisans de la légalisation de la ’porte de derrière’, du maintien de la politique de tolérance actuelle ou de l’interdiction des coffee-shops."
"88 maires ont coopéré à l’enquête : 54 ont déclaré vouloir légaliser toute la chaîne de production et de vente, 25 veulent continuer la politique de tolérance actuelle et 9 veulent interdire les coffee-shops. Six maires n’ont pas voulu exprimer de préférence."
"Parmi les partisans de la légalisation (plus précisément de la régulation) se trouvent les maires d’Amsterdam, d’Utrecht, de Tilburg, de Groningue, de Leeuwarden, de Leyde, de Maastricht, d’Enschede, de Haarlem et de Hilversum. Les maires VVD de Rotterdam et La Haye se sont prononcés pour la poursuite de la politique de tolérance."

dimanche 16 novembre 2008

Waterschappen: je vote



Voilà, j'ai reçu une enveloppe avec le nécessaire à voter aux élections des waterschappen: un mode d'emploi, les détails de chaque liste, un bulletin de vote, et une enveloppe affranchie. Il suffit de rentrer son année de naissance, colorier la case de la liste choisie et du candidat pour lequel on souhaite voter. Dans l'enveloppe, et voilà.
Si vous recevez votre enveloppe, n'oubliez pas de voter!


vendredi 14 novembre 2008

Nous fabriquons des monstres

L'éducation des enfants est un sujet de discussion sans fin pour les étrangers vivant aux Pays-Bas: nos chères têtes blondes sont très souvent des monstres d'impolitesse, d'égoïsme et de gêne infinie pour tout le monde.
Natasha, dans son blogue (totalement addictif d'ailleurs) 24oranges, décortique par le menu pourquoi c'est encore possible: les parents néerlandais préfèrent que leur môme casse les pieds de tout le monde que devoir le confronter et le corriger. Beaucoup pensent encore que corriger les mauvaises attitudes des enfants est traumatique et va brider leur créativité.
Hurler, manger comme un cochon, se rouler par terre, terroriser les autres enfants, faire des colères pour obtenir ce qu'on veut n'est pas, à mon sens, une aide à la créativité, bien au contraire. Pour être très occupé à créer moi-même, je peux vous assurer qu'une culture bien bétonnée et un sens de la discipline personnelle est encore le meilleur moyen de réaliser ses rêves créatifs, sinon, cela reste du blabla et du rêve jamais réalisé.
Les Néerlandais ont du mal à croire que je tienne mon chien sous appel sans laisse ni violence: Martin a appris qu'il peut jouer et courir quand c'est possible, mais que s'il veut rester avec nous sans qu'on le mette en laisse, il doit rester près de nous et obéir quelques règles très simples. Il attend au feu rouge, s'assoit quand on lui demande, nous attend sagement à l'entrée des boutiques et ne mord jamais. En échange, on le nourrit, le protège, on ne le tape jamais, et on lui donne beaucoup de câlins. Il faut parfois le corriger, mais cela n'est presque plus nécessaire. Bien sûr, un petit humain est plus complexe et d'une interaction plus riche, mais le principe est étrangement identique dès qu'il s'agit de l'élever: en échange d'amour, de protection et de nourriture, on lui apprend des règles de plus en plus sophistiquées lui permettant de vivre en harmonie avec son environnement social et naturel.

Certaines discussions sur les enfants que nous avons parfois dans mon parti me choquent profondément. Beaucoup pensent que l'enfant s'éduque tout seul, le laissent choisir lui-même sa nourriture à tout moment et toute heure de la journée, et surtout rechignent à poser des limites. Je préfère ne pas m'énerver, mais ce n'est pas toujours facile.

Quand je reviens en France, je vois que les adultes se plaignent que les enfants d'aujourd'hui ne savent pas se tenir. Il arrive effectivement que des monstres mal élevés nous cassent les pieds (souvent des petits nouveaux-riches d'ailleurs), mais mon impression générale est, qu'au contraire, beaucoup de petits Français se tiennent très bien (surtout à table, je suis impressionné). Mon plus gros problème avec l'éducation à la française tient à la façon dont on corrige parfois les enfants: corriger et punir sont souvent confondus (la punition devrait être un outil qu'on peut éventuellement utiliser pour corriger, ce n'est en rien une obligation systématique), et surtout, violence et humiliation sont encore trop souvent utilisées. Les fessées et les humiliations publiques n'ont jamais rien arrangé à l'attitude d'un enfant, au contraire. Qu'on discute encore de la possibilité de laisser les parents battre leurs enfants pour les "corriger" me laisse pantois: on demande aux adultes de ne pas abuser des autres, mais on viole l'intégrité des enfants sans problème. Je parle des parents, mais aussi des enseignants, de la police, des autres adultes...

Entre le laisser-aller à la hollandaise et l'éducation humiliante à la française, je crois qu'il est possible de trouver un juste milieu: rappeler à l'enfant qu'il y a des règles de savoir-vivre à respecter, qu'il est des limites à ne pas dépasser, mais sans recourir à la violence ou à l'humiliation. Et si les parents veulent aider leurs enfants à être créatifs, pourquoi ne pas éteindre la télé et passer du temps à jouer avec eux, à chanter ensemble, danser, construire des objets, cuisiner, inventer des histoires avec des marionnettes, jouer avec des mots qui n'existent pas...?
Si une éducation stricte mais dénuée de violence est possible avec un chien (Martin: 35kg de muscle, 4 pattes, une vitalité sans limite et une gourmandise énorme), ça devrait pouvoir l'être avec un enfant, non?

jeudi 13 novembre 2008

Gidéo



Hier j'ai appuyé sur un lien en haut de ma page Gmail et j'ai installé la vidéo Gmail, ou Gidéo. C'est impressionnant: vidéo petite mais qui ne saute pas, et son parfait, sans aucun echo, grésillement ou pause. On peut agrandir la fenêtre (voir ci-dessus avec Marc, le mari barbu de la Lestrade). Il manque juste l'odeur et on y est. Scary.

Élections aquatiques ouvertes à tous: votez!



Cette semaine, ce sont les élections des waterschappen (les "agences de l'eau" en français d'après Wikipédia), ces organismes multiséculaires chargés de l'entretien des territoires humides néerlandais, fort nombreux vous le savez. Elles existent depuis le Moyen-Âge et sont à l'origine du modèle polder de concertation pacifique et d'égalité politique entre citoyens. Partout on nous appelle à voter, mais je n'ai rien reçu par la poste, si ce n'est un flyer m'invitant à me renseigner.
Sur leur site, il est dit que tout habitant de la zone de sa waterschap ayant plus de 18 ans peut voter. J'ai juste appris que je dépendais de la waterschap Amstel, Gooi & Vecht (chôli logo ci-dessus). J'ai donc appelé leur bureau pour savoir ce que je devais faire: après de longues concertations internes, il est apparu que seuls les possesseurs d'un passeport néerlandais ont le droit de vote. En cherchant avec les mots clefs approprés dans Google, il apparaît que c'est exact (lien). J'étais très très déçu jusqu'à ce que le service de presse des waterschappen (à qui j'avais laissé un message) m'assure que ce n'est pas vrai: quiconque est enregistré dans une commune, quelle que soit sa nationalité, est invité à voter. Les billets de votes sont partis hier, m'a-t-on dit, et donc tout le monde va recevoir sa carte par la poste cette semaine.

J'en ai profité pour répondre aux questions du site Kieskeurig sur ces élections (lien), et il en ressort que le parti dont je suis le plus proche est mon propre parti, le Parti travailliste (PvdA). En fait il est possible que j'en sois encore plus proche, sauf que je me suis abstenu de répondre à des questions techniques que je ne maîtrisais pas. Voilà le résultat graphique:



Petit détail qui m'a fait sourire: quand on appelle de numéro de renseignements des waterschappen, une voix nous dit en néerlandais: "si vous voulez parler avec quelqu'un en frison, tapez 1, sinon tapez 2." C'est bien la première fois que je vois le biliguisme officiel du pays de façon concrète.
Si vous habitez aux Pays-Bas et recevez une invitation à votez, remplissez votre devoir d'habitant de zone submersible: allez voter !

Ces histoires de nationalité



Ah, la question de la nationalité... Aujourd'hui, j'ai lu qu'un ex-président du Conseil italien était content que Carla Bruni ne soit plus italienne après qu'elle eût déclaré être contente d'être désormais française, suite à la remarque de Berlusconi sur le bronzage parfait d'Obama (quelle remarque de folle superficielle, d'ailleurs). Quel niveau...
Hier, Natasha la Canadienne m'a appelé pour me raconter comment, après dix ans dans le Royaume Submersible, en ayant appris la langue toute seule et s'étant construite une carrière sans aide publique, elle a reçu une lettre de son arrondissement lui demandant de venir pour un entretien afin de tester son néerlandais et d'apporter ses diplômes qu'on puisse parler perspectives d'emploi. La raison cachée est, apparemment, que les arrondissements paniquent après avoir vu que les lois Verdonk sur l'intégration sont inapplicables et ont surtout engendré un monstre bureaucratique, et que si elles ne prouvent pas rapidos qu'elles ont essayé de lever des clients, elles vont devoir rembourser des sommes énormes au Royaume de subsides non-utilisés.

Il y a quelques mois, c'était le sort de Frédéric Minvielle que j'avais soulevé, le pauvre ayant perdu sa nationalité française pour s'être marié à un homme et avoir acquis la nationalité néerlandaise. J'ai appelé l'IND (services de naturalisation néerlandais) pour savoir où on en était sur la question, après avoir passé un bon quart d'heure (c'était un numéro surtaxé, natuurlijk) à demander à ses collègues, mon interlocuteur m'a avoué que personne ne savait plus très bien à quoi s'en tenir en matière de double nationalité avec la France: «appelez les autorités françaises qui en savent peut-être plus que nous.»
J'ai appelé le consulat général à Amsterdam, et c'est confirmé: «à partir du 5 ou 9 mars 2009, je ne sais plus très bien, il sera possible de conserver sa nationalité française.» Attention cependant: cette possibilité ne vaut que pour les demandes de naturalisation déposées après cette date. Si on dépose sa demande avant, le vieux système prévaut: goodbye passeport cocorico.

Lundi soir, j'étais à un débat organisé par le parti travailliste au Krakeling (un théâtre pour enfants vraiment mignon) avec Wouter Bos, notre vice-premier et ministre des finances, lui-même en bonne compagnie avec Fatima Elatik («je serai la première mairesse marocaine d'Amsterdam»), Ahmed Marcouch et le président du COC. Remarques très pertinente de Wouter Bos: «Quand Obama a été élu, les Noirs américains n'ont pas dit 'fiers d'être noirs', ni 'fiers d'être africains-américains' mais tout simplement 'fiers d'être américains'. Quand Aboutaleb a été nommé maire de Rotterdam, les jeunes ont dit 'fiers d'être marocains'. Pourquoi pas 'fiers d'être néerlandais', après tout?» Effectivement...
Ce soir-là, le débat a été très intéressant mais a aussi révélé pas mal de choses. Tout d'abord, le nouveau directeur du COC, Wouter Neerings, a rappelé une chose: si on peut choisir sa religion, ses idées politiques ou ses engagements sociaux, on ne peut ni choisir son sexe, ni sa couleur de peau, ni son orientation sexuelle. C'est pour cela que les discriminations en fonction de ces critères 'innés' doivent être combattus avec force, mais aussi qu'en cas de conflit entre orientation sexuelle, couleur ou sexe d'un côté, et politique ou religion de l'autre, le premier doit primer: le droit de ne pas être discriminé ou insulté pour ce que l'on est doit primer sur le droit religieux ou politique. Ça faisait un moment que j'attendais que cet argumentaire soit utilisé en public. Bravo Wouter (l'autre).
Ensuite, il y a eu une discussion sur la religion, l'identité et la nationalité. Malgré les efforts de chacun, impossible de sortir du vocabulaire marocains/musulmans/néerlandais: les jeunes sont "marocains", la culture est "musulmane" et les blancs sont "néerlandais". Je n'ai pas pris la parole, j'en ai marre d'être le Français de service qui donne des leçons de modernité, mais le débat a au moins une génération de retard par rapport à la France ou aux États-Unis. Il est vraiment temps de désethniciser la nationalité néerlandaise. J'en parlais dans des articles il y a plusieurs années (lien et autre lien), mais depuis le débat n'a pas avancé d'un pouce. Il faudrait vraiment que la néerlanditude soit associé à une forme abstraite et généreuse de nationalisme (démocratie, pacifisme, tolérance, modernisme social) et non à une couleur de peau.

Bref, vous l'aurez compris, la question du nationalisme est encore une question brûlante en 2009. Moi qui rêve d'une nationalité européenne inclusive et progressiste, je ne sais pas si j'en verrai la couleur de mon vivant...

P.S. Vous noterez (voir la photo ci-dessus) que Martin le chien a la nationalité néerlandaise: il a un passeport néerlandais d'animal de compagnie. Les bébés poilus comme moyen d'ancrage au pays, c'est vraiment efficace...

mercredi 12 novembre 2008

Überlove dans DJ Broadcast



Überlove a droit à sa revue dans la revue néerlandaise "DJ Broadcast". Cliquez sur l'image ci-dessus pour un article en taille lisible (en néerlandais). Traduction sauvage...

«Pendant l'Amsterdam Dance Event de l'année dernière, Dave Clarke et Kevin Saunderson ont fait une session démo lors de laquelle des producteurs en herbe pouvaient offrir leur œuvre au jugement sans pitié des deux pros reconnus. Malgré toutes les pressions, Dave Clarke a su trouver la perle: Motion, une piste de Laurent & Lewis. "We have a winner here" a jugé Clarke, et c'est exactement ce qu'on pensé d'innombrables clubbers du monde entier. Motion est devenu un disque culte aux États-Unis et au Japon, et entretemps le premier album de Laurent & Lewis est dan tous les bacs, sorti par Cherry Juice, un label de Detroit. Überlove est une production pan-européenne de deux migrants qui vivent et travaillent à Amsterdam - et c'est d'ailleurs une carte de visite parfaite de la housenation amstellodamoise.
Le producteur Laurent Chambon (un Français) est politologue, publiciste (sur les questions d'intégration) et membre du conseil municipal d'Amsterdal Zuid-Oost (sic). Son partenaire (et ceci littéralement, Laurent & Lewis sont officiellement mariés) a des origines portugaises-américaines et est la voix du duo. Überlove est un cocktail qui dépasse les genres fait de deep-house, de techno et de pop avec une forte injection de disco. Justus Köhncke est lyrique à leur endroit et la scène française en trépigne d'excitation. Avec raison, car c'est un album fort qui se tamponne des trucs faciles et des modes. Avec une piste finale telle que Dansen Is Leuk ["j'adore danser" NdLC] on a le popotin qui groove.» *** (Enrico Riva)

C'est pas enthousiaste, ça, comme revue? (Gros sourire niais)...

mardi 4 novembre 2008

Une petit cure de Todd

Allez, on finit notre cure de Todd pour aujourd'hui deux extraits d'entretiens compilés par ContrInfo... Le premier sur l'anticapitalisme des Français (lien):

Pourquoi la résistance à la mondialisation semble-t-elle une exception française?

E. T. - La France ne fait pas exception. Simplement, si elle est faible du point de vue de la créativité en science économique par rapport aux pays anglo-saxons, elle produit et parfois exporte de la sociologie et de la révolte politique. Même les enfants d’immigrés y sont politisés comme nulle part ailleurs. Il y a chez nous une valeur égalitaire qu’il n’y a pas en Grande-Bretagne, liée à l’héritage des structures familiales. Outre-Manche, la primogéniture et le testament étaient en vigueur.

L’Angleterre est le pays des différences acceptées. A l’inverse, dès le XVIe siècle, la famille paysanne du Bassin parisien était fondée sur une valeur d’égalité féroce, comme c’était le cas à Rome sous le Bas-Empire. Si l’on comprend que nos schémas mentaux viennent de Rome, vous imaginez bien que ce n’est pas en quelques années que l’on va changer les moeurs françaises.

Du point de vue des immigrés, l’égalité n’est-elle pas seulement formelle ?

E. T. - Le rapport d’égalité permet de comprendre pourquoi le pourcentage des mariages mixtes est si élevé en France par rapport aux autres pays. Nous avons l’idée que les hommes sont les mêmes partout. La variable égalitaire permet de dire que, si les populations immigrées ne sont pas trop différentes en termes de moeurs, l’intégration sera plus facile qu’ailleurs. Sinon, il y a un potentiel de rejet très fort. C’est parce que la famille immigrée se désintègre plus vite en France qu’en Grande-Bretagne que les problèmes de délinquance y sont aussi importants.

C’est la raison du vote d’extrême droite ?

E. T. - A partir du milieu des années 80, les classes supérieures refusaient de constater que les milieux populaires avaient un problème avec les immigrés, avec le statut de la femme maghrébine. A l’époque, le discours des élites était optimiste, multiculturaliste, méprisant envers les classes inférieures. Aujourd’hui, les gens sont moins intéressés par l’immigration que par le chômage et les problèmes économiques, mais la droite ranime la thématique de l’immigration. Alors que ce n’est plus ce que les classes populaires ont prioritairement à l’esprit, les classes supérieures cherchent désormais des boucs émissaires. J’ai d’ailleurs le sentiment qu’est en train de s’opérer un renversement du même ordre pour la thématique sécuritaire.

Il y a une dizaine d’années, les classes privilégiées ne voulaient pas parler du problème de la sécurité dans les quartiers. Maintenant, alors que la société française voudrait entendre parler de modification des règles du jeu économique, elle n’a plus droit qu’à un discours sécuritaire, dont on constate pourtant à chaque élection qu’il ne paie pas électoralement.

L’impopularité actuelle de la droite est le résultat d’un programme sécuritaire. Mais il faut dire que, dans une société de plus en plus inégalitaire, les privilégiés vont vouloir jouir en toute sécurité de leurs richesses. La sécurité est peut-être en train de devenir l’obsession des gens d’en haut.

Ce sont les élites ou les autres classes sociales qui se sont refermées ?

E. T. - Si vous avez 1 % des gens qui font des études supérieures, et qu’ils sont disséminés sur le territoire, ils ne peuvent pas vivre en vase clos. S’ils constituent 20 % de la population, cela devient possible. Le système politico-médiatique et sondagier est un morceau de système social qui ne tient plus guère compte de la société.

Les études servent pourtant à effectuer des mesures à grande échelle.

E. T. - Les sondages d’opinion nous entretiennent dans une vision irréelle. Certains sont utiles, mais ils ne sont jamais validés lors des élections. Ils reflètent l’opinion journalistique commune. L’atteinte de l’opinion des milieux populaires est difficile en dehors des périodes électorales. Le combat titanesque à venir entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy n’existe que dans la tête des journalistes.

Et le deuxième sur la Russie (lien):

Le Courrier de Russie : A qui faut-il imputer la faute dans la crise géorgienne ? Aux Russes, aux Géorgiens ou aux Ossètes ?

Emmanuel Todd : Je propose d’observer le problème de la crise géorgienne d’une façon plus large, dans le cadre des enjeux géopolitiques internationaux. Il faut se rappeler qu’après la chute de l’URSS et le repli stratégique de la Russie, les Etats-Unis sont devenus l’unique superpuissance mondiale. Ils ont adopté, à partir de 1996-97 un comportement agressif vis-à-vis d’autres pays du monde. On en a vu les manifestations dans l’invasion de l’Irak, dans la campagne anti-iranienne de l’administration américaine ou encore dans l’attaque menée par Israël, pays satellite des Etats-Unis, au sud-Liban. La crise géorgienne n’est qu’une étape supplémentaire dans cette séquence agressive du système américain.

LCDR : Pourquoi une telle hostilité ?

E.T. : Les Etats-Unis se comportent de façon agressive parce qu’ils sentent leur puissance s’affaiblir. Le monde américain subit une crise économique, sociale et culturelle grave. L’effondrement financier actuel n’en est qu’une nouvelle preuve. Entre-temps, nous observons d’autres pays du monde regagner leur puissance. On assiste à une montée spectaculaire de l’Inde et de la Chine. On voit également le rétablissement de la Russie qui retrouve son équilibre économique et enregistre des taux de croissance élevés. Le monde change à grande vitesse, mais tous ne s’en rendent pas compte. On trouve encore beaucoup de gens inconscients du déclin industriel des Etats-Unis et de la fragilité de leur système. Ce fut justement le cas des Géorgiens qui se sont lancés dans la conquête de l’Ossétie se croyant soutenus par le camp « occidental » mais se sont retrouvés victimes de l’impuissance matérielle de leur allié américain. Mikhaïl Saakachvili a sous-éstimé la nouvelle capacité d’action de la Russie. Celle-ci ne souhaite pas voir l’OTAN s’installer à toutes ses frontières et n’hésite plus pas à utiliser son armée pour faire entendre son « non ».

LCDR : Croyez-vous que les Etats-Unis aient incité la Géorgie à attaquer l’Ossétie ?

E.T. : On ne sait pas exactement comment la décision a été prise et, probablement ne le saura-t-on jamais. Mais la vraie question, c’est comment la Géorgie a-t-elle pu s’imaginer qu’elle allait faire plier la Russie ? Comment Saakachvili a-t-il pu envoyer ses troupes en Ossétie, alors que la partie la mieux équipée de l’armée géorgienne était en train de soutenir les Américains en Irak ?

LCDR : Pourtant, la Géorgie a été écrasée par l’armée russe et les Etats-Unis, à supposer qu’ils ont effectivement joué un rôle dans le conflit, auraient dû prévoir ce scénario...

E.T. : Il faut se rappeler que l’on ne connaît toujours pas l’issue de la crise. Elle semble avoir conduit les Polonais à finalement accepter l’installation du système anti-missile américain sur leur territoire. Elle pourrait pousser les gouvernements européens à affaiblir leurs liens avec la Russie et se rapprocher encore plus des Etats-Unis. Qui sait si les stratèges américains n’ont pas espéré entraîner la Russie elle-même dans une séquence agressive, la conduisant à adopter une posture revancharde et conquérante nuisible à son statut international. L’administration américaine aurait pu sacrifier le pion géorgien pour améliorer sa situation sur la scène internationale. Les Américains jouent au poker, vous savez. Les Russes jouent aux échecs. Ils ont pris le pion géorgien, montré que l’Amérique ne les impressionnait plus, mais ils ont fait du maintien de relations paisibles et utiles avec l’Europe de l’Ouest leur priorité.

LCDR : Comment expliquer la réaction de l’Europe au conflit géorgien ?

E.T. : Les gouvernements européens sont pris dans un dilemme entre les intérêts de leurs peuples et ceux de leurs élites. Ce n’est pas un grand secret : les oligarchies occidentales sympathisent avec les Américains et soutiennent leur politique. Les peuples européens non. L’intérêt géopolitique de la France en tant que puissance moyenne et européenne serait une entente cordiale et stratégique avec la Russie.

LCDR : Pourtant, dans la société occidentale, on parle plus souvent de la menace russe...

E.T. : La Russie n’est pas une menace pour l’Europe de l’Ouest. Je dis consciemment « Europe de l’Ouest » parce que les Russes sont des Européens. La Russie a terriblement souffert de la deuxième guerre mondiale et ne cherchera pas, j’en suis convaincu, à déclencher de nouveaux conflits. La Russie a par ailleurs constaté, du temps de l’URSS, que l’Empire était une entreprise peu rentable. Son déclin démographique interdit de toute façon un fantasme expansionniste. La menace militaire russe est un mythe. La mise au pas de la minuscule Géorgie ne démontre pas que l’armée russe est toute-puissante. Elle démontre simplement que, dans le Caucase, la puissance militaire américaine n’existe pas.

LCDR : Mais outre la sécurité militaire, il existe la sécurité énergétique...

E.T. : Il ne faut pas oublier que la Russie et l’Europe de l’Ouest se retrouvent en état d’interdépendance. L’Europe a toujours besoin du gaz russe, mais la Russie a besoin des biens d’équipement européens, de technologies et de savoir-faire. Et ce n’est pas par hasard que les producteurs d’automobiles européens s’implantent en Russie et y travaillent avec beaucoup de succès.

Exogamie, le retour

En cherchant à connaître les chiffres de natalité néerlandais (Wikipédia) pour les comparer à l'Allemagne et la France (Wikipédia), je suis tombé sur plusieurs surprises intéressantes mais effrayantes.

La première est que les Néerlandais ne font pas assez d'enfants. Le taux de natalité néerlandais est en effet de 1,73 (rappel: il faut 2,1 pour renouveler une population), et se maintient à ce niveau essentiellement grâce aux femmes étrangères. Pour aller vite, les immigrés font encore assez d'enfants pour éviter aux Pays-Bas de rejoindre l'Italie ou l'Allemagne qui se dépeuplent sauvagement. Les Pays-Bas font partie des pays qui, s'ils n'importent pas de la chair fraîche, vont se dépeupler. Je ne vais pas repasser une épaisse couche de propagande féministe (même si vous êtes habitués), mais la faiblesse de l'émancipation des femmes néerlandaises est une des causes les plus évidentes du problème, avec des crèches trop chères et mal conçues, une prise en charge minimale des enfants par l'école (horaires restreints, pas de cantine, pas d'étude, après-midi libres), et des perspectives de carrière ridicules (il faut sacrifier sa maternité pour espérer faire une petite carrière).
Ci-dessous: composition de la population néerlandaises. En gris: autochtones, en orange les migrants occidentaux (primo-arrivants en foncé, troisième génération en orange pâle) et en bleu les migrants non-occidentaux.



L'autre surprise est que la force de la natalité française ne repose ni sur les Français ni sur les étrangers... mais sur les couples mixtes. Les couples unissant un(e) Français(e) et un(e) étranger(e) sont ceux qui assurent le renouvellement de la population, alors que les couples endogames (qu'ils soient autochtones ou allochtones) sont à la traîne, à part quelques cas exceptionnels et transitoires, tels certains groupes d'Africians sub-sahariens.



Je viens de reparler brièvement d'Emmanuel Todd. Son crédo (et je pense qu'il a raison) est que l'intégration passe par l'exogamie. Il a encore plus raison qu'il ne le croit, puisque l'exogamie semble être le moyen le plus sûr et naturel de renouveller sa population. Par ailleurs, cela évite "les enfants débiles" (debiele kindjes) comme le dit drôlement Desie dans le très beau film néerlandais "Dunya & Desie" (lien).

Alors, kreukreusconautes célibataires, travaillez à l'intégration et au renouvellement naturel de la population et cherchez un(e) partenaire dans un autre groupe ethnique que le vôtre!

Plan d'occupation des sols



Mercredi dernier, nous avions Conseil municipal. L'enjeu principal était le vote du nouveau plan d'occupation du sol pour le Quartier des Musées et de Valerius, un endroit truffé des luxueuses villas et d'immeubles datant pour la plupart du XIXe siècle. C'est un quartier privilégié qui ne connaît pas encore la crise et où le taux de pauvreté est proche de zéro, contrairement à d'autres quartiers de l'arrondissement.

Mes collègues Marc et Ron sont responsables de ce sujet qui m'intéresse beaucoup et font preuve de beaucoup de compétence. Ils avaient une motion sur laquelle je n'étais pas d'accord et c'est avec beaucoup d'hésitations que j'ai voté pour, sachant qu'on n'obtiendrai pas la majorité, ce qui a effectivement eu lieu: avec 14 voix pour et 14 voix contre, son vote est reporté au prochain Conseil.
En gros, la question est de savoir jusqu'à quel niveau on peut construire dans les parties non-protégées du quartier. D'un côté il y avait les Verts et le VVD qui voulaient qu'on puisse construire jusqu'au niveau de l'immeuble le plus élevé de chaque bloc, et nous qui voulions garder la hauteur actuelle. L'argument libéral est celui de la liberté d'entreprendre (lire=se faire plein de thune) et celui des Verts est que la ville doit se densifier.
Je suis d'accord avec les Verts, à un détail prêt: je suis pour que la ville se densifie autant que possible, mais que le style architectural soit respecté et qu'il n'y ait pas de destruction de batiments.

Mes deux camarades ont essayé de limiter la taille des bâtiments car il n'est pas rentable pour les spéculateurs de détruire pour reconstruire sans rajouter des étages. Je me retrouve donc coincé entre mon désir de densifier la ville et celui de ne pas voir des bâtiments de plus d'un siècle (allant de magnifiques à raisonnablement beaux) être remplacé par des choses énormes pour nouveaux riches. Les horreurs bling bling pseudo-vieux qui bordent désormais le Vondelpark dans la P.C. Hooftstraat montrent ce qu'il ne faut surtout pas faire.
Mon problème est aussi politique: on défend un quartier qui, il est vrai, est assez exceptionnel, mais on semble très peu se soucier d'autres quartiers, dont le mien. L'architecture du Pijp est une architecture simple et populaire, faite de maisons mal construites à la même époque mais qui a un caractère unique et une forte unité (photo ci-contre). La quartier a été massacré dans les années 1980 avec des immeubles comme le mien, et le massacre continue depuis. Prochain sur la liste: le Verbindingshoek, un ensemble d'immeubles à l'angle d'un bloc, qu'une des corporations privatisées veut détruire pour remplacer par des immeubles neufs.
Mon impression est que si les riches vivent quelque part leur environnement est protégé, mais dès qu'il s'agit de pauvres ou d'étrangers, la loi du plus fort et de la spéculation règne et quoiqu'on dise, tout le monde s'en moque.

Comprenez moi bien, je ne souhaite pas que le Quartier des Musées soit détruit parce qu'on massacre le Pijp, mais je trouve que si les riches voient leur quartier protégé dans leur particularité, il devrait en être de même pour les autres quartiers.
Il nous reste trois semaines pour que Marc et Ron viennent avec un bon compromis constructif...

Todd sur l'Amérique

Alors que ce soir on saura qui est le prochain président des États-Unis, voilà une analyse un peu différente qui remettra les pendules à l'heure, par le brillant et perspicace Emmanuel Todd, parue dans la Tribune de Genève (merci à Erkan pour l'info). Je recommande vivement la lecture de son essai "Après l'empire" à ce qui ne l'ont pas encore fait.

Emmanuel Todd: "Les Américains ont réalisé la plus grande escroquerie financière de l’histoire de l’humanité"

PRESIDENTIELLE | Pour l’historien Emmanuel Todd, l’élection de Barack Obama «redonnera quelques années de vie supplémentaires à l’empire». Elle ne suffira pas cependant à restaurer l’autorité d’une puissance en voie de déclassement.

JEAN-FRANCOIS VERDONNET et OLIVIER BOT | 01.11.2008 | 00:00

L’élection annoncée de Barack Obama sera interprétée comme une régénération de la démocratie américaine, affirme Emmanuel Todd. Suffira-t-elle pourtant à opérer les ruptures espérées? Historien, démographe, auteur en 2002 d’«un «essai sur la décomposition du système américain», Todd ne cache pas sa perplexité. S’il accueille avec enthousiasme l’accession d’un président noir à la Maison-Blanche, il craint, dit-il, que l’événement ne s’inscrive dans un «processus de dislocation».

- Voilà six ans, vous dressiez le tableau d’un pays devenu «un facteur de désordre international». Une élection de Barack Obama pourrait-elle modifier ce constat?
- Elle donnera dans un premier temps l’image d’une Amérique qui rebondit. Avec Bush, on a eu le pire des présidents - une sorte de Rantanplan, qui fait la guerre, qui par sa maladresse accélère la destruction de l’empire américain. Avec Obama, resurgit le visage d’une Amérique optimiste et dynamique. Une Amérique civilisée, à la politique étrangère plus raisonnable, qui aspire à se retirer d’Irak, qui ne veut pas déclarer la guerre à l’Iran. Une Amérique qui pourrait néanmoins rester aussi anti-russe que la précédente, les démocrates ciblant la Russie comme le seul véritable adversaire stratégique des Etats-Unis.

Dans le climat actuel de débâcle, de déroute financière et morale, et compte-tenu de la responsabilité inouie de l’Amérique dans le désordre du monde, la victoire d’Obama va permettre aux pro-Américains des pays occidentaux de dire que l’Amérique est redevenue merveilleuse. Elle redonnera quelques années de vie supplémentaires à l’empire.

- L’accession d’un élu noir à la Maison-Blanche ne confirme-t-elle pas les mutations intervenues au sein de la société américaine?
- Il se produit des événements vraiment extraordinaires aux Etats-Unis. L’implosion du système financier et du mythe économique, d’un côté; l’implosion de la structuration raciale, de l’autre. On comprend dans ces conditions que les Américains vivent dans une sorte d’état d’apesanteur. Cela dit, si l’affaissement du sentiment racial est évidemment une bonne nouvelle, le racisme aura vraiment disparu le jour où les électeurs n’attendront rien de particulier d’un président noir. Obama est un homme politique américain. Son discours est truffé des habituelles références aux valeurs religieuses. Il est entouré des personnalités issues de l’establishment démocrate - ces mêmes démocrates qui ont, plus nombreux encore que les républicains, voté les subventions au système bancaire.

- L’élection de Barack Obama ne plaide-t-elle pas pour la vitalité de la démocratie américaine?
- Ce qui se passe est étrange, et paradoxal. Si l’on observe l’histoire des Etats-Unis, on constate en effet que le racisme n’est pas du tout un petit défaut de la démocratie blanche: il en est le fondement. Au départ, les colons anglais n’attachaient pas une grande importance à la valeur de l’égalité, que ce soit dans la famille ou ailleurs. Ce qui a permis alors d’assimiler des Européens d’origines très diverses, c’est la fixation de la différence sur les Indiens et les Noirs. Dans l’Amérique jacksonienne, le président était un héros des guerres contre les Indiens. Le racisme a été le moteur de l’émergence démocratique. Aujourd’hui, on assiste à l’avènement d’une ploutocratie irresponsable: la montée des inégalités constitue la dynamique fondamentale de la société américaine. L’Amérique cesse d’être démocratique au sens économique du terme. Le racisme y est en baisse, mais la démocratie est malade. Elle pourrit sous nos yeux. Dès lors, j’ai peur que l’on tombe très vite de haut. Une partie de l’oligarchie est derrière Obama. Il a du reste ramassé plus d’argent chez les riches que McCain. Son élection sera interprétée comme une regénération de la démocratie américaine. J’ai quant à moi le sentiment qu’elle fait plutôt partie d’un processus de dislocation.

- Les Etats-Unis comptent certaines des meilleures universités du monde. Ils attirent de partout les capitaux, les chercheurs, les entrepreneurs de la nouvelle économie. Ces atouts-là ne leur assurent-ils pas une place centrale dans la compétition internationale?
- Quelques universités sont en effet très bonnes. Mais la majorité d’entre elles est d’une médiocrité absolue. Sur le terrain de la production scientifique et technologique, les chiffres sont sans équivoque: l’Europe est redevenue le centre de gravité du monde. Ce sont les Européens qui savent construire les centrales nucléaires modernes, ou qui fabriquent des avions gros porteurs - même avec retard.
L’ouragan Katrina avait en 2005 constitué un premier moment de vérité. On a compris tout à coup que les Américains ne disposaient pas d’assez d’ingénieurs pour protéger les villes, ou les reconstruire. Je pense aussi que le conflit au Caucase a contribué au cours de l’été dernier à précipiter la crise financière. L’inexistence de l’Amérique a été perçue comme un moment d’atterrissage dans la réalité.

- Il reste pour l’industrie américaine des secteurs porteurs. L’informatique, la Silicon Valley...
- Si l’on songe à ce qu’étaient les Etats-Unis en 1945, il serait étonnant qu’il ne reste rien de leur puissance industrielle et technologique. Mais alors qu’ils étaient excédentaires dans tous les domaines, ils enregistrent aujourd’hui un déficit commercial de 800 milliards de dollars. La vitesse de régression est hallucinante, et elle n’épargnera pas l’informatique: l’Inde va bientôt porter l’estocade.

- Le projet économique du candidat démocrate peut-il contrecarrer la dépression qui menace?
- Il n’a pas de programme économique. Au début de sa campagne, il a bien proposé quelques mesures protectionnistes, mais le déficit commercial est tel que le protectionnisme entraînerait dans une première période une baisse dramatique du niveau de vie.
Obama se confond avec son image. Or les difficultés américaines vont bien au delà d’une image. Pour le moment, le dollar tient, car à l’extérieur, des institutions, des gens riches, des Etats veulent que les Etats-Unis restent au centre du monde. Mais la situation ne changera pas: elle devrait même se dégrader encore. La question est maintenant de savoir comment, avec la fin de la mécanique des subprimes, on va donner aux Américains les moyens financiers de continuer à vivre aux frais de la planète.

- Les Etats-Unis gardent une forte capacité d’influence sur les leaders d’opinion du monde occidental. Leur image est-elle en train de se troubler?
- L’Amérique, c’est une image. On ne peut en parler sans évoquer le cinéma, les scénarios de feuilletons télévisés, Hollywood. Il y a dans tout ce qui est américain un côté extraordinairement virtuel. Et voilà que par étape on voit émerger la réalité. Il sera en ce sens très intéressant de suivre l’évolution de l’opinion dans les oligarchies financières occidentales. Elles éprouvent un sentiment de solidarité avec l’Amérique. Mais elles viennent aussi de se faire plumer... Je n’aimerais pas être en ce moment un ploutocrate français de la sphère financière.

- La notion d’«hyperpuissance» a-t-elle un sens pour vous?
- Dans le domaine militaire, le monde est déjà multipolaire. L’incertitude tient aux illusions que les Américains entretiennent encore sur eux-mêmes. Ils sont un peu comme les Russes, au moment de l’effondrement du communisme. Lorsqu’ une puissance de cette nature possède encore une armée, elle n’est pas à l’abri de réactions irrationnelles.
Les Etats-Unis ont également perdu la place centrale qu’ils occupaient sur le terrain économique. Avec l’aventure des subprimes, ils ne viennent pas moins de réaliser la plus grande escroquerie financière de l’histoire de l’humanité. Autrement dit, ils ne sont plus dans ce domaine une hyperpuissance, mais compte-tenu de l’absence de régulation de l’économie mondiale, ils détiennent une «hypercapacité de nuisance».

* Emmanuel Todd vient de signer chez Gallimard «Après la démocratie».
** Après l’empire. Essai sur la décomposition du système américain. Gallimard 2002. Folio actuel 2005.

lundi 3 novembre 2008

L'ADE en images

Une grosse semaine après l'Amsterdam Dance Event 2008, un petit retour en images...


L'ADE s'est installé au Felix Meritis mais aussi a squatté l'Hôtel Dylan, un endroit magnifique tout en noir, blanc et beige...


La grande salle du Felix Meritis a donné lieu à toutes les tractations les plus absurdes, qui cherchant à vendre leur démo, qui essayant de convaincre que leur plateforme numérique est tellement mieux qu'iTunes...


Le lieu est magnifique, complètement déconstruit et décadent. Apple sait y faire, et a prêté ses machines histoire d'asseoir son monopole encore un peu plus. Anyway, un DJ avec un Toshiba, c'est pas crédible.


Alors que je rate mes photos avec un Archos dont les piles ne durent pas longtemps, Didier Lestrade se la joue lo-tech et s'en tient à ses cahiers. Il écrit superbien en laissant des marges. I'm impressed.


On parle bizness au Dylan, ça rigole pas. En gros, l'industrie est vue comme quasiment morte, seule des lois dépassées la maintiennent encore en vie. Bon appétit.


Un DJ hollandais fan du travail de Geneviève Gauckler. Disco.


Kevin Saunderson et Dave Clarke pour parler des 20 ans de la House. Ça ne nous rajeunit pas, hein?


DJ Pierre et Eddy de Clercq, toujours sur les 20 ans de la House. Sans l'Europe, tous ces DJs blaques américains seraient portés disparus. Cette incroyable soirée sous exta en 1994, elle était due à de Clercq. Ouah.


L'ADE a tout bien organisé de façon impressionnante. Jusqu'au choix des sièges. Chapeau.



Au Dylan, on bosse dans un écrin un peu décadent. Ça drague quand même un peu, je donne une copie d'Überlove à ceux qui ont une belle barbe, consigne de Didier.


Autre atelier où on parle bizness. Même histoire: industrie morte, le DJ est le futur de la musique dansable, blablabla...


Première conférence totalement lumineuse avec (à droite), Sa Majesté François K, notre héros à tous. Clair, bien préparé, impressionnant.


Tous ces jeunes qui ont cassé leur tirelire pour s'entendre dire que la voie vers la thune va être longue et périlleuse. C'est clair que s'ils y sont pour l'argent, autant changer de passion. Mais où sont les filles?