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mardi 21 octobre 2008

Pauvreté, la surprise



Le rapport de l'OCDE sur la pauvreté est intéressant, et surprenant. Il révèle que la pauvreté est moins développée en France qu'aux Pays-Bas, en bien sûr encore moins qu'aux Etats-Unis. Plus intéressant, on découvre que la France dépense plus d'argent pour sa population que les Pays-Bas. La pauvreté a reculé en France en 20 ans, alors qu'elle a augmenté aux Pays-Bas.
Découvrez par vous-même ces résultats graphiquement ici. L'image ici est l'évolution depuis les années 80. En gros plus on est en haut à gauche, plus la société est inégalitaire et moins elle dépense pour les faibles. Plus on est en bas à gauche, plus la société est égalitaire. Seuls les pays scandinaves et l'Autriche sont plus solidaires que la France, et seule la Suède dépense plus socialement que la France.

J'avais déjà eu cette impression, mais tout le monde me soutenait le contraire. C'est vrai que la France s'est paupérisée, mais quand je vois les infrastructures sociales existantes (le resto U fait la différence entre les étudiants pauvres néerlandais qui mangent des merdes et les étudiants pauvres français qui mangent chaud et équilibré deux fois par jour), je vois bien ce qui manque aux Pays-Bas.
Aux Pays-Bas le régime d'assurance-chômage a été complètement lessivé, l'assurance-maladie coûte de plus en plus cher tout en ne couvre qu'une petite partie des besoins sanitaires, et surtout les pauvre sont vraiment coincés dans des trappes à pauvreté humiliantes.
Bien sûr dans mon arrondissement cela se voit moins car nous avons plein de riches. Obscènement riches pour certains, même. Il n'empêche que malgré tous ces riches nous avons une banque alimentaire. Oui, à Amsterdam Oud-Zuid, en 2008.

On dit que la société néerlandais est devenue plus dure depuis quelques années. C'est un fait culturel et politique, mais aussi social, donc. Le fait que le pays prenne moins soin de ses pauvres et que les différences entres riches et pauvres s'accroissent est un facteur explicatif évident: difficile de rester gentil et poli dans une société qui valorise le chacun pour soi.
La question est désormais de savoir si l'élection présidentielle américaine et la crise financière va avoir des conséquences positives sur ces différences, avec par exemple la remontée du parti travailliste dans les sondages, ou pas.

Exogamie



Ma sœur Patricia vient de sa marier. Félicitations, Patricia!
La famille s'étend toujours plus vers le reste du monde, avec une Patricia moitié-camerounaise et son mari kabyle, la femme de mon frère qui est bulgare, mon mari qui est américano-brésilien, la femme de mon cousin qui est aussi kabyle, le mari de ma cousine qui est italo-malgache, leur ayant été marié à une Thaïlandaise... Les statistiques portant sur l'exogamie des Français fait plus que se vérifier dans la branche Chambon de la famille. Le côté breton va-t-il relever le défi?

dimanche 19 octobre 2008

Tel maître, tel chien



Un projet qui est dans les tuyaux depuis longtemps (depuis que j'ai un chien et que je dois me farcir les plaintes des maîtres des autres chiens) est en train, je l'espère, de devenir réalité. Pour l'instant ma fraction politique me soutient, j'attends encore la réponse de nos partenaires de coalition avant de l'envoyer à tous les élus australoviciens.
L'idée du projet est de manier la carotte et le bâton avec les heureux propriétaires de chiens et les inciter à socialiser correctement leurs animaux. Rien n'est obligatoire, juste que les maîtres qui ont investi dans l'éducation de leur chien pourraient obtenir une réduction sur la taxe canine (presque 100 euros tous les ans, quand même!) et que ceux qui ont produit un monstre asocial devraient être obligés de les maintenir en laisse tout le temps.
Je publirai la traduction du projet quand les autres élus auront réagi... Ouaf!

La vie continue



Je sais que ça presque dix ans et que ça commence à dater, mais à chaque fois que je l'écoute, l'émotion reste intacte. Ça s'appelle "Life Goes On", c'est chanté par Arnold Jarvis et je trouve que c'est probablement la piste de House la plus parfaite de la décennie.
La chose est produite par Louie Vega des Masters At Work (donc c'est impeccable), mais c'est surtout le mélange des paroles, de la mélodie et des choeurs qui est exceptionnel tant beaucoup de morceaux sont bâclés dans la House, surtout de cette époque.
Je l'ai écouté tellement de fois que je connais tous les instruments par cœur, et Lewis ne la supporte plus, c'est vous dire. Les vrais amateurs de House qui ne l'ont pas encore peuvent se le procurer sur iTunes en quelques secondes.

· Arnold Jarvis "Life Goes On" (toutes les versions du 12") *****

jeudi 16 octobre 2008

Aboutaleb maire de Rotterdam

Ah, je me disais bien qu'il ne pouvait pas se contenter d'un secrétariat d'État ingrat qui le maintenait dans l'invisibilité... Et bien voilà, c'est officiel: Ahmd Aboutaleb est le premier maire néerlandais d'origine marocaine. Et pas d'un village perdu dans le Nord, mais de Rotterdam.
C'est un symbole très fort pour les allochtones et le reste du monde: c'est désormais possible de devenir maire d'une grande ville.
Je pensais sincèrement qu'Amsterdam serait la première ville à se donner un maire allochtone, mais Rotterdam lui a grillé la politesse. Je suis fier de mon parti qui ose proposer un politicien issu de l'immigration à un poste aussi important.
Je rappelle que le maire est nommé par la Reine aux Pays-Bas (sur proposition du gouvernement, bien sûr), et qu'on s'arrange pour que tous les partis importants sont représentés en fonction de leur force politique nationale. Ce maire a un pouvoir non négligeable, mais techniquement c'est un fonctionnaire au service du conseil municipal élu à la proportionnelle. Dans les faits son poids politique lui permet de faire un peu ce qu'il veut.
Bravo Ahmed, vive le PvdA, vivent les Pays-Bas!

mercredi 15 octobre 2008

One Street Further




Le troisième extrait de notre album s'appelle "One Street Further". C'est cucul, c'est disco, c'est Pop, ça ressemble à du Sommerville, avec un face B franco-norvégienne très scandinave, écrite à l'origine à Transplant, forcément. À écouter ici: http://www.deezer.com/#music/album/225735 ou sur http://www.uberlove.info/music.htm

dimanche 12 octobre 2008

Minvielle est redevenu français

Le Lion bleu (lien) a mis cet article en ligne:

«Frédéric Minvielle vient officiellement de redevenir Français vendredi 18 juillet dernier. Bel exemple de mobilisation exemplaire et d’action suivi de résultat. Je voudrais ici remercier Laurent Chambon d’Amsterdam qui, après que Frédéric Minvielle m’ait contacté, a permis par son relais déterminant auprès de médias français, de faire diffuser l’information telle une trainée de poudre en l’espace de 24 heures (*) avec des échos en retour dans la presse néerlandaise, pour porter sur le devant de la scène médiatique le cas de ce Français établi aux Pays-Bas et déchu de sa nationalité en 2007 Dernière et bonne nouvelle de ce dossier qui a fait beaucoup de bruit jusqu’à mobiliser l’attention du Président de la République (sa Directrice de Cabinet d’alors, Emmanuelle Mignon, étant intervenue à plusieurs reprise pour faciliter un dénouement rapide du dossier, c’est elle-même d’ailleurs qui communiquait dernièrement par téléphone avec Frédéric Minvielle). C’est le résultat d’une procédure de réintégration ultra rapide (moins de 2 mois) durant laquelle Fréderic Minvielle a du tout de même fournir: son acte de naissance, ses cartes nationales d’identité (1995 et 2004) et son passeport, la preuve qu’il était devenu néerlandais en 2006, et la preuve qu’il avait gardé des liens avec la France en étant inscrit au consulat d’Amsterdam. Ce qui lui est arrivé ne devrait plus arriver à aucun Français aux Pays-Bas car la loi devrait changer à partir de mars 2009, tout ressortissant Français qui deviendra Néerlandais ne perdra plus automatiquement sa nationalité Francaise. Le fait reste que Frédéric Minvielle a été victime de discrimination homophobe et que la France ne reconnait toujours pas le mariage homosexuel Néerlandais.»

Je vais donc enfin pouvoir envisager d'acquérir la double nationalité très bientôt...

lundi 6 octobre 2008

Flashback



J'ai passé presque une semaine à Strasbourg. J'avais oublié à quelle point c'est une belle ville. Pas seulement parce que la cathédrale peut contenir au moins trois Notre-Dame de Poitiers, mais parce que la ville a une unité de matériaux et une richesse architecturale indéniable. Comme je suis arrivé la veille, j'ai eu le temps de revoir des amis (Jean-Yves et Philippe, toujours ensemble un siècle plus tard, toujours sans aucune dispute, chapeau les garçons) et me promener en ville.
Quand j'ai quitté la ville en 1996, la première ligne de tram venait juste d'être finie. Il y a désormais cinq lignes et l'ensemble de la ville en a été transformée: plus agréable, plus mobile, débarrassée de la plupart de ses voitures. Cela n'a pas chassé les étudiants à vélo d'ailleurs, juste que les paysans se garent en banlieue pour faire leur magazinage en ville. Dire qu'à Amsterdam les commerçants veulent plus de voiture, les pauvres, ils se sont trompés de siècle...

C'est quand je me suis retrouvé près de l'Université que les choses se sont gâtées. Je me suis retrouvé assailli de souvenirs et une vague de nostalgie m'a submergé. Je me suis rappelé Laurent D. et Laurent V., Émilie, Liza, Claire (pour n'en citer que quelques uns), nos discussions d'étudiants stressés et insouciants, nos ballades le long de l'Observatoire, la fois où j'étais debout près de la fac de chimie sur le vélo de Laurent D. et que la roue a explosé, nos repas sans fin au Fec ou à la Gallia, les ouiquennes à se raconter nos vies au resto U, à réviser pour les examens et se moquer de nos camarades de promo. Ah, ces jeunes chiraquiens pleins de certitudes, ce qu'ils pouvaient nous faire rire...
Et puis, tout à coup, je me suis retrouvé au bord des larmes, un mec de 36 ans, qui commence à devenir chauve, habillé cher, avec quelques kilos en trop et pas mal de douleurs morales au compteur au milieu de cette foule d'étudiants jeunes, boutoneux et chevelus, submergé par un passé qu'ils ne soupçonnaient pas. J'ai pris la tengeante vers l'IEP (toujours aussi laid) et ai appelé mon mari. Là, à quelques mètres d'où j'ai vécu, j'ai fondu en larmes, ce qui doit m'arriver tous les cinq and à tout casser. Un grand garçon qui n'arrivait plus à gérer toutes ces émotions enfouies et ces souvenirs oubliés, comme dans un mauvais film américain.

Enfin, conférence intéressante avec plein de gens bien (j'en reparle plus tard), puis j'ai revu ma copine Anne, qui est devenue une maman bourgeoise élégante. Il va falloir retourner à Strasbourg un peu plus souvent désormais...

Hispanisation de l'accentuation



La langue néerlandaise est fascinante. Un truc qui ne cesse de m'étonner est l'accentuation, un processus qui nécessite souvent une périphrase en français. Par exemple, alors qu'en français il faut utiliser trois mots de plus ("tu manges" / "c'est toi qui manges"), en néerlandais une seule lettre supplémentaire suffit parfois: "je eet" / "jij eet".
Cette accentuation est possible avec le sujet ("je t'aime", "c'est toi que j'aime": "ik hou van je" / "ik hou van jou"), mais aussi avec le possesseur ("ton vélo" / "ton vélo à toi"): "je fiets" / "jouw fiets".

Mais ce qui est encore plus exotique pour un français est l'accentuation des mots dont la forme ne change pas. On ajoute juste un accent, et le mot est accentué. Facile, hein? Ainsi, "wel" ('bien') peut devenir "wél" ('mais si, je vous assure'). "Maar" ('mais'') devenir "máár" ('mais', avec emphase sur le mot, pour bien marquer qu'il y a un 'mais'). "Ook" ('aussi') devenir "óók" ('en plus')
En lisant de vieux livres laissés par mon prof de néerlandais, feu Willem, je me suis rendu compte qu'alors que l'accent aigu est devenu la norme, autrefois on adaptait l'accent au type de voyelle, en suivant l'orthographe française. On écrivait "wèl" (puisque c'est ainsi qu'on le prononce), et "één". On est passé d'une influence française à une hispanisation de l'accentuation. Si c'est accentué, on utilise é, á, ó, í ou ú, c'est tout. Le son est déterminé par la longueur de la voyelle ("wel": 'e' court / "een": 'e' long) et l'accent est systématiquement aigu. Sur mon clavier, cela représente parfois pomme+&+o ou pomme+&+u. C'est barbare, quoi.

Cette évolution est plus rationnelle, certes, mais cela ne fait-il pas ressembler le néerlandais à une langue d'Amérique du Sud, genre guarani ou une langue amérindienne encore plus zarbe? J'ai des angoisses étranges parfois, I know...