.

lundi 28 mai 2007

Reprise en main

Hier, j'ai parlé de la reprise en main du quartier par les Provinciaux blancs chrétiens hétérosexuels (voir ici). A ce propos, une copine m'avait dit "Laurent tu n'as rien vu, va donc chez Maoz, et tu vas comprendre." Aujourd'hui, il faisait faim et l'idée d'un bon falafel avec de bons légumes me donnait l'eau à la bouche et je suis donc allé chez Maoz, à côté de chez moi.
D'habitude, ce sont des pakistanais qui se chargent de la boutique. C'est marqué en anglais et en hébreu sur la devanture, mais c'est pour la frime. Il aurait mieux valu l'écrire en néerlandais et en ourdou. Ce qui est chouette avec cette boutique, c'est qu'on nous donne une barquette en plastique (utilisées pour les frites) que l'on peut remplir de crudités, une micro-barquette pour la sauce, et dans un pain on a cinq falafels bien cuits dans l'huile d'olive avec de la salade. Miam...
Aujourd'hui, surprise. Le Pakistanais habituel a été relégué au fond de la boutique et c'est une Hollandaise blonde et un peu vulgaire qui s'occupe des clients. Robe noire cachant mal son bidon, tresse blonde de Teutone moyen-âgeuse, et une gueule de trois kilomètres de long. La politesse n'est aujourd'hui pas de mise, ça peut arriver. Je commande deux falafels. Elle me donne deux micro-barquettes pour saucisses. Je la regarde d'un air interrogateur. "C'est pour la salade." La barquette, désormais réduite des deux-tiers, est vite remplie avec trois morceaux de carotte et deux olives. Je remplis une barquette à sauce de humus, et l'autre de sauce verte, mais elle me les vide à moitié en me disant "si c'est trop plein la boite ne ferme pas". Ben voyons, et puis quand c'est complètement vide ça ferme encore mieux?
Les falafels arrivent, ils sont juste assez cuits pour ne pas être crus (une minute de cuisson en plus ça lui coûte trop cher), et elle les fourre rapide dans le pain avec trois molécules de salade (Lewis, à la maison: "euh, ils ont oublié la salade, on dirait." "Non, lui répondé-je, la grosse a juste mis de quoi dire qu'il y a effectivement de la salade dans le pain, et que c'est détectable par les légistes et leurs traceurs de matières organiques, donc juridiquement inattaquable."). Elle m'emballe ça et me donne le sac avec un "eetse" ("mange bien") histoire de ne pas pousser la politesse trop loin.
Bref, son rôle était apparement de montrer à nos Pakis comment faire des affaires en rognant sur les marges. Et plus besoin de politesse: le marché est assez visité pour qu'on s'encombre d'une relation humaine avec le client, nom d'un chien. Et bien, méchante blondasse, mission accomplie: maintenant que Maoz est repris en main, il va falloir nous trouver un nouveau resto à falafels. Où l'invasion va-t-elle s'arrêter?