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lundi 14 mai 2007

Un an après: bilan rapide

Voilà un peu plus d'un an que j'ai été élu. Temps des premiers bilans. Samedi dernier, j'ai été invité par mon parti à venir faire le point avec la cheffe de fraction, Bea Mieris, et deux membres éminents de la section australovicienne du parti, Mariëtte et Luciën. Je crois qu'il est bon de relire certaines règles ou ses propres engagements régulièrement pour voir si on ne s'égare pas ou si on n'est pas trop le nez sur le guidon, à oublier ce pour quoi on a voulu être élu.

Pendant la campagne électorale, je me suis engagé auprès de mes électeurs à respecter certaines choses (voir http://kies.laurentchambon.com/):
(1) faire en sorte que le quartier reste diversifié et vivant, en maintenant la
cohésion sociale et une bonne atmosphère pour tous,
(2) favoriser
l'intégration et l'émancipation de tous (étrangers, gays, seniors, jeunes, allochtones, autochtones...)
(3) promouvoir la
participation politique des habitants et plus de transparence dans la gestion municipale.

Pour plus de distance, je suis allé relire les instructions du parti travailliste à ses élus quant aux valeurs essentielles du politicien PvdA. Je traduis à la hussarde:
1. Implication. Le fil rouge de l'histoire travailliste est la solidarité. Nous trouvons que la politique doit être au service de la société. Le PvdA s'intéresse traditionnellement aux plus faibles de la société et se bat pour l'émancipation. L'implication en dit beaucoup sur la manière dont nous traitons les dossier et les gens que nous rencontrons.
2. Crédibilité. La politique est importante, c'est notre conviction essentielle. Mais la politique ne marche que si on est digne de foi. Crédible. Ce que nous demandons des autre n'est possible que si nous sommes dignes de foi et crédibles.
3. Indépendance.
Les représentants du peuple doivent pouvoir inspirer la confiance en leur gestion des affaires. Ils doivent être ouverts aux opinions de ceux qui connaissent bien les dossiers, mais doivent ensuite prendre leur responsabilités de façon autonome.
4. Ouverture. Cela signifie tout d'abord la transparence dans ses actions (essentielles s'il s'agit d'intégrité). Nous avons aussi pour but l'ouverture aux autres (disponibilité), l'ouverture aux idées et initiatives de la société, et aux idées contradictoires.
5. Respect.
Dans le programme de base, on parle de morale libérale: il y a de l'espace pour les différents modes de vie et cultures à l'abri des droits fondamentaux pour tous. C'est pour cela que nous soutenons le droit de tous à une existence convenable. Nous voulons concrétiser le mot respect.
6. Responsabilité.
Il ne s'agit pas seulement de prendre ses responsabilités. On vise aussi l'idée du "pouvoir appelle un contre-pouvoir". Les politiciens doivent accepter les contre-pouvoirs et donner de l'espace à ceux qui veulent prendre leurs propres responsabilités. A côté de cela, il faut savoir répondre de ses actions: tout ce qu'on entreprend doit pouvoir être défendu.

Alors? Et bien respecter engagements et principes n'est pas facile du tout. Tout d'abord parce que chacun a tellement peur de l'opposition et de la presse qu'on incite tout le monde à ne rien faire. Ne rien faire est payant politiquement parce que le risque politique est nul. Faire quelque chose est presque suicidaire (je l'ai vécu, croyez moi) et ne vous attire que des ennuis. Des autres politiciens, de vos collègues de parti, et des mécontents en tout genre (car rien n'est jamais parfait).
Ensuite parce que le parti a tellement peur de la corruption et du conflit d'intérêt qu'on vous incite à hurler avec les loups quand les autres (surtout des autres partis, mais pas seulement) font des choses qui ne sont pas 100% parfaites, et surtout qu'on vous conseille de bien vous asseoir dans votre fauteuil au Conseil, bien lire la littérature des fonctionnaires, voter oui, voter non, mais ne pas trop en faire. Devenir des fonctionnaires de la politique, en fait.
Enfin, nous sommes tellement occupés avec des dossiers vraiment locaux avec plein de détails techniques qui nous forcent à apprendre plein de choses sur des règlements de la ville ou nationaux qu'on en oublie le bien commun et l'intérêt général. On veut plaire à tout le monde, des cafés aux boutiquiers, des riches aux pauvres, des cyclistes aux automobilistes, des familles aux célibataires, et résister à la pression de certains n'est pas facile. Il est largement plus facile de se retrancher derrière des réglements que de vouloir affirmer l'intérêt général.
Bref, entre l'idéal de la fonction et sa réalité, il y a une fossé pas facile à combler.

Dernière chose essentielle qui me pose problème: la compétition interne au parti. Chacun sait que les prochaines élections ne sont pas gagnées du tout (je panique quand j'y pense), que nous ne nous sommes pas du tout rapprochés de nos électeurs (en particulier les allochtones), et que seuls quelques uns figureront sur la prochaine liste, et que peu finiront élus. Au lieu de s'imposer comme une équipe soudée (ce que nous sommes parfois, par exemple avec Jan Witting et Alper Tekin Erdogan au sein de notre commission), on sent l'esprit compétitif et l'affirmation des égos. Avec des conséquences désastreuses sur certains sujets, et surtout une peur de s'intéresser à tout car qui se trouve sur le territoire politique de l'autre est brutalement rappelé à l'ordre (cela m'est arrivé, ce n'est pas toujours une sinécure).
Mais bon, il reste un peu moins de trois ans. Assez pour s'y mettre sérieusement?