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lundi 30 juin 2008

Ça chauffe chez les folles



Hier à la gare j'ai vu qu'il y avait un nouveau magazine gay dont je n'avais jamais entendu parler. "M". Je l'ai donc acheté, par curiosité. Quelle déception. Il y avait quelques idées rigolotes, mais dans l'ensemble je me suis retrouvé avec un mag pour tapioles idiotes avec plein de mecs torse-nus comme on en voit rarement en vrai. Un truc pour faire rêver les coiffeuses de province? Pire que tout, ce sont les polices de caractères. Même dans le journal de la Roche-Posay il n'osent pas des polices aussi laides. Avec toutes ces folles, pas moyen d'en trouver une qui s'y connaît un peu en design?

Autre très mauvaise nouvelle pour la communauté: Didier Lestrade, notre reine-mère à tous, a été viré de Têtu. Je n'ai pas encore trop bien compris pourquoi. Didier peut être chiant, mais en général il a raison de l'être. Je le trouve brillant et cultivé, il a un sens politique très poussé et Têtu lui doit beaucoup (il l'a co-fondé, je le rappelle), il nous empêche de devenir des idiotes. Il a à peu près dix ans d'avance sur la plupart des gens que je connais. Was passiert à Têtu?
En prenant mon café (oui, la caféine, ça marche, hein?), j'ai réalisé: non, Didier va encore nous sortir un truc génial. Après Têtu et Act Up, what's next? Je parie sur un site internet communautaire couplé à iTunes, ou un truc niouze-musique-porno en ligne. Je chauffe?

lundi 23 juin 2008

La montée des "homodivorces"

Sept ans après l'ouverture du mariage civil aux couples du même sexe, les "homodivorces" comme on dit aux Pays-Bas, sont de plus en plus nombreux. D'après les chiffres du Bureau Central de Statistiques néerlandais (CBS), les couples de même sexe divorçant ont été deux fois plus nombreux en 2006 qu'en 2004. Avec 62 divorces pour 1.210 mariages en 2004, le pays a vu 119 divorces pour 1.212 mariages en 2006. Les femmes se marient (et divorcent) plus que les hommes: en 2001, 1.075 couples de femmes se sont dit "ja" aux Pays-Bas, pour 39 couples d'hommes. En 2006, 633 couples de femmes sont passés devant le maire, contre 579 couples d'hommes. La même année, 83 couples de femmes ont divorcé, contre 36 couples d'hommes.
En comparaison avec les couples hétérosexuels, les couples homosexuels divorcent encore très peu: en 2005 32.600 couples hétérosexuels ont divorcé alors que "seulement" 72.000 unions ont été prononcées. Le CBS rappelle que les chiffres sont à prendre avec des pincettes: beaucoup de couples de même sexe préfèrent le partenariat au mariage, plus discret en cas de voyage à l'étranger, qui peut être dissout sans une procédure de divorce parfois longue et onéreuse, et qui offre exactement les mêmes droits que le mariage civil. 8% des 6.848 partenariats signés en 2006 sont le fait de couples homosexuels.
Les Pays-Bas ont été le premier pays du monde à ouvrir le mariage civil aux couples de même sexe en 2001. La Belgique, l'Afrique-du-Sud, l'Espagne, le Canada et la Grande-Bretagne ont ensuite suivi, désormais rejoints par la Californie.

vendredi 20 juin 2008

SNCF te vend plein de trucs, chéri

Aujourd'hui j'ai essayé de réserver un aller/retour en France sur le site de la SCNF. Et bien, c'est pas gagné. Tout d'abord, la page de la SNCF ressemble à celle d'un casino en ligne, avec plein de dégradés terribles, de la musique qui sort d'on ne sait où et impossible à couper, des choses qui clignotent, des cadeaux et des voyages à gagner. Il manquait les meufs à poils et une publicité "update your penis" et j'avais la totale. Il m'a fallu 10 minutes pour comprendre que je devais appuyer sur le logo "voyages SNCF", en haut à droite, pour voir quel train je pouvais prendre. Entretemps, on m'a proposé des billets d'avions, des nuits d'hôtels, des visites de musées. C'est quoi déjà, le boulot de la SNCF? Ah oui, les trains...



Une fois arrivé sur le bon site, horreur. On me vend à nouveau plein de choses que je ne veux pas, mais impossible de trouver le train que l'on m'a proposé au téléphone. On me propose des choses à 300 euros l'aller/retour non remboursable (quand on sait que le Thalys peut avoir du retard...)... qui dure 4h25. Soyons raisonnable, c'est un Paris-Châtellerault en 2e classe, pas un voyage de luxe au Cameroun. Impossible de trouver un train normal, il y a plein de tarifs compliqués auxquels je n'ai pas le droit. Je veux juste un TGV ou même un corail, point.



Qui sont les gens qui ont créé ce "service"? Des Kirghizes alcooliques qui essayent de se faire un peu de thune en vendant des services annexes avec un design volé chez leurs voisins kazakhes ou une des plus grosses compagnies ferroviaires européennes? Franchement, je me demande. Entretemps, on va gentiment passer par sa consœur, NS, qui a su limiter les dégâts.
Un logo merdique, un site qui vend je ne sais pas quoi mais ne peut pas donner les horaires, des offres réservées aux docteurs en économétrie, was passiert à la SNCF?

mercredi 18 juin 2008

Le jaune c'est moche



C'est tellement folle. J'adore. Merci à Pierre pour me l'avoir montrée.

Censure au Figaro



Hier, dans le Figaro, un article sur l'ouverture du mariage aux couples de même sexe en Californie. Dans les commentaires, une accumulation fascinante de propos homophobes, réactionnaires et intolérants. Avec Pierre, on réagit et envoie chacun des commentaires. Résultat? Aucun n'est passé.

Alors que Rue89 ou Libération s'efforcent de ne pas censurer les vieux cons, les réacs et autres sarkozystes fondamentalistes (c'est vrai qu'on les repère rapidement), le Figaro censure les propos tolérants et progressistes. Ils ont laissé quelques messages de folles idiotes qui font des fautes (histoire de montrer que ces pédés sont tous des idiotes), mais c'est bien tout. Moi qui commençait juste à aimer lire certaines pages du Fig (c'est vrai que la descente aux enfers du Monde aide à apprécier les autres journaux), me voilà désormais obligé de boycotter le journal des cadres de droite. Je l'achetais pour aller le lire tranquillement au café d'à côté, c'est fini. No Figaro from now on...

Wifi devient wimax

Ça fait plus de deux ans que j'essaye de faire en sorte que notre arrondissement partage le Wifi d'une manière ou d'une autre pour que tout le monde y ait accès (dont les gens de passage) et que le niveau de radiations baisse grâce à une meilleure utilisation des réseaux existants.
Ça bloque à mort dans mon parti, surtout à cause de certains "camarades" qui n'y connaissent vraiment rien mais se prennent pour des spécialistes. J'avais alors commencé à voir discrètement comment on pourrait faire faire ça par des entreprises spécialisées et combien cela coûterait.

Je viens de lire que le Wimax arrive, et qu'avec quelques antennes on peut couvrir une grande partie de la ville à moindre frais. J'ai donc décidé de laisser tomber mon combat pour un wifi collectif: pas la peine de réveiller les monstres alors qu'une nouvelle technologie arrive et qu'elle résoudra une partie de mes attentes (et de celles de beaucoup de gens).
Le problème est donc résolu à moyen terme. Reste qu'il m'a permis de comprendre la nullité de certains, pétris d'une connaissance qu'ils n'ont pas et de certitudes inébranlables. J'ai un peu honte pour eux, en fait. Mais bon, rien de nouveau là dedans, hein? "Et pourtant, elle est ronde"...

Exogamie bretonne

Une chose qui me frappe souvent, c'est à quel point les Bretons sont exogames. Beaucoup de Français que je rencontre à l'étranger sont soit bretons, soit issus d'un parent breton. En grattant un peu, je me suis rendu compte qu'il y a deux sortes de Bretons: ceux qui restent en Bretagne et s'appliquent à cultiver les maladies génétiques rares en épousant d'autres Bretons, et ceux qui vont voir ailleurs si j'y suis et épousent tout sauf des Bretons: Africains, Asiatiques, Maghrébins, voire même... des Hollandais. Le produit de cette union est alors bretonno-universel, et débouche sur des familles extrêmement exogames.

Quelques exemples... On commence avec ma mère, la fameuse DJ Janine, qui, avant d'épouser mon père (un Auvergnat ayant bourlingué dans le monde et qui a vécu avec plusieurs Africaines, tiens tiens), a eu des amoureux étrangers, même si elle n'aime pas raconter des histoires qui ont eu lieu il y a plus de quarante ans (un Italien, un Cambodgien, un Algérien). Leurs enfants sont mariés à des étrangers (une Bulgare, un Portugais-Américain néerlandisé). Elle a plein de cousins qui ont été chercher fortune avec plus ou moins de bonheur dans le reste du monde et ont épousé des indigènes, produisant très souvent des enfants mélangés.
L'autre jour j'ai enfin rencontré Sabine Cessou, la nouvelle correspondante de Libé à Amsterdam (mais aussi d'autres journaux), qui est très sympa, mais aussi Bretonne et spécialiste de l'Afrique, et a été mariée à un Sud-Africain (noir) dont elle a eu un garçon magnifique. Il y a bien sûr Melouki/Brieuc-Yves, de mère bretonne, de père algérien noir, qui lui-même s'est acoquiné à des Hollandaises. Le Frédéric Minvielle qui avait été déchu de sa nationalité française est un Breton exilé ayant épousé un Batave. En discutant avec des inconnus lors de réceptions avec pas mal de Français, je suis souvent tombé sur ces mêmes Bretons ou des semi-Bretons exilés. Si vous cherchez un peu vous allez en trouver une tripotée dans votre entourage, de ces Bretons voyageurs exogames.

Je peux m'imaginer que l'amour de connaît pas les frontières, mais je suis et demeure sociologue, et ne peux m'empêcher de chercher des raisons plus larges à certains choix de vie, comme celui d'immigrer ou de chercher des partenaire en dehors de son groupe d'origine. J'en ai parlé un peu à certains de ces Bretons et voilà les théories qui flottent le plus:

- L'horreur bretonne: beaucoup ont vécu la Bretagne catholique et conservatrice comme une prison humide et invivable, et ont donc tout fait pour ne pas avoir à y remettre les pieds. Pour beaucoup, c'est la fuite à Paris, mais aussi à l'étranger, et la construction d'un monde égalitaire et tolérant, exactement l'inverse de la Bretagne qu'ils ont connue. L'exogamie et les voyages comme antidote à la bourgeoisie catholique bretonne, en somme.

- L'appel de la forêt: le sexe est, avec le beurre salé, un bon produit d'exportation breton (au XIXe siècle les jeunes bretonnes devenaient femmes de chambre ou prostituées en arrivant à Paris, ce qui revenait parfois au même). Le bon sexe ne connaît pas de frontières et, d'après une experte que je ne nommerai pas "le sexe c'est la raison n°1 de sortir avec quelqu'un de différent". C'est vrai, je confirme.

- Le matriarcat: la Bretagne bretonnante est une société matriarcale où les hommes sont souvent morts ou alcooliques, en tous cas où le machisme a du mal à survivre. Les Bretons immigrés recherchent instinctivement un(e) partenaire partageant les mêmes valeurs familiales et se retrouvent donc avec des gens issus de cultures où la femme forte est une figure centrale (Afrique, Auvergne, certaines parties du Maghreb). La rumeur veut que les Bretonnes soient fortes et indépendantes, et les hommes parfois macho mais quand même égalitaires. À vérifier, bien sûr, mais c'est une théorie intéressante.

- La diversification génétique: une théorie osée mais why not... Alors que l'isolement fait que beaucoup de Bretons sont victimes de maladies génétiques dues à la consanguinité, il faut des gènes frais et le meilleur moyen est de rechercher son "complément génétique" ailleurs. Les bruns cherchent des blonds, les ronds cherchent les carrés, les nains cherchent les tiges, les blanchâtres cherchent les foncés. Un bon moyen de transmettre ses gènes est de se mélanger pour s'assurer que ses descendants seront forts et sains. Une stratégie de survie collective comme une autre...

Si vous avez d'autres explications, je suis preneur...

lundi 16 juin 2008

Erasurite aiguë

À peu près deux fois par an, je suis pris d'une erasurite aiguë. Je suis incapable de savoir d'où ça vient, ce qui provoque cette éruption musicale soudaine, mais cela dure en général une petite semaine, et il me faut juste attendre que ça passe. En l'espace d'une heure ou deux, je puise dans mes disques durs externes de réserve tous les albums d'Erasure, quelques faces B monstrueuse, je branche le Mac sur la chaîne hifi, et c'est parti pour une orgie de synthétiseurs ringards et de mélodies follissimes. Lewis s'en va en général en courant, et il a bien raison.
Pour ceux qui ne le savent pas, Erasure a été fondé par le créateur de Depeche Mode et Yazoo, Vince Clarke, et un ex-garçon boucher complètement folle, Andy Bell. En France, deux titres seulement ont eu du succès, dans les années 1980: "Oh l'Amour" et "Sometimes". Voilà quatre albums indispensable pour ceux qui hésitent encore, dans l'ordre d'amour, représentant l'âge d'or du duo, construit autour des bidouillages post-midi rétro-futuristes de Clarke...

Chorus (1991)
Je me souviens avoir acheté le CD collector rempli de clichés enthousiastes (famille parfaite qui fait du vélo, hommes d'affaires conquérants, ingénieurs planifiant un chantier idéal), mais aussi du choc esthétique qu'a constitué sa découverte: sons über-synthétiques, rythmes glacés beyond l'électronique, harmonies vocales complexes made in England et une ambiance mélancholique un peu angoissée. À l'époque où tout le monde jurait par le Grunge, j'avais l'impression de faire de la résistance. Autant dire que je ne connaissais personne qui partageât ma passion, et qu'il était hors de question que j'en parle à mes camarades de prépa. À part une terrible erreur ("Love To hate You", was passiert, les garçons?) que j'ai effacée, toutes les chansons sont magnifiques. Entretemps devenu un classique. *****

I Say I Say I Say (1994)
Après l'angoisse de "Chorus", l'amour heureux avec "I Say I Say I Say". Design gentil avec des paysages féériques et des gentils personnages qui jouent au bord du lac. Premier extrait hallucinant: "Always", avec ses sons rétro-futuristes ringardo-fabuleux, ses mélodies parfaites et un sens incroyable de la composition. Un refrain entêtant (dernière mesure en 5 temps, fallait oser) et en deux écoutes je suis amoureux. Le reste de l'album est aussi tubesque, de "I Love Saturday" à un "Because You're So Sweet" à réserver quand votre chéri(e) est parti(e) ou que vous vous êtes fait larguer, même si à l'époque le Peuple n'était pas prêt pour faire face à autant de Pop en si peu de minutes. Moins révolutionnaire que Chorus, mais presque aussi parfait. ****

Erasure (1995)
Après la Pop brève et puissante, des chansons spatiales d'au moins 6 minutes, c'est le programme d'"Erasure" (quelle originalité). Pochette laide mais compositions magnifiques. Ce n'est pas un album fait pour passer en radio, et pourtant "Stay With Me", le premier extrait, est à pleurer, quelque part entre la ballade parfaite, le crise mystique et l'électronique rétro. "Rock Me Gently" a un break que j'ai dû écouter un million de fois. Pas vraiment grand public, mais très beau néanmoins, il est considéré comme le meilleur par la critique, même si personnellement je préfère le format Pop plus concis. ****

Pop (1991)
Et puis, il ne faut pas oublier leur premier "Best of", qui rassemble leurs premiers singles. Tout n'est pas parfait, mais rien n'est terrible. Et puis il y a de vrais canons de la pop européenne, devenus entretemps des classiques: "A Little Respect", 'Oh l'Amour", "Sometimes" ou "Who Needs Love Like That". Une version updated est sortie plus tard mais n'ajoute rien. Pour ceux qui n'osent pas encore acheter les autres. ***


Les autres albums? Uniquement pour les fans. Personnellement j'aime beaucoup "The Circus" mais c'est parce que j'y associe beaucoup de souvenirs impérissables. Pareil pour "Wild!", même si parfois Andy devrait y aller mollo sur le Prozac™. Et les nouveaux albums sont, à quelques chansons prêt, des catastrophes majeures. Enfin, pour ceux qui aiment les folies d'Andy Bell, je recommande son album solo "Electric Blue" qui renoue avec les mélodies classiques d'Erasure, même si la production est, à mon goût, trop vulgaire. Pour les plus folles d'entre vous, je rappelle que l'EP "Abba-esque" reprend quatre chansons d'Abba de la façon la plus glacée et hystérique possible: à acheter obligatoiremenent si vous êtes Kinsey 5 ou supérieur.
Allez, encore quelques jours et la crise est finie...

vendredi 13 juin 2008

Foot: les gays s'en fichent

À quelques heures du match France-Pays-Bas, les Néerlandais ne comprennent plus rien: les gays ne s'intéressent pas au football. Alors que le pays est complètement obsédé pas l'Euro 2008 et décore des rues entières en orange, un sondage réalisé par le site Gay.nl montre que 51,7% des gays ne regardent jamais le foot, et que 19,2% tient un quart d'heure au grand maximum.
Si on gratte un peu, on se rend compte que les gays néerlandais s'intéressent quand même un peu au sport national: 28,3% trouve Robin van Persie sexy, suivi par Jan Huntelaar (avec 14%) et Wesley Sneijder (9%).

http://www.tetu.com/rubrique/infos/infos_detail.php?id_news=13100

lundi 9 juin 2008

Concert jeudi 26 juin à Paris

Le jeudi 26 juin nous serons en concert au Nouveau Casino à Paris, dans le cadre du festival Jerk Off. Oui, le nom est terrible pour les anglophones, mais le concept est chouette: promouvoir les cultures gay et lesbiennes alternatives. Nous passons vers 21h, donc n'arrivez pas trop tard. Il y a quelques places sur le guest list, alors les premiers qui se manifestent y figureront, tant pis pour les autres.

Au programme de notre concert: présentation de nos chansons préférées de l'album, avec des version exclusives, et des instrumentaux avec Bærtran en danseur officiel...

jeudi 5 juin 2008

Pas d'espoir, obviously



Il y a quelques semaines, à la lecture de certains articles en sociologie mais aussi de nombreux articles de presse généraliste sur la question, j'avais voulu parler de l'avenir des jeunes de l'arrondissement en réunion de fraction. J'ai essayé d'expliquer que tous ne sont pas égaux et que le futur des certains jeunes est fortement limité dès la naissance. Si on analyse les statistiques sur Amsterdam mais aussi sur l'Occident en général, la tendance lourde est à l'héritage des privilèges et l'exclusion à long termes de certaines parties de la population, avec des variations selon le sexe, l'origine ethnique, le pays de résidence ou la profession des parents.
Pour aller vite, les petits garçons d'origine marocaine nés à Amsterdam ont déjà un avenir de merde tout tracé si on continue ainsi. Pourtant, au lieu de prendre le problème à bras le corps, on m'a opposé le déni le plus rigide. "Mes parents étaient pauvres et pourtant maintenant je suis riche" (mec de 65 ans); "Je connais des Marocains qui ont réussi" (meuf de 35 ans).
Au lieu d'essayer d'imaginer que faire pour s'assurer que tous les jeunes puissent envisager leur avenir en fonction de leurs talents et non leur origine, on m'a traité de menteur. J'étais furieux devant tant de bêtise. Je suis loin de tout maîtriser, mais c'est un peu mon rayon, ce genre de questions. Mais non, rien à faire.

Hier, la "une" du Parool, le journal amstellodamois, titrait ainsi: "Impuissance face à la fracture sociale". Sous-titre: "L'échevin Asscher: ça empire et on ne maîtrise plus rien. / 'les différences ne sont pas résolvables avec un plan' "
Voilà. C'est le genre de moment compliqué, où je suis à la fois content d'avoir eu raison, mais en même temps où j'aimerais avoir tort. Mais bon, maintenant que c'est clair, que même l'échevin ne sait plus comment s'y prendre, il est bon d'imaginer comment y travailler sur le long terme. J'ai quelques pistes de travail...

1. Émanciper les femmes. S'assurer que faire des enfants n'empêche pas de faire une carrière. Suivre la Norvège et exiger que les entreprises aient au moins 40% de femmes parmi leurs dirigeants. Punir ceux qui s'obstinent à n'avoir que des hommes à leur tête. Si les femmes néerlandaises n'arrivent pas à faire carrière, comment peut-on imaginer que les allochtones y arrivent?

2. Punir sévèrement les discriminations. Renverser la charge de la preuve et faire en sorte que les entreprises qui discriminent ne puissent avoir de contrats avec les autorités. Et que les institutions qui discriminent ne puissent toucher des fonds publics.

3. Penser sérieusement à des politiques de discrimination positive. Tout en restant très pragmatique: hors de question de se retrouver dans une situation à la sud-africaine où tous les jeunes hommes blancs vont voir ailleurs tant leurs chances de trouver un travail sont faibles.

4. L'école doit pouvoir remplacer les parents déficients. Si les parents ne sont pas capables d'enseigner le néerlandais à leurs enfants ou même leur transmettre les clefs culturelles leur permettant de réussir dans la vie, c'est à la collectivité de s'en charger. Cela va coûter du temps et de l'argent, mais à la fin tout le monde en profitera.

5. Casser les privilèges. Il ne peut y avoir de démocratie basée sur le mérite si tous les postes intéressants sont hérités et non mérités. Je sais que beaucoup de gens dans des situations intéressantes ont peur de ne pas pouvoir transmettre leur position à leurs enfants, mais on ne peut pas à la fois demander à ce que les allochtones s'intègrent et en même temps les empêcher de pouvoir s'épanouir librement en fonction de leurs talents.

C'est un vaste programme. Ce ne sont que quelques pistes. Ce n'est pas réalisable en deux ans avec quelques millions d'euros, mais il faut savoir ce que l'on veut, non?

Überlove dans Trax




Notre chanson "9enealo9y" est dans le CD sampler du magazine Trax (n°2 du disque), mais ce n'est pas tout...




L'album «Überlove» figure dans la sélection du mois. L'article:

Laurent & Lewis · «Überlove»
House. Certains pensent que le dernier manifeste littéraire de Laurent Chambon, moitié de Laurent & Lewis, est trop naïf. Le grand mélange: minorités, tolérance et faux-semblants dans la France de Nicolas Sarkozy (Denoël) est pourtant la gifle que l'ont attendant à l'encontre de la connerie française. Überlove est son prolongement house, en plus naïf encore (on aura compris que la naïbeté est une qualité). Ironie de l'époque, la house se réduit quand elle devient trop intelligente. Quand la dernière vidéo de Justice vous fait gerber votre amour pour la typographie, il est temps de se tourner vers un album electro-pop sincère, homemade et indé, avec des basses acid et des mélodies qui accrochent dans votre cerveau pour de bon. Approuvé par Geneviève Gauckler!


Pour le CD sampler, voici la présentation:

Laurent & Lewis · «9enealo9y»
Ce duo possède une spontanéité, une naïveté et une beauté que bien des artistes actuels, obsédés par le dancefloor, ont tendance à oublier. Leur album Überlove, dont est extraite cette magnifique comptine acide, est l'une des plus belles surprises du mois.

LÉF: Trois mots d'ordre qui inspirent encore

Dans le cadre de mon travail d'élu local, je suis souvent confronté à des situations où l'on doit dépasser la résolution des problèmes concrets, et où l'on doit faire des choix basés sur une vision beaucoup plus abstraite des choses. Dernièrement, en m'interrogeant sur l'économie, le lien social et le travail des hommes politiques, je me suis rendu compte que ma ligne politique se résumait en trois points étrangement familiers: liberté, égalité, et fraternité.
Ce n'est pas du tout par nationalisme ou par nostalgie ringarde que j'utilise cette formule, c'est parce que j'ai redécouvert, par la pratique, la profondeur de ces trois mots combinés.

La liberté est une valeur essentielle sans laquelle on ne peut vivre. J'ai quitté la France avant tout par désir de liberté, pour échapper aux préjugés et aux pesanteurs de mon pays d'origine. J'ai fait beaucoup de sacrifices pour garder cette liberté. Beaucoup de gens sont morts pour que nous puissions être libre en Occident, d'autres meurent encore pour l'être ailleurs, ce n'est donc pas un vain mot. Beaucoup de minorités doivent se battre pour avoir le droit d'être libres, et ce n'est pas encore gagné, croyez-moi.
L'égalité se retrouve dans l'égalité juridique, et le fait que les règles doivent s'appliquer à tous. Rien de plus terrible que de voir les privilèges et les passe-droits. Enfant, ce qui me révoltait le plus était l'injustice et le fait que tout le monde ne devait pas se tenir aux même règles. Une société sans égalité juridique est vite invivable. On le voit en ce moment dans beaucoup d'endroits dans le monde. Aussi, l'égalité présuppose qu'au-delà des différences, chacun doit être pareillement traité, hommes, femmes, Noirs, blancs, gays, hétéros ou lesbiennes. On est loin d'avoir le compte. Par ailleurs, je pense que l'idée d'égalité préfigure aussi les "fair chances" des anglo-saxons: la possibilité de pouvoir faire ses preuves et de s'élever par le mérite. La différence avec l'Ancien Régime est surtout là: la fin des privilèges hérités (nuit du 4 août 1789). C'est une des valeurs les moins respectées, surtout ces 30 dernières années, malheureusement.

L'idée de fraternité, au début, ne m'a pas beaucoup touché. J'ai mis longtemps à comprendre qu'au-delà des droits, les devoirs sont un élément essentiel de la vie en société. L'aide aux plus faibles, le respect pour ceux qui ont bien fait leur devoir, la bonté désintéressée, la politesse... toutes ces choses perçues comme un peu ringardes sont indispensables à la vie collective, mais aussi au bonheur de tous. Ce n'est pas pour rien si la plupart des religions insistent lourdement dessus: sans fraternité, point de salut. Au-delà du cercle de la nation d'ailleurs: les révolutionnaires pensaient aussi à la fraternité humaine en générale, et rien ne nous interdit d'en faire autant, voire même d'y inclure les animaux. Sans repomper Lévi-Strauss, donner est indispensable, et penser à l'autre est beaucoup plus nécessaire qu'on ne le croit généralement.
Finalement, c'est l'équilibre de ces termes qui est la plus importante: la liberté mais pas aux dépends de celle des autres, l'égalité mais pas la médiocrité, la fraternité mais pas la dictature de la majorité...

Bref, aussi cliché que cela paraisse, si on me demande "Laurent, ton programme pour 2008-2009 en politique, si tu devais le résumer en quelques mots?" ce serait "fastoche: liberté, égalité, fraternité".
Classique™, mais encore loin d'être obsolète.

mercredi 4 juin 2008

Café frappé



La recette originale du café frappé est grecque et n'a que du café et de la glace. Beurk. La mienne est post-lactique pour ceux qui ne digèrent pas le lait (et ce n'est pas dans ma tête, comme le disent les Néerlandais: une minorité d'humains peut digérer le lait à l'âge adulte, ce n'est pas une question de volonté). Les ingrédients:
- un café (moi: capsule rouge de déca Nespresso, que c'est ludique...)
- un verre de lait de soja
- 3 ou 4 glaçons
- 2 cubes/sachets de sucre
- 1 cuiller de lait écrémé en poudre (pour le goût)
Il suffit de mixer ça ensemble et de servir. C'est pas difficile, hein?

mardi 3 juin 2008

Pas d'Adam folle pour les téléspectateurs néerlandais

Centraal Beheer, la compagnie d'assurance néerlandaise située à Apeldoorn et qui s'illustre depuis des années par des publicité hilarantes, a décidé de ne pas diffuser la dernière moisson, où Eve au Paradis découvre qu'Adam, follissime, n'est pas près de lui faire des bébés. Avec un noyau dur de protestants fondamentalistes non négligeable dans le pays (dont une partie des représentants politiques, avec la ChristenUnie, sont au gouvernement), la compagnie d'assurance a jugé qu'il ne fallait pas prendre de risques. Après tout, c'est leur travail d'évaluer ce genre de choses.

dimanche 1 juin 2008

"Le pouvoir en ville est blanc"




Une du Parool du ouiquenne: "Le pouvoir en ville est blanc". En page centrale, on explique que la moitié de la population amstellodamoise est allochtone, mais que les hommes blancs autochtones sont quasiment en monopole dans les positions de pouvoir. Sans certains cas, comme les juges, les corporations locatives, l'Université d'Amsterdam, les chefs de la police ou les officiers de justice, les hommes blancs ont le pouvoir total. Presqu'aussi nulle est la présence allochtone à la tête du PvdA, de la Chambre de commerce ou parmi les hautes fonctionnaires.
Quand je dis ça dans mon parti, on trouve que je suis chiant et que je devrais moins la ramener. Le fait que le quotidien amstellodamois imprime ce que je dénonce depuis longtemps montre que j'ai raison, même si ce n'est pas agréable à entendre. Un truc qu'ils n'ont pas publié: le fait que les femmes sont encore une micro-minorité. Si même les femmes autochtones ne sont pas en état d'arriver au sommet, comment les allochtones, même hommes, pourraient y arriver?
Je ne suis pas un fan inconditionnel de la discrimination positive ou des quotas, mais étant donné qu'en 2008 le pouvoir amstellodamois est confisqué par une minorité, on pourrait imaginer quelques mesures temporaires à certains postes symboliques.