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mercredi 26 octobre 2005

Roi, empereur, dictateur, président... queen °

Mardi j'ai eu la chance de visiter le Sénat, aussi appelé Palais du Luxembourg. Je ne vais pas vous refaire la visite, mais disons que l'expression "les ors républicains" s'applique extrêmement bien au lieu, surtout au pluriel. Il y a de quoi renflouer le Brésil et la dette fédérale américaine en vendant deux ou trois lustres.
Ce qui m'a frappé le plus, c'est le sens presque obscène de la continuité étatique: Napoléon II au plafond, le Ier et le III un peu partout, Saint Louis en peinture, buste et médaillon dans chaque pièce, Louis XIV de pied et de profil, la table qu'a touché de Gaulle, le siège de Napoléon, les graffitis de Mitterand... Tout cela se mélange d'une façon assez étrange.
Le guide nous a raconté que les 'RF' un peu stricts correspondent au prévisible 'République Française', mais que les 'RF' plus stylisés se rapportent au 'Roi de France'. Et ils sont partout.

Un truc qui m'a rendu assez fier, c'est que les fonctionnaires et les gardes républicains ne sont pas tous blancs: la France multicolore est vaguement représentée. C'est bête mais ça m'a touché.
J'ai aussi compris le sens de l'expression "un train de sénateur": doucement, richement, luxueusement. Courir au Sénat c'est comme jouer au ping-pong avec des oeufs Fabergé: un terrible fashion faux-pas, comme disent les Amerloques.
Alors que les constitutions changent, que les présidents succèdent aux dictateurs, aux empereurs et aux rois, le Sénat survit, rajoute des salles, des styles et remet une couche de dorures. Il a survécu l'occupation allemande, à de Gaulle et à la Vème République, il survivra la VIème. Probablement mon queenat dictatorial et multicolore, l'arrivée d'espèces extra-terrestres spermophiles hystéropodes et le nouvel album de Depeche Mode (que Lewis appelle 'depressed mode').
Une visite virtuelle: http://www.senat.fr/visite/visit.htm

PvdA: Un mois and counting °

Mon second entretien avec les caciques du parti travailliste, samedi dernier, pour une place sur la liste du parti lors des élections municipales de mars 2006 s'est bien passé. Une grosse demi-heure, bonne ambiance. J'étais complètement déphasé, en décalage horaire de la mort, un néerlandais plus qu'anglicisé. Je leur ai expliqué, je crois qu'ils ont compris. Je suis toujours incapable de dire si cela va déboucher sur quelque chose de concret ou s'ils voulaient juste s'amuser. On saura le résultat dans un mois, une fois que le/la tête de liste sera élu/e. En attendant, que ceux qui y croient mettent des cierges en l'honneur de Sainte-Rita. Je les rembourserai en gâteaux faits maison.
Le PvdA et Emcemo sont silencieux. No news, good news?

Question subsidiaire: quand ont dit "qui l'eût cru?", n'est-ce pas une faute? "Eût" est du subjonctif alors que cela devrait être du conditionnel, nan? On devrait l'écrire "qui l'eut cru", sans accent. Et pas "qui l'eut crû", non plus, qui serait de croître, et non de croire. Mais c'est vrai que c'est bien plus graphique, plus "ancien régime", avec des accents partout.

La photo, la photo!

Ca y est, ils ont mis la photo en ligne. La définition n'est pas fabuleuse, mais ça suffira pour ma reume. Le lien: http://www.amb-pays-bas.fr/fr/relations/swrjeunestalents.htm
On notera qu'il y a beaucoup d'hommes, et que tout le monde est blanc de chez blanc. Je suis à droite de Douste, avec une barbe. A gauche de Bot on voit leur fidèle esclave qui a si bien créé un rapport de choses que nous n'avons jamais dites. Celle qui a des problèmes avec les couleurs (bottes jaunes, cheveux rouge) est écrivaine. Zarbe mais sympa. Tout en haut à gauche, avec des cheveux blans, Noble, le streume sacré du néerlandais. Deuxième rang à gauche le chef de la section étranger d'Elsevier, qui ne semble pas avoir apprécié que j'explique à notre guide de l'Assemblée qu'Elsevier est très à droite et que Fortuyn y tenait un éditorial. Le deuxième à gauche au premier rang est un historien spécialiste de la révolution néerlandaise. Il présente son bouquin sur le sujet jeudi à La Haye, à la Tweede Kamer.
Les autres sont difficiles à situer. Que ceux qui veulent savoir qui est qui m'écrivent.

De Vreese en angliche dans le texte °

Ah, vive Google! j'ai enfin trouvé l'article de de Vreese:
http://www.ces.fas.harvard.edu/publications/deVreese.pdf
Bonne lecture!
Son site (c'est effrayant, il est tout jeune et déjà tellement bien placé à l'université):
http://www.claesdevresse.com

Quel débat pour qui? °

Un premier résumé des interventions (enfin, ce qui m'a marqué)...
- Slama a insisté sur le sens du danger (en particulier des totalitarisme) qui est la seule vraie identité européenne. Pas faux.
- Pour Lamassoure, le résultat de l'échec du référendum est que 1°) il n'y a pas de règles de fonctionnement correctes, surtout à 25, 2°) pas de budget, 3°) pas de frontières définies. On le voir venir avec la Turquie, mais c'est bien vu.
- Pour Andriessen (ancien commissaire européen), l'Europe est un processus élitiste dans lequel le citoyen européen ne se reconnaît pas (se reconnaît-il dans les gouvernement nationaux?), par ailleurs on n'a pas défini la finalité de l'Union, l'élargissement a été bâclé et si l'Europe est ammenée à jouer un rôle plus important dans le monde, elle n'est pas assez politisée (je suis d'accord avec cette approche).
- Perrineau (du Cevipof, machine à blabla) cite Claes de Vreese pour qui le "non" est dû 1°) à la xénophobie, 2°) au malaise économique, 3°) et à l'impopularité des gouvernements. Il y a des tensions au sein de la culture politique français vis-à-vis de l'Europe, et pas seulement chez des ouvriers et à l'extrême-gauche, selon 3 tendances: 1°) une culture jacobine anti-compromis, centraliste et unitaire, 2°) une culture économique antilibérale ("libéralisme" = gros mot), 3°) culture internationale mal à l'ise dans une union incompréhensible où le seul modèle vu comme viable est une extension du modèle français à toute l'Europe. Cette incapacité d'une partie des élites à sortir de leur gallocentrisme me semble, en effet, assez marquante.

Le débat qui a suivi, en groupe ou en "session pleinière" ("flauwekul" dirait Willem Bakker, mon prof de kreukreu), a raté l'essentiel de la mission. Au lieu de se demander ce que veulent les gens et en quoi l'Europe peut rendre leur vie plus heureuse, on nous a expliqué qu'on leur avait mal expliqué les institutions. Ah bon? Car elles sont claires, démocratiques et progressistes? Par rapport à quoi?
Mme et M. Toutlemonde flippent surtout pour leur boulot et l'avenir de leurs enfants. Les élites multilingues s'en sortiront dans cette Europe immense et anglophone, on le sait déjà. Les gens savent bien que la paix est assurée entre pays européens. Ce qu'ils veulent comprendre, c'est en quoi le processus de construction cessera de leur échapper, et en quoi leur vie va être améliorée.
Même si je suis super-pro-européen, je ne suis pas sûr d'être capable de leur apporter ces réponses. Mais, à part l'extrême-gauche et l'extrême-droite, personne ne cherche à répondre à ces questions simple: 1°) en quoi ma vie va être meilleure? 2°) comment va-t-on m'écouter si nous sommes 450 millions parlant 50 langues? 3°) que deviendront mes enfants?

Mais bon, pour commencer à répondre à cela il aurait fallu des 'jeunes talents' un peu plus représentatifs, moins "classes privilégiées", moins mâles, moins 100% blancs, et surtout ne pas laisser parler que les mandarins, aussi intéressants soient-ils.

Paris-Amsterdam °

J'ai passé lundi et mardi à Paris, invité par l'ambassade des Pays-Bas à Paris. Nous étions une cinquantaine de 'jeunes talents', certains pas très jeunes, et les filles étaient sous-représentées. Universitaires, artistes, journalistes, banquiers (!), industriels, que du beau monde. Alors que la plupart des Néerlandais parlaient français, la plupart des Français ne parlaient pas le néerlandais. Bref, sans surprise.
J'ai parlé avec plein de gens intéressants, un historien, un mec de Danone Nederland (la vanille française n'est pas au goût des Kreukreux), un fonctionnaire D66, un reporter d'Elsevier, une jolie journaliste à la NOS qui ne veut pas apparaître à l'écran, un fonctionnaire du Sénat, un biologiste punk, une thésarde moitié-grecque, et le monstre sacré dont on m'a parlé dès que je suis arrivé dans le pays: Philipe Noble.

Le lundi nous étions conviés à "parler d'Europe". En fait nous avons dû sagement écouter la doctrine dispensée par des vieux monsieurs très respectables, dont l'increvable Alain-Gérard Slama. Ensuite nous avons dû nous réunir en "ateliers" pour deviser de thèmes importants. J'étais dans l'atelier 'identité européenne', dirigé par Todorov, dont j'avais aimé le bouquin. En une heure et demi, Todorov a monopolisé le micro pendant une heure. Ensuite une dizaine d'entre nous a pu entrouvrir sa bouche pour que finalement le débat soit maîtrisé par Todorov et un de ses esclaves.
La surprise est arrivée de lendemain: coincés à boire un jus d'orange dans un salon du quai d'Orsay, on nous a bien alignés pour applaudir les deux ministres, Douste-Blazy et Bot (qui n'est donc pas mort, contrairement à ce que ses apparitions télévisées laissent croire). Et l'esclave de Todorov (qui n'avait débité que des évidences élitistes en ennuyeuses) a présenté nos "conclusions": plus d'Europe, plus de démocratie, blablabla. Tout le monde s'est regardé, outré. On avait enfin compris pourquoi des fonds avaient été débloqués pour nous trimbaler à Paris de cocktails en visites: donner un côté jeune et une légitimité "société civile" à deux ministres qui s'étaient fait étrier lors des référendums.

Entretemps nous avons été invités à un cocktail à la résidence de l'ambassadeur des Pays-Bas: un superbe hôtel particulier avec jardins et peintures de maîtres flamands. Nous avons visité l'Assemblée nationale (même si tout nous était fermé ou presque, et où un député pressé nous a pris pour des députés néerlandais, c'était très drôle car personne n'osait le corriger), et le Sénat (toujours aussi beau, et là nous avons été bien reçus).
Bilan relativement positif: parlé avec pleins de gens bien, me suis rendu compte qu'on ne peut pas vivre éternellement de petits fours, ai figuré sur la photo entre Bot et Douste-Blazy (ma reume va être fière) et mon absence a rendu mon retour à Lewis et aux chats plus désirable.

La totale en kreukreu:
http://www.ambafrance-nl.org/article.php?id_article=6027

Verdonk veut rendre les jeunes plus tolérants *

La très controversée ministre néerlandaise de l'intégration, Rita Verdonk, a décidé de débloquer 350.000 euros pour que les immigrés parlent d'homosexualité. Elle compte sur l'organisation Forum, un institut de développement multiculturel, pour mener à bien ce projet, en particulier auprès des jeunes hommes d'origine turque et marocaine.
Forum doit organiser des rencontre et des débats sur l'homosexualité, informer les jeunes via des réunions locales, des discussions radiophoniques, ainsi que par des trainings et ateliers pour spécialistes.
Cette annonce arrive après une série d'études montrant que l'acceptation de l'homosexualité par les jeunes est loin d'être acquise, surtout par les jeunes hommes d'origine marocaine et turque.

dimanche 23 octobre 2005

Un notaire anversois discrimine un couple gay en vertu de son «éthique» *

Ben Pector et Anton Merks, son ami, vont porter plainte contre un notaire anversois. Ce dernier a en effet refusé de leur écrire un contrat de mariage, estimant que cela serait contraire à son éthique. «Mon ami belge et moi voulons nous marier en 2006, raconte Anton Merks. Nous avons demandé à Xavier Desmet, notaire à Anvers, de nous aider à établir notre contrat de mariage. Des le premier entretien, il nous a fait savoir qu'il refusait de nous aider parce qu'un mariage entre deux personnes du même sexe allait à l'encontre de ses valeurs.» Il poursuit: «Un notaire est un fonctionnaire assermenté et c'est souvent une étape importante pour certaines procédures légales. Un notaire qui refuse ses services pour une requête raisonnable et totalement légale mine notre confiance en l'État de droit». Le couple a également décidé de se plaindre auprès du centre pour l'Égalité des chances et la lutte contre le racisme. Des cas relativement similaires ont eu lieu aux Pays-Bas voisins (dont la loi sur le mariage a inspiré la loi belge) où une fonctionnaire avait refusé de marier deux hommes pour des raisons religieuses.

lundi 10 octobre 2005

Le COC rappelle Ankara à l'ordre *

Maintenant que l'Union européenne a admis la Turquie et la coratie pour les pourparler d'adhésion, le COC (CGL néerlandais) veut que le Parlement européen et que les leaders politiques donnent des garanties quand à la position des gays. Le COC rappelle que l'association homo KAOS KG est toujours menacée par le vice-gouverneur d'Ankara. Un point important des négociations est le respect des droits de l'homme, mais comme le rappelle Frank van Dalen, président du COC, "sur le papier beaucoup de choses sont résolvables. Mais ce qui nous intéresse c'est la manière dont la Turquie traite cela en pratique."
"Le ministre de l'intérieur turc a garanti la reconnaissance de KAOS KG mais dans les faits c'est à un niveau inférieur que cela bloque. Selahattin Ekremoglu, vice-gouverneur d'Ankara, a demandé à un juge d'interdire l'association pour infraction des lois relatives aux moeurs. Le ministre se décharge ainsi du sale boulot" raconte Frank van Dalen. "La bureaucratie étatique se fait beaucoup de soucis quand au viol du dernier tabou turc, l'homosexualité" déclare Ali Erol, de KAOS KG. "La loi nous autorise à exister, mais il y a apparemment une différence entre la loi et la manière dont elle est appliquée."
Le COC demande donc aux leaders européens de rappeler aux nouveaux candidats que les droits des homosexuels n'est pas négociable et de ne pas se laisser aveugler par des lois qui ne sont jamais appliquées. Le COC, comme d'autres organisations gays européennes, a par ailleurs envoyé un message de protestation directement aux autorités turques.

dimanche 9 octobre 2005

La racine des mots °

Je dois recevoir d'ici peu le livre sorti récemment sur l'apprentissage du français par les étrangers et les mots qui les ont marqué ou leur ont posé problème. Ma reume l'a prêté à Ani, la femme bulgare de mon frère, et c'est tellement bien qu'Ani ne semble pas vouloir le rendre.
Je ne l'ai donc pas encore lu mais j'ai commencé à réfléchir à mes difficultés quand j'ai appris l'anglais ou le néerlandais. Quand je suis arrivé aux Pays-Bas, mon premier amoureux m'a demandé un jour, alors qu'on était occupé à vous savez quoi, "Did you come?". Je connaissais uniquement le sens du verbe 'to come' relatif aux déplacements, pas celui à l'orgasme. J'ai donc demandé "Where?", ce qui l'a beaucoup fait rire. Bon, ce premier amoureux était un pervers qui en plus vivait avec un vieux qui avait un anus artificiel et qui m'avait fait un steak haché dégueulasse comme le chien alors que lui et l'amoureux avaient un vrai steak bien saignant (avant d'arriver chez lui j'avais déjà des rêves de mariage, ah on est naïf à cet âge!), mais c'est une autre histoire.
En néerlandais, le premier gros problème est arrivé par le droit, avec Grondwet. Je pensais grond=sol et wet=loi, facile!, c'est 'la loi du sol', jus soli en latin. Et bien non! Grond a ici le sens de 'fondamental', ce qui donne non pas 'loi du sol', mais 'loi fondamentale' ou... constitution. Pas vraiment la même chose.

Par ailleurs il y a des bloquages. En anglais, je fais systématiquement la faute: "as big than" au lieu de "as big as" (pareil en néerlandais: je dis "even groot dan" au lieu de "even groot als"). Et pourtant je le sais, on me corrige à chaque fois depuis des années... et bien, rien à faire! Il y a aussi des mots qu'on oublie tout le temps. En kreukreu, je bloque sur 'convaincre' (je viens de demander encore une fois à Lewis: "How do you say 'to convince', again, in Dutch?" "Overtuigen" "Oh yeah, I knew it!"). Bref, on y reviendra, mais c'est un processus compliqué et semé d'embûches!

Langue morte et moule asocial °

Ce qui me frappe quand je pense à la langue néerlandaise, c'est à la fois le dédain dans laquelle on la maintient, et sa vivacité réelle. La plupart des Néerlandais la parlent par habitude, mais bien peu l'aiment. La plupart en ont honte ("it'sh an ugly languash, hé?"), beaucoup la maltraitent en l'anglicisant à l'extrême (je n'ai rien contre les anglicismes, mais il faut quand même mesure garder!), et l'extrême majorité des Néerlandais n'a aucune culture littéraire. A part quelques comptines apprises durant leur enfance, ils sont incapables de citer un ou deux bouquin, ou même poème qu'ils adorent ou qui les a ému. Un série, oui, un film peut-être ("les films français ch'adore: Taxi 2 très bon!"), mais point d'ouvrage vaguement relié à leur langue.
Et pourtant, moi qui peine à apprendre cette langue, je trouve qu'elle fait preuve d'une vivacité étonnante pour un dialecte germanique parlé par, à tout casser, 20 millions de personnes (en comptant le flamand).
Le dernier concept en vogue: P.C. Hoofdstraat tractor. La P.C. Hoofdtraat, c'est la rue du shopping mondain, avec toutes les boutiques de luxe. S'y garent les femmes riches désoeuvrées, arrivées de 3 rues plus loin à bord de leur immense 4x4, voire un Humvee pour les plus tendance. Non seulement elles polluent et sont dangereuses, mais en étalant leur richesses elles deviennent asociales, la pire des insultes aux Pays-Bas.
La presse s'est emparée avec délectation du mot, vite remplacé par Asobak, contraction d'asocial et de bak, un terme large regroupant les concepts de bac, pot, bagnole et moule.
Tout ça vraiment rapidement, avec tellement d'humour, de sous-entendus et de créativité. Aah!

Il y a quelques années j'avais découvert le terme semi-turcophobe de Turkebak, qui désigne les mercedes les moins chères, et qui peut de traduire par moule à Turcs. D'autant plus drôle qu'il partait d'une observation sociologique assez fascinante. Il n'y a pas longtemps, j'avais avalé quelque chose trop chargé en ail, et Lewis avait repoussé mes bisous en criant: "je stinkt een uur in de wind", littéralement tu pues une heure dans le vent. En gros, dans ce pays venteux, quelque chose dont l'odeur reste après une bonne heure dehors est vraiment puant. Je ne vais pas faire la liste des expressions ou des créations qui me plaisent, il me faudrait presque écrire un petit livre là-dessus.
Mais vous m'avez bien compris: le kreukreu c'est plus rigolo que cela n'en a l'air!

vendredi 7 octobre 2005

Pause du 11 au 19 octobre °

Du 11 au 19 octobre je suis à Detroit, Michigan, chez Aaron-Carl, pour mixer notre nouveau simple. Pas de blog, a priori, donc. Que cela ne vous empêche pas de laisser des commentaires. Oui, oui, je prendrai des photos. En attendant allez sur le site de Laurent & Lewis, où vous pouvez écouter quelques chansons (pas masterisées du tout!).
Les 24 et 25 je serai à Paris, invité par l'ambassade des Pays-Bas à Paris, pour discuter de l'avenir de l'Europe, apparemment en bonne compagnie (dont l'affreux Alain-Gérard Slama qui est si drôle mais tellement réac que j'ai eu en prep-Ena).

Big conférence en novembre °

J'oubliais: l'Emcemo organise une big conférence sur l'Islam en novembre ici à Amsterdam. Après de longues discussions, on sait maintenant que cela se fera en trois débats séparés: (1) l'Islam et l'Etat de droit (2) Islam politique et extrêmisme (3) Laïcité par l'Islam. Il y aura des gens vraiment très bien comme Abu Zayd, réfugié aux Pays-Bas car divorcé de force de sa femme en Egypte car il discutait l'esprit du Coran, un auteur dont j'ai oublié le nom spécialiste arabe de l'Islam et la laïcité (le titre de son dernier livre en arabe: al-Islam wa al-halmaniya, Islam et laïcité, tiens tiens!), Konigsveld, historien de l'Islam, et d'autres encore. J'espère que Mehmet (de Minorités) pourra venir parler de l'interférence des Etats français, belge et néerlandais dans l'organisation de l'Islam. On parlera histoire, extrêmisme, laïcité et populisme. Plus de niouzes dès que le programme est bouclé.

Plan d'un programme d'action °

Bon, ça commence à avancer. Avec Rachid Jamari, aussi du parti travailliste, on a travaillé à un plan d'action. je le révèlerai en temps utile, quand tout sera paufiné. En attendant, je met sur ce blog le plan du document qui deviendra une sorte de programme d'action de Allemaal gelijk allemaal anders (Tous égaux tous différents). Je pense que Rachid Jamari et Abou Menebhi vont le bidouiller et le néerlandiser. En attendant, toutes les remarques sont les bienvenues...

1. Identité nouvelle
- Remise à plat de l’identité
L’identité repose dans utopie partagée. Une possibilité est la culture de liberté, de tolérance et d’avant-garde sociale multiséculaire néerlandaise. La chrétienté est une partie seulement de cette identité, aussi juive, athée, agnostique, immigrée, musulmane... C’est par sa tolérance que la Hollande s’est enrichie au fil des siècles.
- Place de l’ethnie et religion dans identité nationale
Il est temps de dés-ethnicier et dé-christianiser l’identité nationale. Etre blanc et chrétien ne suffit pas, et n’est pas nécessaire. Il est temps de reconsidérer les privilèges du SGP et des groupes extrémistes en général, quels qu’ils soient. Discussion autour de l’article 23 (écoles). L’Etat ne doit pas intervenir dans l’organisation des religions : ‘connaît mais ne reconnaît pas’.
- Culture supra-ethnique pour Pays-Bas et Europe (v Fukuyama)
Dépasser ethnie et religion ne veut pas dire perte de repères nationaux. Remise en place d’une culture supra-ethnique : drapeau, symboles neutres, valeurs fondamentales partagées, tout le monde est Néerlandais et Européen
- Réalisation dans la loi et les pratiques
Mis en adéquation de la loi et des pratiques administratives vis-à-vis de cette identité (voir ci-dessous)

2. Pratique neutre de l’Etat
- Pratiques pour aider l’intégration des allochtones
crèches plus accessibles, écoles mélangées avec cantine et garderie, cours pour les nouveau-venus et mise à niveau pour migrants (quelle que soit leur origine), cérémonie d’appartenance, prise en charge chômeurs par commune
- Pratiques pour aider les autochtones à accepter les allochtones
cours miroirs, incitation au mariage mixte, suivi psychologique pour auteurs d’actes ou propos racistes, mixité dans grandes entreprises et administrations
- Lutte contre les discrimination légales
Commission pour scanner les lois et les purger (conf. art.1 C°)
- Lutte contre les discriminations de fait
Onbudsman au niveau local. CGB s’autosaisit. Testing et pénalisation des pratiques discriminatoires : éradiquer la culture de la discrimination (chez tous !)

Remarque: Didier Lestrade pense que l'Islam est ultra-central dans le débat actuel. Je suis d'accord, mais c'est justement une occasion de laïciser à fond la société européenne: les Musulmans devraient s'organiser sans que l'Etat intervienne (comme c'est encore le cas: voir le contraste entre la façon dont sont traités les chrétiens http://www.minorites.org/article.php?IDA=12222 et les musulmans http://www.minorites.org/article.php?IDA=12167 comme relevé par Mehmet Koksal), mais doivent aussi obtenir que certains lieux de culte publics, je pense à certaines églises, puissent être utilisées par plusieurs cultes différents. L'Etat doit protéger les gens dans leur foi mais ni contrôler ni favoriser aucun culte. On en est encore loin, of course.

jeudi 6 octobre 2005

Travaillistissime °

Je n'ose pas trop raconter comment s'est passé l'entretien avec le parti travailliste samedi dernier, car j'ai peur de me planter, mais disons que j'ai des impressions positives. On m'a demandé de revenir pour un autre entretien quand je rentre des Etats-Unis, dans deux semaines. On va dire que c'est bon signe.
Entretemps je dois écrire le pré-programme pour une grande action avec Tous égaux, tous différents (ou quelque chose dans le genre: Allemaal anders, allemaal gelijk en keukreu).
Bref, de l'action!

Plan quinquénal pro-homo à Amsterdam *

Amsterdam aura désormais une ligne politique claire vis-à-vis des homos: information, culture, sport, intégration, tout est prévu. L'idée est de faire collaborer diverses organisation selon un plan précis sur plusieurs années afin de redonner à Amsterdam sa place de "capitale gay d'Europe".
A l'origine de ce projet, l'élu travailliste Jelle Houtsma, qui pousse sa chance encore un peu et a demandé à ce qu'une plaque commémore les 5 ans de mariage civil pour tous. L'arrondissement d'Amsterdam-centre doit encore donner son autorisation.

Le parlement néerlandais demande des explications au Pape *

La Deuxième Chambre néerlandais est très en colère contre le Pape Benoît XVI et son intention de priver de communion les politiciens catholiques soutenant le droit à l'avortement et l'ouverture du mariage civil aux couples de même sexe.
Le député VVD (libéral) Ruud Luchtenveld a demandé au gouvernement de demander des explications du Vatican. La députée travailliste Gerdi Verbeet a contstaté que Benoît XVI "ne respectait pas, sciemment, la séparation entre l'Eglise et l'Etat".
Le porte-parole du cardinal Simonis, chef de l'Eglise néerlandaise, a essayé de minimiser les propos du Pape. Même si les premiers ministres espagnol et canadien ont déjà exprimé leur colère, d'après le porte-parole il ne s'agit que de "rumeurs qui ne doivent pas être prises au sérieux".

'Gay' pire film de l'année? *

Le film 'Gay' a été nominé pour le Gouden Ui (l'Oignon d'or), le prix récompensant le plus mauvais film de l'année aux Pays-Bas. Il est en compétition avec kameleon 2, Joyride, Snowfever et Amazones. Ce prix a été mis en place par des étudiants de la Nederlandse Film en Televisie Academie d'Amsterdam, sur le modèle des Golden Grasberries américaines.
'Gay', le film, raconte l'histoire d'un couple d'homos créatifs d'Amsterdam dont l'un est infidèle. D'après la critique, il enchaîne les clichés les plus éculés et confine parfois à l'homophobie tellement il est surjoué.

mardi 4 octobre 2005

Politiciens néerlandais privés de communion *

Le premier ministre cancadien Paul Martin, le premier ministre espagnol José Luis Rodriguez Zapatero, et bientôt la plupart des politiciens néerlandais et flamands catholiques seront exclus du sacrement par l'Eglise. Le Vatican considère en effet que l'ouverture du mariage civil aux couples de même sexe représente un casus belli.
Benoît XVI pense que non seulement les gays et les lesbiennes devraient être exclus de la communion, mais aussi les politiciens qui les défendent. Quelques évêques, choqués par la tournure prise par le Sinode, ont donc 'fuité' ces déclarations du Pape à la presse.Le premier ministre canadien a vivement réagi, qualifiant ces propositions d'"infortunées": "je suis catholique pratiquant mais d'un autre côté je suis responsable devant la loi et je crois fermement dans la séparation entre l'Eglise et l'Etat".
Ces déclarations ont pour l'instant provoqué assez peu de réactions aux Pays-Bas. Le clergé néerlandais est d'ailleurs très divisé sur la question. L'élection de Benoît XVI a été accueillie avec beaucoup de réserve, et l'Eglise catholique néerlandaise s'est illustrée plutôt par ses positions ultra-progressistes (dès les années 1960 elle avait milité pour l'émancipation des gays) et sa position extrêmement critique vis-à-vis de l'homophobie du Vatican, son refus de la prêtrise pour les femmes et sa condamnation de l'avortement. La population néerlandaise est de loin une des plus sécularisées d'Europe, alors qu'il y a 50 ans elle était une des plus pratiquantes.

Des menaces de mort contre deux promoteurs du mariage des couples homosexuels /

Henk Krol, le rédacteur en chef du GayKrant, et Boris Dittrich, chef du groupe parlementaire D66 (centre), avaient déjà en commun de s'être illustrés par leur rôle central pour l'ouverture du mariage civil à tous, y compris aux couples du même sexe. Ils ont un nouveau point commun, celui d'être menacés de mort sur un site islamiste néerlandais. Henk Krol a aussi reçu des courriels lui interdisant de promouvoir désormais le sexe entre hommes. Le Meldpunt Discriminatie, l'agence qui recense les actes discriminatoires, rapporte que les menaces de ce type sont de plus en plus nombreuses. Le parti travailliste (PvdA, opposition) a engagé le gouvernement à faire en sorte que ces menaces n'apparaissent plus en ligne, et a demandé dans quelle mesure l'hébergeur du site ou l'animateur du forum n'étaient pas tenus de contrôler le forum, voire de le fermer dans ce cas. Le ministre de la Justice, Piet Hein Donner, a répondu qu'il n'y pouvait pas grand chose. La police n'a pas encore pris de décision quant à la protection d'Henk Krol.

Un homomonument bruxellois *

Après Amsterdam, c'est au tour de Bruxelles d'obtenir son 'Homomonument'. L'oeuvre, pour laquelle le conseil municipal devrait bientôt donner son accord, sera un pilier de 3 mètres de haut sur lequel figureront 300 noms, et coûtera environ 30.000 euros.
L'artiste, Jean-François Octave, voulait placer sur le pilier 300 noms d'homos qui sont morts pendant la deuxième guerre mondiale. Selon la commune de Bruxelles, les homos ont toujours souffert d'intolérance, et seuls les noms de ceux morts de violence homophobe auraient dû figurer sur le monument. Finalement, l'artiste va faire figurer les noms d'homos connus du monde entier à côté de ceux d'homos belges, avec l'aide de la communauté holebi belge pour faire une liste des personnes auant souffert d'intolérance. L'oeuvre devrait être inaugurée au printemps 2006, mais entretemps le conseil municipal devra donner son accord définitif.