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dimanche 31 août 2008

Folie sur le Gerard Douplein



Aujourd'hui, sur AT5, petit reportage (lien) sur les problèmes sur le Gerard Douplein, près d'où j'habite. Pour résumer, deux cafés sont très populaires, accueillent une faune alcoolique et asociale qui suffisent à pourrir la vie des habitants depuis deux ans. Les problèmes: des vélos et ses scooters partout, beaucoup d'alcool et de cocaïne, des gens bourrés qui hurlent au milieu de la nuit, les mecs qui pissent partout (des femmes aussi, entre les voitures, à la grande surprise de mon chien Martin), des gens qui baisent sur les voitures ou contre les portes d'entrées, les gens qui restent fumer dehors en parlant très fort jusqu'à 3 ou 4 heures du matin (depuis que fumer dedans est interdit), quelques mecs agressifs (cocaïne, hein...) et surtout des tenanciers qui s'en foutent complètement. Sur le micro-reportage d'AT5, un des tenanciers: "les habitants n'ont qu'à prendre un peu plus de Prozac".
Dans le genre sortie du placard en tant que connard asocial, j'ai rarement vu mieux...

Cela fait des mois que je tire la sonnette d'alarme, mais l'échevin dit ne rien pouvoir faire, et la police ne voit pas où je veux en venir. Les habitants, à chaque fois qu'ils me voient, viennent me raconter leurs malheurs et je m'efforce de calmer tout le monde mais je ne peux pas faire de miracles.
C'en est au point où les rumeurs circulent: le propriétaire serait de la famille royale et donc intouchable, l'agent de quartier aurait été vu à y boire des bières, et serait donc corrompu. J'ai demandé à l'échevin de parler à la police et d'envoyer quelqu'un de neutre pour rassurer les habitants. Sans résultats pour l'instant.

La question est plus large que le respect des règles. On a affaire à des tenanciers qui utilisent l'insulte, l'intimidation et les menaces pour faire de l'argent (un mètre carré de terrasse rapporte des dizaines de milliers d'euros par saison) et à une faune jeune, excitée, alcoolisée, parfois cocaïnée, sans aucune forme de contrôle social.
L'argument qu'ils utilisent est que les terrasses sont sympa. Bien sûr que les terrasses sont sympa, personne ne dit le contraire. Je suis moi-même un grand utilisateur des terrasses amstellodamoises, mais cela ne veut pas dire qu'on aime les femmes qui pissent dans la rue, les jeunes qui vomissent sur les vélos ou des connards alcooliques qui braillent dans la rue au milieu de la nuit.
Ce n'est pas un problème de terrasse, mais un problème plus large de manque de savoir-vivre, d'absence de tout contrôle sociale, et d'impunité totale pour les tenanciers qui peuvent pourrir la vie des habitants sans aucune conséquence pour faire de l'argent.

J'ai des projets pour changer cela au niveau politique, j'en reparlerai ici. En attendant, cette place est une bombe à retardement, et j'aimerais que mes collègues du Conseil s'en rendent compte.

jeudi 28 août 2008

La rentrée...

Voilà, les vacances sont finies, c'est la rentrée. Au programme: plusieurs disques (l'EP de DJ Janine, un maxi et une édition japonaise de l'album pour Laurent & Lewis, quelques chansons pour Freamon, un nouveau Butch Bitches et un remix fabuleux pour un DJ de Washington), la rentrée politique, un nouveau boulot à l'Université de Poitiers...

dimanche 10 août 2008

Colonie linguistique



La niouze du jour: un élu amstellodamois D66 (centristes libéraux) veut qu'Amsterdam soit officiellement bilingue anglais-néerlandais. Je suis choqué sans l'être vraiment (c'est une idée qui revient régulièrement, que ce soit à l'université ou dans les discussions politiques).
Ce qui me fascine, c'est cette insistance à se vautrer dans une attitude de colonisés vis-à-vis des États-Unis (politique linguistique, choix stratégiques à long terme, atlantisme béat, reprise sans distance des théories managériales et sociales américaines les plus farfelues...), tout en ayant une attitude particulièrement agressive vis-à-vis des autres langues. Le refus de plus en plus poussé d'apprendre l'allemand et le français, la langue des voisins immédiats, montre que cette ouverture aux autres reste limitée au monde pensé comme dominant, alors que la plus grosse partie des échanges économiques des Pays-Bas se fait avec les germanophones et francophones.

J'ai parlé de la campagne de publicité "Ça commence avec la langue" (Het begint met taal), très passive-agressive, qui reproche aux étrangers de ne pas maîtriser l'idiome national tout en leur interdisant de fait de le pratiquer (séparatisme social et utilisation de l'anglais dès que c'est possible au lieu du néerlandais). Je crois que ce fétichisme pour l'anglais n'est que le côté bling-bling d'un même complexe d'infériorité des néerlandais vis-à-vis de leur langue: d'un côté la fascination pour une langue mondiale que tout le monde est sensé comprendre (c'est pourtant encore loin d'être le cas!), de l'autre agressivité à l'encontre des autres langues.
Pourquoi pas une Amsterdam quadrilingue avec le français et l'allemand? Et pourquoi pas aussi le chinois, l'arabe et le russe? Et pourquoi pas la latin? Ou le frison (il y a tellement de Frisons à Amsterdam)?

Ce projet montre aussi l'enthousiasme "moderniste" parfois absurde des élites néerlandaises (voir le livre de James Kennedy "Babylon in aanbouw" dans lequel il décrit le fétichisme des élites néerlandaises pour la modernité), surtout au D66, où il y a beaucoup de gens de qualité qui sont trop souvent prisonniers des modes intellectuelles venues des États-Unis (à commencer par le culte du marché).

Objectivement, est-ce une bonne idée? L'angoisse du D66 est que les touristes ne se retrouvent pas en ville. Déjà, le néerlandais est suffisamment proche de l'anglais pour que les différences ne représentent pas un stress énorme. Par ailleurs, une partie du plaisir d'un voyage est justement d'être confronté à la langue locale. Si encore le néerlandais était écrit dans un alphabet compliqué, je comprendrais, mais là il s'agit de l'alphabet latin, et de la langue germanique probablement la plus proche de l'anglais. Enfin, 99% des Amstellodamois parlent anglais relativement correctement, souvent avec des bases de français, d'allemand et d'espagnol, donc je ne vois pas pourquoi le D66 stresse.
Je pense que si l'on voulait vraiment faire des efforts de communication, il faudrait commencer par simplifier le néerlandais administratif et légal, ce qui permettrait aux nombreux migrants qui n'ont pas un doctorat en littérature néerlandaise de comprendre ce que les différentes administrations attendent d'eux (le langage utilisé est souvent truffé de moyen-âgismes absurdes et de blabla juridique que le Néerlandais moyen de comprend même pas). Aussi pour que leurs amis ou voisins néerlandais puissent éventuellement leur traduire (ce qui est souvent impossible). Et puis, que ce soit dans le métro ou le tram, les logos (interdiction de fumer, par exemple) sont suffisement clairs pour qu'on n'ait pas besoin de les traduire en cinquante langues.

Bref, encore un mémo politique mal préparé. Pourquoi s'embêter à avoir des chercheurs et des spécialistes si c'est pour laisser les politiques sans connaissance aucune du sujet improviser des plans bizarres? Est-ce une manière locale de se profiler comme créatif? Mystère. Je demanderai en septembre à mes collègues libéraux...