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mercredi 31 mai 2006

VVD: Suspense!

Encore une grande heure avant que l'on sache qui va être la prochaine tête de liste du VVD. J'ai déjà fait état de mes positions sur le sujet. Verdonk est la porte ouverte à la lepénisation du parti, avec des conséquences dramatiques pour le VVD, mais aussi pour la politique néerlandaise. Je n'aime pas beaucoup Rutte, mais que dire, il s'agit du VVD. Chacun son style. Mais au moins il est démocrate et semble savoir où il va. Il est "coalisable" alors que Verdonk ne l'est pas...

Dans la presse néerlandaise d'aujourd'hui:
"Le CDA tient sérieusement compte de la possibilité d’une crise ministérielle si Rita Verdonk est élue tête de liste du VVD aujourd’hui", écrite le Telegraaf dans son grand article à la une. "Le premier parti gouvernemental craint que Verdonk, sous la pression de son équipe de campagne, ne veuille immédiatement monnayer sa popularité actuelle par des élections anticipées. ’Comme cadeau pour son élection’, remarquent des sources au sein du CDA. Verdonk, en tant que nouveau leader du VVD, devrait alors pousser à la chute du gouvernement."
"Le CDA espère qu’on n’en arrivera pas là et que le VVD, après la lutte pour la fonction de tête de liste entre Rita Verdonk et Mark Rutte, se reprendra rapidement, afin que le gouvernement puisse achever son mandat jusqu’en mai 2007. ’Mais nous n’excluons rien. Et nous sommes prêts pour tout’, disent les sources CDA. ’Le VVD confond constamment le libéralisme et l’anarchie. Ce sera toujours la pagaille dans ce parti, quoi qu’il arrive aujourd’hui’."
"Les sources CDA s’attendent à ce que Verdonk ne réussisse pas à resserrer les rangs pendant plus d’une semaine. ’Le VVD est déchiré par les élections et l’affaire Hirsi Ali. Cela ne se réparera pas du jour au lendemain’, selon un initié du CDA."
"Le CDA pense que le gouvernement aura plus de chances d’achever son mandat si Rutte devient le nouveau leader du VVD, mais le parti restera agité. Les sources CDA s’attendent à ce que Verdonk, dans ce cas, ’s’agite encore un peu’ en tant que ministre, avant de démissionner sous la pression de la Chambre.""La direction du CDA prévient le VVD qu’en cas de chute du gouvernement, le leader PvdA Bos pourrait bien devenir le grand vainqueur. Et ça, personne ne le veut’, disent les sources CDA. Les chrétiens-démocrates sont très contents du Mondial de football. ’La politique n’intéressera pas les gens pendant cette période. Et après le Mondial commenceront les vacances’."
"Il ressort d’un tour d’horizon du Telegraaf que les députés VVD qui jouent cartes sur table ont en majorité voté pour Rutte (11 contre 7 pour Verdonk). Nelleke Veenendaal a voté pour elle-même. Les huit autres députés, sur un total de 27, ne voulaient pas ou n’osaient pas révéler leur préférence."
"Peu après sept heures et demie, le notaire ouvrira son enveloppe", souligne le Trouw à la une. "Mark Rutte ou Rita Verdonk en sortira vainqueur de l’élection de la tête de liste. Ensuite commencera le grand festival de la Nouvelle Union du VVD.
"En page d’opinion du Volkskrant, le chroniqueur Pieter Hilhorst remarque que "l’élection de la tête de liste du VVD a montré que Verdonk a tenu le coup malgré ses erreurs, alors que Rutte, en tant qu’aimable constructeur de ponts, s’est terni." Hilhorst, qui a dirigé avec Martijn de Greve les débats des trois candidats VVD, dont trois avec la ministre Verdonk, se dit "convaincu que Rita Verdonk gagnera l’élection ce soir".Le commentateur du Financieele Dagblad, enfin, fait valoir que le taux de participation à cette élection interne, 64 pour cent, est "historique" : "l’expérience nationale et internationale montre que les élections internes ne mobilisent que rarement plus de la moitié des membres d’un parti.
"Le journal financier estime qu’il serait préférable que Rutte soit désigné comme tête de liste du VVD. Il pourra alors diriger immédiatement le groupe parlementaire VVD. "Le VVD a besoin d’urgence d’un leadership actif. Si Verdonk gagne, la vacuité du pouvoir au sein du VVD continuera, ce qui peut avoir des conséquences désastreuses pour le parti aux élections législatives de l’année prochaine."
Lien: http://www.ambafrance-nl.org/article.php?id_article=7308

Bonne chance!

Je pense que, vu ses positions sociales, son manque de démocratie interne et son décorum ridicule, l'Eglise catholique a encore beaucoup de travail avant d'arriver à rechristianiser l'Europe...
Dans la presse néerlandaise: Eglise catholique
"L’Europe, les Pays-Bas en particulier, est ’profondément séculière’", note le Volkskrant (p.5). "Selon l’évêque Muskens, il est temps d’affûter les couteaux missionnaires. Mardi, il a présenté une nouvelle lettre pastorale." "La présentation de la dernière lettre missionnaire par les évêques néerlandais a eu lieu il y a 32 ans. A l’époque, elle portait surtout sur les missions en Afrique, en Asie et en Amérique Latine. Maintenant, l’Eglise catholique fait volte-face. C’est aux Pays-Bas qu’il faut que les missionnaires soient actifs durant les années à venir. ’Comment propager dans notre pays et à notre époque Jésus Christ et son évangile ?’ telle est la grande question que posent les évêques néerlandais."
"L’Eglise doit se manifester davantage. ’Une Eglise missionnaire va au devant de la société et ouvre toutes grandes ses portes’, affirme la lettre missionnaire. L’Internet jouera un grand rôle à cet égard. D’où la présentation de Getuigen van de hoop die in ons leeft ! [témoigner de l’espoir qui vit en nous] au Mediaplaza de la Jaarbeurs d’Utrecht, un ’paradis multimédiatique’, selon le porte-parole de la communauté religieuse.
"En page 3, le même Volkskrant relève que, selon Mg Muskens, le dialogue avec les bouddhistes est plus important que les contacts avec les musulmans. "Le philosophe et théologien Romano Guardini est convaincu qu’à la longue il restera deux religions : le christianisme et le bouddhisme."
Lien: http://www.ambafrance-nl.org/article.php?id_article=7308

dimanche 28 mai 2006

Pour une place de stationnement

La séance du conseil municipal de mardi dernier m'a laissé une sale impression. Tout d'abord, il y a eu une jeune femme qui a repris un café près du Vondelpark, et qui souhaitait tester une terrasse sans toucher aux arbres attenants pendant l'été. Nous ne savions rien du caractère expérimental de cette terrasse et on nous a demandé de voter contre. J'étais triste pour cette femme. Mais bon, ça arrive.
Ensuite, le cas d'une femme handicapée par je ne sais quelle maladie qui demande une carte de stationnement pour handicapés. Le médecin du GG&GD (autorités sanitaires) a déclaré qu'elle n'était pas assez handicapée: si vous pouvez marcher 100m, pas besoin de carte spéciale. Son spécialiste dit que son état empire et qu'une carte est un must. Là dessus, on découvre qu'on était mal informés et qu'une troisème expertise était en cours (je simplifie, car il y a des histoire d'argent et de temps aussi) et donc que nous n'avions pas vraiment à prendre de décision. On pense avoir fait la bonne chose ("les règles sont les règles" dirait Rita), et quand on rentre à la maison, on découvre dans le journal que les enfants et époux/épouses de la soeur de la reine ont obtenu des cartes permanentes de stationnement "pour des raisons de sécurité".
On s'est donc étrippés pendant une heure au conseil pour savoir si on devait donner une carte de stationnement à une femme qu'un docteur juge "pas assez handicapée", alors qu'au même moment une dizaine de personnes obtenaient une telle carte à cause de leurs liens familiaux. Quand je disais que j'avais une sale impression, je ne mentais pas. C'est même pire, en fait.

Jean-Marie et Rita

Je viens de lire sur le weblog allochtone (http://allochtonen.web-log.nl/allochtonen/2006/05/slogan_verdonk_.html) que la presse vient de découvrir que le slogan de Rita Verdonk "je suis ni de gauche, ni de droite, je vais tout droit" (Ik ben niet links, niet rechts, maar rechtdoorzee) est inspiré par les ultra-nationalistes de l'Alliance Nationale (NA).
Le manque de culture des journalistes néerlandais me sidère. C'est un thème classique des fascistes et des ultra-nationalistes que de dire qu'ils ne sont ni de gauche, ni de droite, mais, remplir selon votre formule du moment: pour la France, pour la liberté, pour la Révolution nationale, tout droit... Soit la presse kreukreu créée l'événement artificiellement en lâchant ses infos au compte-goûte, soit les journalistes l'ignoraient vraiment, et c'est encore plus triste.
Il est temps que les Pays-Bas se réveillent: Rita Verdonk est une ultra-nationaliste d'extrême-droite, avec une technique sémantique (phrases courtes et faciles à retenir, slogans vides mais bien populistes, pseudo-dogmes donnant l'illusion de la cohérence), une attitude (grande gueule qui dit ce que le peuple pense, même si ça choque les élites) et un programme (xénophobie, préférence nationale, libéralisme de droite) directement inspirés de Jean-Marie Le Pen.
Les Pays-Bas se normalisent et vont probablement accorder entre 10 et 20% des votes à l'extrême-droite, comme dans les autres pays européen. A la limite, c'est rassurant. Ce qui me pose problème, c'est que cette extrême-droite nationaliste et populiste se trouve au sein d'un parti de droite classique (on dit aussi "gouvernementale"): non seulement cela légitime les idées d'extrême-droite, mais cela aide aussi à les propager. Le VVD devra donc choisir s'ils deviennent un parti d'extrême-droite (avec une chance moindre de faire partie d'une coalition), ou s'ils veulent abandonner Verdonk et ses amis à une nouvelle formation. L'expérience française me fait pencher pour la seconde solution: à jouer avec l'extrême-droite, la droite gouvernementale se coupe du centre et légitime des idées que les électeurs préfèrent soutenir chez ses auteurs. Comme dit Le Pen lui-même, les électeurs préfèrent l'original à la copie. A long terme, s'allier avec l'extrême-droite pour capter quelques sièges de plus coûtera au VVD sa place dans les coalitions, et probablement son existance de parti gouvernemental de droite.
Mais les dirigeants du VVD ont-ils le même niveau de culture politique que les journalistes? Dans ce cas, il se peut qu'ils soient tentés d'aller à la soupe sans comprendre ce qui, dans un futur pas si lointain que ça, risque de leur arriver. Disparaître.

mercredi 24 mai 2006

De revolutie / Ayaan

Un texte repéré par Mehmet dans le NRC et qui me paraît d'une intelligence inquiétante...

De revolutie heeft haar kind Ayaan opgegeten
Abdelkader Benali
http://www.nrc.nl/digitaleeditie/today.html

„Nederlanders zijn als die monsters in de Odyssee van Homerus,” zei een lange Amerikaanse man tegen me in een café in Tanger. „Ze kijken met één oog naar de wereld.” En hij legde een hand op het linkeroog om dat benauwende gevoel te illustreren dat je krijgt als je zo onverbiddelijk naar de wereld wilt kijken. „Nederland is het land der Cyclopen.” Deze Amerikaan heeft gelijk gekregen.
Hirsi Magan is op weg naar de Verenigde Staten om daar onderdeel uit te maken van het intellectuele discours en Nederland is zijn grootste intellectuele smaakmaker sinds tijden kwijtgeraakt. Het drama onthult iets over de diep conservatieve, protestantse aard van dit land dat geen uitschieters verdragen kan. Het vertrek van Ali hoort in een traditie.
Nederlanders houden niet van helden, niet van zichzelf en weten zich geen raad in deze grote wereld vol contradicties. Dat is de tragedie van Nederland, een minitragedie, want het stopt bij het bordje: Welkom in Antwerpen.
Ik had niets met Hirsi Ali. Afkomstig uit een moslimmilieu, waar 95 procent van de meisjes is besneden, confronteerde ze leden van een ander moslimmilieu in Nederland, de Marokkaanse, waar nul procent van de meisjes is besneden, met de zwakheden van hun geloof. Haar grote ideeën en aanspraken op de werkelijkheid vond ik, niet of slecht onderbouwd met cijfers, grotesk. Maar ik hou van groteske antihelden.
Ze provoceerde en confronteerde op weergaloze wijze. Ze streed voor de rechten van de moslimvrouw, maar de moslimvrouw keerde zich van haar af. Ze paste shocktherapie toe maar de patiënten vertrouwden haar methode niet. Zelfs onder zeer verlichte moslims vond ze weinig weerklank.
In mijn verbeelding leeft ze voort als een islamitische Don Quichote.
Ze was het speeltje van de Nederlandse elite, zoals de Nederlandse elite er om de zoveel tijd een nodig heeft. Deze elite was blank, woonde in Amsterdam en zag in haar kritiek een welkome spreekbuis om hun anti-islamitische gevoelens te ventileren. Na 9/11 maakte ze haar grote opgang in deze kring en met elke islamitische terroristische aanslag steeg haar ster. Iedere keer dat Hirsi Ali werd bekritiseerd, vormde de elite rond haar een cordon sanitair. Ali was heilig. Ze werd altijd Ayaan genoemd, nooit bij haar volle naam. Ze hielden niet op haar af te lebberen. Sommigen wierpen zich op als haar beschermster, slikten haar verzinsels voor zoete koek, werden haar tekstschrijvers. Niet sinds lange tijd werd de elite zo massaal uitgedaagd. Zolang ze maar bleef zeggen dat de islam duivels was en niet samenging met de democratische waarden.
Toch bleef ze een wereldburger, een vechter, een wereldwijf, onze Ayaan. Dat de elite haar nu weg stuurt, toont aan dat ze ook niet in haar campagne geloofden. Te contraproductief.
Daarbij is alles wat ze propageerde, overgenomen door de bestaande nette partijen.
Het wrange is dat haar eigen partij haar de deur uitstuurt omdat ze zou hebben gelogen over haar naam. But what’s in a name? Daar gaat het natuurlijk niet om. Het ging om de boemerangs die ze opgooide.
Het Nederland van de jaren negentig, open, tolerant, multicultureel, is hiermee in één klap afgebouwd en klaar voor vernietiging. Het Nederland waar geapplaudisseerd werd om je anders-zijn, waar moslims als onschuldige lammeren werden gezien die één keer per jaar een schaap slachten. Waar moskeeën subsidies kregen en niemand zich afvroeg wat daar voor een antiwesterse retoriek werd uitgekraamd. Elke revolutie eet zijn eigen kinderen op, is een gezegde.
Ayaan Hirsi Ali is kind van deze antihumane, verstikkende revolutie. Ze is met huid en haar opgegeten. Ali zelf zal het niet erg vinden.
Ze is blij dat ze weg kan. Ze wilde volgend jaar weg, aan het einde van haar parlementaire termijn, maar aangezien ze niet vaak meer te vinden was in de Tweede Kamer maakte het niet uit. Wat heeft ze te zoeken in een land waar je niet zeker bent van je politieke medestanders? Allochtonen kunnen een les halen uit de zorgwekkende ontwikkeling: zelfs als zij op de bres gaan staan voor de waarden en normen van de verlichte westerse samenleving, moeten zij nog altijd oppassen voor hun hachje. Sterker nog: wie liberale waarden verdedigt, snijdt uiteindelijk in zijn eigen vlees. Nederland heeft zichzelf klemgezet door deze intolerante weg in te slaan. Het Nederlandse model is definitief mislukt, dat we naar de brokstukken kijken is ook bevrijdend.
Ieder individu zal voor zichzelf uit deze puinhopen een nieuw systeem moeten creëren dat zeer wantrouwend is ten opzichte van de politieke instituten en het meer moet hebben van individuele eigenzinnigheid. De welvaartsstaat kan niet de bescherming bieden die het individu behoeft. Hirsi Ali’s bijdrage aan het multiculturele debat is dat ze met haar eigenzinnige, solistische optreden heeft laten zien dat wie op eigen kracht en ideeën vaart – soms een handje geholpen – het verst komt.
Een talent dat haar goed van pas zal komen in de Verenigde Staten, al zal haar geloofskritiek daar minder goed vallen.
Voor Ayaan Ali is er een uitweg, het zijn de achterblijvers die met een raar gevoel achterblijven. Wie kan de allochtoon in dit land nog vertrouwen? Hangend tussen de groepsdwang en de eisen van de postmoderne samenleving, kunnen zij alleen zichzelf vertrouwen.
Net als haar aankomst in Nederland, is nu ook haar vertrek tot op de millimeter geregisseerd. Wie vluchten kan, weet ook wat vertrekken is. Niet iedereen kan zo galant vertrekken en in haar afscheidsrede zeggen: „In de zomer van 1992 ben ik naar Nederland gekomen. Ik wilde mijn leven in eigen hand nemen. Omdat ik me niet wil laten vangen in een toekomst die anderen voor me uitstippelen.”
Haar hele leven tot nu toe is uitvloeisel van die krachtige zinnen en ze is er tot in dit bittere moment trouw aan gebleven.
Ik ga mijn Amerikaan in Tanger bellen om te vragen of hij nog een kamer voor haar heeft.


Abdelkader Benali is schrijver.

Ces petits moments...


Ce soir, le conseil a duré jusqu'à 23:40. C'est un peu long. J'ai pris une photo de notre plaque personnalisée, histoire de faire plaisir à ma mère... Je reviendrai sur les détails du conseil quand je serai un peu plus frais. Une absence remarquable: celle de Theo Keijser. Ses pitreries m'ont manqué, bizarrement. On m'a dit que c'était la première fois qu'il était absent. Jusqu'à maintenant il était présent à toutes les réunions du Conseil, quelle que soit leur nature.
J'ai bien sûr été attaqué par VOZ sur le débat que j'ai organisé avant les élections sur la sécurité et le chômage avec les jeunes du quartier. D'après Daphna Brekveld, l'extrême-gauche (dont moi, donc) encourage les jeunes à devenir des terroristes. C'est mignon. Il faudrait couper l'internet, la télé et la radio, et mettre sur pied une police politique pour s'assurer que les jeunes ne se radicalisent pas. C'est évident. Et que les récalcitrants aillent en camp de rééducation politique. Tiens, encore une idée que les Chinois ont eue avant nous. Satanés Chinois!

mardi 23 mai 2006

Nouvelle identité graphique

Apparement Amsterdam bosse sur son graphisme. Pas étonnant dans un des pays les plus en point au niveau du design et du graphisme. A Oud-Zuid nous avons eu droit au violet et à un morceau de camembert (bof). D'autres arrondissement ont eu des designs plus élaborés: une vache pour Osdorp (pas mal), un truc bizare mais joli pour Zuid-Oost...


Oud-Zuid (mon arrondissement, vive le camembert? Ou est-ce une part de gâteau en hommage à tous les restos et bars du quartier? En fait il s'agit d'indiquer notre position par rapport au Centre. Tu parles d'une identité forte...)


Zuid-Oost (Bijlmermeer, mélange des cultures?)


Osdorp (le boeuf que l'on retrouve dans le "Os" d'Osdorp)


Centre (on imagine le sens des canaux, bien sûr)


De Baarsjes (un poisson, le "bar"?)


Oud-West (le O et le W ensemble, pas mal trouvé, et j'adore la couleur, of course)


Westerpark (là, franchement, je sèche)


Slotervaart (facile, avec le S)

Les autres seront mis en ligne plus tard, je suis curieux... D'après ce qu'on m'a dit des drapeaux, ils seront laids. Dommage, j'avais des idées élégantes.

Art du début du siècle







Le quartier Zuid est assez particulier architecturalement, et se distingue surtout par son unité de matériaux (briques, bois, tuiles) et l'harmonie général de la ville générée par le système de blocs fermés avec des jardins intérieurs. C'est pour beaucoup dû à Berlage, mais pas seulement. Une partie est très chique et chère, l'autre, de moins bonne qualité, est plus mélangée. Quelques plans différents volés à vélo.
En tant que Français, ce qui me frappe, c'est à la fois le modernisme et les formes osées, mais aussi le conservatisme petit-bourgeois qui s'en dégage.

Chacun son école




Dans le quartier Sud (Zuid) de l'arrondissement, construit au début du XXème siècle (1920-1940) dans le style de l'école d'Amsterdam, pour beaucoup à l'occasion des jeux olympiques de 1928, beaucoup d'écoles ont été construites avec les fonds publics selon les principes qu'on retrouve dans l'article 23 de la Constitution. Un école Montesori avec des grandes fenêtes et des balcons, une autre plus classique (Dalton, je crois), d'autres complètement fermée à l'extérieur mais avec des couloirs et des jardins intérieurs (école religieuse)... Quelques exemples.
Depuis, les temps ont changé, et la différence se fait entre écoles blanches et "noires" d'une part, et école publiques et internationales (où l'enseignement est entièrement ou partiellement dans une autre langue, en général anglais et une langue latine, en plus du néerlandais).

Vivre sur l'eau





Je l'ignorais... Oud-Zuid a probablement le plus grand quartier aquatique des Pays-Bas. Un quartier entier sur l'eau, pas loin d'une forêt, à un quart d'heure de vélo de mon immeuble. Certains bateaux (appelée woonboten c'est à dire "bateaux-habitations") sont magnifiques (et aussi chers qu'un apparte dans le centre), d'autres sont des monuments de kitcherie.

La brasserie du quartier








A Oud-Zuid nous avons bien sûr Heineken, mais ce n'est plus qu'une sorte de musée pour touriste alcooliques. Lors de la ballade a vélo organisée par nos deux échevins pour les élus travaillistes, nous avons découvert une vraie brasserie à l'ouest de l'arrondissement. Elle s'appelle De Prael, et est située dans la zone industrielle pas vraiment romantique. Egbert était au courant de l'unique journée portes ouvertes de la brasserie, car c'est lui qui a signé l'autorisation d'ouverture. La bière (je n'y connais rien) est, paraît-il, très bonne. Super ambiance, musique exotique (pour un Frenchie, même néerlandisé) et gens très sympa. Et quel sens de la décoration! Un must pour les nouveaux routards et des habitants boboïsés en mal d'exotisme bien roots?

Une ligne à suivre?

Je suis complètement d'accord avec Kalma. Hier, lors d'une réunion du parti travailliste, nous avons eu un débat sur un cas particulier qui ne rentrait pas vraiment dans les règles mais qui rendait la vie d'une habitante un enfer (je ne peux pas rentrer dans les détails, aussi parce que les discussions de fraction doivent rester privées), et l'un de nous a déclaré (ce qui a fait beaucoup rire): "les règles sont les règles, comme dirait Rita Verdonk".

Paul Kalma, directeur de la Wiardi Beckman Stichting, le bureau scientifique du PvdA, reproche à la Deuxième Chambre d’avoir omis d’exiger la démission de Rita Verdonk, la semaine dernière. "Une partie considérable de la population se sent attirée par des personnalités politiques comme Verdonk - et la soutient dans la question de la dénaturalisation de Hirsi Ali. Etre conscient de ce fait ne signifie pas que les partis politiques doivent mettre de l’eau dans leur vin. Ce n’est qu’en défendant franchement et avec conviction leurs principes, et en agissant en conséquence, qu’ils peuvent lutter efficacement contre la montée d’un populisme rectiligne et insensible. La Deuxième Chambre n’a pas agi en conséquence, la semaine dernière."

A noter qu’en page d’opinion du NRC Handelsblad, Jan Melissen, directeur du Clingendael Diplomatic Studies Programme, fait valoir que "les faiseurs d’opinion étrangers, ces dernières années, ont trop souvent été confrontés à des incidents et des tendances dans notre société qui n’ont pas grand-chose à voir avec notre tolérance typiquement néerlandaise". "La volonté du premier ministre de sauver l’image de marque des ’Pays-Bas comme pays tolérant’ ne fait pas avancer l’affaire. L’opinion publique européenne discerne de plus en plus souvent l’indifférence, ou pis encore, derrière la façade de tolérance. C’est ce que les lecteurs des quotidiens Financial Times, Le Monde, Die Zeit, El País et Wall Street Journal ont pu lire un certain nombre de fois. Si le premier ministre s’en inquiète, il doit se montrer plus vigilant dans un monde qui n’attend pas les conférences de presse hebdomadaires et qui n’a pas d’oreille pour les opérations diplomatiques rétroactives. La leçon à tirer des événements de la semaine dernière est que les membres du gouvernement devraient davantage tenir compte de certains effets de leurs actions à l’étranger."
Lien: http://www.ambafrance-nl.org/article.php?id_article=7265

Démographie: de pire en pire

Je pense que les politiques sous-estiment un problème démographique qui va avoir des conséquences dramatiques pour le pays. Tout le monde pense que le pays est plein. Il suffit de regarder une carte pour se rendre compte que ce n'est pas vrai. Bob v/d Bijl, un ami plannologue, m'a montré un livre où sont représentées, en rouge, à échelle constante, les plus grandes villes du monde. La Randstad fait pitié, avec ses petites taches rouges. Ce qui rend un pays invivable, ce n'est pas la densité (sa densité est bien plus faible que celle de la région parisienne ou de la Ruhr, par exemple), mais l'incapacité à vivre ensemble. Quand on regarde certaines villes africaines, qui avec plusieurs millions d'habitants ne représentent qu'une petite tache rouge, on se rend compte que le problème n'est pas physique, mais mental. Beaucoup de gens veulent une vie campagnarde à la ville, c'est ridicule. Vivre ensemble, cela s'apprend. Les Néerlandais auraient-ils perdu l'art de vivre ensemble?
Par ailleurs, si autant de Néerlandais partent, ce n'est pas un bon signe: si les autochtones s'en vont, comment attirer des allochtones pour les remplacer, et se débrouiller pour qu'ils restent et fassent des enfants? Ces enfants seront-ils vus comme Néerlandais ou devront-ils, comme Taïda Pasić, être renvoyés dans un pays d'origine imaginaire? Bref, il est temps qu'on aborde la question dans une discussion franche et démocratique.

Dans la presse néerlandaise: Plusieurs quotidiens font mention des nouvelles statistiques présentées hier par le Centraal Bureau voor de Statistiek (CBS), qui montrent que 121 000 Néerlandais ont émigré en 2005, un record historique. Le nombre d’immigrants a atteint 92 000 l’an dernier. Les Pays-Bas ont ainsi l’émigration nette la plus élevée d’Europe. Depuis 2003, il y a plus d’émigrés que d’immigrants aux Pays-Bas et la tendance ne semble pas devoir se renverser dans un proche avenir. Durant le premier trimestre 2006, 29 000 personnes ont quitté les Pays-Bas, 5 000 de plus que durant la même période l’année dernière. Les principales destinations sont la Belgique et l’Allemagne (NRC Handelsblad d’hier soir p.3, de Volkskrant p.3, De Telegraaf p.9).
A noter, dans ce contexte, que les universités et les entreprises se plaignent amèrement des difficultés que rencontrent les étrangers qui sollicitent un permis de séjour pour étudier ou travailler aux Pays-Bas. Et la récente "vague xénophobe" qui a déferlé sur les Pays-Bas, après Pim Fortuyn, n’encourage pas les étrangers de formation supérieure à y venir (de Volkskrant p.3).

Lien: http://www.ambafrance-nl.org/article.php?id_article=7265

lundi 22 mai 2006

Célébrité holebi?

En recherchant des vieux documents, je suis tombé sur une page qui met en ligne le nom et la tronche des "famous gay, lesbian and bisexual people". Quel honneur! Le site, "Rob's GAY info pages", est laid mais bien informé et très visité... Me voilà entre Richard Chamberlain et Tracy Chapman, sur la même page que Leslie Cheung ou Truman Capote. J'en ai presque honte: je n'ai fait que me faire élire et sortir un disque, rien de transcendant.
Le lien: http://gayinfo.tripod.com/A-Z-C.html
Son blog (aussi en kreukreu): http://gayinfo.tripod.com/myblog/

dimanche 21 mai 2006

Tentative de synthèse sur l'affaire Verdonk/Hirsi Ali

Il y a tellement d'articles et de reportages sur la crise causée par Hirsi Ali et Verdonk que je n'arrive plus à suivre. Quelques remarques sur le sujet:

- Hirsi Ali, si elle a su se vendre à merveille à l'étranger comme victime des intégristes et des gauchistes, n'a pas réussi aux Pays-Bas. Elle n'a fait qu'exacerber les conflits entre allochtones et autochtones, ostraciser un peu plus les migrants en islamisant les problèmes, et légitimiser les dérives xénophobes de beaucoup de Néerlandais, dont beaucoup de politiciens et politiciennes arrivistes. Il restera aux historiens à déterminer qui a manipulé qui: Hirsi Ali victime, grande manipulatrice, marionette de certains? Verdonk gardienne de prison débile, arriviste aveuglée par la primature éventuelle, pauvre femme manipulée par les chefs du VVD?

- Une fois de plus, le VVD (libéraux) a montré qu'il était incapable de gérer correctement ses allochtones: après Cherribi, Remak ou Griffith, c'est au tour d'Hirsi Ali d'être jetée comme un vieux mouchoir. Ce n'est pas un hasard si Hirsi Ali a duré aussi longtemps: une femme noire qui tape sur les allochtones, en particulier sur les musulmans, quelle légitimité pour une xénophobie latente qui ne demandait qu'à exploser. Ce qui est ironique, c'est que celle qui a le plus utilisé cette légitimité nouvelle pour se jeter dans le populisme xénophobe le plus extrême, Rita Verdonk, a fini par exclure elle-même Hirsi Ali. Quand l'élève dépasse le maître...

- Il y a des gens adorables au VVD, mais il y a aussi beaucoup d'hommes blancs et riches, très égoïstes, égocentriques, avides de pouvoir et opportunistes, qui ne pensent qu'à eux-mêmes. La crise Verdonk/Hirsi Ali l'a montré: ils sont prêts à utiliser n'importe qui pour asseoir leur pouvoir, et sont prêts à le/la lacher quand son utilité n'est plus évidente. Ils ont lynché Hirsi Ali quand la foule grognait. Ils viennent de lyncher Verdonk, qu'ils avaient canonisé quand on annonçait qu'elle apporterait 11 sièges de plus aux prochaines élections, quand il a eu été clair que sa psychorigidité n'apportait rien de bon. Peut-on faire confiance à des gens aussi opportunistes?

- Hirsi Ali est une mauvaise politicienne (comme tant d'autres) et oublie le bien commun (comme tant d'autres), mais je ne vais pas changer ma position vis-à-vis de la politique migratoire pour qu'elle soit lynchée. J'étais contre le renvoi de Taïda Pasić, même de la famille Gümüş, car je pense qu'au-delà des règlements administratifs, ce sont les grands principes qui doivent prévaloir: quelqu'un qui a montré (parfois avec brio) sont intégration (langue maîtrisée, un travail, une position, des amis) ne doit plus voir son statut remis en cause. On ne retire pas la nationalité aux tueurs ou aux voleurs, même de la pire espèce (les chefs d'Ahold, les investisseurs crétins de KPN, les ministres qui coupent dans les budgets comme ils tondent leur gazon, ni même Mohammed B.). On ne la retire pas non plus aux gens qui sont intégrés, point. Même s'ils ne nous plaisent pas ou disent des bêtises. Sinon nous devenons aussi des crypto-fascistes comme Verdonk: l'utilisation détournée des moyens légaux pour empêcher certaines personnes de se faire entendre ne fait pas honneur à nos idéaux démocratiques.

- Tout cela nous détourne de quelques sujets vraiment importants qui touchent les gens: la vie devient de plus en plus chère, les budgets de plus en plus difficiles à boucler pour les classes moyennes et inférieures; la question européenne est plus que jamais d'actualité; l'éducation devient problématique, avec des étudiants qui ne pensent qu'à étudier les média pour devenir une star ou les finances pour devenir riche: personne ne veut créer, ni faire des enfants. Quel pays se fout de son futur, de ses pauvres, de ses enfants? Ah, mais oui, l'Amérique de Bush et des nouveaux amis d'Hirsi Ali montrent l'exemple, et l'élite néerlandaises se doit de faire pareil, bien sûr. Quelle modernité!

Courrier des lecteurs

Alors que la folle qui nous harcèle (dont je tairai le nom afin de ne pas lui donner l'opportunité d'en tirer une célébrité quelconque) a décidé de nous poursuivre via la téléphone (la police est au courant), j'ai reçu un email très encourageant:
Bonsoir Laurent,
Je viens de découvrir votre existence et votre site grâce à mon inscription au site du Lion Bleu, et enfin je découvre un compatriote qui ne passe pas ses journées à critiquer notre pays d'adoption. OUF..
Je vous fait une brève présentation de notre famille.
Nous sommes une famille française. Nous habitons Nieuw-Vennep (mi-chemin entre La Haye et Amsterdam) depuis bientôt quatre ans. Mon mari, Jean-Francois travaille dans les fleurs, nos trois enfants sont scolarisés ici et moi j'ai cent professions comme toutes les mamans. Je ne maîtrise pas encore bien le hollandais mais je prends des cours toutes les semaines. Ce que vous faites m'intéresse beaucoup. Comme vous, en faisant les allers et retours avec la France, je vois que les gens sont démobilisés face à la construction de l'Europe.
Vous avez mon soutien moral,
Salutations!

samedi 20 mai 2006

Apprendre à s'organiser


Le travail d'élu local, c'est aussi apprendre à gérer son temps un peu moins mal. Dans mon cas, ça veut dire combiner le travail, la politique, les activités politiques diverses et la famille (oui, Lewis, Martin, Jean-Louis et Guillaume), sans oublier les amis. Je vous mets en ligne un bout de mon agenda (flouté) de cette semaine pour que vous ayez une idée... Là où il n'y a rien, cela veut dire continuer à finir des articles pour le boulot, manger, se laver, ranger, lire les journaux...
Les problèmes que je rencontre jusqu'à présent: la fatigue, mais surtout les gens qui n'arrivent pas à tenir leurs engagements. Faire un rendez-vous, désormais, c'est faire des choix. Se voir poser un lapin, c'est avoir mécontenté quelqu'un pour un rendez-vous, et se retrouver sans rien à faire (ni assez de temps pour faire autre chose). Du retard, de la frustration, et encore du retard.
Un autre risque: se faire dépasser par les événement et oublier ce qui est vraiment important. On verra dans quelques mois comment je me débrouille...

vendredi 19 mai 2006

Crise d'égo




La télé c'est bien pour être reconnu au supermarché, mais au niveau de l'égo, c'est moyen. Dans mon cas, ça appuie sur tous les mauvais boutons: les dents de lapin quand je rigole, le double menton quand je parle, et une zone de plus en plus claire à l'arrière de la tête. Illustration en images (les moins flateuses, c'est vrai). On dit que la télé rajoute 5kg, et bien c'est vrai, et on le voit bien à l'écran.
Le bon point: mon accent est moins affreux. Mais ça ne se voit pas sur les photos.

Rita de fer en chute libre?

Ce qui me chagrine un peu, c'est le suivisme collectif des politiciens néerlandais, surtout de droite: le jour où Maurice de Hond proclame qu'avec Rita en tête-de-liste, le VVD va gagner 11 sièges, elle est une sainte, le futur de la politique. Tout comme Hirsi Ali l'a été pendant les élections. Maintenant, après avoir hurlé contre Hirsi Ali, voyant que l'opinion se retourne et que Verdonk est une grenouille psychorigide et incapable de vision politique, les voilà à défendre Hirsi Ali et lyncher Verdonk.
On dit que la France a la droite la plus bête du monde. Les Pays-Bas se défendent très bien dans ce domaine, je trouve...

Dans la presse néerlandaise: Après avoir été éreintée par la Deuxième Chambre tout entière, cette semaine, Rita Verdonk a aussi dû rendre des comptes sur ses actions des derniers jours face au premier ministre Balkenende et les vice-premiers ministres Zalm et Brinkhorst, dans la ’Tourelle’, jeudi", rapporte le Volkskrant à la une. "La dirigeante VVD est-elle désormais sous tutelle dans la question de la naturalisation d’Ayaan Hirsi Ali ?""En rendant publique sa conclusion concernant la naturalisation de Hirsi Ali, lundi, Verdonk a agi contrairement aux engagements pris, a déclaré Balkenende hier, durant l’émission Netwerk."
"Balkenende a dit hier, après la concertation dans la Tourelle, qu’il veillerait personnellement à ce que Verdonk exécute convenablement l’ordre que lui a donné la Deuxième Chambre. Il est fréquent que le gouvernement se concerte sur une motion, mais cette forme de délibération a posteriori est sans précédent."
"Verdonk a même reçu un ordre supplémentaire : elle a dû écrire le jour même une lettre à sa collègue de parti Hirsi Ali. Du point de vue politique, il s’agit d’une lettre d’excuse qui aggrave la retraite de Verdonk. Elle a avalé ces couleuvres, évitant une crise ministérielle.""Dans le dossier Ayaan, une foule de personnes influentes surveille maintenant Verdonk. Elles n’accepteront pas qu’elle dévie une nouvelle fois de la ligne tracée par la Chambre.""Le show médiatique que Verdonk et son équipe de campagne ont monté autour de son excursion en hélicoptère à Hardenberg, le lendemain de sa cuisante défaite à la Chambre, a suscité beaucoup d’irritation. Plus préjudiciable pour elle était le fait qu’à Hardenberg, elle s’est de nouveau cramponnée à son mantra ’les règles sont les règles’. Sur son weblog, Zalm rend finement compte de l’action de Verdonk : ’C’est si elle avait gagné le débat et s’il n’y avait pas eu de motions. C’est spécial. Moi, je n’en serais pas capable’.""Aujourd’hui, en conseil des ministres, le premier ministre Balkenende laissera toute latitude à quiconque voudra commenter le comportement de la ministre. Verdonk devra de nouveau encaisser."

"La ministre Verdonk accuse la direction centrale du VVD de manipulation de l’élection de la tête de liste", note le même Volkskrant en page 3. "La direction a fait savoir jeudi que presque dix mille membres du VVD pourront revoter pour l’un des candidats s’ils regrettent leur premier choix.""La procédure de vote prévoit cette possibilité, mais selon le porte-parole de Verdonk la disposition en question ne s’applique pas aux ’repentis’ ; elle vise à éviter les votes doubles."
"Le président de la Deuxième Chambre, Frans Weisglas, estime que cette possibilité est ’très douteuse’ et ’indigne d’un parti démocratique’."Après le débat d’urgence sur la nationalité d’Ayaan Hirsi Ali, quelques éminents membres du VVD ont déclaré qu’ils étaient contents de ne pas encore avoir exprimé leur suffrage sur le leadership du parti. Des dizaines d’autres ont appelé la direction du parti pour demander s’ils pouvaient modifier leur vote en faveur d’un autre candidat. C’est effectivement possible pour les 9 500 membres qui ont voté par correspondance jusqu’à présent. Leur suffrage écrit sera annulé s’ils votent en ligne les prochains jours. "S’ils modifient en masse leur préférence, cela peut être décisif pour le résultat. Les sondages indiquent jusqu’à présent que c’est la course au finish entre Rutte et Verdonk" (également Het Financieele Dagblad p.1, De Telegraaf p.1, Trouw p.4).

La position de Rita Verdonk dans la question de la nationalité d’Ayaan Hirsi Ali "risque de plonger les Pays-Bas dans une crise constitutionnelle", affirment le professeur de droit Afshin Ellian (Université de Leyde [et grand copain d'Hirsi Ali, il faut le dire, NdLC]) et l’écrivain Leon de Winter dans une tribune publiée par le Volkskrant. "La Constitution dit que la Deuxième Chambre se compose de 150 membres néerlandais. Elle ne dit pas : environ 150, mais exactement 150. Selon Verdonk, ce n’est pas le cas en ce moment." "L’approche imprévoyante, disons franchement stupide, de Verdonk pose une bombe constitutionnelle sous notre parlement actuel. Si le gouvernement n’intervient pas, cette bombe explosera dans six semaines." "Si l’approche légaliste de Verdonk est correcte et si Hirsi Ali perd la nationalité néerlandaise dans six semaines, nous risquons d’avoir vécu dans un monde virtuel du point de vue constitutionnel, les trois dernières années." "Qui modifiera la Constitution pour sauver les lois et les minutes des trois dernières années, si le parlement actuel n’est pas compétent parce qu’il comptait 149 membres ? Seul un parlement compétent peut le faire. Et s’il apparaît, après quelques acrobaties constitutionnelles à la Donner, que 149 membres suffisent, quelle sera la limite inférieure ? 148, 147, ou bien le parlement peut-il ne compter qu’un membre ? Dans quelles conditions précises les 149 membres ont-ils exercé la souveraineté du peuple ? Voilà le problème politico-démocratico-constitutionnel."
"L’état d’urgence a probablement été décrété dans la Tourelle hier. Les collègues de Verdonk ont indubitablement réprimé leur désespoir et leur colère face à son comportement bizarre. Pour être élue tête de liste du VVD, elle met en jeu des intérêts d’Etat. Le fait-elle sciemment ? Non, elle le fait parce qu’elle n’a pas la moindre idée des conséquences que sa position peut avoir.""Ayaan a la nationalité néerlandaise depuis 1997. C’est un fait immuable. Et Rita Verdonk doit immédiatement prendre un emploi de directrice de prison sur une île lointaine. En taule, les règles sont toujours les règles. En tant que ministre, elle est un projectile incontrôlable et destructif."

Elsevier évoque dans son article de couverture "la star mondiale chassée", "le départ abrupt d’Ayaan Hirsi Ali". "Son départ pour le groupe de réflexion conservateur American Enterprise Institute de Washington, le 1er septembre, prouve qu’Ayaan Hirsi Ali s’est taillé une solide réputation d’intellectuelle à l’étranger." "Madame Ali part pour le pays de la liberté, les Pays-Bas peuvent reprendre leur débat sans contestation. En toute convivialité", écrit le rédacteur en chef du magazine, Arendo Joustra, dans son éditorial. Et selon René van Rijckevorsel, "Mohammed Bouyeri qui, en dépit de l’acte atroce qu’il a commis, a pu garder la nationalité néerlandaise, rit sous cape". "Nous devons éprouver une grande honte pour avoir tous contribué à excommunier une des plus grandes héroïnes de notre époque", fait valoir Leon de Winter de son côté. "Nous avons laissé faire les cinglés et les radicaux qui voulaient la bannir. C’est une honte nationale."

Vrij Nederland s’est plongée dans "les années rouges de Rita", lorsque l’actuelle ministre de l’Immigration était militante à Nimègue, où elle faisait ses études. En 1981, elle a participé activement à la résistance contre la construction d’un garage à étages. En tant que membre du radical Syndicat des Contrevenants, elle défendait les droits des prisonniers. Mais elle n’était pas si socialiste que cela, selon l’une des sources des reporters. "D’après moi, elle n’avait pas vraiment de conviction", se rappelle un militant de l’époque. "Avec son zèle, elle aurait tout aussi bien pu siéger au comité des Timbres au profit de l’enfance."

Lien: http://www.ambafrance-nl.org/article.php?id_article=7247

A la télé ce ouiquenne

Cet après-midi, je suis invité avec d'autres correspondants étrangers par TV Noord-Holland à venir parler des aventures de Hirsi Ali et Verdonk. Ce sera diffusé en boucle à partir de ce soir, je crois.
Site: http://www.rtvnh.nl/

jeudi 18 mai 2006

OSCE / MRAX conférence à Bruxelles





Lundi et mardi j'étais à Bruxelles pour une grande conférence organisée par l'OSCE. J'ai été invité à venir parler aux côtés du MRAX et de la présidente du Sénat belge du racisme. Quelques photos par Mehmet...

L'affaire Ayaan Hirsi Ali / Verdonk dans la presse

Le couple satanique Hirsi Ali / Verdonk dans la presse néerlandaise:

18 mai http://www.ambafrance-nl.org/article.php?id_article=7244
"Depuis mercredi, les électeurs du VVD accordent leur préférence à Mark Rutte comme tête de liste du VVD", relève le Volkskrant à la une. "Sa concurrente Rita Verdonk s’est discréditée dans l’affaire de la nationalité d’Ayaan Hirsi Ali.""C’est ce qui ressort d’une enquête de TNS Nipo. Le bureau a sondé mercredi les électeurs potentiels du VVD : les gens qui voteraient pour le parti libéral si des élections législatives avaient lieu en ce moment. 52 pour cent des personnes interrogées accordent leur préférence à Rutte. La base de Verdonk est descendue à 47 pour cent. Le 4 avril, c’était encore l’inverse : 56 pour cent préféraient Verdonk et 43 pour cent Rutte. Au demeurant, ce ne sont pas les électeurs, mais les membres du VVD qui désignent la tête de liste du parti.""Verdonk a perdu mercredi le soutien d’un éminent membre du parti libéral à cause de sa position dans l’affaire Hirsi Ali. L’eurocommissaire Kroes lui a fait savoir par lettre qu’elle optait désormais pour Rutte.""Durant un débat d’urgence mardi, Verdonk a dû promettre d’étudier la possibilité de rendre la nationalité néerlandaise à Hirsi Ali", rappelle le journal de centre gauche. "Le vice-premier ministre Zalm (VVD) est convaincu que c’est possible. ’Je doute fort qu’on ne lui rende pas son passeport’, a-t-il dit hier. Selon lui, c’est Hirsi Ali qui a gagné le débat d’urgence."
"Une grande partie de la base de Mark Rutte (21 pour cent) votera pour un autre parti si Rita Verdonk devient tête de liste du VVD", note le même Volkskrant en page 3. "La popularité de Verdonk a considérablement baissé après le débat d’urgence sur Hirsi Ali. C’est ce qui ressort d’un sondage effectué par TNS Nipo auprès de 327 membres du VVD, à la demande de RTL Nieuws.""Selon TNS Nipo 85 pour cent des membres du VVD voteront. Au demeurant, Hirsi Ali n’est pas extrêmement populaire parmi eux. 52 pour cent estiment qu’il n’est pas nécessaire qu’elle retourne à la Deuxième Chambre.""La majorité (52 pour cent) des membres du VVD pense que les libéraux ne peuvent devenir le premier parti politique qu’avec Verdonk. Deux membres sur dix pensent que ce sera aussi possible avec Rutte. Ce qui est frappant, c’est que 21 pour cent des électeurs de Rutte pensent aussi que le VVD ne peut devenir le plus grand parti qu’avec Verdonk. Ils optent donc pour un bon leader plutôt que pour un gain électoral."
"Verdonk s’est porté un préjudice politique maximal à un moment sensible", conclut le journal de centre gauche dans une analyse. "A-t-elle bien l’habileté et le sens du jeu politique nécessaires à un leader de parti ? Si elle réussit malgré tout à devenir tête de liste, elle aura affaire à des cadres VVD hostiles. Car depuis l’affaire Ayaan, une grande partie de l’élite du parti manifeste ouvertement son aversion pour Verdonk."
On notera enfin, sur la même page, un entretien du correspondant à Paris, Fokke Obbema, avec la femme de lettres française d’origine iranienne Chahdortt Djavann, qui estime qu’"il est scandaleux de retirer la nationalité à une personne qui est un exemple type d’intégration réussie et de courage". "Si tous les musulmans étaient comme elle, les démocraties occidentales auraient beaucoup moins de problèmes."
"La populaire ministre et candidate à la fonction de tête de liste du VVD Rita Verdonk est devenue une politicienne isolée et un danger pour le gouvernement, après son comportement dans l’affaire Hirsi Ali", remarque le Trouw (cahier de Verdieping) dans un article de fond intitulé "Les décombres de Lovely Rita". "La clarté et le dynamisme, voilà ce qu’elle veut apporter, mais il lui manque la maîtrise de soi et le raffinement politique." "Rita Verdonk a un immense problème et elle ne le doit qu’à elle-même. Sa base politique s’effrite rapidement. Un de ses défenseurs, l’eurocommissaire Neelie Kroes, l’a lâchée hier, de même que l’ancien leader du parti, Bolkestein.""Elle ne peut guère escompter de soutien au sein du gouvernement et son soutien au sein du groupe parlementaire VVD s’évapore aussi. Le VVD est très divisé sur la question de savoir si elle est compétente pour diriger la liste électorale et le groupe parlementaire redoute le résultat de la consultation des membres. Mais on tient aussi compte de la possibilité que Verdonk démissionne."
"Verdonk s’est mis à dos la Deuxième Chambre tout entière, toutes sortes d’éminents membres du VVD se distancient d’elle depuis quelques jours et elle devra aussi se battre au sein du gouvernement, à propos de son enquête précipitée sur la nationalité de Hirsi Ali", remarque l’éditorialiste du Financieele Dagblad. "Même le premier ministre Jan Peter Balkenende s’est dit ’surpris’ par la vitesse avec laquelle Verdonk a traité l’affaire. Ce qui, au demeurant, n’était pas très fort de sa part, dans cette question sensible." "Bref, Verdonk a perdu toute crédibilité politique dans cette affaire. Il semble exclu qu’elle puisse encore devenir une tête de liste crédible du VVD."


17 mai http://www.ambafrance-nl.org/article.php?id_article=7239
"La Deuxième Chambre presque tout entière veut que la députée Hirsi Ali (VVD), qui a démissionné mardi, conserve la nationalité néerlandaise", écrit le Volkskrant dans son grand article à la une. "La Chambre s’oppose à la conclusion provisoire de la ministre de l’Immigration Verdonk, selon laquelle Hirsi Ali n’a jamais obtenu la nationalité néerlandaise parce qu’elle a menti sur son nom et sa date de naissance.""Si Verdonk ne veut pas reconsidérer sa conclusion, la Chambre exige qu’elle se penche ’le plus rapidement possible’ sur une nouvelle demande de naturalisation de Hirsi Ali. Une motion à cet effet, déposée par le propre parti de Verdonk, le VVD, a été cosignée par le CDA, le PvdA, le D66 et GroenLinks.""Verdonk a fait savoir qu’elle pouvait accepter la motion. ’Je pense que je pourrais reconsidérer la question sur la base de la réaction de Mme Hirsi Ali et aussi de ce débat et de la portée de la motion.’ Simultanément, elle a maintenu qu’elle avait agi avec circonspection vis-à-vis de Hirsi Ali.""Le leader du groupe CDA Verhagen, sur ce, a rappelé expressément que selon la Chambre la ministre avait toute latitude pour permettre à Hirsi Ali de conserver la nationalité néerlandaise. ’Si vous partez d’emblée du principe que l’examen ne peut pas déboucher sur une autre conclusion que votre conclusion d’aujourd’hui, vous avez un problème’, a-t-il dit sur un ton menaçant.""Verdonk s’est vu faire des reproches de toutes parts durant le débat d’urgence. ’La ministre n’a pas agi avec circonspection. Nous ne devons pas faire une caricature du dynamisme’, a déclaré Verhagen. ’S’il n’en tient qu’au D66, Ayaan aura un passeport tout neuf avant la fin de la semaine, avec les compliments du gouvernement néerlandais’, a remarqué la députée D66 Van der Laan."
"La question est maintenant de savoir à quel point Verdonk est diminuée", conclut le même Volkskrant dans une analyse en page 3. "Elle peut rester ministre. Mais il reste à voir si les membres du VVD l’éliront aussi tête de liste, maintenant qu’elle a si profondément divisé le parti par son dynamisme. Son concurrent Mark Rutte s’est sagement abstenu de tout commentaire, mardi.""Le préjudice est grand pour les Pays-Bas et encore plus grand pour le VVD", fait valoir le chroniqueur H.J. Schoo en page d’opinion du Volkskrant. "Si cette crise a montré quelque chose, c’est bien que Rita Verdonk n’est pas compétente pour diriger son parti - et encore moins pour devenir premier ministre. La rectitude est une vertu, jusqu’à un certain point. Une qualité plus essentielle pour un leader politique est la capacité de gérer une crise sans faire de dégâts. Verdonk, les derniers jours, n’a absolument pas fait preuve d’habileté politique, ni de ce leadership." "Verdonk, avec son pseudo-dynamisme, a plongé le VVD dans une profonde crise. Elle est entrée en collision avec le vice-premier ministre Zalm et s’est aliéné d’un coup une partie du groupe parlementaire."
"La direction du pays a failli", estime aussi l’éditorialiste du Volkskrant. "La ministre Verdonk n’aurait jamais dû prendre une décision impulsive dont personne ne pouvait prévoir les conséquences. Les dirigeants du VVD auraient dû intervenir. Ces conséquences affectant aussi l’image des Pays-Bas dans le monde, le premier ministre Balkenende et le vice-premier ministre Zalm auraient dû intervenir et rappeler Verdonk à l’ordre. La seule façon de limiter les dégâts est de donner immédiatement un passeport néerlandais valide à Hirsi Ali. Cette affaire ne doit pas traîner un jour de plus...""Ce qui est valable pour les Pays-Bas en général s’applique au VVD en particulier : le parti est complètement déboussolé. Le seul libéral qui ait forcé le respect hier était - en effet - Ayaan Hirsi Ali.""Il doit être clair désormais, pour les membres du VVD, que Verdonk n’a pas les qualités nécessaires pour diriger le parti. Son principal concurrent, Mark Rutte, aurait pu faire preuve de leadership dans cette crise, mais lui non plus n’a pas été capable de faire mieux que d’appeler désespérément au calme. Le VVD est en proie au désordre ; il n’y a aucun leadership."
"Une aussi grave erreur politique, administrative et juridique a rarement été commise aussi vite", selon le commentateur du NRC Handelsblad d’hier soir. "Verdonk aurait mieux fait de réfléchir aux énormes conséquences politiques que le retrait de la nationalité néerlandaise à une importante députée et leader d’opinion de réputation internationale pouvait avoir pour le prestige du Royaume." "Verdonk nuit à l’image des Pays-Bas, gâche ses relations avec la Chambre, menace une parlementaire d’apatridie et se comporte d’une manière indigne du Royaume. Et pourquoi donc ?"
"Quoi qu’on puisse penser de ses opinions et de son style d’action, Hirsi Ali méritait un départ plus digne que ce débat kafkaïen sur la question de savoir si elle était vraiment qui elle disait être", remarque le Trouw. "La ministre Verdonk, ne serait-ce que par la rapidité de son action, n’a pas donné l’impression qu’elle était circonspecte. Cela ne doit pas rester sans conséquences."
"La Deuxième Chambre a rarement passé un tel savon à un ministre", souligne l’éditorialiste du Telegraaf, qui soupçonne Rita Verdonk d’avoir agi comme elle l’a fait pour manifester son dynamisme et sa rectitude, dans la perspective de l’élection de la tête de liste du VVD. "Il ne peut pas y avoir d’autres raisons, même si elle dément sur tous les tons."
Notons pour mémoire que l’écrivain Leon de Winter, ami de Hirsi Ali, rappelle en page d’opinion du NRC Handelsblad qu’en 1960, le général De Gaulle a empêché l’arrestation de Jean-Paul Sartre en disant : "On n’arrête pas Voltaire". "De Gaulle montrait qu’il était civilisé et un homme d’Etat. Rita Verdonk a prouvé qu’elle sera toujours directrice de prison, maintenant qu’elle a montré qu’elle veut diriger notre pays comme un établissement pénitentiaire."
D’autres Néerlandais connus, dont des journalistes et des chansonniers, appellent dans une lettre ouverte la Reine Beatrix à nommer Ayaan Hirsi Ali citoyenne d’honneur des Pays-Bas. "Il faut avoir du culot pour traiter la cible numéro un des terroristes islamiques radicaux des Pays-Bas comme persona non grata et l’expulser plus ou moins. Il faut avoir du culot pour chasser de son logement et de son pays un vrai héros hollandais, alors que nous en avons si peu."


16 mai http://www.ambafrance.nl/article.php?id_article=7234
"La députée VVD Hirsi Ali a reçu à tort la nationalité néerlandaise", écrit le Volkskrant dans son grand article à la une. "C’est ce que la ministre de l’Immigration Verdonk a écrit à sa collègue de parti lundi soir. Hirsi Ali a six semaines pour réagir. C’est ce qui ressort des réponses faites aux questions posées vendredi dernier par le député Nawijn. Verdonk affirme que sur la base des données connues maintenant, ’il convient pour le moment d’admettre qu’elle n’a pas reçu la nationalité néerlandaise, conformément à la jurisprudence de la Cour de Cassation’.""La ministre se réfère à un arrêt rendu par cette cour à la fin de l’année dernière, décidant qu’une famille irakienne n’a jamais reçu la nationalité néerlandaise parce qu’elle avait donné de faux noms lors de la demande de naturalisation.""La possible perte de la nationalité néerlandaise ne signifie pas que Hirsi Ali doit être expulsée. Elle a reçu un permis de séjour en 1992, après avoir été reconnue comme réfugiée. Ce statut restera probablement valable parce qu’en principe il n’est plus jamais retiré après douze ans.""On apprenait lundi que la politicienne VVD, à partir du 1er septembre, aurait un emploi auprès du groupe de réflexion conservateur American Enterprise Institute, aux Etats-Unis. C’est pourquoi elle quitterait la Chambre. Si elle n’avait pas annoncé elle-même son départ, elle y aurait probablement été contrainte. La Constitution prescrit que les parlementaires doivent posséder la nationalité néerlandaise.""La direction du VVD s’est réunie d’urgence lundi soir, pour débattre de la nouvelle situation. Etaient présents le ministre Zalm (Finances), Verdonk, le président du parti Van Zanen et le président du groupe parlementaire Van Beek. Ils ont décidé de ne pas réagir avant que Hirsi Ali ait annoncé son départ pour Washington lors d’une conférence de presse qu’elle donnera aujourd’hui.""Le député VVD Van Baalen est stupéfait par la décision provisoire de sa collègue de parti Verdonk. ’Je regretterais vivement que Hirsi Ali soit expulsée. J’espère que la décision définitive tiendra compte de ses services à la société néerlandaise. Nous ne pouvons tout de même pas la renvoyer en Somalie ! " "L’eurocommissaire Neelie Kroes, qui a fait entrer Hirsi Ali au VVD, s’étonne de la position de Verdonk. ’Quand je pense à toutes les restrictions que Hirsi Ali s’est imposées concernant sa vie privée, c’est inconcevable. J’espère que les Pays-Bas savent ce qu’ils font’."
"Il était clair depuis longtemps, pour Ayaan Hirsi Ali, qu’à terme elle quitterait la politique néerlandaise pour un emploi en Amérique", remarque le même Volkskrant dans un article de fond à la une. "Elle avait l’intention de partir le 30 janvier 2007, exactement quatre ans après sa prestation de serment à la Chambre. L’avance de son départ avait initialement tout à voir avec son logement : le 27 août elle doit quitter son appartement par ordre du tribunal, en raison des plaintes de ses voisins concernant la situation de sécurité. La députée le déplore. Elle n’a pas envie de passer de nouveau des mois dans des casernes à haute surveillance, comme après le meurtre de Theo van Gogh. En Amérique, elle espère pouvoir mener une vie plus décontractée.""Le départ de Hirsi Ali n’est pas une surprise pour les initiés haguenois. Depuis son arrivée sur la scène politique il est clair que sa lutte contre l’islam radical dépasse les Pays-Bas. Depuis son film Submission, les lecteurs du New York Times et de Time savent aussi qui elle est. Partout, on la nomme d’un trait avec l’écrivain menacé Salman Rushdie."
En page 3, le journal de centre gauche fait mention de "réactions mêlées" au départ d’Ayaan Hirsi Ali, au sein du VVD. "Le coryphée Hans Wiegel estime que ce n’est ’pas une perte pour le Parlement, ni pour le VVD’. L’ex-président du groupe parlementaire Jozias van Aartsen, par contre, trouve que c’est ’gênant pour la société et la politique néerlandaises’. Van Aartsen qui, en tant que leader du groupe, soutenait toujours Hirsi Ali, déclare comprendre la députée. ’C’est aussi significatif de l’état du pays : susceptible et provincial.’ Le député Hans van Baalen partage son avis et estime que Hirsi Ali est ’une fille fantastique’. Van Baalen : ’Elle s’est battue pour les droits de l’homme et a attiré l’attention sur les dangers du fanatisme religieux’.""Klaas Jan Terwal, président de l’organisation des jeunes libéraux JOVD : ’En mettant tous les musulmans dans le même sac et en adoptant un ton très dur, elle a détourné beaucoup d’électeurs allochtones du VVD.’ L’Organe de contact des musulmans et des autorités (CMO) n’est pas fâché non plus. Avec ses vives attaques contre l’islam Hirsi Ali a ’commis beaucoup de dégâts’, a dit le secrétaire Nasr Joemman." "Les amis de Hirsi Ali ont exprimé leur répugnance à la télévision, hier soir. Le producteur de cinéma Gijs van de Westelaken, qui a fait Submission avec Hirsi Ali et Theo van Gogh, a dit durant NOVA qu’il était temps qu’il rende son passeport. A ses yeux, la ministre Verdonk profite des mensonges de la députée pour montrer sa rectitude et accroître ses chances d’être élue tête de liste du VVD. ’On a réduit Ayaan au silence et Mohammed B. a gagné’. L’eurocommissaire et amie Neelie Kroes a dit qu’elle avait ’honte des Pays-Bas’."Le député indépendant Nawijn (ex-LPF), qui a dirigé le Service d’immigration et de naturalisation IND et été ministre de l’Immigration, a aussi posé à Verdonk des questions sur le statut de la députée Karimi (GroenLinks). Nawijn veut savoir si Karimi n’a pas reçu son permis de séjour abusivement, parce que dans le livre qu’elle a publié l’an dernier elle écrit qu’elle a inventé son parcours de réfugiée. Karimi a fuit son pays natal, l’Iran, et reçu l’asile en Allemagne.


15 mai http://www.ambafrance.nl/article.php?id_article=7227
« Les mensonges que la députée VVD Ayaan Hirsi Ali a commis pour obtenir un permis de séjour aux Pays-Bas en 1992 auront peut-être des conséquences », a annoncé le Telegraaf de dimanche dans son grand article à la une. « La ministre Verdonk (Immigration), une collègue de parti de la députée d’origine somalienne, se voit contrainte d’examiner la question. La responsable libérale, qui est candidate à la direction de la liste électorale VVD, le fera sur la base d’un arrêt rendu par la Cour de Cassation l’an dernier, dont il ressort que les étrangers qui ont menti pour pouvoir rester aux Pays-Bas ne peuvent jamais obtenir la nationalité néerlandaise. Et une personne qui n’est pas néerlandaise ne peut pas être membre de la Deuxième Chambre. » « Vendredi, Verdonk avait déclaré que Hirsi Ali n’aurait jamais obtenu de permis de séjour sous son mandat. Mais, a ajouté Verdonk, on n’en est plus là. Divers experts ont néanmoins rappelé l’arrêt de la Cour de Cassation et Verdonk, samedi, durant un débat avec ses concurrents Mark Rutte et Jelleke Veenendaal à Oudenbosch, a laissé entendre qu’elle vérifierait tout de même si Hirsi Ali a obtenu la nationalité néerlandaise à juste titre. » « C’est d’autant plus remarquable que la direction du VVD était au courant des mensonges de Hirsi Ali dès 2002, lorsqu’on lui a demandé de se porter candidate à la Deuxième Chambre au nom des libéraux. » « La députée Hirsi Ali (VVD) doit envisager de démissionner maintenant qu’il est apparu qu’elle a menti pour obtenir la nationalité néerlandaise », écrit le Volkskrant à la une ce matin. « Tel est le conseil que l’ancien ministre de l’Intérieur Dijkstal a donné à sa collègue de parti dimanche. » « La ministre VVD de l’Immigration Verdonk fera examiner le déroulement de sa naturalisation. Samedi elle a suggéré que les décisions de naturalisation sur la base d’informations inexactes ne soient plus annulables après douze ans. Hirsi Ali, dans ce cas, ne profiterait pas de cette prescription puisqu’elle a reçu son passeport en 1997. » « Durant le programme télévisé Buitenhof , dimanche, Dijkstal a déclaré que la crédibilité de Hirsi Ali était en jeu. “Elle doit essayer de sauver la face”. Le VVD lui aussi a un problème, selon Dijkstal. Ce parti prône une politique d’immigration stricte alors qu’une de ses figures de proue politiques a inventé ses antécédents de toutes pièces. Dijkstal : “La question cruciale est de savoir comment le VVD combine cette ligne dure avec Hirsi Ali”. » « La présidente du groupe parlementaire GroenLinks, Halsema, estime que c’est surtout le VVD qui a un reproche à se faire. “Tous les personnages de premier plan du parti étaient au courant, mais ils ont dit oui à Hirsi Ali pour des raisons électorales. C’est une position intenable”. »
En page d’opinion du même Volkskrant, le chroniqueur Arie Elshout remarque qu’Ayaan Hirsi Ali, « les cinq dernières années, a tant remué et suscité des irritations, à gauche comme à droite, de Wallage à Wiegel, qu’il fallait qu’il y ait un règlement de compte politique un jour ». « Les mensonges sur son passé étaient connus, des chroniqueurs en avaient parlé. Mais brusquement, le député Nawijn, ami politique de Filip Dewinter, de concert avec le PvdA et l’ancien leader VVD Dijkstal, se jettent sur cette resucée de la VARA [organisation de radiotélédiffusion socialiste]. Cette alliance contre nature sent-elle que c’est le moment de faire pression sur Verdonk ? La ministre, pour asseoir son pouvoir, est peut-être disposée à sacrifier Hirsi Ali. C’est une spéculation, mais ce qui est certain, c’est que l’affaire est gênante pour Verdonk, justement parce qu’elle a adopté un profil de responsable sévère qui n’admet pas le mensonge. » « Le sort définitif de Hirsi Ali en dira long sur nous », conclut Elshout. « Ses voisins et le tribunal veulent qu’elle déménage. Bientôt elle devra peut-être aussi quitter le pays. Le calme reviendra aux Pays-Bas. Le metteur en scène de Submission est mort, l’auteur parti et le film repose dans un coffre-fort. Et Ayaan devra chercher un nouvel asile. Un quotidien italien a suggéré l’Amérique. Cette fois-ci elle n’aura pas à mentir sur son parcours. »
Le commentateur du Telegraaf estime qu’il est « absolument nécessaire que Hirsi Ali s’explique sur son comportement dans le passé. D’autres qui ont aussi menti n’ont pas obtenu de permis de séjour et ont dû quitter le pays. L’ex-star du PvdA pourrait peut-être chercher un autre podium que le Binnenhof pour sa mission anti-islamique après 2007. »
Pour le Trouw, « il n’est pas étonnant que les mensonges d’Ayaan Hirsi Ali sur son identité et les motifs de sa demande d’asile soient maintenant devenus une question politique. Il n’y a pas longtemps, la ministre de l’Immigration Verdonk a expulsé la jeune Kosovare Taïda Pasic pour des raisons similaires et la question est maintenant de savoir dans quelle mesure cette politique est crédible. » « Même s’il est établi que ’Hirsi Magan’ a acquis la nationalité néerlandaise sous de faux prétextes, cela ne doit pas déboucher sur l’annulation de sa naturalisation, même si c’est possible du point de vue légal. Pas pour justifier des mensonges plus ou moins gros, mais pour souligner une fois de plus que la politique d’asile ne doit pas être sans nuance. La question oblige le VVD à s’interroger sur la crédibilité de sa sévérité en matière d’asile. Hirsi Ali, en tant que députée, doit aussi se poser la question de la crédibilité. » « Cette affaire est une leçon de modestie et d’humanité », conclut le journal chrétien progressiste.

mercredi 17 mai 2006

Le masque est tombé, ou comment les Pays-Bas tolérants traitent les réfugiés, par Christine de Vos

Voici le deuxième article réécrit spécialement en français pour les lecteurs de minorites.org par la journaliste indépendante néerlandaise Christine de Vos, dont nous espérons pouvoir proposer d'autres contributions à l'avenir.

Un incendie dans un centre de rétention à Schiphol aéroport novembre dernier a choqué les Pays-Bas. C’est ainsi qu’on traite les immigrés dans le pays renommé libertaire et humain. Incarcérés dans des «centres de départ» ou des «bateaux-prison», sans les soins nécessaires et bien loin des quartiers du centre-ville, le destin des demandeurs d’asile déboutés de leurs droits - désormais étrangers non-désirés - échappe complètement du champ de vision du peuple néerlandais. Il est cependant grand temps d’y faire une visite - pour qu’on ne puisse pas dire : « Wir haben es nicht gewuβt » ("nous ne le savions pas").
Le centre de départ de Ter Apel, tout au nord des Pays-Bas, proche de la frontière allemande, se trouve littéralement au bout du monde. Un long chemin traversant des champs en jachère mène respectivement au centre d’arrivée, centre de départ et le centre de rétention. La voie la plus courte entre point A et point B est la ligne droite. A la fin du chemin, une barrière et une loge. Passeport s’il vous plaît.
La veille, j’ai parlé à Biharbîn, une jolie adolescente de 16 ans et son frère Mehdi, 15 ans. En 5 ans ils ont vu plusieurs centres d’asile, dont celui à Ter Apel. Il y a deux ans, le service d’immigration, l’IND (Service néerlandais de l'immigration) a refusé leur demande d’asile, mais ça ne fait que quelques mois que la famille a été mise au courant. Trop tard pour faire appel. Une grande partie de leur dossier a disparu. Ils ont beaucoup de courage de me raconter leur histoire. La ministre Rita Verdonk a menacé de publier les dossiers de ceux qui osent rechercher la presse, afin d‘exercer son « droit de réponse »

Dans la rue, mais plus dans les statistiques
Retourner n’est pas une option pour la famille. L’Ambassade de Syrie n’a pas voulu fournir les papiers nécessaires. La mère des enfants a contacté son frère en Syrie pour qu’il les aide. « Mais mon oncle n’ose pas », dit Biharbîn, « il ne veut pas mettre en danger ma tante et mes cousins. Il peut avoir des graves problèmes à cause de nous ». L’expulsion est impossible, comme pour beaucoup d’autres réfugiés. Le mois de janvier, ils sont mis à la rue: les ados, leurs parents et leur petite sœur Jînê de 7 ans. Toujours aux Pays-Bas mais plus dans les statistiques et c’est ça qui compte : cinq personnes en moins sur le grand total de 26.000 ‘déboutés’. Pour le moment ils habitent une petite chambre auprès d’une fondation caritative.
L’ancien dépôt de l’OTAN respire la gloire passée : bâtiments écaillés, des mauvaises herbes partout. Le haut grillage, des gardiens et l’obligation de se présenter deux fois par jour rappellent encore au passé militaire. Dans une petite cuisine de la baraque qu’elle habite avec son mari et leurs quatre enfants, Achlam, une Palestinienne du Liban, prépare des galettes salées. Sa petite fille de neuf ans pique mon cahier. « Je m’appelle Amani et je suis contente que tu sois là. Mais pour quoi tu n’as pas amené ma copine Jînê ? », écrit-elle sans faute. Après 5 ans, la famille a enfin obtenu son statut de réfugié.

Famille en menottes
« Nous étions en fin de nos droits d’asile », raconte Achlam, « et l’IND nous a renvoyés au Maroc. Comment ça, renvoyé ? Je ne suis pas marocaine. » Les autorités marocaines renvoyaient la famille tout de suite aux Pays-Bas. « Nous avons obtenu notre permis de séjour, parce qu’on ne savait pas quoi faire avec nous. » Le permis est issu pour 5 ans, mais peut être révoqué à chaque moment.
D’habitude on reste 9 semaines dans le centre avant être envoyé en prison - les familles – enfants inclus - dans le « bateau-prison » de Rotterdam et les célibataires en prison Ter Apel. L’IND assure que ce sont que des personnes qui ne collaborent pas à leur retour où ceux avec des antécédents criminels qui sont incarcérés. « Ah bon ? » réagit Biharbîn violemment « Ils ont envoyé toute une famille en prison à Rotterdam. Dans une camionnette à barreaux. Tout le monde en menottes, même le petit garçon de deux ans. Explique-moi quels sont ses antécédents criminels à lui! »
« Tu sais, Ibrahim est en taule », dit Amani sans sourciller, comme si c’était la chose la plus normale au monde. Pourtant, Ibrahim, un Kurde syrien âgé de 30 ans, était le grand ami des enfants. C’était lui qui organisait la manifestation à laquelle tous les habitants du campement participaient. « On a beaucoup bossé » dit Mehdi, « on a fait des banderoles et tout » Biharbîn interrompt : « On avait un permis de la mairie. Nous avions placé les petits à la tête du cortège, pour que les habitants voient qu’il y a aussi des enfants dans le centre. Mais avant la ville, la police en cheval nous a arrêté. Mais on avait le droit de manifester. Ils n’oseraient pas faire pareil avec des néerlandais, j’en suis sûre ! » La petite Jînê interrompre : « Le cheval avait peur, il se cabrait. » « Pff », réagit Mehdi, « Pas possible ! Les chevaux de police sont super bien entraînés. » « Shht ! » dit Biharbîn. Rien de cette histoire n’est paru dans les journaux. La police a bien étouffé l’affaire en bloquant toutes les rues autour de Ter Apel.

Aller-simple en taule
Je rends visite à Ibrahim. Pas de droit d’amener des magazines ou de la nourriture, ni même des cigarettes. « Nous les coupons en petits bouts pour voir s’il y a de la contrebande dedans » déclare le gardien. Les morceaux seront mis de côté pour Ibrahim pour quand il sort de la prison. On n’est pas bien méchant.
Le détecteur de métaux se déclenche trois fois. Je dois laisser mes chaussures, ma ceinture et la monnaie que je portais pour au moins pouvoir offrir Ibrahim un café de l’automatique. Deux portes en métal qui s’ouvrent une à la fois séparent l’entrée de la salle de visite. Ibrahim n’est pas du tout le costaud qu’on m’a décrit. Il a un regard terne. Ses mains tremblent sans cesse. Trois mois enfermé ici l’ont brisé. « Je n’ai même pas volé un seul bonbon dans ma vie. Pourtant, je suis ici. » Ibrahim ne sait pas ce qui va lui arriver ou quand. L’IND n’a pas pu obtenir son laisser-passer, mais a eu la gentillesse de transmettre le dossier d’Ibrahim à l’ambassade de Syrie et a même donné la permission au personnel de l’ambassade de l’interroger. Ibrahim est sûr que retourner en Syrie signifie un aller-simple en taule. «Demander l’asile est considéré comme trahison dans mon pays. »
Faire une demande d’asile - ou même se trouver sur sol néerlandais sans les papier nécessaires - n’est pas un crime selon la loi néerlandaise. Pourtant, les déboutés sont traités de la même façon que les criminels dans l’établissement. Promenade d’une heure par jour, enfermé à partir de 17 heures, le dimanche à 15 heures. « Les criminels ont même plus de droits que nous. », dit Ibrahim, « Eux, au moins savent quand ils sortiront d’ici. »Ibrahim raconte l’histoire de son voisin. « Il était malade et hurlait et tapait sur la porte, complètement paniqué. Personne n’est venu le voir, le gardien a du penser qu’il faisait exprès, pour l’embêter. Le lendemain on l’a trouvé mort. Il était diabètique. » Mais est-ce qu’il n’y a pas de médecin ? « Si, mais il ne prescrit que du paracétamol. Dépressif ? Paracétamol ! Diabète ? Paracétamol ! Tu t’es coupé un jambe ? Paracétamol !» Ibrahim rit sans joie.

« Tu aurais du épouser une Afghane »
Ibrahim est devenu amer. «Si on me donnait un permis demain, je ne resterais pas. J’en ai marre de ce pays. Tu n’imagines pas la haine qui s’est accumulée ne moi. Je voulais reconstruire ma vie ici, mais là je n’en peux plus. » Hier, la jeune Biharbîn a dit la même chose. « Les gens ne veulent pas de moi. »
Le lendemain Ibrahim m’appelle: pour s’excuser de ses mots forts. J’ai du mal à lui faire comprendre que ce n’est pas à lui de s’excuser.
Je suis de retour chez Achlam qui me talonne avec des anecdotes : de Timur, un Afghane marié à une Russe, refusé dans les deux pays. « Et que dit l’IND ? T’aurais du épouser une Afghane ! » Amina, une belle palestinienne de 18 ans entre dans la baraque avec une assiette de dolmades. « Ma mère avait été convoquée pour un entretien de départ. En même temps, ma petite sœur et moi avions été arrêtées. On nous a jetées dans une camionnette de police et amenées ici. La police n’a pas pu trouver mon petit frère de 14 ans, il a disparu. A part nous, personne ne le cherche. Pour la police et l’IND, il n’est pas un enfant disparu, mais « parti pour une destination inconnue. »
Entre temps, après plus de 5 mois d’emprisonnement, Ibrahim est simplement mis à la rue. Il est toujours aux Pays-Bas, aidé par la communauté kurde. Son avocate a fait appel en déclarant que l’IND a mis la vie de Ibrahim en danger en exposant son cas aux autorités syriennes. La famille de Biharbîn a changé de foyer plusieurs fois. Elle aussi attend des nouvelles de son avocat, mais n’ose plus espérer.
Christine de Vos
http://www.minorites.org/article.php?IDA=16272

Aimez-vous Kafka ? Ou: bienvenus au service d’immigration néerlandais, par Christine de Vos

Ceci est un article original de la journaliste indépendante néerlandaise Christine de Vos, qu'elle a réécrit spécialement en français pour les lecteurs de minorites.org. Nous la remercions pour cette contribution, d'actualité ces derniers jours après la rocambolesque déchéance de la nationalité néeraldnaise et donc du mandat parlementaire de l'islamophobe Ayaan Hirsi Ali.

Les Pays-Bas, pays de longue date réputé hospitalier et human, paraît s’être métamorphosé en république bananière. Le pays est parmi ceux qui mènent la politique d’asile la plus restrictive. Des organisations pour les réfugiés, Amnesty International et Human Rights Watch décrivent la politique menée comme contraire aux traités internationaux. Dans son livre : « Er is thans geen grond… » (« à présent il n’y a pas de motif… » - une phrase souvent utilisée dans les lettres de refus adressées par le service d’immigration aux demandeurs d’asile) Maître Frans-Willem Verbaas, avocat spécialisé en affaires d’asile, décrit la situation déplorable qui règne au service de l’immigration, l’IND.
26.000 personnes qui attendent depuis des années une réponse à leur demande d’asile. C’est ce que la ministre Rita Verdonk a trouvé lors de son entrée en fonction en 2003. La ministre, déterminée de clore tous les dossiers avant Noël 2006, lança « l’opération retour » qui renforça la capacité de rétention et augmenta les expulsions. Côté entrée, elle installa une porte en fer, équipée par le service d’immigration (IND). Le but : admettre aussi peu de personnes possible.Une demande d’asile tourne déjà mal à la première interrogation. Cela est dû aux différences culturelles, aux problèmes de communication et à des facteurs psychiques, selon une étude de l’université de Nijmegen. L’IND impute ses obstacles entièrement au caractère douteux du demandeur d’asile et rejette la demande. Cela ne doit pas surprendre. L'aspiration à une politique stricte mène à une culture axée sur la nécessité de trouver des arguments pour rejeter les demandes d’asile. Les fonctionnaires de l’IND ont l’air de douter de toute histoire par définition. Jusqu'à l’absurde on rabat les oreilles des demandeurs d’asile des numéros de vols et de la couleur de l’uniforme de l’hôtesse de l’air. De petites lacunes dans la chronologie du récit sont reprochées aux demandeurs. Malgré le rapport d’un expert qui dit que de telles erreurs sont normales, surtout quand il s’agit des événements de grande importance, rien n’est trop fort pour refuser une demande d’asile. A un Irakien de 94 ans qui a pris quelques jours pour se reprendre après son arrivée aux Pays-Bas il a été reproché de ne pas s’être présenté tout de suite. Un demandeur d’asile mineur et seul de 4 ans s’est vu reprocher de ne pas porter de pièce d’identité, ce qui rendait son histoire « d'une crédibilité douteuse ».

Rapports douteux
Cette méthode d’appréciation kafkaïenne ne touche pas uniquement aux interrogatoires mais aussi à l’appréciation de la situation dans les pays d’origine. La tendance est à qualifier un pays comme étant ‘en sécurité’ beaucoup plus tôt qu’on ne le faisait avant. Le gouvernement n’a pas la patience d’attendre l’avènement d’une certaine stabilité politique dans un pays avant d’y renvoyer des gens. Cette appréciation est uniquement basée sur les rapports du ministère de affaires étrangères, qui sont établis en concertation avec… l’IND ! Guère étonnant que les rapports sont dès lors bien plus optimistes que ceux d’Amnesty International et du Haut Commissariat des nations-Unies aux Réfugiés (HCR), qui ne jouent plus aucun rôle dans la détermination de la politique d’asile néerlandaise.
Les personnes issue des petits clans de Somalie, qui n’ont pas les moyens militaires de se protéger, sont considérées par Amnesty et l’HCR comme des réfugiés aux termes de la Convention de Genève. Ils sont en danger dans toute la Somalie. Selon le ministère des affaires étrangères par contre, ils peuvent s’installer sans risque dans le nord-est du pays. Pareil pour les Tchétchènes, qui sont supposés s’installer n’importe où dans la Fédération de Russie en dehors de la Tchétchénie, ce qui selon Amnesty et l’HCR est absolument injustifiable.Une autre inquiétude est le nombre de refus prononcés dans le cadre de la procédure dite de 48 heures, ou « procédure AC ». Cette procédure existe depuis 1994, quand des touristes d’Europe de l’Est utilisaient la procédure de demande d’asile politique pour passer des vacances pas chères aux Pays-Bas. Le but de cette procédure était de prononcer rapidement des décisions de refus dans ces cas-là, et dans d’autres dossiers manifestement voués à l'échec. La pratique nous apprend cependant que la procédure AC sert aussi à refuser des demandes sérieuses et complexes. Un Libyen a vu son dossier refusé bien qu’il soit évident qu’il ait été torturé et bien que la Libye a une réputation méritée de cruauté. Dans un autre cas, l’avocat a fermement déconseillé la procédure AC, car la demanderesse était probablement traumatisée à cause d’un viol et après avoir assisté à l’exécution de sa mère. L’interrogatoire a quand même eu lieu. Le fonctionnaire n’a même pas voulu l’interrompre quand la femme indiquait avoir le tournis. La décision de refus lui a été remise en mains propres à l’issue de l’interrogatoire quand le tournis s’est développé en crise épileptique, la femme étant ensuite emmenée à l’hôpital en ambulance.

« Sobre mais juste »
On pourrait croire que si la politique de l’IND est plus stricte, les tribunaux seraient devenus plus critiques. C’est plutôt l’inverse qui est vrai. Depuis une nouvelle loi de 2001, le Conseil d'Etat est compétent en matière de recours contentieux. L’institution est connue comme étant extrêmement rigide et se montre indifférente vis-à-vis des dommages collatéraux de la politique de l’IND. Un recours d’une Iranienne qui avait gardé le silence sur son viol commis par les services secrets, par peur d’être repoussée par son mari, a ainsi été rejeté. Elle aurait dû le mentionner avant. Tant pis aussi pour la petite fille qui a omis de mentionner qu’à son retour en Somalie elle subirait l’excision de son clitoris.Les résultats de cette politique qualifiée par le ministre“sévères mais juste” sont là. Le nombre de demandes baisse depuis des années. Certains tamils ont disparu après leur retour à Sri Lanka. Cinq Kurdes expulsés ont été torturés par la police Turc. Deux sont morts dans des circonstances louches. Une Somalienne est tombé enceinte de son violeur à son retour.
Où est la justice dans tout ça ?
Christine de Vos
http://www.minorites.org/article.php?IDA=16271

mardi 16 mai 2006

Le VVD et ses allochtones

Le scandale Ayaan Hirsi Ali/Magan (son vrai nom) enfle et va bientôt atteindre son paroxisme. A vue de pif je dirais qu'elle va se faire inviter par une université américaine et s'illustrer au sein du lobby straussien conservateur. On verra.
La vraie question, qui m'obsède depuis plusieurs années, est la manière d'agir du VVD vis-à-vis de ses allochtones. Depuis qu'Hirsi Ali est une des stars du parti libéral, j'annonce, à la grande incrédulité de mes interlocuteurs, qu'une fois bien utilisée, Hirsi Ali sera jetée par le VVD sans autre forme de procès, et sera remplacée par un(e) autre allochtone-alibi. C'est arrivé avant avec Oussama Cherribi (désormais aux Etats-Unis, tiens, tiens), Patricia Remak (Leefbaar ZuidOost, moins bien, donc) et Laetitia Griffith (aucune nouvelle), il n'y a pas de raison que le scénario ne se répète pas. Mes seules questions étaient: quand, en comment?
Quand, on le sait: dès maintenant. Rita Verdonk se profile en tête de liste et ne veut pas s'embarrasser d'une Hirsi Ali de plus en plus incontrôlable et qui perd la tête (on me raconte des histoires croustillantes sur les monologues délirants de la dame à la Chambre). Comment? Probablement à travers un petit scandale bien monté (alors que le VVD connaît tout cela depuis des années) résultant en une neutralisation en beauté: on ne vire pas aussi facilement Hirsi Ali, qui a fait la "une" des journaux du monde entier et a été proposée pour le prix Nobel de la paix, que les discrets Cherribi ou Remak.
Après on viendra me dire que le VVD est le parti de l'émancipation individuelle. C'est peut-être vrai, mais uniquement pour les blancs riches, c'est évident.

Un article dans Libé aujourd'hui: http://www.liberation.fr/page.php?Article=382302

dimanche 14 mai 2006

Promouvoir la diversité sur le lieu de travail est profitable aux entreprises

Éditorial de Philippe de Buck, secrétaire général de l’UNICE (Union des confédérationsdes industries et des employeurs d’Europe)

L’Europe est aujourd’hui confrontée à une situation difficile. La mondialisation, l’immigration et l’élargissement de l’UE ont suscité des craintes chez les Européens. Le non de la France et des Pays-Bas lors des référendums organisés l’année dernière a révélé le manque de confiance des citoyens dans l’UE. L’UE étant un projet ouvert, l’intégration est une nécessité. Si l’Union souhaite relever avec succès le défi d’une intégration accrue, elle doit mettre l’accent sur l’élimination des obstacles à la croissance et à la création d’emplois.
Trois grandes raisons ont motivé les entreprises qui se sont activement engagées dans des politiques de diversité sur le lieu de travail. En premier lieu, «la diversité est profitable aux entreprises»: disposer d’une main-d’oeuvre diversifiée et exploiter pleinement les talents des travailleurs permet aux entreprises de maximiser les investissements, de conquérir de nouveaux marchés et de présenter un visage plus attrayant aux consommateurs. Deuxièmement, «la diversité est politiquement correcte »: la discrimination fondée sur le genre, l’origine ethnique, la religion, la nationalité, etc. est inacceptable.
Troisièmement, «la diversité est notre devoir»: les employeurs sont légalement tenus d’éviter toute discrimination sur le lieu de travail. Les exemples cités aux pages 8-11 de cette lettre d’information témoignent des avantages des politiques de la diversité pour les entreprises. En sa qualité de partenaire social, l’UNICE (Union des confédérations des industries et des employeurs d’Europe) s’est associée à une série de projets visant à promouvoir la diversité dans les entreprises. Afin de guider les employeurs et les travailleurs d’Europe et d’échanger de bonnes pratiques, les partenaires sociaux européens ont adopté en 2003 une déclaration sur la promotion de l’accès à l’emploi des personnes handicapées. Ils ont également adopté, en mars 2005, un cadre d’action sur l’égalité entre les hommes et les femmes. Les partenaires sociaux préparent àprésent une déclaration relative à la lutte contre le racisme et la xénophobie sur le lieu de travail. D’une manière générale, l’UNICE considère favorablement la stratégie-cadre de la Commissionpour la non-discrimination et l’égalité des chances pour tous, publiée en juin 2005. Nous estimons toutefois que les mesures en matière d’égalité entre les femmes et les hommes doivent être totalement intégrées dans cette stratégie- cadre, au lieu de faire l’objet d’une politique distincte. Nous pensons aussi que, d’un point de vue législatif, l’accent doit être placé essentiellement sur la mise en oeuvre des obligations et des droits existants, plutôt que sur l’analyse de la faisabilité de nouvelles lois.
L’UNICE soutient pleinement les efforts de sensibilisation et de promotion des bonnes pratiques de la Commission. Faire de 2007 l’«Année européenne de l’égalité des chances pour tous» peut contribuer utilement à la réalisation de cet objectif. La diversité de la société européenne apparaît de plus en plus comme une réalité. Pour porter ses fruits, cette stratégie d’égalité des chances doit être intégrée dans la stratégie de croissance et d’emploi de l’UE. Seule une telle approche pourra permettre l’acceptation des politiques d’égalité des chances et leur efficacité sur le terrain.
Source:
http://europa.eu.int/comm/employment_social/fundamental_rights/pdf/pubst/nl5_06_fr.pdf
Lien: http://www.minorites.org/article.php?IDA=16225

samedi 13 mai 2006

Dehors ou pas?

Dans ma rue en ce moment, la question qui est posée est: Ayaan Hirsi Ali (telle qu'elle s'appelle donc officiellement), elle doit être virée ou pas? Pleins d'une joie furieuse, la plupart des gens avec qui je parle hurlent qu'il faut la renvoyer en Afrique, car elle a menti.
Je ne sais pas. Je trouve que déchoir quelqu'un de sa nationalité après tellement d'années et le/la renvoyer dans son pays d'origine est loin de faire honneur au pays d'accueil. D'accord, mentir c'est mal, mais bon, il y a pire, non? Voler des milliards, ce n'est pas pire? Je trouve que Taïda Pasić doit rester car elle est devenue une vraie Néerlandaise et fait honneur aux Pays-Bas en passant son bac. Ses parents en menti, c'est dommage, mais bon, pas mal de gens au gouvernement ont menti aussi, on ne leur retire pas leur nationalité pour autant. L'idée que ceux qui sont nés néerlandais peuvent mentir, voire voler, sans problème, mais que ceux qui n'y sont pas nés sont en liberté surveillée me met mal à l'aise. Virer des gens et les déchoir comme ça juste pour appliquer à la lettre les règles de Verdonk, ça ne me dit rien qui vaille...
Par ailleurs, Ayaan Hirsi Ali a, bien malgré elle, servi les Pays-Bas. A travers la façon dont elle a été exploitée par une droite réactionnaire qui adorait croire son histoire de pauvre femme mariée de force (d'après Het Parool ce n'est pas le cas du tout) et fuyant l'islamisme intégrisme (elle venait en fait du Kenya où cela ne posait pas problème, et même dans son pays d'origine elle ne risquait nullement un meutre d'honneur), elle a montré que les limites de la décence pouvaient être franchies par beaucoup de politiciens. Elle a montré aux Pays-Bas en quoi la droite et d'extrême-droite consistait vraiment: des cyniques prêts à croire n'importe quoi et promouvoir la nouvelle Jeanne d'Arc noire pour bouter les islamistes hors du continent pour raffler des voix.
Ayaan Hirsi Ali devrait rester pour humilier Verdonk et ses amis: elle est une imposture, quoi eux-même sont des imposteurs.