.

mercredi 28 novembre 2007

Après Théo van Gogh et Ayaan Hirsi Ali, c'est au tour de Geert Wilders de devenir "cinéaste"

Déjà le fait que Theo van Gogh soit désormais présenté comme "cinéaste" me posait des problèmes (il a fait des films, certes; j'ai fait des pâtes, est-ce que cela fait de moi un chef?), mais maintenant c'est au tour du populistissime Geert Wilders de vouloir se faire de la pub facile, avec, vous l'aurez compris, le projet d'un film. Surprise, il portera sur... l'Islam.
Panique à La Haye, déjà soulagés que le coup des caricatures ait eu lieu au Danemark et pas ici, mais où on sent que ça va chauffer avec le nouveau hobby de Geert. Sa passion pour le septième art est aussi ancienne que son islamophobie est subtile, c'est dire, et l'on sent que le seul but c'est se faire mousser, cracher sur les arabes et jouer à la victime, pas léguer une œuvre grandiose à l'humanité. La vanité de ces politiciens investis d'une mission et qui pensent qu'ils peuvent tout faire me laisse pantois.

J'imagine déjà le prochain épisode: monter un resto trois étoiles uniquement avec des recettes au porc et au chien, lancer un spectacle de trapézistes néo-classique avec des femmes voilées mais seins-nus, créer une chorégraphie avant-gardiste avec des versets du Coran enveloppés d'ironie, et pourquoi pas une exposition caligraphique en arabe avec des insultes au prophètes.
Wilders, héros du nouvel individualisme xénophobe sans limites, symptôme d'une élite arrogante et ignorante ou juste cas psychiatrique? Vos réponses par email.

Dans la presse néerlandaise:
Le Telegraaf annonce à la une un « film provocateur de Wilders ». « L’émotion est grande dans les milieux gouvernementaux », explique le journal populaire, « à l’annonce des projets de film de Geert Wilders. Le leader du PVV prépare dans la plus grande discrétion un téléfilm provocateur sur le Coran, qui doit paraître sur les écrans à la fin du mois de janvier. (...) Ce film est une mise en accusation du Coran. Des extrait du livre sacré des musulmans seront présentés devant la caméra dans un style comparable à celui de ’Submission’. Ce film de Théo Van Gogh avait provoqué une réaction de colère dans les milieux musulmans ; son réalisateur a été assassiné en 2004 par un musulman radical peu avant sa sortie. Wilders accepte de confirmer qu’il prépare un film dans lequel le Coran occupe une place centrale.
‘Dans mon film, cela conduit à quelque chose’, précise l’homme politique, qui refuse de révéler si par exemple il déchire un Coran : ‘Je ne veux rien dire, il faudra aller voir mon film’. Les projets cinématographiques de Wilders préoccupent vivement le gouvernement. En plus de problèmes de sécurité dans notre pays, celui-ci pourrait également déclencher des réactions néerlandophobes dans les pays musulmans. Les trois ministères concernés - affaires étrangères, justice et intérieur - en discutent avec Wilders. Le coordinateur national pour le terrorisme, Tjibbe Joustra, est impliqué dans les entretiens. Un porte-parole de la Justice fait savoir que ‘le gouvernement met tout en œuvre pour se préparer à une discussion subite et violente à l’intérieur comme à l’extérieur’. Wilders a déclaré dans le passé que les musulmans devraient déchirer la moitié du Coran s’ils voulaient rester aux pays-Bas ; il a également comparé le livre à ‘Mein Kampf’. Le leader du PVV est en discussion avec une chaîne de télévision pour diffuser son film ; il envisage également d’utiliser le temps d’émission réservé aux partis politiques pour le diffuser ».


Hommes politiques « investis d’une mission » Le Trouw est d’avis que « les hommes politiques investis d’une mission ne durent jamais longtemps ». « Un parti politique en bonne santé est composé de gens enthousiastes qui veulent imprimer leur marque à la société. A l’intérieur de chaque parti, il y a même une catégorie particulière, souvent modeste, de gens dont l’enthousiasme surpasse celui de leurs collègues - ce sont les politiciens investis d’une mission personnelle. Si tout se passe bien, ils représentent un plus pour leur parti .... mais parfois, ils dépassent les bornes, et ils laissent derrière eux un parti abasourdi ou dans certains cas soulagé. (...) Au PvdA, depuis la radiation d’Esfan Jami, le calme est revenu (...) Mais il resurgira quelque part, parce que les politiciens qui se sentent investis d’une mission ont tendance à changer de parti. Cela fut le cas d’Ayaan Hirsi Ali, qui après un bref passage au PvdA fut accueillie à bras ouverts par le VVD. A ses yeux, le VVD ne représentait qu’un podium, a-t-elle répété à plusieurs reprises, pour faire connaître ses idées et ses propositions sur l’Islam et l’injustice faite aux femmes. Elle ne s’intéressait pas au message libéral en général.
Hirsi Ali est devenue l’une des femmes les plus influentes du monde (selon Time Magazine), mais aux Pays-Bas, son rôle semble terminé. Le VVD bénéficie d’une solide expérience en terme de politiciens à forte personnalité. Dans deux cas, Geert Wilders et Rita Verdonk, la mission ne s’est révélée, comme pour Paul sur le chemin de Damas, que lorsqu’ils ont commencé à jouer un rôle politique actif. Wilders avait au VVD la réputation d’un ambitieux péroxydé avec des opinions tranchées sur la politique étrangère et la WAO (incapacité de travail). Son opposition à l’entrée de la Turquie dans l’UE a provoqué son exclusion du parti. Ce n’est qu’après cela qu’il s’est senti porté par une mission contre l’Islam. Rita Verdonk n’a vu la lumière que lorsque dans ses fonctions de ministre, les sondages ont montré qu’elle jouissait d’une grande popularité et qu’elle a reçu d’énormes sacs de courrier. Verdonk a laissé derrière elle un parti déchiré, qui avait déjà été fortement secoué par le passage de Wilders et d’Hirsi Ali.
Il est indéniable que Pim Fortuyn compte parmi les plus grands dans le domaine des personnes convaincues de détenir la clef en or qui permettra de résoudre les problèmes de la société. Fortuyn est allé frapper à la porte de la plupart des partis, mais tous l’ont refusé, et il a fini par créer son propre parti. Le CDA n’a pas non plus été épargné : on se rappelle encore le cas de Jacques de Milliano, le visage de Médecins sans Frontières dans les années quatre vingt dix. Son engagement au sein du CDA, parti conservateur, a été une source d’étonnement pour tout le monde, et l’on n’était pas encore revenu de sa stupéfaction qu’il avait déjà claqué la porte à cause d’une politique d’asile qu’il jugeait trop inhumaine. Il a annoncé par la suite qu’il comptait fonder son propre mouvement, mais il y a finalement renoncé ».

http://www.ambafrance.nl/article.php?id_article=9093