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vendredi 9 novembre 2007

Expats de luxe

Amsterdam veut faire partie des "topsteden", les villes qui comptent dans le monde. On des dadas de l'échevin travailliste Lodewijk Asscher est d'attirer les gens superthunés en espérant qu'ils lâcheront des miettes dont nous pourrons profiter. Un des publics-cible est constitué d'expatriés de luxe, gagnant plus de 4000 euros (net, par personne): si on arrive à les attirer, se dit-il, ça va trop le faire. Il y a donc des projets de privilèges spéciaux pour ces gens, avec des fonctionnaires anglophones qui les suivent personnellement et s'assurent que toutes ces taxes et ces ennuis administratifs ne leurs sont pas imposés. En gros du personnel servile payé par tous pour les plus riches.
Je pense que non seulement Asscher ne se rend pas compte de ce qu'il veut, mais qu'en plus il se trompe de cible. Au lieu de proposer ces fonctionnaires serviables et une simplification à quelques personnes, pourquoi ne pas le proposer à tous? Pourquoi des privilèges? Pourquoi ne pas organiser une administration serviable et efficace? Pourquoi ne pas simplifier l'accueil des gens quels qu'ils soient? Je trouve sympa de le faire pour les expats thunés, mais pourquoi en priver les autres? Pour un travailliste, je trouve cette façon de penser scandaleuse.
La question de son groupe cible me pose aussi des problèmes. La plupart des expats qui sont superpayés travaillent dans la finance (bonjour la créativité!) et ne restent pas. Ils sont de passage. Contribution nette à la vie amstellodamoise (à part le shopping, l'explosion de l'immobilier de luxe et l'emploi de larbins): zéro. Le groupe qu'il faudrait attirer, câjoler et retenir, ce sont les classes moyennes créatives, ces Européens et Américains (mais pas seulement!) qui n'ont pas des salaires de folie mais qui créent beaucoup, participent à la vie sociale des quartiers, qui aimeraient éventuellement créer leur business, participer à la politique et qui se marient souvent en dehors de leur groupe national. Ce sont eux qui apprennent le néerlandais et ne se contentent pas de cracher des ordres en anglais au petit personnel. Mais cela voudrait dire revoir de fond en comble pas mal de choses, dont la politique de logements (soit des logements sociaux réservés aux autochtones vu les listes d'attentes, soit un achat quasiment impossible, soit la sous-location illégale, soit la soumission aux bailleurs privés abusifs), la politesse administrative (qui reste à inventer) et l'hostilité et la xénophobie croissante des indigènes. Sans revenir sur les théorie des classes créatives, quand on voit comment les allochtones sont traités, le niveau des services et la folie spéculative et parasitaire du "marché" de l'immobilier, ça n'encourage pas les expats à venir s'installer ici.
Mais ça, pour Asscher, c'est probablement beaucoup plus de travail que l'octroi de privilèges à quelques happy few et la mise à disposition de fonctionnaires serviles.