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dimanche 17 juin 2007

Tondus à la libération?

Ce ouiquenne, ma fraction était en "ouiquenne de fraction" à Noordwijk aan Zee (Quartier Septentrional sur Mer, en bon français). On a parlé de l'année écoulée et de ce qu'on devait entreprendre dans l'année qui vient. J'ai discuté avec quelques collègues et on a parlé de plusieurs sujets différents, des plus superficiels aux plus sérieux. Depuis, j'éprouve un certain malaise sur le démantèlement de l'Etat-providence et la privatisation des services publics: j'ai l'impression que je suis obligé de collaborer à quelque chose qui s'annonce catastrophique. Après avoir commencé à privatiser le système de santé (on en mesurera les conséquences réelles dans 20 ans), on est en train de démanteler le système de logements sociaux en les privatisant complètement et en augmentant activement la ségrégation sociale. On est en train de planifier la privatisation du système d'éducation, et la mise au pas des pauvres et des étrangers. A notre petit niveau, on ne fait que réparer quelques conséquences néfastes de cette politique, mais aussi faciliter certains processus d'appropriation des biens communs par des groupes particuliers, à travers une pseudo-neutralité vraiment irritante.

Cette politique ne correspond en rien à la volonté de notre électorat, ni de la majorité des Néerlandais. On est en train d'aider des groupes à mettre la main sur les richesses nationales au nom d'une idéologie qui n'est basée sur aucune réalité tangible. Quand on voit qu'on se base sur les expériences anglaises ou américaines pour privatiser les transports ou la santé (et quand on connaît les résultats dans les deux pays), je me dis qu'on est en train non seulement de se moquer du monde, mais en plus d'être dans un déni inouï.
J'en ai parlé avec Leena, une copine anthropologue finlandaise, en me disant qu'elle me dirait que j'avais tort dans mon analyse. Pas du tout. On était complètement synchrones sur la question, ce qui n'a fait que renforcer mes scrupules.

Ce n'est pas tout: j'ai l'impression que beaucoup dans mon parti ne voient pas le problème.
Ce qui m'inquiète, c'est que seuls la Christen Unie et le SP semblent s'en préoccuper, et pas les travaillistes, à part deux ou trois collègues classés à gauche. Je suis devenu membre du parti parce que l'idée de réformer le pays en protégeant la cohésion sociale me paraissait essentielle, et là je me demande si je ne suis pas en train de devenir, de facto, un collaborateur d'un régime néo-libéral violemment-anti-classes-moyennes. Et à part un horrible sentiment de culpabilité, que va-t-il nous arriver? Va-t-on être tondus à la libération?