.

lundi 23 octobre 2006

Moins de communes, moins de corruption?

Alors qu'en France les communes sont toujours au nombre d'environ 36.000, aux Pays-Bas elles ne sont déjà plus que 460: 1 600 habitants par commune en moyenne en France contre 34 700 aux Pays-Bas. Mais on est encore loin du compte: le ministre Remkes (justice) veut que les communes de moins de 20 000 habitants fusionnent avec leurs voisines ayant entre 20 000 et 50 000 habitants, pour pouvoir offrir des services comparables à ceux offerts par les plus grandes communes à leurs habitants (voir l'article du Volkskrant).
Il faut savoir que les différences ne s'arrêtent pas là: le maire est nommé par "la couronne" (c'est en fait un processus politique assez complexe), et les échevins (adjoints) sont élus par un conseil municipal élu à la proportionnelle. Enfin, il ya désormais "dualisme", c'est à dire une différence de fonctionnement entre l'organe d'exécution (les administrations communales avec, à leur tête, des échevins élus) et l'organe de contrôle et donneur d'ordre: le Conseil municipal. L'idée est de renforcer le contrôle des échevins et éviter le copinage politique.
Chez nous, dans le Vieux Sud, ça marche pour l'instant assez bien, même si la majorité a tendance à se ranger derrière ses échevins. C'est normal, c'est nous qui les avons élus.

Y a-t-il meilleure gestion et moins de corruption? C'est difficile à dire. C'est vrai que la corruption et le copinage sont endémiques en France, surtout à cause du fait que les maires français ont parfois beaucoup de pouvoir sans contre-pouvoir efficace. Il y a de la corruption aux Pays-Bas, aussi dans la police et l'administration, même si on en parle peu. Je pense cependant que le système néerlandais est beaucoup plus transparent, incite plus au contrôle démocratique et décourrage structurellement la corruption beaucoup plus efficacement que dans le système français.
Je ne suis pas spécialiste de la question, mais n'y a-t-il pas une taille citique au-delà de laquelle une administration est trop importante et bureaucratique pour être contrôlée et à l'abri de la corruption? Quand on compare les administrations de la ville centrale d'Amsterdam avec celles des arrondissement, on est frappé par la bureaucratie, l'inefficacité et le degré de corruption qui règne dans le chaos de la ville centrale, alors que les arrondissements (entre 40 000 et 90 000 habitants) ne fonctionnent pas si mal. Grosse commune ne veut donc pas nécessairement dire efficacité accrue...

Enfin, en ce moment sévit une discussion assez intense à propos de la réforme des arrondissements amstellodamois: le maire et les échevins de la ville centrale veulent réduire le pouvoir des arrondissement et centraliser les décisions le plus possible. Au nom de l'efficacité, bien sûr, pas au nom de l'envie d'accroître leur pouvoir (même si c'est, je pense, la vraie raison). Je m'en inquiète, car dans les faits c'est plus de bureaucratie, plus de distance avec les habitants (c'est dire!), et surtout moins de contrôle démocratique.
Vu les erreurs et le manque de responsabilité constatés dans les administrations de la ville centrale, qui ont parfois coûté des dizaines de millions d'euros, je pense que la ville ne peut pas se permettre d'avoir encore moins de contrôle et de contre-pouvoirs. Cela ralentit certes certains processus, mais cela évite surtout les grosses bourdes.