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dimanche 28 mai 2006

Jean-Marie et Rita

Je viens de lire sur le weblog allochtone (http://allochtonen.web-log.nl/allochtonen/2006/05/slogan_verdonk_.html) que la presse vient de découvrir que le slogan de Rita Verdonk "je suis ni de gauche, ni de droite, je vais tout droit" (Ik ben niet links, niet rechts, maar rechtdoorzee) est inspiré par les ultra-nationalistes de l'Alliance Nationale (NA).
Le manque de culture des journalistes néerlandais me sidère. C'est un thème classique des fascistes et des ultra-nationalistes que de dire qu'ils ne sont ni de gauche, ni de droite, mais, remplir selon votre formule du moment: pour la France, pour la liberté, pour la Révolution nationale, tout droit... Soit la presse kreukreu créée l'événement artificiellement en lâchant ses infos au compte-goûte, soit les journalistes l'ignoraient vraiment, et c'est encore plus triste.
Il est temps que les Pays-Bas se réveillent: Rita Verdonk est une ultra-nationaliste d'extrême-droite, avec une technique sémantique (phrases courtes et faciles à retenir, slogans vides mais bien populistes, pseudo-dogmes donnant l'illusion de la cohérence), une attitude (grande gueule qui dit ce que le peuple pense, même si ça choque les élites) et un programme (xénophobie, préférence nationale, libéralisme de droite) directement inspirés de Jean-Marie Le Pen.
Les Pays-Bas se normalisent et vont probablement accorder entre 10 et 20% des votes à l'extrême-droite, comme dans les autres pays européen. A la limite, c'est rassurant. Ce qui me pose problème, c'est que cette extrême-droite nationaliste et populiste se trouve au sein d'un parti de droite classique (on dit aussi "gouvernementale"): non seulement cela légitime les idées d'extrême-droite, mais cela aide aussi à les propager. Le VVD devra donc choisir s'ils deviennent un parti d'extrême-droite (avec une chance moindre de faire partie d'une coalition), ou s'ils veulent abandonner Verdonk et ses amis à une nouvelle formation. L'expérience française me fait pencher pour la seconde solution: à jouer avec l'extrême-droite, la droite gouvernementale se coupe du centre et légitime des idées que les électeurs préfèrent soutenir chez ses auteurs. Comme dit Le Pen lui-même, les électeurs préfèrent l'original à la copie. A long terme, s'allier avec l'extrême-droite pour capter quelques sièges de plus coûtera au VVD sa place dans les coalitions, et probablement son existance de parti gouvernemental de droite.
Mais les dirigeants du VVD ont-ils le même niveau de culture politique que les journalistes? Dans ce cas, il se peut qu'ils soient tentés d'aller à la soupe sans comprendre ce qui, dans un futur pas si lointain que ça, risque de leur arriver. Disparaître.