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jeudi 30 mars 2006

Pourquoi la diversité?

J'ai pas mal de gens qui me posent des questions sur la diversité dans les organisations, en particulier en politique. Je vais donc essayer de résumer les raisons pour lesquelles, selon moi, la diversité est essentielle.

- Tout d'abord, en politique. On pense souvent qu'il faut élire de bons techniciens pour s'assurer une certaine efficacité. On oublie que la plupart des autorités, locales comme nationales, ont à leur disposition des fonctionnaires, souvent techniquement très calés. On ne demande donc pas aux hommes et femmes politiques de maîtriser tous les dossiers (surtout avant d'être élus), mais de représenter le peuple. Le peuple est divers et varié. Si on accepte désormais qu'il faut au moins une petite moitié de femmes, je pense que bientôt on réalisera qu'il en va de même pour les autres identités. En résumé: les élus ne sont pas là pour monter des dossiers techniques (rôle souvent monopolisé par les hommes blancs, pour résumer un peu vite), mais pour représenter le peuple dans sa diversité.

- Ensuite, il y a la limitation des risques. C'est un thème de plus en plus porteur, et ce n'est pas pour rien. Quand on examine les catastrophes du Crédit Lyonnais (20 milliards à payer par le contribuable), Enron, Ahold, ou même les ennuis des gouvernements Bush ou Villepin, on voit qu'il s'agit souvent d'un dérapage collectif de gens qui pensent de façon identique. Issus des mêmes écoles, de la même classe sociale. La diversité est une forme d'assurance contre les dérapages collectifs. Je ne peux pas vous assurer qu'un directoire diversifié sera fabuleux, mais je peux vous assurer que les chances de catastrophe sont moindres qu'avec un directoire homogène.
Beaucoup de sociologues et d'économistes analysent les problèmes décisonnels en France (réformes délirantes, manque de réformes, corruption, clientélisme, copinage, pantouflages) comme étant le résultat de la domination d'une classe dirigeante (souvent issue des mêmes grandes écoles et des mêmes classes sociales) qui n'est jamais remise en cause et questionnée en interne.

- Enfin, il s'agit finalement de déterminer quel est le meilleur moyen de s'approcher du bien commun. L'objectivité n'existe pas. Ceux qui se proclament objectifs sont soit très aveugles, soit très menteurs. Personne ne peut échapper à une certaine forme de subjectivité. Lorsqu'une assemblée est homogène, ce qui pourrait, en d'autres circonstances, être vu comme de l'ethnocentrisme ou de la subjectivité, a tout de suite l'air de l'unanimité, et donne l'impression d'avoir réalisé le bien commun. Dans une assemblée diversifié, le mélange des subjectivités assure que la subjectivité des uns ne soit pas perçue comme quelque chose d'universel, et cela permet justement de s'approcher de façon plus efficace du bien commun.
Il ne s'agit pas de clientélisme ou de lobbyisme effréné (cela peut arriver, regardez ce qui se passe en Irak!), mais de polyphonie. En tant que femme, qu'homo, que jeune, vieux ou allochtone, mec riche ou mère célibataire, la réalité n'est pas la même. Au début, c'est plus dur de prendre des décisons, mais à long terme cela assure, je pense, que l'on s'approche du bien commun (en soulignant "commun").