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vendredi 17 mars 2006

Chantal Goya est-elle de droite?

Il y a quelques jours, je me suis réveillé avec la mélodie d'une chanson que j'écoutais quand j'étais petit: "ce matin un lapin a tué un chasseur...". Et oui, ceux qui ont grandi en France reconnaîtront Chantal Goya. Comme j'ai un nièce d'un an et que les bonnes choses sont meilleures quand elles sont partagées, j'ai acheté son Best Of en ligne, sur iTunes. Avec, en prime, des remix bien vulgaires, la dame étant redevenue cool auprès des homos branchés dans la trentaine rigolant comme des débiles en dansant sur "Bécassine" ou "voulez-vous dansez Grand-mère".
La première chose qui m'a frappé à l'écoute de son album, c'est que si les paroles sont pour la plupart assez débiles, les arrangements sont magnifiques. On a droit à un orchestre aux cordes luxuriantes et à des envolées de violons vraiment fabuleuses. Bon, c'est vrai, Madame Goya ne chante pas dans le rythme et a besoin d'un choeur de moufflets pour soutenir sa frêle voix, mais franchement son arrangeur n'a pas à rougir, 30 ans après.

C'est en écoutant les paroles un peu plus attentivement que j'ai vraiment commencé à me poser des questions. Ca m'a pris avec "Bécassine", l'histoire d'une bretonne idiote et raciste, avec d'énormes joues roses et une propention à avoir des joies simples et infantiles. Cela correspond assez bien à l'image que les Parisiens avaient des Bretons à l'époque. On est en plein contexte colonial: un physique monstrueux, un intellect assez faible, et des joies d'enfant.
Ensuite, "Adieu les jolis foulards", une chanson sur une institutrice postée en Martinique et qui est rappelée par la métropole. On y parle de punitions, des foulards et d'école assimilatrice. "Souvenez-vous de l'histoire de Napoléon...".
C'est alors que je me suis rappelé ce que des copains d'école m'avaient un jour dit. Alors que ma mère insistait sur le fait que les chansons d'Anne Sylvestre étaient mieux (une chanteuse pour enfants très "éducation nationale"), mes copains d'écoles disaient que Chantal Goya représentait "la vraie France". Sous-entendu, vu le quartier prolo où j'étais, qu'elle était de droite, alors qu'Anne Sylvestre était une affreuse gauchiste.

Alors que Chantal Goya m'a procuré mes premiers émois musicaux (avec le recul, c'était justifié), Anne Sylvestre m'a fait comprendre l'humour, l'ironie et l'absurdité. Comme quoi, les enfants font leur shopping artistique comme ils l'entendent, quoiqu'en pensent leur parents. Dans mon cas : Chantal Goya pour les violons discoïdes, Anne Sylvestre pour les paroles absurdes, Casimir et son gloubiboulga pour les fabuleuses recettes de cuisine (voir http://www.casimirland.com/casimirland/gloubi-boulga/index.php pour la recette originale).