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dimanche 8 janvier 2006

Amsterdam adopte une ligne de conduite énergique

Article trouvé dans Libération
http://www.liberation.com/page.php?Article=349659

Pollution. Un plan d'action pour la qualité de l'air sera lancé en février.
par Sabine CESSOU /
QUOTIDIEN : samedi 07 janvier 2006

Interdiction de tout véhicule diesel en ville, transport de marchandises par tramway, introduction de bus à hydrogène, filtres obligatoires, circulation à sens unique sur les grandes artères... La mairie d'Amsterdam met la dernière main à un train de mesures drastiques, qui entrera en vigueur en février. Objectif : réduire les émissions de dioxine d'azote (NO2) et de particules fines, pour faire respecter, avant 2010, les normes européennes sur la pollution atmosphérique.
L'une des 44 mesures du plan d'action consiste à réduire la vitesse à 80 km/h sur le boulevard périphérique, emprunté chaque jour par 200 000 véhicules. La capitale économique des Pays-Bas, qui compte 750 000 habitants, s'apprête aussi à réduire la zone géographique couverte par les permis de stationnement délivrés aux riverains moyennant finances. En les empêchant de prendre leur voiture pour se garer à cinq ou six rues de chez eux, Amsterdam veut les pousser à faire leurs courses à vélo ou à pied. Avec des parcmètres qui avalent entre 2 et 4 euros par heure de stationnement dans la journée, la mesure a des chances de produire les résultats escomptés.
Inventaire. Déjà, dans les années 90, une politique de circulation restreinte a fait chuter le trafic de 25 % à Amsterdam, alors qu'il a augmenté de 60 % partout ailleurs dans le pays. «Nous ne sommes pas contre les voitures, précise Hester Maij, la maire adjointe d'Amsterdam en charge de l'environnement. Mais nous ne voulons pas en arriver aux extrêmes connus à Londres, où les automobilistes sont contraints de payer pour se rendre en centre-ville.» C'est plutôt par l'accumulation de «petites» mesures complémentaires que la ville-musée voudrait mieux respirer.
Avant de préparer son plan, Amsterdam a mesuré la pollution sur ses grands axes et à chaque carrefour. Ses services ont ensuite fait l'inventaire de toutes les mesures imaginables, ne jetant au panier que les moins politiquement correctes. «Une centrale nucléaire nous aurait beaucoup aidés, affirme Hester Maij, mais cette solution aurait provoqué un tollé. En revanche, réduire le nombre de vieilles voitures polluantes en circulation, c'est très populaire.» Soumis, entre octobre et novembre, à six semaines de débat public, le plan d'action pour la qualité de l'air n'a guère fait de vagues. En cours d'analyse, la centaine de réactions reçue par la mairie y paraît plutôt favorable. D'autres idées ont même été émises, comme le remplacement des Peugeot 607 réservées aux officiels de la mairie par des voitures hybrides. Quant aux 20 000 fonctionnaires de la ville, ils n'ont pas protesté contre ces leçons de «conduite économique».
La fermeté d'Amsterdam s'inscrit dans le droit fil d'une politique nationale sourcilleuse en matière d'environnement. Prises très au sérieux à La Haye, les directives de Bruxelles sur la qualité de l'air agacent au plus haut point les entreprises de BTP. En novembre, les organisations patronales ont exigé une législation d'urgence pour contourner les obstacles imposés par l'Union européenne. La qualité de l'air entrave en effet bien des projets de construction, de routes comme de nouveaux logements. Aux Pays-Bas, une quarantaine de procès sont en cours sur ces dossiers.
Puce. Depuis plusieurs années, le gouvernement s'emploie par ailleurs à dissuader l'usage des voitures. Dans un pays trop petit pour la taille de son parc automobile, les autoroutes sont constamment engorgées. Ceux qui préfèrent prendre le volant plutôt que les transports en commun en sont pour leurs frais : environ 100 euros de taxe auto mensuelle. Cet impôt sera facturé au kilomètre, d'ici à 2012, grâce à l'installation d'une puce sur chaque moteur.
En quête de résultats, le gouvernement s'est lancé l'an dernier dans une politique active de subventions au filtre à carbone. A partir d'avril, tous ceux qui l'installeront sur un véhicule diesel construit entre 1995 et 2004 auront droit à un virement de 400 euros du Trésor public. Une subvention de 600 euros est déjà versée depuis juin 2005 aux propriétaires de diesel neuves. «En Europe du Nord, nous avons de sérieux problèmes de pollution, résume Harry Van Bergen, un ingénieur d'Amsterdam. Il ne faut pas l'oublier : les Pays-Bas sont situés au coeur d'une vaste zone industrielle qui va d'Anvers à Dresden, en passant par Rotterdam.»