.

mercredi 28 décembre 2005

Système éducatif français en crise

Ce qui est bien en France, malgré tout, c'est qu'il y a des discussions de qualité. Toujours à la radio, BFM je crois, toujours en voiture... sur le système éducatif français. Est interrogé un homme qui a écrit un livre sur le sujet, qui reprend en gros les théories de Bourdieu sur la reproduction des élites, mais en donnant des exemples concrets et contemporains.
Selon lui, le système scolaire français s'est perverti dans la recherche d'une excellence élitiste. le problème n'est pas la qualité de l'enseignement, mais la nature de la sélection, et son but. Loin d'émanciper, l'école aggrave les clivages sociaux. Un élève très bon ne s'en sortira socialement que si ses parents ont les capitaux sociaux en rapport: ils lui offriront des cours particuliers, des séjours linguistiques, des compétences culturelles et sociales que l'école n'apporte pas, et surtout une connaissance du système éducatif. Le choix des options, des langues, des orientations est en effet essentiel. Un élève excellent mais avec des parents d'une classe sociale inférieure n'aura quasiment aucune chance de monter l'échelle sociale. Quand à tous les autres, qui ne sont ni excellents, ni soutenus par des parents déjà bien placés, le système les a abondonnés, tout en les humiliant.
Cette analyse correspond parfaitement à ce que j'ai pu voir sur le terrain. Et lorsqu'on imagine un système différent, la micro-élite cooptée dont les études ont été prises en charge par tous (je rappelle que la plupart des grandes écoles sont gratuites alors que la mixité sociale y est quasiment nulle) nous ressort son blabla égalitariste et "l'école républicaine".
En fait il s'agit d'un problème plus général qui touche l'Europe et les Etats-Unis, mais la France est clairement un des modèles les plus élitistes et aristicratiques. C'est justement parce que c'est devenu tellement aristocratique qu'on nous bassine de "républicain" à tout bout de champs. Rappelez vous des démocratie populaires qui ne sont ni démocratiques ni populaires: plus on parle de quelque chose, moins c'est vrai.

Les Pays-Bas? Et bien la sélection scolaire à 11 ans me paraît trop tôt pour ne pas être une sélection sociale, mais à la différence du système français, échouer une fois ne vous condamne pas à vie: il est toujours possible de remonter la filière, même si on a été un ado turbulant. Pas de peine de mort donc, heureusement.
Par contre, l'éducation de base m'y paraît faible: les connaissances générales (qui certes ne vous donnent pas un travail mais vous élèvent l'esprit) y sont un peu faibles, en particulier l'histoire et la connaissance de la langue.
Une dernière chose qui frappe quand on vient des Pays-Bas: les écoles françaises ressemblent à des prisons. Des murs de 3 mètres de haut, des grillages, des portes blindées. A quand le mirador? On en a parlé avec des amis: on a eu beaucoup de profs complètement fous, dictatoriaux, qui tiraient les oreilles, humiliaient les Noirs et les Arabes, hurlaient sans raison et donnaient des notes pour punir. La place de telles personnes est-elle auprès des enfants? En quoi leur tyranie nous a émancipés? Le côté totalitaire est d'autant plus intolérable qu'elles n'ont plus aucune fonction d'émancipation, au contraire. Ces humiliations n'ont servi qu'à nous rappeler que seuls les élus, les bien nés, ont mérité. Doit-on s'étonner que des écoles aient brûlé lors des émeutes?