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lundi 19 décembre 2005

NS/SNCF: Deux modes d'organisation °

Aujourd'hui j'ai parlé des structures d'organisations avec un homme qui connaît bien le terrain des chemins de fer. Il peut comparer NS (Chemins de fers néerlandais, privatisés mais en monopole) et la SNCF. Les deux compagnies sont confrontées au mêmes symptômes: prix en augmentation mais aussi des retards et paralysies totales.
Dans le cas français, il s'agit d'une organisation centralisée et autoritaire, contrôlée par des ingénieurs de très haut niveau. Le système est très intellectualisé et rationnalisé, mais la discussion avec la base, en particulier les cheminots, est très mauvaise et engendre de nombreuses grèves paralysantes.
Dans le cas de NS, il s'agit d'un système paritaire où les plannificateurs du réseau et les cheminots discutent régulièrement, il y a donc peu de grèves. Mais personne ne maîtrise le système d'aiguillage et les adaptations ou les changements ont ds conséquences catastrophiques: en cas de retard d'un train, c'est tout le système qui est ralenti. Le train de B à C ne peut pas partir tant que le conducteur du train, qui est auparavant chargé du voyage de A à B, n'est pas arrivé. Ensuite, le créneau est passé et il faut attendre un autre créneau. Comme le système est de type "bus" (plusieurs lignes différentes passent sur les mêmes rails), si une route est encombrée, ce sont plusieurs lignes différentes qui sont touchées. L'effet domino est parfois inévitable, et certains jours le pays est quasiment paralysé.
En France, l'organisation est plus de type "métro": chaque ligne a ses propres rails, et donc un problème sur une ligne n'affecte pas les autres lignes. La France pourrait introduire un peu de souplesse dans l'organisation sociale pour éviter les grèves, mais les Néerlandais pourraient apprendre des Français le recours à l'expertise en ingénieurie de haut vol pour éviter l'encombrement d'un réseau très dense.

Thalys, qui rassemble en une seule compagnie, privée mais en monopole, les deux compagnies (ainsi que les chemins de fer belges) accumule un peu des désavantages de tous les systèmes: dialogue social très médiocre, planification nulle, service inexistant, arrogance et inefficacité de certains agents, et retards infinis. En gros, Thalys, c'est le pire de chaque culture d'entreprise nationale, ajouté au pire du monopole étatique (faible efficacité) et du monopole capitaliste (prix abusifs).