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mercredi 26 octobre 2005

Roi, empereur, dictateur, président... queen °

Mardi j'ai eu la chance de visiter le Sénat, aussi appelé Palais du Luxembourg. Je ne vais pas vous refaire la visite, mais disons que l'expression "les ors républicains" s'applique extrêmement bien au lieu, surtout au pluriel. Il y a de quoi renflouer le Brésil et la dette fédérale américaine en vendant deux ou trois lustres.
Ce qui m'a frappé le plus, c'est le sens presque obscène de la continuité étatique: Napoléon II au plafond, le Ier et le III un peu partout, Saint Louis en peinture, buste et médaillon dans chaque pièce, Louis XIV de pied et de profil, la table qu'a touché de Gaulle, le siège de Napoléon, les graffitis de Mitterand... Tout cela se mélange d'une façon assez étrange.
Le guide nous a raconté que les 'RF' un peu stricts correspondent au prévisible 'République Française', mais que les 'RF' plus stylisés se rapportent au 'Roi de France'. Et ils sont partout.

Un truc qui m'a rendu assez fier, c'est que les fonctionnaires et les gardes républicains ne sont pas tous blancs: la France multicolore est vaguement représentée. C'est bête mais ça m'a touché.
J'ai aussi compris le sens de l'expression "un train de sénateur": doucement, richement, luxueusement. Courir au Sénat c'est comme jouer au ping-pong avec des oeufs Fabergé: un terrible fashion faux-pas, comme disent les Amerloques.
Alors que les constitutions changent, que les présidents succèdent aux dictateurs, aux empereurs et aux rois, le Sénat survit, rajoute des salles, des styles et remet une couche de dorures. Il a survécu l'occupation allemande, à de Gaulle et à la Vème République, il survivra la VIème. Probablement mon queenat dictatorial et multicolore, l'arrivée d'espèces extra-terrestres spermophiles hystéropodes et le nouvel album de Depeche Mode (que Lewis appelle 'depressed mode').
Une visite virtuelle: http://www.senat.fr/visite/visit.htm