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samedi 15 janvier 2005

Une élite nullissime en danger? °

Voilà une réflexion fascinante qui recoupe largement ce que je pense et écris sur le pays depuis quelques temps, en particulier sur la nullité de l'élite politique et intellectuelle... A lire, pour ceux qui lisent le Kreukreu: "Babylon in Aanbouw" de James Kennedy, où il explique que l'élite hollandaise traditionnelle est moderniste par nécessité plus que par conviction (même si elle est convaincue de cette nécessité): si elle devient incapable de s'adapter à la modernisation de son peuple, elle sera remplacée par une nouvelle élite. Et pas forcément aussi convaincue du bien commun qu'elle-même. C'est ce que l'on voit avec la nouvelle garde du VVD, les monstres égocentriques de feu la LPF et du nouveau mouvement de Wilders...
Extraits rassemblés par le service de presse de l'ambassade de France ( http://www.ambafrance-nl.org/article.php?id_article=5414 )...

"La Maison de Thorbecke est sur le point de s’effondrer", titre le Volkskrant en page d’opinion, au-dessus d’une grande tribune du sondeur Maurice de Hond. "Le système politique néerlandais semble avoir bien surmonté le choc provoqué par deux meurtres politiques. Mais les apparences sont trompeuses, estime Maurice de Hond."
"Je suis convaincu que dans l’avenir on placera la montée et la mort de Fortuyn, de même que le meurtre de Van Gogh, dans un contexte plus large : la crise du système démocratique néerlandais datant de 1848. Et je ne serai pas étonné si ce système change radicalement d’ici dix ans, de gré ou de force - la deuxième option me paraissant plus probable."
"L’électorat de 2005 est totalement différent de l’électorat d’il y a cinquante ans. Il est nettement plus instruit et dispose de beaucoup plus de sources d’information. Il ne fait plus automatiquement et aveuglément confiance au leader d’un parti. L’électeur actuel est aussi beaucoup moins unidimensionnel dans ses convictions. Il peut simultanément lire le Telegraaf, être membre de la KRO [organisation de radiotélédiffusion catholique] et voter SP. Un électeur peut adopter par rapport à tel sujet une position correspondant à celle de GroenLinks et adopter celle du VVD dans une autre question."
"Mais le système politique est toujours identique à celui d’il y a cinquante ans. Les électeurs votent pour un parti une fois tous les quatre ans. Et les élus de ce parti considèrent qu’ils sont mandatés pour faire pendant quatre ans des choix pratiquement autonomes. Je me suis de nouveau rendu compte que le jugement des électeurs ne joue guère de rôle dans l’intervalle, lorsqu’à l’occasion de conférences données à divers groupes de la Deuxième Chambre j’ai demandé aux députés s’ils se servaient parfois de sondages effectués auprès de leurs propres électeurs. Il est apparu qu’ils ne le font presque jamais." "Nous touchons là à la cause du fossé entre la politique et les citoyens. Les citoyens ont évolué, mais on les traite toujours comme les électeurs de la société cloisonnée d’avant la Deuxième guerre mondiale. Cela apparaît par exemple de façon gênante dans le débat sur les formes d’influence directe des citoyens sur le processus politique, comme l’élection des maires et du premier ministre, ou l’organisation d’un référendum correctif. On avance toutes sortes d’arguments tendant à prouver qu’on ne peut pas confier ces choix aux citoyens."
"En fait, les politiques disent qu’ils n’ont pas confiance dans les citoyens. Or c’est précisément l’essence du problème, car qui ne fait pas confiance n’inspire pas confiance ! Notre système administratif tout entier respire le ’manque de confiance’. La manière dont l’administration et les services publics sont organisés témoigne également de cette mentalité."
"Beaucoup de politiques et de faiseurs d’opinion veulent faire accroire que ce manque de confiance dans la politique est un phénomène temporaire, lié à certaines personnes ou tendances et qu’on peut regagner cette confiance en se mettant un peu plus ’à l’écoute des gens’, ou en ’expliquant mieux’ les objectifs. Je pense plutôt qu’il s’agit d’un problème structurel qui comporte de grands risques pour la démocratie." "L’histoire montre que quand les détenteurs du pouvoir n’apportent pas de changements de leur propre gré, des circonstances externes (on peut par exemple penser à un grand attentat terroriste) peuvent amener le peuple à imposer des changements. Mais le processus peut alors être beaucoup plus difficile à contrôler, avec tous les risques que cela comporte."