Je pense que les politiques sous-estiment un problème démographique qui va avoir des conséquences dramatiques pour le pays. Tout le monde pense que le pays est plein. Il suffit de regarder une carte pour se rendre compte que ce n'est pas vrai. Bob v/d Bijl, un ami plannologue, m'a montré un livre où sont représentées, en rouge, à échelle constante, les plus grandes villes du monde. La Randstad fait pitié, avec ses petites taches rouges. Ce qui rend un pays invivable, ce n'est pas la densité (sa densité est bien plus faible que celle de la région parisienne ou de la Ruhr, par exemple), mais l'incapacité à vivre ensemble. Quand on regarde certaines villes africaines, qui avec plusieurs millions d'habitants ne représentent qu'une petite tache rouge, on se rend compte que le problème n'est pas physique, mais mental. Beaucoup de gens veulent une vie campagnarde à la ville, c'est ridicule. Vivre ensemble, cela s'apprend. Les Néerlandais auraient-ils perdu l'art de vivre ensemble?
Par ailleurs, si autant de Néerlandais partent, ce n'est pas un bon signe: si les autochtones s'en vont, comment attirer des allochtones pour les remplacer, et se débrouiller pour qu'ils restent et fassent des enfants? Ces enfants seront-ils vus comme Néerlandais ou devront-ils, comme Taïda Pasić, être renvoyés dans un pays d'origine imaginaire? Bref, il est temps qu'on aborde la question dans une discussion franche et démocratique.
Dans la presse néerlandaise: Plusieurs quotidiens font mention des nouvelles statistiques présentées hier par le Centraal Bureau voor de Statistiek (CBS), qui montrent que 121 000 Néerlandais ont émigré en 2005, un record historique. Le nombre d’immigrants a atteint 92 000 l’an dernier. Les Pays-Bas ont ainsi l’émigration nette la plus élevée d’Europe. Depuis 2003, il y a plus d’émigrés que d’immigrants aux Pays-Bas et la tendance ne semble pas devoir se renverser dans un proche avenir. Durant le premier trimestre 2006, 29 000 personnes ont quitté les Pays-Bas, 5 000 de plus que durant la même période l’année dernière. Les principales destinations sont la Belgique et l’Allemagne (NRC Handelsblad d’hier soir p.3, de Volkskrant p.3, De Telegraaf p.9).
A noter, dans ce contexte, que les universités et les entreprises se plaignent amèrement des difficultés que rencontrent les étrangers qui sollicitent un permis de séjour pour étudier ou travailler aux Pays-Bas. Et la récente "vague xénophobe" qui a déferlé sur les Pays-Bas, après Pim Fortuyn, n’encourage pas les étrangers de formation supérieure à y venir (de Volkskrant p.3).
Lien: http://www.ambafrance-nl.org/article.php?id_article=7265