Depuis la chute du gouvernement de Balkenende, les commentaires se suivent et ne se ressemblent pas forcément. Avant même que le gouvernement tombe, j'ai lu le commentaire de Bart Tromp (mon ancien prof à l'UvA) qui soulignait que les deux protagonistes de toute l'affaire, Rita Verdonk et Ayaan Hirsi Ali, se sont toutes deux illustrées par leur manque de vision politique, leur incompétence, leur incapacité à mener un projet à son but, et surtout leur manque d'expérience politique. Ce n'est pas un hasard non plus qu'il y a peu, ni l'une ni l'autre n'était membre du VVD: on ne peut pas dire qu'elles se sont illustrées par une montée lente et impressionnante au sein du système politique néerlandais (condition, selon moi, pour en connaître le fonctionnement, qu'on y adhère ou pas). Elles ont été parachutées et investies d'un pouvoir aussi soudain qu'enorme, sans jamais avoir fait la preuve de leur compétence.
Que le VVD ait laissé ces deux femmes prendre autant d'ascendant sur la politque nationale ne peut qu'indiquer quelques dysfonctionnement, les uns n'excluant pas les autres:
- un manque de leadership au sein de la droite
- une fascination malsaine pour le populisme et les grandes gueules
- une volonté de renouvellement par les femmes qui ne repose pas sur un programme à long terme (recherche des talents, éducation, épreuve du feu au niveau local, puis ministère)
- un cynisme certain?
Je suis satisfait que le D66 soit enfin parti de ce gouvernement où il n'avait rien à faire. Reste à savoir s'il y aura dissolution, et si la gauche saura en profiter...
Dans la presse néerlandaise...
"Le premier ministre Balkenende proposera aujourd’hui la démission de son gouvernement à la Reine Beatrix", écrit le Volkskrant dans son grand article à la une. "Balkenende II est tombé jeudi, après un le dénouement dramatique d’un débat d’urgence sur la nationalité d’Ayaan Hirsi Ali."
"Une grande partie de la Deuxième Chambre réclame maintenant des élections anticipées. Mais le CDA et le VVD veulent former un gouvernement minoritaire qui continuera de gouverner avec le soutien de circonstance d’autres partis. Selon ces partis il ne serait pas raisonnable d’organiser des élections après l’été, à cause du budget pour l’année prochaine et de la mission militaire en Uruzgan."
"On s’attend à ce que la Reine consulte dès aujourd’hui les présidents de groupe parlementaire sur la question de savoir ce qu’il convient de faire maintenant. Ensuite elle prendra une décision. Selon le leader de l’opposition Bos (PvdA), il n’y a qu’une possibilité : organiser des élections le plus vite possible. ’Les électeurs doivent se prononcer, de préférence dès l’automne’."
"Le D66, Rita Verdonk et Jan Peter Balkenende, trois problèmes fondamentaux qui ont toujours joué des tours au gouvernement Balkenende, ont formé cette semaine un cocktail fatal", analysent Raoul du Pré et Philippe Remarque à la une du même Volkskrant. "Tout d’abord, le petit D66 n’a jamais participé de gaieté de cœur à la coalition de centre droit. La dure politique de la ministre de l’Intégration Verdonk, surtout, déplaisait à sa base. Et la direction du parti avait un problème de crédibilité parce que la politique de rénovation administrative promise avait été abandonnée. Les dernières semaines, d’éminents membres du D66 regrettaient ouvertement de ne pas avoir fait sauter le gouvernement lors du débat sur la mission en Uruzgan, au début de l’année."
"Le deuxième problème est Rita Verdonk. Elle est considérée comme la figure de proue d’une politique dure mais consistante dont le gouvernement se réclamait volontiers. Elle est ainsi devenue la personnalité politique la plus populaire du pays, mais dans les milieux politiques haguenois cette même rectitude la rendait de plus en plus intraitable, les derniers mois. Verdonk n’aime ni les compromis, ni les hésitations et elle n’aime pas reconnaître ses torts. Ce trait de caractère a joué un grand rôle dans l’affaire Ayaan Hirsi Ali et a finalement mené à la fin de la coalition."
"La ministre de l’Intégration n’aurait jamais pu jouer son rôle sans le troisième problème, celui qui a donné son nom au gouvernement désormais démissionnaire. On loue le premier ministre Balkenende pour sa vigoureuse politique de réforme, mais le leadership, de l’avis de tous, n’est pas son point fort. En temps de crise, et il y en a eu, le manque de direction se faisait sentir. A chaque fois, les ministres et d’autres acteurs principaux se souciaient bien peu de lui. Même aux moments cruciaux de l’affaire Hirsi Ali, Balkenende a omis d’intervenir. Finalement, il a fait en pleine nuit le lapsus qui a poussé le D66 à menacer Verdonk [en reconnaissant implicitement qu’Ayaan avait subi des pressions pour signer une déclaration]. C’est ainsi qu’un gouvernement rencontrant de plus en plus de succès a glissé sur une peau de banane."
"Les Pays-Bas auront-ils un gouvernement Balkenende III ? Ce n’est pas exclu. Jeudi, après la chute du gouvernement, Balkenende, le président du groupe CDA Verhagen et le ministre de la Justice Donner semblaient partisans d’un gouvernement minoritaire avec le VVD. Les leaders VVD Rutte et Zalm sont également pour." "L’intérêt des deux partis gouvernementaux est manifeste : l’économie reprend, c’est ’l’année de récolte’ que le gouvernement attendait depuis longtemps. Le CDA et le VVD remontent dans les sondages, aux dépens du PvdA de Wouter Bos."
"L’inconvénient, c’est que la prolongation n’est possible qu’avec le ’soutien de tolérance’ de la peu stable Liste Pim Fortuyn. Après la chute de Balkenende I le CDA ne voulait plus jamais se mettre en cheville avec la LPF. L’ironie du sort veut que Balkenende ait de nouveau besoin des fortuynistes."
"Cette chute prématurée est mauvaise pour le pays", estime Kees Lunshof dans le Telegraaf (p.3). "Des dossiers importants doivent être bouclés, tels que la réorganisation de la radiotélédiffusion publique et la nouvelle loi sur la police. On attend aussi un nouveau raccord routier entre Almere et Amsterdam, de même que la Deuxième Plaine de la Meuse. Tous ces projets et bien d’autres sont maintenant en suspens."
"Le CDA et le VVD veulent tout faire pour pouvoir continuer leur politique. De préférence jusqu’au tournant de l’année, mais ils auront alors besoin du soutien d’un autre parti qui ne peut être que la LPF. Ce parti est à zéro siège dans les sondages d’opinion. Des élections anticipées en octobre sont donc la seule issue convenable."
Commentaires
"Verdonk n’a pas eu le courage de reconnaître sa propre défaillance dans cette affaire", remarque l’éditorialiste du Volkskrant. "Elle a ainsi exacerbé la relation déjà très tendue avec le D66. Cette obstination a été la cause directe de la fin prématurée de la coalition diminuée. Le premier ministre Balkenende et le vice-premier ministre Zalm, qui était de facto le leader politique du VVD, n’ont pas su contenir Verdonk. Cela les rend directement coresponsables de la chute de leur gouvernement."
"Il est amer que le gouvernement Balkenende ait sombré par manque de leadership et de perception de la délicatesse de la situation. Les divergences d’opinion politiques n’ont pas joué un rôle significatif, cette crise n’était donc pas inévitable."
"C’est justement l’attitude des ministres D66, qui auraient préféré hier après-midi continuer de gouverner comme s’il ne s’était rien passé, qui souligne que l’éclatement de la coalition était surtout un ’accident du travail’."
Le journal de centre gauche estime que "l’électorat doit maintenant avoir la possibilité d’exprimer son jugement le plus rapidement possible". "Patauger avec un gouvernement minoritaire, comme le vice-premier ministre Zalm l’a suggéré hier soir, ne fera que creuser encore davantage le fossé, déjà large, entre la classe politique et la société civile."
Le Trouw reproche au président du groupe parlementaire CDA, Verhagen, d’avoir cherché à maintenir le gouvernement en selle coûte que coûte. "Verhagen ferait mieux d’employer son énergie à expliquer pourquoi le CDA s’est associé aussi fortement au comportement hypocrite de la ministre libérale Verdonk dans la question Ayaan. C’est à juste titre que le D66, avec l’opposition et la ChristenUnie, l’a désapprouvée. C’était un casus belli par excellence, une affaire, qui en raison des valeurs fondamentales qui étaient en jeu, valait une rupture. Les chrétiens-démocrates ont trop longtemps donné l’impression qu’ils voulaient avant tout garder le pouvoir."
Le Telegraaf juge la chute du gouvernement "inutile et regrettable". "La coalition avait encore beaucoup de pain sur la planche pour être tout à fait le principal gouvernement réformateur des dernières décennies." Et le journal populaire d’énumérer les faits d’armes de Balkenende II. "La coalition, ainsi qu’il ressort des sondages, est en train de récolter ce qu’elle a semé." Le Telegraaf reconnaît cependant que "le gouvernement Balkenende II n’était pas un gouvernement plein de personnalités expérimentées et enthousiasmantes qui guidaient le peuple." "Mais c’était le gouvernement le plus idéologique des dernières décennies, un gouvernement fortement convaincu, à juste titre, qu’il était dans la bonne voie."
"Il ne reste plus qu’à organiser des élections anticipées à l’automne. Continuer de gouverner avec le soutien de la LPF, un parti moribond, n’est pas souhaitable."
Le journal d’affaires Het Financieele Dagblad parle de la "fin justifiée d’un gouvernement souvent vilipendé à tort". "La ministre Verdonk a entraîné la coalition tout entière dans l’abîme du dossier Hirsi Ali, du réchauffé journalistique qu’elle a avidement exploité durant le débat sur la direction de la liste électorale VVD. Elle n’est pas la seule à blâmer, Balkenende et le ministre Zalm étaient complices dans la dernière phase. En définitive, il faut surtout reprocher au premier ministre de n’avoir pas su éviter les chausse-trapes. Un grand manager politique s’occupe aussi des ’petits’, surtout quand la peur de l’abandon électoral et les problèmes de leadership les rendent aussi imprévisibles que le D66."
A l’inverse des organisations patronales, le journal financier ne déplore pas cette "débâcle politique". Le "très beau budget" 2007 promis par Zalm ne servait qu’à "graisser la patte" aux électeurs. "Et pour le reste ce gouvernement avait plus ou moins achevé sa tâche. L’agenda des réformes de l’accord de gouvernement est pratiquement bouclé, avec succès, les finances publiques sont en ordre et les nouveaux défis, comme le vieillissement de la population, étaient réservés au prochain gouvernement. L’agenda politique pourra être renouvelé plus tôt. Le fait que la reconnaissance des électeurs pour les services rendus soit maintenant moins évidente, Balkenende et son équipe ne le doivent qu’à eux-mêmes."
Lien: http://www.ambafrance.nl/article.php?id_article=7423
vendredi 30 juin 2006
Visite médiatique
Hier, toute la journée, une équipe de France 2 m'a suivi pour faire un reportage sur mes activités amstellodamoises, à savoir mon travail d'élu et de chercheur (la musique les a laissé froids). Ballade dans le quartier, images avec Martin le chien dans son bakfiets de luxe, interview d'un grand ponte de l'académie de police (avec engueulade au téléphone avec le service média de la police d'Amsterdam qui veut nous interdire de faire des image de quoi que ce soit sans son autorisation écrite), images à l'institut pour les tropiques lors de la conférence organisée sur la place de la diaspora marocaine au Maroc et en Europe par Al Monadara, passage au marché pour expliquer le challenge qui m'attend avec la réforme de son système d'attribution des places, et finalement arrivée en retard au conseil municipal et interview des chefs des grands partis lors de la pause. J'étais trop occupé à négocier quelque chose pour avoir pu entendre ce qu'ils ont bien pu dire sur moi. D'après Lewis et la journaliste, c'était superpositif.
On verra ce que tout cela donnera en live... a priori dans le journal de 13 heures de France 2 du 4 juillet. En ligne sur http://www.france2.fr ...
On verra ce que tout cela donnera en live... a priori dans le journal de 13 heures de France 2 du 4 juillet. En ligne sur http://www.france2.fr ...
Libellés :
Média
Le cabinet est tombé
En plein conseil municipal, message de la présidente: le gouvernement est tombé. Consternation chez les uns, joie chez les autres. Personne n'est indifférent. Qui disait que la politique néerlandaise était ennuyeuse. J'y reviens demain quand j'ai un peu lu sur le sujet...
jeudi 22 juin 2006
Il était temps: le PS s'engage pour l'égalité
France (Politique): Le PS dépose deux propositions de loi, pour le mariage et l'adoption des couples homos
Promise en pleine polémique sur le mariage d'un couple gay célébré par Noël Mamère le 5 juin 2004, la proposition de loi du Parti socialiste sur ces questions a enfin été présentée. Après un travail important au sein du parti, le député Patrick Bloche, auteur de la loi sur le Pacs, peut s'estimer content du résultat: le groupe socialiste de l'Assemblée nationale, qui comprend 142 membres et 8 apparentés, a adopté hier deux propositions de lois à une quasi-unanimité (on dénombrait trois votes contre le mariage, et quatre contre l'adoption). Aujourd'hui, jeudi 22 juin, en conférence de presse, le député socialiste, accompagnée d'Annick Lepetit et Adeline Hazan, ont expliqué leur démarche. Finalement, le PS a opté pour deux lois au lieu d'une: la première portant sur l'ouverture du mariage aux couples homosexuels, la seconde étant relative à l'adoption. Mais cette dernière réforme l'ensemble du dispositif de l'adoption, et ne porte pas uniquement sur la question du droit à adopter pour les couples homosexuels. En ce qui concerne le mariage, le libellé de l'article 144 serait le suivant: «Le mariage peut-être contracté par deux personnes de sexes différents ou de même sexe.» Rappelant que sur ces questions, il demeure «un clivage majeur entre la droite et la gauche», Patrick Bloche a expliqué à Têtu qu'était inscrite, dans l'exposé des motifs, la volonté d'ouvrir l'assistance médicale à la procréation aux couples lesbiens. «Dès lors qu'il y a un gain pour l'égalité des droits, c'est une avancée pour tous. La bataille politique est encore à faire», a souligné Annick Lepetit. Si les députés socialistes semblent résignés sur le futur agenda parlementaire – ces lois ne seront certainement pas discutées avant l'élection présidentielle –, ils se sont félicités de présenter ces textes le jour même du vote du projet socialiste par les militants. Alors que la députée UMP, Valérie Pécresse, présentait hier une proposition de loi sur la délégation de l'autorité parentale (lire Quotidien du 22 juin), l'opposition socialiste semble désormais prête à se battre dans l'hémicycle, à côté des Verts (lire Quotidien du 6 juillet 2004) et du Parti communiste français (lire Quotidien du 17 novembre 2005), pour le mariage et l'adoption des couples homosexuels.
Par Paul Parant, Emmanuelle Cosse / Copyright tetu.com
http://www.tetu.com/rubrique/infos/infos_detail.php?id_news=9733
Promise en pleine polémique sur le mariage d'un couple gay célébré par Noël Mamère le 5 juin 2004, la proposition de loi du Parti socialiste sur ces questions a enfin été présentée. Après un travail important au sein du parti, le député Patrick Bloche, auteur de la loi sur le Pacs, peut s'estimer content du résultat: le groupe socialiste de l'Assemblée nationale, qui comprend 142 membres et 8 apparentés, a adopté hier deux propositions de lois à une quasi-unanimité (on dénombrait trois votes contre le mariage, et quatre contre l'adoption). Aujourd'hui, jeudi 22 juin, en conférence de presse, le député socialiste, accompagnée d'Annick Lepetit et Adeline Hazan, ont expliqué leur démarche. Finalement, le PS a opté pour deux lois au lieu d'une: la première portant sur l'ouverture du mariage aux couples homosexuels, la seconde étant relative à l'adoption. Mais cette dernière réforme l'ensemble du dispositif de l'adoption, et ne porte pas uniquement sur la question du droit à adopter pour les couples homosexuels. En ce qui concerne le mariage, le libellé de l'article 144 serait le suivant: «Le mariage peut-être contracté par deux personnes de sexes différents ou de même sexe.» Rappelant que sur ces questions, il demeure «un clivage majeur entre la droite et la gauche», Patrick Bloche a expliqué à Têtu qu'était inscrite, dans l'exposé des motifs, la volonté d'ouvrir l'assistance médicale à la procréation aux couples lesbiens. «Dès lors qu'il y a un gain pour l'égalité des droits, c'est une avancée pour tous. La bataille politique est encore à faire», a souligné Annick Lepetit. Si les députés socialistes semblent résignés sur le futur agenda parlementaire – ces lois ne seront certainement pas discutées avant l'élection présidentielle –, ils se sont félicités de présenter ces textes le jour même du vote du projet socialiste par les militants. Alors que la députée UMP, Valérie Pécresse, présentait hier une proposition de loi sur la délégation de l'autorité parentale (lire Quotidien du 22 juin), l'opposition socialiste semble désormais prête à se battre dans l'hémicycle, à côté des Verts (lire Quotidien du 6 juillet 2004) et du Parti communiste français (lire Quotidien du 17 novembre 2005), pour le mariage et l'adoption des couples homosexuels.
Par Paul Parant, Emmanuelle Cosse / Copyright tetu.com
http://www.tetu.com/rubrique/infos/infos_detail.php?id_news=9733
mardi 20 juin 2006
CFE: bravo Tanguy
Après des élections très très mouvementées (je vous raconterai les détails plus tard, quand tout se sera un peu calmé), Tanguy Le Breton et sa liste trans-partite a été élu représentant des Pays-Bas au Conseil des Français de l'étranger. Je suis très content pour plusieurs raisons:
- Tanguy est un mec bien qui a pleins d'idées et, sans préjuger de la qualité personnelle des autres candidats, qui représente la nouvelle génération de Français émancipés et assez critique vis-à-vis des institutions françaises
- Son programme est sérieux, dépasse les clivages partisans, et s'engage dans des voies ignorées jusque là, en particulier le rôle des Français aux Pays-Bas, leur relation au pays d'accueil et leur intégration (et oui, il va falloir en parler un jour, de cette intégration!)
- Les deux autres candidates ont repris des modes de pensées français, avec des programmes correspondant à peine aux réalités politiques françaises d'aujourd'hui, en encore moins à celle des Français des Pays-Bas. Etre de gauche ou de droite ne suffit plus pour provoquer une adhésion, il faut aussi une vision concrète de son rôle dépassant la guéguerre PS-UMP.
- Tanguy est un mec bien qui a pleins d'idées et, sans préjuger de la qualité personnelle des autres candidats, qui représente la nouvelle génération de Français émancipés et assez critique vis-à-vis des institutions françaises
- Son programme est sérieux, dépasse les clivages partisans, et s'engage dans des voies ignorées jusque là, en particulier le rôle des Français aux Pays-Bas, leur relation au pays d'accueil et leur intégration (et oui, il va falloir en parler un jour, de cette intégration!)
- Les deux autres candidates ont repris des modes de pensées français, avec des programmes correspondant à peine aux réalités politiques françaises d'aujourd'hui, en encore moins à celle des Français des Pays-Bas. Etre de gauche ou de droite ne suffit plus pour provoquer une adhésion, il faut aussi une vision concrète de son rôle dépassant la guéguerre PS-UMP.
La religion du prince?
Le niveau des discussions à propos du rôle de l'Etat vis-à-vis des religions aux Pays-Bas est vraiment affligeant. Que le ministre de la justice se sente obligé de rappeler que ce n'est pas à l'Etat d'imposer une religion à ses citoyens me paraît un peu too much en 2006, non?
Dans la presse néerlandaise: "Selon le ministre CDA de la Justice, Donner, l’Etat n’a pas pour tâche de protéger les valeurs judéo-chrétiennes de notre société", rapporte le Trouw à la une. "Ceux qui le réclament le plus fort vont rarement à l’église eux-mêmes, raille Donner dans la nouvelle édition des Christen Democratische Verkenningen [prospectives chrétiennes-démocrates]. Le livre ’Zonder geloof geen democratie’ [sans foi pas de démocratie] paraîtra jeudi."
"Des députés comme Geert Wilders appellent depuis quelques années à imposer aux immigrés la culture judéo-chrétienne. Le premier ministre Balkenende, il y a trois ans, voulait que la Constitution européenne fasse référence à la culture judéo-chrétienne. Donner écrit maintenant à ce sujet : ’Dans leurs mains la foi chrétienne devient un instrument d’exclusion et cela n’a jamais été le but de la foi. La religion devient alors une sorte de test d’intégration sur la base de la Paix d’Augsbourg (cujus regio ejus religio). Celle-ci n’a pas empêché les guerres de religion à l’époque et elle les suscitera encore plus fort maintenant’."
"Le ministre chrétien-démocrate estime que l’Etat ne doit pas se mêler de manifestations religieuses, car il risque de devenir totalitaire et d’imposer aux citoyens la religion dominante. Donner estime qu’il incombe aux citoyens eux-mêmes de coopérer et de se respecter mutuellement, sur la base de l’égalité. ’Nous ne devons pas imposer à l’Etat une spiritualité, une éthique ou une autorité morale. Nous avons la société civile pour cela, dans toute sa diversité idéologique’."
Lien: http://www.ambafrance.nl/article.php?id_article=7397
Dans la presse néerlandaise: "Selon le ministre CDA de la Justice, Donner, l’Etat n’a pas pour tâche de protéger les valeurs judéo-chrétiennes de notre société", rapporte le Trouw à la une. "Ceux qui le réclament le plus fort vont rarement à l’église eux-mêmes, raille Donner dans la nouvelle édition des Christen Democratische Verkenningen [prospectives chrétiennes-démocrates]. Le livre ’Zonder geloof geen democratie’ [sans foi pas de démocratie] paraîtra jeudi."
"Des députés comme Geert Wilders appellent depuis quelques années à imposer aux immigrés la culture judéo-chrétienne. Le premier ministre Balkenende, il y a trois ans, voulait que la Constitution européenne fasse référence à la culture judéo-chrétienne. Donner écrit maintenant à ce sujet : ’Dans leurs mains la foi chrétienne devient un instrument d’exclusion et cela n’a jamais été le but de la foi. La religion devient alors une sorte de test d’intégration sur la base de la Paix d’Augsbourg (cujus regio ejus religio). Celle-ci n’a pas empêché les guerres de religion à l’époque et elle les suscitera encore plus fort maintenant’."
"Le ministre chrétien-démocrate estime que l’Etat ne doit pas se mêler de manifestations religieuses, car il risque de devenir totalitaire et d’imposer aux citoyens la religion dominante. Donner estime qu’il incombe aux citoyens eux-mêmes de coopérer et de se respecter mutuellement, sur la base de l’égalité. ’Nous ne devons pas imposer à l’Etat une spiritualité, une éthique ou une autorité morale. Nous avons la société civile pour cela, dans toute sa diversité idéologique’."
Lien: http://www.ambafrance.nl/article.php?id_article=7397
dimanche 18 juin 2006
La colonisation par le sexe
Un des thèmes classiques de dénigrement du colonisé est sa sexualité. Les Anglais trouvaient que les Irlandais ne se maîtrisaient pas sexuellement et faisaient trop d'enfants. La France fantasmait sur des harems peuplés de femmes muettes et offertes aux perversions du sultan. Les Noirs seraient affublés de membres énormes et d'une énergie animale qu'il reviendrait au Blanc de canaliser par Jésus et un travail physique éreintant. Il n'y a pas longtemps, un amie chinoise a légitimé la colonisation du Tibet en indiquant que l'arrivée des Chinois avait apporté une natalité contrôlée et le port de sous-vêtements. Plus au Nord, l'échangisme esquimau affolait la société danoise et légitimait colonisation, christianisation et destruction de la famille traditionnelle inuit.
En 2006, les thèmes ont varié mais le fond n'a pas changé. Alors que la France rabâche le thème des viols collectifs ("tournantes") par des jeunes Maghrébins sexuellement insatiables (Laurent Mucchielli a montré qu'il s'agissait essentiellement d'une création médiatique), les Pays-Bas s'émoustillent avec le concept de "Loverboy": un mélange de maquereau classique, de xénophobie de père de famille et des relents racistes envers les jeunes hommes maghrébins on antillais, auxquels les jeunes filles bien sages ne sauraient résister.
Le criminologue néerlandais Frank Bovenkerk (je l'ai eu comme prof à Utrecht) montre qu'il s'agit d'un fantasme: il s'agit, selon lui, du reflet de la panique des parents vis-à-vis de la cuture du sexe des jeunes. Comme quoi, les grands classiques ne changent pas.
Loverboys bestaan helemaal niet.
Het zijn gewoon pooiers, met als enig verschil dat ze allochtoon zijn en meisjes uit alle milieus meepikken." Dat stelt criminoloog Frank Bovenkerk; volgens hem zegt de overweldigende paniek over dit fenomeen meer over de angst van ouders voor de sekscultuur bij jongeren. Bovenkerk heeft uitgebreid onderzoek gedaan en er een boek over geschreven: 'Loverboys', dat het hele bestaan van deze donkere adonissen ontkracht.
Begin 2000 werd ons wijsgemaakt dat loverboys jongens van Marokkaanse of Antilliaanse afkomst zijn, die door middel van gelddruk onwetende meisjes de prostitutie indreven. Sindsdien is er een hetze ontstaan die zich de afgelopen zes jaar over alle media heeft verspreid; de kranten stonden er bol van, geen enkel discussieprogramma werd ontzien. Vanuit het volk rees één stem op: er móést iets aan gedaan worden.
Bovenkerk is zelf op pad gegaan en tot de conclusie gekomen dat het verschijnsel ontzettend overdreven is. Hulpverleners wisten altijd in geuren en kleuren te vertellen hoe een loverboy te werk ging en wat voor meisjes hij oppikte. Zelden konden zij echter concrete gevallen of aantallen noemen. Degenen met de flitsende wagens voor school waren eenvoudigweg familieleden. In het ergste geval waren het drugsdealers, die weer heel andere bedoelingen hebben dan een loverboy heeft.
De paniek werd volgens de criminoloog veroorzaakt door de veranderende sekscultuur bij jongeren en de invloed van internet en televisie die daarop inspeelt. Daarnaast is er de Amerikaanse hiphop-scene, met allerlei videoclips waarin schaarsgeklede meisje voor dames van lichte zeden moeten doorgaan. Gettocultuur, aldus Bovenkerk, die elke puber in Nederland bereikt heeft en overal wordt nagedaan.
Bron: Fok / http://allochtonen.web-log.nl/allochtonen/2006/06/loverboys_besta.html
En 2006, les thèmes ont varié mais le fond n'a pas changé. Alors que la France rabâche le thème des viols collectifs ("tournantes") par des jeunes Maghrébins sexuellement insatiables (Laurent Mucchielli a montré qu'il s'agissait essentiellement d'une création médiatique), les Pays-Bas s'émoustillent avec le concept de "Loverboy": un mélange de maquereau classique, de xénophobie de père de famille et des relents racistes envers les jeunes hommes maghrébins on antillais, auxquels les jeunes filles bien sages ne sauraient résister.
Le criminologue néerlandais Frank Bovenkerk (je l'ai eu comme prof à Utrecht) montre qu'il s'agit d'un fantasme: il s'agit, selon lui, du reflet de la panique des parents vis-à-vis de la cuture du sexe des jeunes. Comme quoi, les grands classiques ne changent pas.
Loverboys bestaan helemaal niet.
Het zijn gewoon pooiers, met als enig verschil dat ze allochtoon zijn en meisjes uit alle milieus meepikken." Dat stelt criminoloog Frank Bovenkerk; volgens hem zegt de overweldigende paniek over dit fenomeen meer over de angst van ouders voor de sekscultuur bij jongeren. Bovenkerk heeft uitgebreid onderzoek gedaan en er een boek over geschreven: 'Loverboys', dat het hele bestaan van deze donkere adonissen ontkracht.
Begin 2000 werd ons wijsgemaakt dat loverboys jongens van Marokkaanse of Antilliaanse afkomst zijn, die door middel van gelddruk onwetende meisjes de prostitutie indreven. Sindsdien is er een hetze ontstaan die zich de afgelopen zes jaar over alle media heeft verspreid; de kranten stonden er bol van, geen enkel discussieprogramma werd ontzien. Vanuit het volk rees één stem op: er móést iets aan gedaan worden.
Bovenkerk is zelf op pad gegaan en tot de conclusie gekomen dat het verschijnsel ontzettend overdreven is. Hulpverleners wisten altijd in geuren en kleuren te vertellen hoe een loverboy te werk ging en wat voor meisjes hij oppikte. Zelden konden zij echter concrete gevallen of aantallen noemen. Degenen met de flitsende wagens voor school waren eenvoudigweg familieleden. In het ergste geval waren het drugsdealers, die weer heel andere bedoelingen hebben dan een loverboy heeft.
De paniek werd volgens de criminoloog veroorzaakt door de veranderende sekscultuur bij jongeren en de invloed van internet en televisie die daarop inspeelt. Daarnaast is er de Amerikaanse hiphop-scene, met allerlei videoclips waarin schaarsgeklede meisje voor dames van lichte zeden moeten doorgaan. Gettocultuur, aldus Bovenkerk, die elke puber in Nederland bereikt heeft en overal wordt nagedaan.
Bron: Fok / http://allochtonen.web-log.nl/allochtonen/2006/06/loverboys_besta.html
samedi 17 juin 2006
Culture de résistance
On dit que les Français sont des veaux, qu'ils n'aiment que les leaders forts. "Le France aime être prise avec virilité" se délectent les politiciens les plus autoritaires (dont le premier ministre lui-même, Villepin le poète). En fait, la mobilisation des parents d'élèves contre les lois Sarkozy sont la preuve que tous les Français ne sont pas des veaux.
Alors que Saro essaye de marquer des points à l'extrême-droite en faisant passer sa loi sur l'immigration "choisie" (en français normal, il l'aurait appelé "immigration blanche uniquement", ce n'est pas pour rien que de nombreux Africains le prennent très très mal), le pays profond résiste et sabote.
Un ensemble d'articles traduits et rassemblés par le Courrier International est disponible sur http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=63701
Sarko a mis la pression à la police pour cueillir un maximum d'illégaux, même au sein des hôpitaux ou des palais de justice. Il veut en expulser 25.000. Enfants inclus. Même s'ils maîtrisent le français et sont scolarisés en France. Il me fait honte. Il viole mon idéal révolutionnaire de gauche. A dessein, j'imagine. Je ne fais pas partie de ses cibles électorales. Les parallèles avec Rita "les -règles-sont-les-règles" Verdonk sont nombreux, et sur ce point l'unanimité est totale. La population néerlandaise saura-t-elle se mobiliser aussi bien que ses voisins pour sauver des enfants de la déportation?
Alors que Saro essaye de marquer des points à l'extrême-droite en faisant passer sa loi sur l'immigration "choisie" (en français normal, il l'aurait appelé "immigration blanche uniquement", ce n'est pas pour rien que de nombreux Africains le prennent très très mal), le pays profond résiste et sabote.
Un ensemble d'articles traduits et rassemblés par le Courrier International est disponible sur http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=63701
Sarko a mis la pression à la police pour cueillir un maximum d'illégaux, même au sein des hôpitaux ou des palais de justice. Il veut en expulser 25.000. Enfants inclus. Même s'ils maîtrisent le français et sont scolarisés en France. Il me fait honte. Il viole mon idéal révolutionnaire de gauche. A dessein, j'imagine. Je ne fais pas partie de ses cibles électorales. Les parallèles avec Rita "les -règles-sont-les-règles" Verdonk sont nombreux, et sur ce point l'unanimité est totale. La population néerlandaise saura-t-elle se mobiliser aussi bien que ses voisins pour sauver des enfants de la déportation?
Online vertaler
Er zijn mensen die mijn Frans niet altijd begrijpen. Daarom is er nu een online vertaler: Babelfish van Altavista. Het is te vinden in de rechtse colomn van deze pagina en vertaalt automatisch van Frans naar Engels en Duits. Er is nog geen automatische vertaling in het Nederlands. Misschien komt het later.
Veel leesplezier!
Veel leesplezier!
Jongerendebat rond de film Paradise Now
Het Palestijns–Israelisch conflict laat bijna niemand koud. Zowel jong als oud hebben een mening over dit onderwerp. Zondag 25 juni komen na de film ‘Paradise now’ vooral de jongeren aan het woord.
De film ‘Paradise now’ gaat over de laatste 24 uur van Khaled en Saïd, twee Palestijnse vrienden, die een aanslag willen gaan uitvoeren. De jonge Palestijnse Khaled en Said zijn al bevriend sinds hun kindertijd en worden ‘uitverkoren’ om een zelfmoordaanslag in Israël te gaan uitvoeren. Na eenlaatste avond met hun familie, van wie ze geen afscheid mogen nemen, vertrekken ze met bommen op hun lichaam naar de grenspost.
Deze controversiële film is gemaakt door de Nederlands-Palestijnse filmmaker Hany Abu-Assad en won veel prijzen. Direct na afloop van de film kunnen jongeren discussiëren met elkaar en de politici van Stadsdeel Oud–Zuid met onder anderen Mine Yapar van Amsterdam Anders de Groenen en Laurent Chambon, deelraadslid Partij van de Arbeid. Heb jij een pittige mening of wil je graag naar de meningen van andere luisteren, kom dan ook!
Voor jongeren (16 t/m 26 jaar) is de toegang gratis.
Wanneer: zondag 25 juni 15:30
Waar: Rialto Filmtheater, Ceintuurbaan 338Reserveren: 020 676 87 00
Organisatie Jongerenparlement’ i.s.m. Wijkcentrum Ceintuur www.wijkcentrumceintuur.nl Tel 020-676 48 00
De film ‘Paradise now’ gaat over de laatste 24 uur van Khaled en Saïd, twee Palestijnse vrienden, die een aanslag willen gaan uitvoeren. De jonge Palestijnse Khaled en Said zijn al bevriend sinds hun kindertijd en worden ‘uitverkoren’ om een zelfmoordaanslag in Israël te gaan uitvoeren. Na eenlaatste avond met hun familie, van wie ze geen afscheid mogen nemen, vertrekken ze met bommen op hun lichaam naar de grenspost.
Deze controversiële film is gemaakt door de Nederlands-Palestijnse filmmaker Hany Abu-Assad en won veel prijzen. Direct na afloop van de film kunnen jongeren discussiëren met elkaar en de politici van Stadsdeel Oud–Zuid met onder anderen Mine Yapar van Amsterdam Anders de Groenen en Laurent Chambon, deelraadslid Partij van de Arbeid. Heb jij een pittige mening of wil je graag naar de meningen van andere luisteren, kom dan ook!
Voor jongeren (16 t/m 26 jaar) is de toegang gratis.
Wanneer: zondag 25 juni 15:30
Waar: Rialto Filmtheater, Ceintuurbaan 338Reserveren: 020 676 87 00
Organisatie Jongerenparlement’ i.s.m. Wijkcentrum Ceintuur www.wijkcentrumceintuur.nl Tel 020-676 48 00
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Parlons foot
Un article très chouette sur le foot. Dieu sait si le foot m'indifère. Mais il y a des choses dans cet article. Au point que Tanguy s'est senti obligé de m'envoyer une piqure de rappel par email (salut Tanguy!). Allez, on y va...
Haine ancestrale avec le pays hôte, tensions communautaires, équipe inexpérimentée, le Mondial allemand ne s'annonçait pas forcément détendu pour les Pays-Bas. Pourtant l'événement a pris la forme d'une grande réconciliation du pays avec lui-même
Les Oranje bien dans leur peau
Par Pierre KOETSCHET vendredi 16 juin 2006
Stuttgart, Francfort envoyé spécial
Les cohortes bien organisées. Assoiffées de bières et friandes de chansons barbares. Les flics allemands sont sur les dents. Ils peuvent. Au fil des années, leur pays a acquis le titre peu envié de meilleur ennemi des Pays-Bas, sur fond de vieille rancoeur mal digérée. Point culminant : la demi-finale de l'Euro 1988, en Allemagne. Les Oranje gagnent 2-1 et prennent leur revanche de la défaite en finale de la Coupe du monde 1974 (jouée en... Allemagne). C'est la première victoire en onze confrontations contre la Mannschaft et elle devient un exutoire national : sur Leidseplein, la grande place d'Amsterdam, la foule perd les pédales et scande : «Nous avons récupéré nos vélos.» Et jette de vraies bicyclettes en l'air en souvenir de celles que les nazis avaient confisquées pendant la guerre, traumatisme national. Même Marco Van Basten, le joueur le plus classe du monde, parle alors d'un «sentiment merveilleux, justement parce que [son équipe a] gagné au détriment de ces affreux Allemands». Le refrain «En 1940, ils sont venus/ En 1988, nous sommes venus/ Holadiay/ Holadio» devient le tube néerlandais de l'été 1988.
En 1990, lors du Mondiale italien, les affaires reprennent. Rudi Völler et Franck Rijkaard se crachent dessus, Ronald Koeman fait semblant de se torcher avec le maillot d'Olaf Thon, le deuxième joueur le plus classe du monde, et, plus grave, des bagarres éclatent le long de la frontière. Autant de bonnes raisons pour les flics allemands de serrer les fesses face aux hordes de supporteurs orange qui débarquent pour la Coupe du monde.
Casques. Pourtant, l'heure est à la détente. «C'est plus du cabaret, de la satire, s'amuse Auke Kok, auteur de 74, nous étions les meilleurs, qui retrace l'épopée de la bande à Cruijff. Les temps ont changé. On peut rigoler maintenant.» Les Allemands ne font plus peur comme au temps de la réunification et les Bataves ont peu à peu pris conscience qu'ils n'avaient pas non plus été blanc-bleu pendant la guerre (en pourcentage, le deuxième pays où les Juifs ont été le plus exterminé après la Pologne). Maintenant, c'est donc carnaval. La joyeuse bande des supporteurs porte des salopettes orange siglées Bavaria, obligeamment distribuées par le fabricant (néerlandais) de bière, avec une queue derrière pour avoir l'air vraiment con, ou arbore des casques orange dont la forme rappelle étrangement ceux de la Wehrmacht. Levée de boucliers des officiels quand les couvre-chefs sont lancés sur le marché. Le porte-parole de la fédération, Mark Huizinga, se pince le nez : «C'est vraiment de très mauvais goût.» Le créateur, Weno Geerts, lui, rigole : «J'en ai vendu 60 000, pas mal quand même ! N'oubliez pas que la guerre, c'était il y a soixante-cinq ans. La jeune génération n'en a rien à faire, idem pour les jeunes Allemands. C'est pour cela qu'ils ne se sentent pas offensés.»
«Les Lacs du Connemara». Officiellement, tout est sous contrôle pour éviter les provocations douteuses. Officieusement, difficile de canaliser les troupeaux de supporteurs néerlandais dont l'absence de bon goût est une marque de fabrique. Imaginez un stade entier qui remue en rythme des petits drapeaux en plastique sur les premières notes des Lacs du Connemara. «Les fans de l'équipe nationale ne se comportent pas comme ceux parfois violents des clubs comme Ajax ou Feyenoord, raconte Michel Van Zundert, un amateur. Ils transforment le match en grande fête. L'atmosphère est géniale, mais c'est vrai que, de l'extérieur, ça a l'air ridicule.» Henk Van Beek est du voyage en Allemagne, il a tout prévu. «Nous avons organisé un camp pour suivre l'équipe nationale.» Un camp en Allemagne, attention dérapage. «Le camping sera uniquement occupé par des Néerlandais, avec des spectacles, des attractions qui nous plaisent. Des trucs typiquement de chez nous.»
«Le foot est un fantastique symbole national», observe l'écrivain Auke Kok. Et c'est de plus en plus fort. «C'est lié à l'individualisation du pays. Les gens ne vont plus à l'église, ni dans les partis politiques. Ils ne peuvent plus s'identifier à grand-chose, hormis la famille royale et l'équipe nationale. Du coup, chaque match est une occasion précieuse de se peinturlurer et de hurler son indéfectible soutien.»
Le match contre la Serbie-et-Monténégro n'a pas dérogé à la règle. Une fête, une vraie, avec du vomi dans les rues le lendemain. Mais, à y regarder de plus près, une fête très tricolore : orange, blanc, blond. Les minorités sont curieusement absentes du défilé. Et personne pour s'en offusquer. «Le racisme est un vrai problème aux Pays-Bas, mais pas dans ce contexte, assure Igor Boog, porte-parole de la LBR, une association de Rotterdam contre la discrimination raciale. Les matchs de l'équipe nationale ont lieu dans une atmosphère familiale. On a plus de problèmes avec les supporteurs des clubs.»
Officiellement, la question de la couleur n'est plus un fait majeur, même si la sélection n'a pas été épargnée par les rumeurs de ségrégation. «Les types originaires du Surinam, l'ancienne colonie néerlandaise, comme Kluivert, Seedorf, Bogarde ou Davids, étaient toujours ensemble, défend Mark Van Zuylen. Ils s'appelaient "de kabel" ["la chaîne", ndlr] pour dire qu'ils étaient très proches et que si l'un partait la chaîne serait cassée. Les médias en ont fait tout un truc, comme quoi c'était un groupe de Noirs qui voulaient se séparer des Blancs.» Les principaux joueurs noirs ont tout de même payé cher la politique d'éviction des vieilles gloires. «L'équipe nationale est, malgré tout, toujours vue comme un symbole d'intégration, insiste le sociologue Paul Scheffer. L'absence de Noirs dans le onze de départ est une coïncidence. Il y avait pas mal de joueurs originaires du Surinam dans l'équipe qui vient de remporter l'Euro espoirs.»
Purgatoire. Il ne faut donc pas y voir de malice raciste de la part du sélectionneur (1), il a ses raisons : Kluivert s'occupe davantage de servir les ballons dans son bar sur la plage de Barcelone (il est son meilleur client) que de courir après ceux qui fusent sur le pré, Edgar «pitbull» Davids a toujours les crocs, mais plus les pattes, et Seedorf a grillé tous ses jokers. «Clarence Seedorf a le complexe Zidane, il veut absolument jouer derrière deux attaquants, diagnostique Simon Kuper, écrivain et journaliste au Financial Times. Il ne respecte jamais les consignes. Il a joué 70 fois pour les Pays-Bas sous 6 entraîneurs différents et il s'est toujours comporté de la même façon.» Et s'il y a un truc que Van Basten ne supporte pas, c'est qu'un joueur s'écarte du plan collectif. Pour avoir laissé tomber deux-trois fois le marquage sur le Roumain Munteanu, Mark Van Bommel a connu six mois de purgatoire loin de l'équipe nationale. Une sévérité justifiée, car Van Basten a un plan : après les échecs des campagnes 2002 et 2004, plusieurs voix s'élèvent à la fédération pour en finir avec le particularisme néerlandais (le jeu court, les décalages et les ailiers). Mais Marco Van Basten promet de reconstruire une équipe qui jouera vraiment à la batave. Avec des joueurs de devoir qui obéiront tous aux consignes pour évoluer en équipe. Et occuper l'espace. Comme un parfum de football total. Les divas disparaissent de l'équipe. Roy Makaay proteste une fois après avoir été laissé en tribunes. Il regarde la Coupe du monde de chez lui. Pour asseoir son autorité, Van Basten prend d'illustres inconnus qui lui doivent tout. Khalid Bouhlarouz, dit «le cannibale», jouait au RKC Waalwijk, un village, quand il a été appelé en sélection. Il porte désormais la chasuble de Hambourg, un des cadors de la Bundesliga. «Les joueurs que Van Basten a sélectionnés, comme Mathijsen, Kromkamp, regardaient l'Euro dans les bars, avec leurs potes en 2004», se souvient Simon Kuper.
«Notre style». Et le miracle arrive, l'équipe survole les éliminatoires dans un groupe pas facile, bat deux fois les terreurs tchèques, et emporte l'adhésion de tout un peuple. «Elle a l'image d'une équipe jeune et enthousiaste, remarque Henk Spaan, journaliste au quotidien Het Parool et rédacteur en chef fondateur de Hard Gras, une revue intellectuelle consacrée au football. Tout le monde adore l'équipe, ça n'était pas arrivé depuis 1998.»
De l'aveu de Van Basten, l'objectif avoué est l'Euro 2008, la Coupe du monde n'est qu'une préparation. On en connaît qui auraient peut-être dû méditer là-dessus. «Nous avons notre équipe, et même si elle perd c'est notre équipe, assume Simon Kuper, qui a pourtant un passeport anglais. Cette année, nous rentrerons peut-être à la maison à la fin du premier tour, mais nous rentrerons avec notre style. Nous n'avons même pas d'obligation de gagner. L'Allemagne doit gagner, le Brésil doit gagner et bien jouer. Nous nous devons juste attaquer !»
(1) Van Basten a tout de même sélectionné deux gamins noirs de l'Ajax, Babel et Maduro, 15 matchs en première division à eux deux, cette année.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=390618
Haine ancestrale avec le pays hôte, tensions communautaires, équipe inexpérimentée, le Mondial allemand ne s'annonçait pas forcément détendu pour les Pays-Bas. Pourtant l'événement a pris la forme d'une grande réconciliation du pays avec lui-même
Les Oranje bien dans leur peau
Par Pierre KOETSCHET vendredi 16 juin 2006
Stuttgart, Francfort envoyé spécial
Les cohortes bien organisées. Assoiffées de bières et friandes de chansons barbares. Les flics allemands sont sur les dents. Ils peuvent. Au fil des années, leur pays a acquis le titre peu envié de meilleur ennemi des Pays-Bas, sur fond de vieille rancoeur mal digérée. Point culminant : la demi-finale de l'Euro 1988, en Allemagne. Les Oranje gagnent 2-1 et prennent leur revanche de la défaite en finale de la Coupe du monde 1974 (jouée en... Allemagne). C'est la première victoire en onze confrontations contre la Mannschaft et elle devient un exutoire national : sur Leidseplein, la grande place d'Amsterdam, la foule perd les pédales et scande : «Nous avons récupéré nos vélos.» Et jette de vraies bicyclettes en l'air en souvenir de celles que les nazis avaient confisquées pendant la guerre, traumatisme national. Même Marco Van Basten, le joueur le plus classe du monde, parle alors d'un «sentiment merveilleux, justement parce que [son équipe a] gagné au détriment de ces affreux Allemands». Le refrain «En 1940, ils sont venus/ En 1988, nous sommes venus/ Holadiay/ Holadio» devient le tube néerlandais de l'été 1988.
En 1990, lors du Mondiale italien, les affaires reprennent. Rudi Völler et Franck Rijkaard se crachent dessus, Ronald Koeman fait semblant de se torcher avec le maillot d'Olaf Thon, le deuxième joueur le plus classe du monde, et, plus grave, des bagarres éclatent le long de la frontière. Autant de bonnes raisons pour les flics allemands de serrer les fesses face aux hordes de supporteurs orange qui débarquent pour la Coupe du monde.
Casques. Pourtant, l'heure est à la détente. «C'est plus du cabaret, de la satire, s'amuse Auke Kok, auteur de 74, nous étions les meilleurs, qui retrace l'épopée de la bande à Cruijff. Les temps ont changé. On peut rigoler maintenant.» Les Allemands ne font plus peur comme au temps de la réunification et les Bataves ont peu à peu pris conscience qu'ils n'avaient pas non plus été blanc-bleu pendant la guerre (en pourcentage, le deuxième pays où les Juifs ont été le plus exterminé après la Pologne). Maintenant, c'est donc carnaval. La joyeuse bande des supporteurs porte des salopettes orange siglées Bavaria, obligeamment distribuées par le fabricant (néerlandais) de bière, avec une queue derrière pour avoir l'air vraiment con, ou arbore des casques orange dont la forme rappelle étrangement ceux de la Wehrmacht. Levée de boucliers des officiels quand les couvre-chefs sont lancés sur le marché. Le porte-parole de la fédération, Mark Huizinga, se pince le nez : «C'est vraiment de très mauvais goût.» Le créateur, Weno Geerts, lui, rigole : «J'en ai vendu 60 000, pas mal quand même ! N'oubliez pas que la guerre, c'était il y a soixante-cinq ans. La jeune génération n'en a rien à faire, idem pour les jeunes Allemands. C'est pour cela qu'ils ne se sentent pas offensés.»
«Les Lacs du Connemara». Officiellement, tout est sous contrôle pour éviter les provocations douteuses. Officieusement, difficile de canaliser les troupeaux de supporteurs néerlandais dont l'absence de bon goût est une marque de fabrique. Imaginez un stade entier qui remue en rythme des petits drapeaux en plastique sur les premières notes des Lacs du Connemara. «Les fans de l'équipe nationale ne se comportent pas comme ceux parfois violents des clubs comme Ajax ou Feyenoord, raconte Michel Van Zundert, un amateur. Ils transforment le match en grande fête. L'atmosphère est géniale, mais c'est vrai que, de l'extérieur, ça a l'air ridicule.» Henk Van Beek est du voyage en Allemagne, il a tout prévu. «Nous avons organisé un camp pour suivre l'équipe nationale.» Un camp en Allemagne, attention dérapage. «Le camping sera uniquement occupé par des Néerlandais, avec des spectacles, des attractions qui nous plaisent. Des trucs typiquement de chez nous.»
«Le foot est un fantastique symbole national», observe l'écrivain Auke Kok. Et c'est de plus en plus fort. «C'est lié à l'individualisation du pays. Les gens ne vont plus à l'église, ni dans les partis politiques. Ils ne peuvent plus s'identifier à grand-chose, hormis la famille royale et l'équipe nationale. Du coup, chaque match est une occasion précieuse de se peinturlurer et de hurler son indéfectible soutien.»
Le match contre la Serbie-et-Monténégro n'a pas dérogé à la règle. Une fête, une vraie, avec du vomi dans les rues le lendemain. Mais, à y regarder de plus près, une fête très tricolore : orange, blanc, blond. Les minorités sont curieusement absentes du défilé. Et personne pour s'en offusquer. «Le racisme est un vrai problème aux Pays-Bas, mais pas dans ce contexte, assure Igor Boog, porte-parole de la LBR, une association de Rotterdam contre la discrimination raciale. Les matchs de l'équipe nationale ont lieu dans une atmosphère familiale. On a plus de problèmes avec les supporteurs des clubs.»
Officiellement, la question de la couleur n'est plus un fait majeur, même si la sélection n'a pas été épargnée par les rumeurs de ségrégation. «Les types originaires du Surinam, l'ancienne colonie néerlandaise, comme Kluivert, Seedorf, Bogarde ou Davids, étaient toujours ensemble, défend Mark Van Zuylen. Ils s'appelaient "de kabel" ["la chaîne", ndlr] pour dire qu'ils étaient très proches et que si l'un partait la chaîne serait cassée. Les médias en ont fait tout un truc, comme quoi c'était un groupe de Noirs qui voulaient se séparer des Blancs.» Les principaux joueurs noirs ont tout de même payé cher la politique d'éviction des vieilles gloires. «L'équipe nationale est, malgré tout, toujours vue comme un symbole d'intégration, insiste le sociologue Paul Scheffer. L'absence de Noirs dans le onze de départ est une coïncidence. Il y avait pas mal de joueurs originaires du Surinam dans l'équipe qui vient de remporter l'Euro espoirs.»
Purgatoire. Il ne faut donc pas y voir de malice raciste de la part du sélectionneur (1), il a ses raisons : Kluivert s'occupe davantage de servir les ballons dans son bar sur la plage de Barcelone (il est son meilleur client) que de courir après ceux qui fusent sur le pré, Edgar «pitbull» Davids a toujours les crocs, mais plus les pattes, et Seedorf a grillé tous ses jokers. «Clarence Seedorf a le complexe Zidane, il veut absolument jouer derrière deux attaquants, diagnostique Simon Kuper, écrivain et journaliste au Financial Times. Il ne respecte jamais les consignes. Il a joué 70 fois pour les Pays-Bas sous 6 entraîneurs différents et il s'est toujours comporté de la même façon.» Et s'il y a un truc que Van Basten ne supporte pas, c'est qu'un joueur s'écarte du plan collectif. Pour avoir laissé tomber deux-trois fois le marquage sur le Roumain Munteanu, Mark Van Bommel a connu six mois de purgatoire loin de l'équipe nationale. Une sévérité justifiée, car Van Basten a un plan : après les échecs des campagnes 2002 et 2004, plusieurs voix s'élèvent à la fédération pour en finir avec le particularisme néerlandais (le jeu court, les décalages et les ailiers). Mais Marco Van Basten promet de reconstruire une équipe qui jouera vraiment à la batave. Avec des joueurs de devoir qui obéiront tous aux consignes pour évoluer en équipe. Et occuper l'espace. Comme un parfum de football total. Les divas disparaissent de l'équipe. Roy Makaay proteste une fois après avoir été laissé en tribunes. Il regarde la Coupe du monde de chez lui. Pour asseoir son autorité, Van Basten prend d'illustres inconnus qui lui doivent tout. Khalid Bouhlarouz, dit «le cannibale», jouait au RKC Waalwijk, un village, quand il a été appelé en sélection. Il porte désormais la chasuble de Hambourg, un des cadors de la Bundesliga. «Les joueurs que Van Basten a sélectionnés, comme Mathijsen, Kromkamp, regardaient l'Euro dans les bars, avec leurs potes en 2004», se souvient Simon Kuper.
«Notre style». Et le miracle arrive, l'équipe survole les éliminatoires dans un groupe pas facile, bat deux fois les terreurs tchèques, et emporte l'adhésion de tout un peuple. «Elle a l'image d'une équipe jeune et enthousiaste, remarque Henk Spaan, journaliste au quotidien Het Parool et rédacteur en chef fondateur de Hard Gras, une revue intellectuelle consacrée au football. Tout le monde adore l'équipe, ça n'était pas arrivé depuis 1998.»
De l'aveu de Van Basten, l'objectif avoué est l'Euro 2008, la Coupe du monde n'est qu'une préparation. On en connaît qui auraient peut-être dû méditer là-dessus. «Nous avons notre équipe, et même si elle perd c'est notre équipe, assume Simon Kuper, qui a pourtant un passeport anglais. Cette année, nous rentrerons peut-être à la maison à la fin du premier tour, mais nous rentrerons avec notre style. Nous n'avons même pas d'obligation de gagner. L'Allemagne doit gagner, le Brésil doit gagner et bien jouer. Nous nous devons juste attaquer !»
(1) Van Basten a tout de même sélectionné deux gamins noirs de l'Ajax, Babel et Maduro, 15 matchs en première division à eux deux, cette année.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=390618
vendredi 16 juin 2006
Consultation post-soviétique
Hier, je suis allé à Felix Meritis (la base arrière de l'intelligentsia néerlandaise) pour participer au "train d'idée du PvdA" (PvdA ideeëntrein). L'idée de ce train d'idée est qu'un comité chargé de la rédaction du programme électoral pour les législatives de l'année prochaine circule en train dans le pays et sonde les militants.
En fait, nous avions une séance inaugurale, puis deux ateliers de 45 minutes (sur des sujets au choix, le thème du jour étant "les Pays-Bas à l'étranger"), et enfin un conclusion rapide. Ont débarqué pleins de mecs importants du parti, en costard sans cravate, la quarantaine énergique, se tutoyant avec allégresse, nous assurant que le parti était à l'écoute de ses membres.
En fait, les débats se sont articulés autour d'interventions rapides d'experts qui se savaient déjà invités, et ensuite il y avait en gros 3 minutes pour que deux militants interviennent ultra-rapidement. J'ai eu la terrible impression que les thèmes étaient déjà décidés, et que j'avais été invité pour faire la claque. Les débats n'avaient rien de particulièrement intéressant et n'étaient pas correctement construits pour la raison qu'il ne s'agissait pas de débats mais de catalogues d'idées. Bref, j'ai perdu ma soirée. J'en aurais plus appris en regardant les niouzes à la télé.
Malgré cela, cette soirée conforte ce que beaucoup de gens disent du parti: une élite, masculine, dans la quarantaine, bizi et autoritaire, se drapant de participation citoyenne et de collectivité militante. L'image des régents arrogants qui est associée au parti travailliste ne l'est pas pour rien: Wouter Bos, Lodewijk Asscher et ces jeunes loups fabriquant le programme pour 2007 constituent la nouvelle garde des régents travaillistes. Dans la presse, Het Parool, en particulier, on peut lire des humeurs assez cinglantes sur l'autoritarisme du couple Aboutaleb/Asscher, qui opèrent sou l'oeil bienveillant du maire, un peu plus âgé, mais tout aussi autoritaire, Job Cohen.
Leadership ne veut pas dire dictature. Les éléphants du PS français sont en train de le découvrir avec stupeur, alors que la souris Ségolène Royal montre la force de son leadership inclusif. Une révolution "royaliste" au sein du PvdA est-elle aussi nécessaire?
En fait, nous avions une séance inaugurale, puis deux ateliers de 45 minutes (sur des sujets au choix, le thème du jour étant "les Pays-Bas à l'étranger"), et enfin un conclusion rapide. Ont débarqué pleins de mecs importants du parti, en costard sans cravate, la quarantaine énergique, se tutoyant avec allégresse, nous assurant que le parti était à l'écoute de ses membres.
En fait, les débats se sont articulés autour d'interventions rapides d'experts qui se savaient déjà invités, et ensuite il y avait en gros 3 minutes pour que deux militants interviennent ultra-rapidement. J'ai eu la terrible impression que les thèmes étaient déjà décidés, et que j'avais été invité pour faire la claque. Les débats n'avaient rien de particulièrement intéressant et n'étaient pas correctement construits pour la raison qu'il ne s'agissait pas de débats mais de catalogues d'idées. Bref, j'ai perdu ma soirée. J'en aurais plus appris en regardant les niouzes à la télé.
Malgré cela, cette soirée conforte ce que beaucoup de gens disent du parti: une élite, masculine, dans la quarantaine, bizi et autoritaire, se drapant de participation citoyenne et de collectivité militante. L'image des régents arrogants qui est associée au parti travailliste ne l'est pas pour rien: Wouter Bos, Lodewijk Asscher et ces jeunes loups fabriquant le programme pour 2007 constituent la nouvelle garde des régents travaillistes. Dans la presse, Het Parool, en particulier, on peut lire des humeurs assez cinglantes sur l'autoritarisme du couple Aboutaleb/Asscher, qui opèrent sou l'oeil bienveillant du maire, un peu plus âgé, mais tout aussi autoritaire, Job Cohen.
Leadership ne veut pas dire dictature. Les éléphants du PS français sont en train de le découvrir avec stupeur, alors que la souris Ségolène Royal montre la force de son leadership inclusif. Une révolution "royaliste" au sein du PvdA est-elle aussi nécessaire?
jeudi 15 juin 2006
Deux poids, deux mesures
Aux Pays-Bas, les politiques peuvent décider du montant des aides publiques à l'art, mais ils ne peuvent en aucun cas décider du contenu et de la forme de cet art. Depuis Thorbecke (milieu et deuxième moitié du XIXème siècle), le prince ne s'occupe pas du contenu artistique. C'est à une commission de spécialistes qu'échoit ce privilège.
Curieusement, ce qui est réservé à l'art (séparation des pouvoirs de financer et de juger) ne s'applique pas à la religion. Enfin, soyons précis, à une religion. Alors qu'ils acceptent sans broncher les décisions les plus farfelues (ou pas) du comité chargé de décider quel artiste produira quelle oeuvre à tel ou tel endroit avec l'argent public, les politiciens néerlandais veulent se méler du contenu de l'Islam néerlandais. L'influencer, le contrôler, l'organiser. Le pousser à l'oecuménisme. Le civiliser. Certes, certains musulmans fondamentalistes représentent un danger pour la laïcité à la néerlandaise, mais vouloir se méler de questions religieuses dans un pays qui a construit son histoire sur une non-intervention précoce de l'Etat dans les affaires religieuses (et artistiques, nous venons de le voir) me semble un précédent inquiétant.
Protestant, catholiques et artistes d'un côté, celui de la liberté totale, musulmans de l'autre, de celui du contrôle et de l'interventionnisme?
Curieusement, ce qui est réservé à l'art (séparation des pouvoirs de financer et de juger) ne s'applique pas à la religion. Enfin, soyons précis, à une religion. Alors qu'ils acceptent sans broncher les décisions les plus farfelues (ou pas) du comité chargé de décider quel artiste produira quelle oeuvre à tel ou tel endroit avec l'argent public, les politiciens néerlandais veulent se méler du contenu de l'Islam néerlandais. L'influencer, le contrôler, l'organiser. Le pousser à l'oecuménisme. Le civiliser. Certes, certains musulmans fondamentalistes représentent un danger pour la laïcité à la néerlandaise, mais vouloir se méler de questions religieuses dans un pays qui a construit son histoire sur une non-intervention précoce de l'Etat dans les affaires religieuses (et artistiques, nous venons de le voir) me semble un précédent inquiétant.
Protestant, catholiques et artistes d'un côté, celui de la liberté totale, musulmans de l'autre, de celui du contrôle et de l'interventionnisme?
Thé à la mosquée
La semaine dernière, j'étais invité, tout comme les autres conseillers municipaux, à la mosquée turque du quartier (Selimiye Moskee) pour prendre le thé. En fait la mosquée est située dans une ancienne école qui est partagée par plusieurs associations. Les Turcs ont leur propre morceau d'immeuble, avec un supermarché au rez-de-chaussée, la mosquée au 1er étage, et un café sous les combles. J'étais le seul travailliste, il y avait les centristes du D66 (l'ex-échevin Joep Blaas et son jeune page) ainsi qu'une écolo, en la présence distinguée d'Anna Schoemaker.
L'idée était d'organiser une discussion sur l'égalité homme/femme et de dialoguer entre les cultures. J'ai trouvé le thème un peu galvaudé, et surtout le fait qu'il y avait au moins 80% de Hollandais un peu étrange pour une soirée interculturelle. Mais bon, c'est déjà un début.
Nous avons été bien accueillis, et bien nourris. Mais la discussion m'a laissé sur ma faim. Je me suis senti vraiment radicalement féministe, même vis-à-vis des femmes hollandaises. Mon interlocuteur turc (on a fait des petits groupes pour discuter) a fait preuve d'un conservatisme assez hallucinant: l'homme montre son respect en protégeant sa femme des autres hommes, et la femme montre son respect en cuisinant pour l'homme et en lui faisant des enfants, surtout des fils si elle le peut. Peut-être un modèle modernissime dans les villages reculés d'Anatolie, mais en plein quartier du Pijp, ça avait quelque chose de délicieusement surrané. Une sorte d'exotisme de parentèle en plein quartier post-moderne.
Les femmes hollandaises, elles, disaient que leur choix de ne pas travailler pour élever les enfants était la preuve de leur émancipation, en particulier parce qu'elle connaissaient quelqu'un qui connaissait quelqu'un qui connaissait une famille dont c'était le père qui restait à la maison. Le vieux truc du contre-exemple qui est utilisé contre les Noirs aux Etats-Unis: vous pouvez vous émanciper parce qu'il y a quelques rappeurs et basketteurs millionnaires. Pareil ici: les femmes sont libres et émancipées parce qu'il existe, quelque part, des pères qui ont choisi de rester à la maison.
Bref, un début de discussion intéressante mais personne ne veut vraiment se poser trop de questions. Ce n'était pas le but de la soirée, anyway. C'était de commencer à apprendre à se connaître. Et c'est ce qu'on a fait, même si on s'est fait un peu peur, secrètement, les uns les autres.
L'idée était d'organiser une discussion sur l'égalité homme/femme et de dialoguer entre les cultures. J'ai trouvé le thème un peu galvaudé, et surtout le fait qu'il y avait au moins 80% de Hollandais un peu étrange pour une soirée interculturelle. Mais bon, c'est déjà un début.
Nous avons été bien accueillis, et bien nourris. Mais la discussion m'a laissé sur ma faim. Je me suis senti vraiment radicalement féministe, même vis-à-vis des femmes hollandaises. Mon interlocuteur turc (on a fait des petits groupes pour discuter) a fait preuve d'un conservatisme assez hallucinant: l'homme montre son respect en protégeant sa femme des autres hommes, et la femme montre son respect en cuisinant pour l'homme et en lui faisant des enfants, surtout des fils si elle le peut. Peut-être un modèle modernissime dans les villages reculés d'Anatolie, mais en plein quartier du Pijp, ça avait quelque chose de délicieusement surrané. Une sorte d'exotisme de parentèle en plein quartier post-moderne.
Les femmes hollandaises, elles, disaient que leur choix de ne pas travailler pour élever les enfants était la preuve de leur émancipation, en particulier parce qu'elle connaissaient quelqu'un qui connaissait quelqu'un qui connaissait une famille dont c'était le père qui restait à la maison. Le vieux truc du contre-exemple qui est utilisé contre les Noirs aux Etats-Unis: vous pouvez vous émanciper parce qu'il y a quelques rappeurs et basketteurs millionnaires. Pareil ici: les femmes sont libres et émancipées parce qu'il existe, quelque part, des pères qui ont choisi de rester à la maison.
Bref, un début de discussion intéressante mais personne ne veut vraiment se poser trop de questions. Ce n'était pas le but de la soirée, anyway. C'était de commencer à apprendre à se connaître. Et c'est ce qu'on a fait, même si on s'est fait un peu peur, secrètement, les uns les autres.
mercredi 14 juin 2006
Chacun chez soi?
Les chiffres donnés par l'étude de l'IMES ne rassure pas: les jeunes d'origine marocaine (et non "les Marocains", comme la presse néerlandaise les appelle) se méfient de l'Occident et 6% est prêt à défendre l'Islam par les armes. Mais il ne faut pas oublier quelques points importants:
- en général, au sein d'une population, on a toujours une vingtaine de pourcent de "réacs": lepénistes, fortuynistes, jihadistes, sudistes, et j'en passe. C'est quand on dépasse cette vingtaine de pourcent qu'il faut vraiment s'alarmer.
- les 40% de jeunes d'origine marocaine qui rejettent l'Occident est à rapprocher des 49% de Néerlandais qui détestent les étrangers. Au-delà des dérives personnelles, il y a le signe que la société néerlandaise se pose beaucoup de questions sur son identité. Les petits blancs voient les allochtones comme un menace pour leur position socio-économique et culturelle (les rebeus, danger pour la culture du foot, de la bière et le culte de héros trash à la André Hazes?), et les rebeus voient la démocratie à l'occidentale comme ce qu'elle est: la dictature d'une majorité bornée, raciste et islamophobe.
- Finalement, le fait que les chercheurs séparent de façon aussi tranchée les populations, au point de conduire deux études différentes, est le symptôme d'une société qui se pense dans l'apartheid. D'un côté on étudie les indigènes, qui s'avèrent rétifs au mélange culturel. De l'autre les migrants, qui se demandent ce qu'ils sont venus faire là. L'élite néerlandaise (politique comme intellectuelle) a encore beaucoup de travail pour estomper les différence culturelles qui constitue aussi la légitimité de son pouvoir. Pour les politiques, obtenir carte blanche pour humilier les uns pendant qu'on privatise tranquillement le bien commun, pour les intellectuels, vivre des problèmes créés par cette situation en menant des études alarmistes justifiant une augmentation de leurs budgets.
Dans la presse néerlandaise:
"Quarante pour cent des jeunes Marocains rejettent les valeurs et la démocratie occidentales", note le Volkskrant à la une. "Six à sept pour cent sont prêts à défendre l’islam par la force. C’est ce qu’on peut lire dans le rapport encore confidentiel Radicalen en democraten, un projet d’étude que l’Institut des Migrations et des Etudes Ethniques (IMES) a réalisé à la demande de la ministre Verdonk (Intégration).""Les jeunes Marocains sont en majorité opposés à la liberté d’expression, s’agissant de déclarations offensantes, surtout sur l’islam. La classe politique, pensent-ils, a peur de l’islam et essaie de le réprimer. Ils sont ’prêts à l’action’ pour défendre leur religion. La majorité veut le faire en employant des moyens légaux. Six à sept pour cent sont prêts à avoir recours à la violence.""Les chercheurs nomment trois motifs de radicalisation. Les jeunes musulmans se radicalisent tout d’abord par suite de leur discrimination, ensuite par besoin de spiritualité et enfin par manque d’attaches. Beaucoup de jeunes se sentent incompris par la société néerlandaise et par leurs parents de la première génération."
Lien: http://www.ambafrance.nl/article.php?id_article=7364
- en général, au sein d'une population, on a toujours une vingtaine de pourcent de "réacs": lepénistes, fortuynistes, jihadistes, sudistes, et j'en passe. C'est quand on dépasse cette vingtaine de pourcent qu'il faut vraiment s'alarmer.
- les 40% de jeunes d'origine marocaine qui rejettent l'Occident est à rapprocher des 49% de Néerlandais qui détestent les étrangers. Au-delà des dérives personnelles, il y a le signe que la société néerlandaise se pose beaucoup de questions sur son identité. Les petits blancs voient les allochtones comme un menace pour leur position socio-économique et culturelle (les rebeus, danger pour la culture du foot, de la bière et le culte de héros trash à la André Hazes?), et les rebeus voient la démocratie à l'occidentale comme ce qu'elle est: la dictature d'une majorité bornée, raciste et islamophobe.
- Finalement, le fait que les chercheurs séparent de façon aussi tranchée les populations, au point de conduire deux études différentes, est le symptôme d'une société qui se pense dans l'apartheid. D'un côté on étudie les indigènes, qui s'avèrent rétifs au mélange culturel. De l'autre les migrants, qui se demandent ce qu'ils sont venus faire là. L'élite néerlandaise (politique comme intellectuelle) a encore beaucoup de travail pour estomper les différence culturelles qui constitue aussi la légitimité de son pouvoir. Pour les politiques, obtenir carte blanche pour humilier les uns pendant qu'on privatise tranquillement le bien commun, pour les intellectuels, vivre des problèmes créés par cette situation en menant des études alarmistes justifiant une augmentation de leurs budgets.
Dans la presse néerlandaise:
"Quarante pour cent des jeunes Marocains rejettent les valeurs et la démocratie occidentales", note le Volkskrant à la une. "Six à sept pour cent sont prêts à défendre l’islam par la force. C’est ce qu’on peut lire dans le rapport encore confidentiel Radicalen en democraten, un projet d’étude que l’Institut des Migrations et des Etudes Ethniques (IMES) a réalisé à la demande de la ministre Verdonk (Intégration).""Les jeunes Marocains sont en majorité opposés à la liberté d’expression, s’agissant de déclarations offensantes, surtout sur l’islam. La classe politique, pensent-ils, a peur de l’islam et essaie de le réprimer. Ils sont ’prêts à l’action’ pour défendre leur religion. La majorité veut le faire en employant des moyens légaux. Six à sept pour cent sont prêts à avoir recours à la violence.""Les chercheurs nomment trois motifs de radicalisation. Les jeunes musulmans se radicalisent tout d’abord par suite de leur discrimination, ensuite par besoin de spiritualité et enfin par manque d’attaches. Beaucoup de jeunes se sentent incompris par la société néerlandaise et par leurs parents de la première génération."
Lien: http://www.ambafrance.nl/article.php?id_article=7364
lundi 12 juin 2006
Liberté de s'endetter
La semaine dernière, j'ai rejoint notre cheffe de fraction, Bea Mieris, dans le bureau d'un haut fonctionnaire de l'arrondissement pour des éclaircissements financiers (je fais partie de la Commission des finances). Les choses commencent peu à peu à prendre forme dans mon esprit embrûmé. En quelques points:
- Notre budget, d'une cinquantaine de millions d'euros, peut paraître énorme, mais cela représente moins de 600 euros par habitant et par an, c'est à dire une cinquantaine d'euros par habitant et par mois. Quand on voit la quantité de tâches que l'arrondissement accomplit, finalement ce n'est pas beaucoup.
- Dans ce budget, l'essentiel des dépenses sont fixes et fixées par la loi ou des réglements que nous ne pouvons changer: nettoyage des rues, maintien de l'ordre, entretien des bâtiments publics (dont les bâtiments scolaires), paiement d'une grande partie des aides sociales... Notre marge de manoeuvre financière est donc très en dessous de la cinquantaine de millions que nous sommes sensés avoir à notre disposition
- Nous n'avons pas le droit de nous endetter. En ce moment nous avons environ 4 millions d'euros qui manquent structurellement à chaque budget. Pas moyen de faire un déficit, sinon l'arrondissement est placé sous curatelle. Aux échevins et à leurs fonctionnaires de nous proposer des mesures d'économies pour ne plus avoir ce trou de 4 millions chaque année, et rapidement. La ville centrale (ou CS, centrale stad) nous échoit un budget en fonction des tâches qu'elle pense que nous devons remplir, et c'est tout. A nous de bien utiliser ce budget.
- Si nous faisons de notre mieux pour améliorer l'état de l'économie (nous avons un budget d'environ un demi million d'euros pour cela), cela ne nous rapporte concrètement rien, niveau budget: ce n'est pas nous qui touchons les taxes, et la ville nous octroie notre budget en fonction des besoins, pas des recettes. A la limite, une économie florissante peut signifier moins d'argent: si le chômage baisse, nous obtenons moins d'aides à l'emploi, à la pauvreté, au soutien scolaire... La récompense des efforts de l'arrondissement pour améliorer l'économie ne se traduit donc pas par un boom financier, au contraire! La seule récompense est politique et électorale.
Nous n'avons donc, au niveau de l'arrondissement, qu'une tâche politique extrêmement limitée: s'assurer que les échevins et fonctionnaires utilisent bien l'argent qui a été attribué autoritairement par la ville, selon des critères techniques et politiques mis au point à La Haye. Il doit bien y avoir une certaine liberté politique, en accord avec les échevins, pour en faire une utilisation la plus intéressante possible pour les habitants, mais j'ignore encore comment l'exercer!
- Notre budget, d'une cinquantaine de millions d'euros, peut paraître énorme, mais cela représente moins de 600 euros par habitant et par an, c'est à dire une cinquantaine d'euros par habitant et par mois. Quand on voit la quantité de tâches que l'arrondissement accomplit, finalement ce n'est pas beaucoup.
- Dans ce budget, l'essentiel des dépenses sont fixes et fixées par la loi ou des réglements que nous ne pouvons changer: nettoyage des rues, maintien de l'ordre, entretien des bâtiments publics (dont les bâtiments scolaires), paiement d'une grande partie des aides sociales... Notre marge de manoeuvre financière est donc très en dessous de la cinquantaine de millions que nous sommes sensés avoir à notre disposition
- Nous n'avons pas le droit de nous endetter. En ce moment nous avons environ 4 millions d'euros qui manquent structurellement à chaque budget. Pas moyen de faire un déficit, sinon l'arrondissement est placé sous curatelle. Aux échevins et à leurs fonctionnaires de nous proposer des mesures d'économies pour ne plus avoir ce trou de 4 millions chaque année, et rapidement. La ville centrale (ou CS, centrale stad) nous échoit un budget en fonction des tâches qu'elle pense que nous devons remplir, et c'est tout. A nous de bien utiliser ce budget.
- Si nous faisons de notre mieux pour améliorer l'état de l'économie (nous avons un budget d'environ un demi million d'euros pour cela), cela ne nous rapporte concrètement rien, niveau budget: ce n'est pas nous qui touchons les taxes, et la ville nous octroie notre budget en fonction des besoins, pas des recettes. A la limite, une économie florissante peut signifier moins d'argent: si le chômage baisse, nous obtenons moins d'aides à l'emploi, à la pauvreté, au soutien scolaire... La récompense des efforts de l'arrondissement pour améliorer l'économie ne se traduit donc pas par un boom financier, au contraire! La seule récompense est politique et électorale.
Nous n'avons donc, au niveau de l'arrondissement, qu'une tâche politique extrêmement limitée: s'assurer que les échevins et fonctionnaires utilisent bien l'argent qui a été attribué autoritairement par la ville, selon des critères techniques et politiques mis au point à La Haye. Il doit bien y avoir une certaine liberté politique, en accord avec les échevins, pour en faire une utilisation la plus intéressante possible pour les habitants, mais j'ignore encore comment l'exercer!
New Religion
Ce dimanche après-midi, nous sommes allés au parc pour que le chien puisse nager (et se rafraîchir). En revenant, surprise, personne dans les rues. Quelques trams passent à vide. Mais quelle épidémie soudaine a fait de nous les derniers survivants d'Amsterdam? J'ai pris une photo pour le prouver...
J'en ai profité pour photographier cette nouvelle religion dont la vision la plus intégriste envahit tous les magasins (dans l'ordre, magasin de costards, librairie-papetterie, boulangerie), j'ai nommé le football...
Et puis, en revenant près de chez nous, cela nous revient. La saison du football a commencé. Alors qu'il fait un temps splendide, tout le monde se concentre autour d'écrans placés par les cafés travestis d'orange, couleur de la maison royale, et désormais preuve colorée de son adhésion à la nouvelle religion officielle. Même le petit café marocain en bas de chez moi s'y est mis. Les talibans footballistiques sont partout!
Le plus drôle c'est que, d'après les posters et les pancartes entourant les cafés, les Pays-Bas se battaient l'attribution d'un ballon avec un pays qui n'existe plus. La "Serbie-Monténégro" a officiellement oublié son trait d'union il y a une grosse semaine. Le match entre l'Iran et le Mexique n'a apparement pas attiré l'attention des cafés. Religion, certes, universaliste, peut-être, transnationale, sûrement pas.
J'en ai profité pour photographier cette nouvelle religion dont la vision la plus intégriste envahit tous les magasins (dans l'ordre, magasin de costards, librairie-papetterie, boulangerie), j'ai nommé le football...
Et puis, en revenant près de chez nous, cela nous revient. La saison du football a commencé. Alors qu'il fait un temps splendide, tout le monde se concentre autour d'écrans placés par les cafés travestis d'orange, couleur de la maison royale, et désormais preuve colorée de son adhésion à la nouvelle religion officielle. Même le petit café marocain en bas de chez moi s'y est mis. Les talibans footballistiques sont partout!
Le plus drôle c'est que, d'après les posters et les pancartes entourant les cafés, les Pays-Bas se battaient l'attribution d'un ballon avec un pays qui n'existe plus. La "Serbie-Monténégro" a officiellement oublié son trait d'union il y a une grosse semaine. Le match entre l'Iran et le Mexique n'a apparement pas attiré l'attention des cafés. Religion, certes, universaliste, peut-être, transnationale, sûrement pas.
mardi 6 juin 2006
Racisme etc (2)
Dans la presse néerlandaise: "Les organisations d’immigrés sont choquées par une enquête qui montre que plus d’un quart des Néerlandais porte un jugement très négatif sur les allochtones", relève le Volkskrant (p.3). "Quelque 10 pour cent de la population reconnaissent même être racistes. Selon les organisations d’immigrés, le dernier tabou est ainsi rompu : les autochtones expriment plus que jamais leur aversion pour les musulmans, notamment."
"’Il est extrêmement préoccupant que plus d’un million et demi de Néerlandais reconnaissent être racistes’, déclare le directeur de Forum (institut du développement multiculturel), Sadik Harchaoui. ’Dans le passé, les gens avaient du mal à l’accepter parce que c’était inconciliable avec les valeurs de la société néerlandaise. Cette reconnaissance est un problème de taille pour la recherche d’un avenir commun’."
"Le Bureau national pour la lutte contre la discrimination raciale (LBR) juge également qu’il est ’relativement nouveau et surprenant’ que tant de Néerlandais osent reconnaître qu’ils sont racistes. 17 pour cent disent être racistes ’de temps en temps’. La moitié a une aversion pour l’islam. ’Les gens disent maintenant ouvertement ce qu’ils pensent’, dit le chercheur Igor Boog, du LBR.""L’enquête auprès de 1 020 Néerlandais a été effectuée par le bureau Motivaction, pour le compte du GPD, l’agence de presse des quotidiens régionaux."
"Selon le LBR et les organisations d’immigrés, les résultats de l’enquête confirment que les autochtones sont insatisfaits en permanence des allochtones, en particulier des musulmans. Les autochtones jugent les allochtones intolérants (41 pour cent), paresseux (24 pour cent) et peu sincères (36 pour cent). Une majorité (58 pour cent) estime qu’un quartier se dégrade quand beaucoup d’allochtones s’y installent. De grands groupes de Néerlandais estiment que le professeur de leur enfant (42 pour cent) et le premier ministre (57 pour cent) doivent absolument être autochtones."
"’C’est très choquant’, dit le directeur du Centre néerlandais des étrangers (NCB) à propos de ces chiffres. Le président du Contact Groep Islam (CGI), Hikmat Mahawat Khan, trouve que les musulmans ne doivent pas tout de suite montrer les autochtones du doigt. ’Les musulmans doivent se rendre compte des conséquences de leur comportement. Il y a une différence entre ce que dit la religion et ce que les musulmans font dans la pratique’."
"Les résultats de l’enquête sur le racisme aux Pays-Bas ont beau être choquants, ailleurs en Europe c’est souvent un tout petit peu plus grave", remarque le même Volkskrant dans un article de fond. "La Belgique dépasse les Pays-Bas dans toutes les catégories."
Lien: http://www.ambafrance-nl.org/article.php?id_article=7323
"’Il est extrêmement préoccupant que plus d’un million et demi de Néerlandais reconnaissent être racistes’, déclare le directeur de Forum (institut du développement multiculturel), Sadik Harchaoui. ’Dans le passé, les gens avaient du mal à l’accepter parce que c’était inconciliable avec les valeurs de la société néerlandaise. Cette reconnaissance est un problème de taille pour la recherche d’un avenir commun’."
"Le Bureau national pour la lutte contre la discrimination raciale (LBR) juge également qu’il est ’relativement nouveau et surprenant’ que tant de Néerlandais osent reconnaître qu’ils sont racistes. 17 pour cent disent être racistes ’de temps en temps’. La moitié a une aversion pour l’islam. ’Les gens disent maintenant ouvertement ce qu’ils pensent’, dit le chercheur Igor Boog, du LBR.""L’enquête auprès de 1 020 Néerlandais a été effectuée par le bureau Motivaction, pour le compte du GPD, l’agence de presse des quotidiens régionaux."
"Selon le LBR et les organisations d’immigrés, les résultats de l’enquête confirment que les autochtones sont insatisfaits en permanence des allochtones, en particulier des musulmans. Les autochtones jugent les allochtones intolérants (41 pour cent), paresseux (24 pour cent) et peu sincères (36 pour cent). Une majorité (58 pour cent) estime qu’un quartier se dégrade quand beaucoup d’allochtones s’y installent. De grands groupes de Néerlandais estiment que le professeur de leur enfant (42 pour cent) et le premier ministre (57 pour cent) doivent absolument être autochtones."
"’C’est très choquant’, dit le directeur du Centre néerlandais des étrangers (NCB) à propos de ces chiffres. Le président du Contact Groep Islam (CGI), Hikmat Mahawat Khan, trouve que les musulmans ne doivent pas tout de suite montrer les autochtones du doigt. ’Les musulmans doivent se rendre compte des conséquences de leur comportement. Il y a une différence entre ce que dit la religion et ce que les musulmans font dans la pratique’."
"Les résultats de l’enquête sur le racisme aux Pays-Bas ont beau être choquants, ailleurs en Europe c’est souvent un tout petit peu plus grave", remarque le même Volkskrant dans un article de fond. "La Belgique dépasse les Pays-Bas dans toutes les catégories."
Lien: http://www.ambafrance-nl.org/article.php?id_article=7323
dimanche 4 juin 2006
Discrimination à Mokum
D'après le très trashy et populiste quotidien, de Telegraaf, le nombre de plaintes aurpès du MDA (Meldpunt Discriminatie Amsterdam) pour discriminations ont augmenté de 25% cette année. Cette augmentation serait dûe au fait que ce bureau commence à être connu, et non à l'augmentation du nombre des discriminations.
La plupart des plaintes concernent des hommes blancs qui sont harcelés à cause de leur homosexualité (présumée) ou de jeunes femmes qui n'obtiennent ni stage ni emploi parce qu'elles sont voilées.
Quand, à Bruxelles, je rappelais que l'homophobie, l'antisémitisme, l'islamophobie ou le racisme sont construits avec les mêmes briques, je touchais quelque chose de réel, non?
La plupart des plaintes concernent des hommes blancs qui sont harcelés à cause de leur homosexualité (présumée) ou de jeunes femmes qui n'obtiennent ni stage ni emploi parce qu'elles sont voilées.
Quand, à Bruxelles, je rappelais que l'homophobie, l'antisémitisme, l'islamophobie ou le racisme sont construits avec les mêmes briques, je touchais quelque chose de réel, non?
Raciste, moi?
Aujourd'hui, Het Parool publie le résultat d'une étude sur les sentiments des Néerlandais vis-à-vis des allochtones et étrangers. Et bien, c'est clair. Ils les détestent. Trouw titre ainsi: "Voici combien les Pays-Bas sont tolérants: 28% veut un voisin blanc, 33% veut un gendre blanc, 42% veut un prof blanc, 57% veut un Premier ministre blanc". Dur!
Si on rentre dans les détails, ça donne ça: ce qui préoccupe les Néerlandais, c'est à 34% la politesse (ceux qui en ont le moins l'étalent le plus, dirait mon oncle trash), 12% l'immigration et l'intégration (de qui où? des fermiers kreukreu en Pologne?), 12% la pauvreté, 10% la criminalité, 7% l'extrémisme islamiste. Les Néerlandais se sentent le moins à l'aise en présence de... Marocains (49%), Antillais (34%), Turcs ou Africians (32%), Polonais (24%), Surinamiens (18%), Français (17%, tiens tiens), Américains (13%), Chinois (12%), Allemands (8%), Néerlandais de souche (7%). Je pensais pas que les Français ou les Amerloques rendraient les Néerlandais inconfortables. Mais 49% en présence de Marocains (en fait, selon la terminologie français, des Néerlandais d'origine marocaine), ça fait quand même beaucoup...
Pire, 57% pensent que le Premier ministre doit être un autochtone (les Français ne le pensent peut-être pas mais le réalisent), 47% que les allochtones abusent le système social, 58% que le quartier va se dégrader si des allochtones viennent y vivre (merci pour Oud Zuid!), et 10% est officiellement raciste!
Rachid Jamari m'a appelé, bouillonnant intérieurement. On écrire là-dessus ce ouiquenne. Il va nous falloir aussi commenter un article, publié dans le NRC, de mon Dieu néerlandais (et oui, j'en ai trouvé un): Geert Mak. Curieux?
Si on rentre dans les détails, ça donne ça: ce qui préoccupe les Néerlandais, c'est à 34% la politesse (ceux qui en ont le moins l'étalent le plus, dirait mon oncle trash), 12% l'immigration et l'intégration (de qui où? des fermiers kreukreu en Pologne?), 12% la pauvreté, 10% la criminalité, 7% l'extrémisme islamiste. Les Néerlandais se sentent le moins à l'aise en présence de... Marocains (49%), Antillais (34%), Turcs ou Africians (32%), Polonais (24%), Surinamiens (18%), Français (17%, tiens tiens), Américains (13%), Chinois (12%), Allemands (8%), Néerlandais de souche (7%). Je pensais pas que les Français ou les Amerloques rendraient les Néerlandais inconfortables. Mais 49% en présence de Marocains (en fait, selon la terminologie français, des Néerlandais d'origine marocaine), ça fait quand même beaucoup...
Pire, 57% pensent que le Premier ministre doit être un autochtone (les Français ne le pensent peut-être pas mais le réalisent), 47% que les allochtones abusent le système social, 58% que le quartier va se dégrader si des allochtones viennent y vivre (merci pour Oud Zuid!), et 10% est officiellement raciste!
Rachid Jamari m'a appelé, bouillonnant intérieurement. On écrire là-dessus ce ouiquenne. Il va nous falloir aussi commenter un article, publié dans le NRC, de mon Dieu néerlandais (et oui, j'en ai trouvé un): Geert Mak. Curieux?
vendredi 2 juin 2006
Reprise pour qui?
Au sein du parti nous avons eu de vifs échanges sur le soutien aux jeunes sans emploi. A mon avis, si on regarde ce qu'ont fait nos voisins scandinaves, ils faut un suivi personnalisé très poussé. D'autres dans la fraction pensent que, comme l'économie redémarre, ce n'est pas la peine. Le problème est que, même si l'économie redémarre (voir ci-dessous, cela ne concerne que les riches), beaucoup de jeunes ne sont pas assez qualifiés et sont incapables de se vendre sur le marché du travail. L'un n'exclut donc pas l'autre, loin de là.
Dans la prese néerlandaise: Elsevier conclut de son tour d’horizon que l’économie reprend, mais seuls les revenus supérieurs en profitent. La rémunération des dirigeants croît de 9 pour cent cette année, alors que les fonctionnaires ne touchent que 0,3 pour cent de plus.
Lien: http://www.ambafrance-nl.org/article.php?id_article=7318
Dans la prese néerlandaise: Elsevier conclut de son tour d’horizon que l’économie reprend, mais seuls les revenus supérieurs en profitent. La rémunération des dirigeants croît de 9 pour cent cette année, alors que les fonctionnaires ne touchent que 0,3 pour cent de plus.
Lien: http://www.ambafrance-nl.org/article.php?id_article=7318
jeudi 1 juin 2006
Une petite victoire pour Rutte
Hier soir, la presse a annoncé la victoire éclatante de Mark Rutte aux primaires du parti libéral (VVD). L'élite du parti s'était mobilisée pour s'assurer que Rita Verdonk ne monterait pas sur le trône éjectable du parti de Frits Bolkestein. Le Parool d'hier titrait "VVDay" avec une citation de Geert Dales, maire de Leeuwarden: "Si c'est Verdonk, beaucoup d'électeurs vont déserter le parti. Y viendront des gens qu'il n'est pas vraiment désirable d'accueillir" (traduction libre d'une phrase intraduisible en français).
En regardant de plus près, on se rend compte que Rutte a eu une éclatante victoire... avec 51% des suffrages. Verdonk en obtient 46%, et la troisième candidate, dont je n'arrive pas à me souvenir du nom, seulement 3%. Pas franchement de quoi pavoiser, surtout quand on prend en compte certains faits: l'élite du VVD a fait une campagne de folie contre Verdonk; l'affaire Hirsi Ali a été instrumentalisée à mort pour rendre Rutte respectable et "coalisable" (sous-entendu: Verdonk=opposition ad vitam eternam); la presse s'est jettée sur Verdonk; la plupart des partis politique de droite et du centre on lynché Verdonk (en particulier le CDA, le D66 et la ChristenUnie).
Vu les moyens déployés, le petit 51% de Rutte est donc un signe très grave: le parti est divisé, et les membres du parti comme ses électeurs sont complètement contaminés par les idées obtues, xénophobes et sécuritaires de Rita Verdonk. Le VVD avait fortuynisé en urgence son programme électoral en 2002 pour limiter l'avance de la Lijst Pim Fortuyn, voilà désormais que son appareil et son électorat se fortuynise de plus en plus, malgré la panique qui gagne le coeur des libéraux sincères (comme Dales, par exemple).
Mon analyse (qui reste très subjective, bien sûr), est que le VVD a intérêt, pour survivre à long terme, à nettoyer ses écuries rapidement, pousser Verdonk et ses amis ultra-nationalistes à aller fonder un parti d'extrême-droite, et se recentrer sur un libéralisme de centre-droit, seul à même de leur ouvrir la porte de coalitions avec le CDA et le parti travailliste. Si le VVD refuse de nettoyer l'infection Verdonk, non seulement les tensions entre fortuynistes (anarchistes autoritaires et démagogues d'extrême-droite) et libéraux (liberté économique mais aussi, c'est important, liberté d'émancipation personnelle) vont s'accentuer, non seulement le parti se retrouvera isolé politiquement, et donc impuissant, mais c'est l'atmosphère du pays tout entier qui va s'en ressentir. Surtout l'économie. Et ça, les électeurs traditionnels du VVD ne le lui pardonneront pas. Ils se reporteront pour certains sur le CDA, pour d'autres sur le D66, et même pour les plus progressistes sur la branche droite du parti travailliste, qu'une collaboration avec les socio-libéraux du VVD n'effraie pas.
Le VVD a donc échappé au pire, mais il n'est pas tiré d'affaire. Franchement, je leur souhaite bonne chance, car la partie est loin d'être terminée.
En regardant de plus près, on se rend compte que Rutte a eu une éclatante victoire... avec 51% des suffrages. Verdonk en obtient 46%, et la troisième candidate, dont je n'arrive pas à me souvenir du nom, seulement 3%. Pas franchement de quoi pavoiser, surtout quand on prend en compte certains faits: l'élite du VVD a fait une campagne de folie contre Verdonk; l'affaire Hirsi Ali a été instrumentalisée à mort pour rendre Rutte respectable et "coalisable" (sous-entendu: Verdonk=opposition ad vitam eternam); la presse s'est jettée sur Verdonk; la plupart des partis politique de droite et du centre on lynché Verdonk (en particulier le CDA, le D66 et la ChristenUnie).
Vu les moyens déployés, le petit 51% de Rutte est donc un signe très grave: le parti est divisé, et les membres du parti comme ses électeurs sont complètement contaminés par les idées obtues, xénophobes et sécuritaires de Rita Verdonk. Le VVD avait fortuynisé en urgence son programme électoral en 2002 pour limiter l'avance de la Lijst Pim Fortuyn, voilà désormais que son appareil et son électorat se fortuynise de plus en plus, malgré la panique qui gagne le coeur des libéraux sincères (comme Dales, par exemple).
Mon analyse (qui reste très subjective, bien sûr), est que le VVD a intérêt, pour survivre à long terme, à nettoyer ses écuries rapidement, pousser Verdonk et ses amis ultra-nationalistes à aller fonder un parti d'extrême-droite, et se recentrer sur un libéralisme de centre-droit, seul à même de leur ouvrir la porte de coalitions avec le CDA et le parti travailliste. Si le VVD refuse de nettoyer l'infection Verdonk, non seulement les tensions entre fortuynistes (anarchistes autoritaires et démagogues d'extrême-droite) et libéraux (liberté économique mais aussi, c'est important, liberté d'émancipation personnelle) vont s'accentuer, non seulement le parti se retrouvera isolé politiquement, et donc impuissant, mais c'est l'atmosphère du pays tout entier qui va s'en ressentir. Surtout l'économie. Et ça, les électeurs traditionnels du VVD ne le lui pardonneront pas. Ils se reporteront pour certains sur le CDA, pour d'autres sur le D66, et même pour les plus progressistes sur la branche droite du parti travailliste, qu'une collaboration avec les socio-libéraux du VVD n'effraie pas.
Le VVD a donc échappé au pire, mais il n'est pas tiré d'affaire. Franchement, je leur souhaite bonne chance, car la partie est loin d'être terminée.
La méthode hollandaise
Cette semaine, il y a dans le Courrier International un article de Fokke Obbema (correspondant du Volkskrant à Paris) sur Jean-Marc Ayrault. Il raconte combien il l'admire pour sa "néerlandité" politique. Pour faire de Nantes, sa ville, un endroit dynamique, il n'a pas hésité à s'allier à Olivier Guichard, le président de région, de droite, alors qu'il est lui-même socialiste. Obbema loue son absence de méfiance envers le capitalisme, son pragmatisme politique et surtout, c'est très kreukreucentriste, son manque de charisme national.
Je partage complètement l'analyse d'Obbema. Je serais très malheureux en France si je faisais de la politique: coincé dans les dogmes, confronté à une droite bête bien souvent, méchante parfois, cerné par des éléphants socialistes qui se chamaillent les restes d'une république mourante, et où, en fin de compte, très peu d'énergie est dépensée à écouter le peuple et améliorer le pays.
Aux Pays-Bas, il existe une certaine médiocrité qui est parfois pesante, mais, au moins ici au sein du parti travailliste à Oud-Zuid, les questions récurantes sont: que veut le peuple, comment faire de cette ville un endroit agréable, dynamique et mélangé, comment faciliter la vie des habitants, comment imaginer l'Amsterdam de demain, comment inclure les autres partis (dont l'opposition de droite) pour réformer au mieux l'arrondissement... Nous risquons certes, trop souvent, de nous perdre dans des détails techniques (notre rôle, dans cet arrondissement, se résume souvent à des décisions techniques d'applications de règles décidées ailleurs), mais on est loin de l'autoritarisme démagogue et cynique que j'ai pu observer en France.
Malgré un crise identitaire évidente (comment être travailliste en 2006, coincés entre une gauche démagogue, des chrétiens-démocrates terrorisés à l'idée de perdre des voix et une droite en voie de lepénisation), être travailliste aux Pays-Bas est plus facile qu'être socialiste en France.
Je partage complètement l'analyse d'Obbema. Je serais très malheureux en France si je faisais de la politique: coincé dans les dogmes, confronté à une droite bête bien souvent, méchante parfois, cerné par des éléphants socialistes qui se chamaillent les restes d'une république mourante, et où, en fin de compte, très peu d'énergie est dépensée à écouter le peuple et améliorer le pays.
Aux Pays-Bas, il existe une certaine médiocrité qui est parfois pesante, mais, au moins ici au sein du parti travailliste à Oud-Zuid, les questions récurantes sont: que veut le peuple, comment faire de cette ville un endroit agréable, dynamique et mélangé, comment faciliter la vie des habitants, comment imaginer l'Amsterdam de demain, comment inclure les autres partis (dont l'opposition de droite) pour réformer au mieux l'arrondissement... Nous risquons certes, trop souvent, de nous perdre dans des détails techniques (notre rôle, dans cet arrondissement, se résume souvent à des décisions techniques d'applications de règles décidées ailleurs), mais on est loin de l'autoritarisme démagogue et cynique que j'ai pu observer en France.
Malgré un crise identitaire évidente (comment être travailliste en 2006, coincés entre une gauche démagogue, des chrétiens-démocrates terrorisés à l'idée de perdre des voix et une droite en voie de lepénisation), être travailliste aux Pays-Bas est plus facile qu'être socialiste en France.
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