.

jeudi 15 juin 2006

Deux poids, deux mesures

Aux Pays-Bas, les politiques peuvent décider du montant des aides publiques à l'art, mais ils ne peuvent en aucun cas décider du contenu et de la forme de cet art. Depuis Thorbecke (milieu et deuxième moitié du XIXème siècle), le prince ne s'occupe pas du contenu artistique. C'est à une commission de spécialistes qu'échoit ce privilège.
Curieusement, ce qui est réservé à l'art (séparation des pouvoirs de financer et de juger) ne s'applique pas à la religion. Enfin, soyons précis, à une religion. Alors qu'ils acceptent sans broncher les décisions les plus farfelues (ou pas) du comité chargé de décider quel artiste produira quelle oeuvre à tel ou tel endroit avec l'argent public, les politiciens néerlandais veulent se méler du contenu de l'Islam néerlandais. L'influencer, le contrôler, l'organiser. Le pousser à l'oecuménisme. Le civiliser. Certes, certains musulmans fondamentalistes représentent un danger pour la laïcité à la néerlandaise, mais vouloir se méler de questions religieuses dans un pays qui a construit son histoire sur une non-intervention précoce de l'Etat dans les affaires religieuses (et artistiques, nous venons de le voir) me semble un précédent inquiétant.
Protestant, catholiques et artistes d'un côté, celui de la liberté totale, musulmans de l'autre, de celui du contrôle et de l'interventionnisme?