Les chiffres donnés par l'étude de l'IMES ne rassure pas: les jeunes d'origine marocaine (et non "les Marocains", comme la presse néerlandaise les appelle) se méfient de l'Occident et 6% est prêt à défendre l'Islam par les armes. Mais il ne faut pas oublier quelques points importants:
- en général, au sein d'une population, on a toujours une vingtaine de pourcent de "réacs": lepénistes, fortuynistes, jihadistes, sudistes, et j'en passe. C'est quand on dépasse cette vingtaine de pourcent qu'il faut vraiment s'alarmer.
- les 40% de jeunes d'origine marocaine qui rejettent l'Occident est à rapprocher des 49% de Néerlandais qui détestent les étrangers. Au-delà des dérives personnelles, il y a le signe que la société néerlandaise se pose beaucoup de questions sur son identité. Les petits blancs voient les allochtones comme un menace pour leur position socio-économique et culturelle (les rebeus, danger pour la culture du foot, de la bière et le culte de héros trash à la André Hazes?), et les rebeus voient la démocratie à l'occidentale comme ce qu'elle est: la dictature d'une majorité bornée, raciste et islamophobe.
- Finalement, le fait que les chercheurs séparent de façon aussi tranchée les populations, au point de conduire deux études différentes, est le symptôme d'une société qui se pense dans l'apartheid. D'un côté on étudie les indigènes, qui s'avèrent rétifs au mélange culturel. De l'autre les migrants, qui se demandent ce qu'ils sont venus faire là. L'élite néerlandaise (politique comme intellectuelle) a encore beaucoup de travail pour estomper les différence culturelles qui constitue aussi la légitimité de son pouvoir. Pour les politiques, obtenir carte blanche pour humilier les uns pendant qu'on privatise tranquillement le bien commun, pour les intellectuels, vivre des problèmes créés par cette situation en menant des études alarmistes justifiant une augmentation de leurs budgets.
Dans la presse néerlandaise:
"Quarante pour cent des jeunes Marocains rejettent les valeurs et la démocratie occidentales", note le Volkskrant à la une. "Six à sept pour cent sont prêts à défendre l’islam par la force. C’est ce qu’on peut lire dans le rapport encore confidentiel Radicalen en democraten, un projet d’étude que l’Institut des Migrations et des Etudes Ethniques (IMES) a réalisé à la demande de la ministre Verdonk (Intégration).""Les jeunes Marocains sont en majorité opposés à la liberté d’expression, s’agissant de déclarations offensantes, surtout sur l’islam. La classe politique, pensent-ils, a peur de l’islam et essaie de le réprimer. Ils sont ’prêts à l’action’ pour défendre leur religion. La majorité veut le faire en employant des moyens légaux. Six à sept pour cent sont prêts à avoir recours à la violence.""Les chercheurs nomment trois motifs de radicalisation. Les jeunes musulmans se radicalisent tout d’abord par suite de leur discrimination, ensuite par besoin de spiritualité et enfin par manque d’attaches. Beaucoup de jeunes se sentent incompris par la société néerlandaise et par leurs parents de la première génération."
Lien: http://www.ambafrance.nl/article.php?id_article=7364