dimanche 30 novembre 2008
Ouiquenne glacé en Veluwe
Ce ouiquenne, Lewis a voulu fuir la ville et m'a emmené en Veluwe (en province de Gueldre), dans la dernière forêt sauvage des Pays-Bas. Promenade géniale dans la boue, la neige et les feuilles mortes. Température: 1°c. Taux d'humidité: 99%. Pas d'internet, mobile éteint. État du chien, des humains et des vêtements ce soir: fatigués et pleins de gadoue. D'autres photos suivent ci-dessous, en particulier avec Martin se faisant les crocs sur des troncs d'arbres.
En revenant, on est passés par Lelystad, en Flevoland, l'énorme polder au nord-est d'Amsterdam. Autoroutes ultradroites et totalement désertes, éoliennes géantes dans la brume, aéroport sans avion aucun, forêts immenses avec des arbres bien alignés succédant aux énormes fermes industrielles: les Hollandais n'ont même pas essayé de faire semblant d'avoir construit une zone naturelle. La nature y est, en fait, violemment artificielle.
Lelystad est une ville qui n'en est pas une, constituée seulement de banlieues où les maisons se ressemblent toutes. Certaines zones sont délicieusement avant-gardes et cubiques, d'autres terriblement démodées et laides. Ils sont en train de construire un centre-ville dont l'architecture est vraiment intéressante (übercubique noir et métal, principalement, photo ici), mais cela n'embellit pas pour autant le reste de la ville, ni ne la densifie vraiment. Une erreur architecturale et urbaine qui, je le crains, est amenée à disparaître. Je l'appelais Lelijkstad pour rigoler (lelijk veut dire "laid" en néerlandais), maintenant j'ai vraiment pitié et n'ose plus répéter ma vanne en public.
En rentrant, nous sommes passés par Enkhuizen, en Frise Occidentale (même si techniquement cela fait partie de la Hollande Septentrionale). Ville minuscule ultra-mignone avec des maisons de poupées datant du 17e siècle et des cafés bruns très conviviaux. De quoi faire sérieusement hyperventiler n'importe quel touriste américain. Pire, j'y ai mangé le meilleur hamburger du pays ever au café "van Bleiswijk": steak haché persillé de légumes, de la salade fraîche avec des miettes de paprika, du bacon revenu à mort, du fromage hollandais fondu et du pain croustillant légèrement beurré. Et des frites fraîches, of course, mais en Hollande on ne le précise jamais tant c'est évident. Le froid creuse, certes, mais là, bravo. Burgermeister et McBeurk (tous les deux Albert Cuypstraat) peuvent aller se recoucher.
Avant cela, nous sommes passés sur la digue d'une trentaine de kilomètres qui relie Lelystad à Enhuizen. À l'origine, il était prévu qu'un autre polder soit construit entre les deux, mais c'est entretemps devenu une réserve naturelle très riche en animaux protégés (poissons, oiseaux, que sais-je...) et son assèchement a été abandonné. On a laissé la digue pour relier le polder à la terre ferme, mais c'est bien tout.
30 km d'une étroite route bordée par l'eau glacée, à peine protégée par quelques blocs de béton et une barrière en métal. Avec la brume, la neige et le vent, on avait une visibilité quasiment nulle, et le navigateur satellite nous renvoyait sur la carte à une bande verte coincée par deux espaces bleus immenses, sans rien d'autre. Une traversée délicieusement effrayante, en gros.
J'ai voulu vanner Lewis et lui ai demandé qu'on s'arrête en plein milieu pour sentir l'air frais et permettre au chien de nager dans de l'eau propre. Il a pété un plomb, m'a dit qu'on n'était pas sur un plage à Nice et a refusé de s'arrêter. La tempête de neige/pluie et l'humour, pas toujours compatibles, donc.
Bref, ouiquenne exotique sans non plus devoir aller en avion dans des dictatures méridionales. On s'est jurés de refaire ça plus régulièrement, même s'il fait froid. La forêt sauvage, pas Lelystad ni les dictatures.