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mercredi 26 octobre 2005

Quel débat pour qui? °

Un premier résumé des interventions (enfin, ce qui m'a marqué)...
- Slama a insisté sur le sens du danger (en particulier des totalitarisme) qui est la seule vraie identité européenne. Pas faux.
- Pour Lamassoure, le résultat de l'échec du référendum est que 1°) il n'y a pas de règles de fonctionnement correctes, surtout à 25, 2°) pas de budget, 3°) pas de frontières définies. On le voir venir avec la Turquie, mais c'est bien vu.
- Pour Andriessen (ancien commissaire européen), l'Europe est un processus élitiste dans lequel le citoyen européen ne se reconnaît pas (se reconnaît-il dans les gouvernement nationaux?), par ailleurs on n'a pas défini la finalité de l'Union, l'élargissement a été bâclé et si l'Europe est ammenée à jouer un rôle plus important dans le monde, elle n'est pas assez politisée (je suis d'accord avec cette approche).
- Perrineau (du Cevipof, machine à blabla) cite Claes de Vreese pour qui le "non" est dû 1°) à la xénophobie, 2°) au malaise économique, 3°) et à l'impopularité des gouvernements. Il y a des tensions au sein de la culture politique français vis-à-vis de l'Europe, et pas seulement chez des ouvriers et à l'extrême-gauche, selon 3 tendances: 1°) une culture jacobine anti-compromis, centraliste et unitaire, 2°) une culture économique antilibérale ("libéralisme" = gros mot), 3°) culture internationale mal à l'ise dans une union incompréhensible où le seul modèle vu comme viable est une extension du modèle français à toute l'Europe. Cette incapacité d'une partie des élites à sortir de leur gallocentrisme me semble, en effet, assez marquante.

Le débat qui a suivi, en groupe ou en "session pleinière" ("flauwekul" dirait Willem Bakker, mon prof de kreukreu), a raté l'essentiel de la mission. Au lieu de se demander ce que veulent les gens et en quoi l'Europe peut rendre leur vie plus heureuse, on nous a expliqué qu'on leur avait mal expliqué les institutions. Ah bon? Car elles sont claires, démocratiques et progressistes? Par rapport à quoi?
Mme et M. Toutlemonde flippent surtout pour leur boulot et l'avenir de leurs enfants. Les élites multilingues s'en sortiront dans cette Europe immense et anglophone, on le sait déjà. Les gens savent bien que la paix est assurée entre pays européens. Ce qu'ils veulent comprendre, c'est en quoi le processus de construction cessera de leur échapper, et en quoi leur vie va être améliorée.
Même si je suis super-pro-européen, je ne suis pas sûr d'être capable de leur apporter ces réponses. Mais, à part l'extrême-gauche et l'extrême-droite, personne ne cherche à répondre à ces questions simple: 1°) en quoi ma vie va être meilleure? 2°) comment va-t-on m'écouter si nous sommes 450 millions parlant 50 langues? 3°) que deviendront mes enfants?

Mais bon, pour commencer à répondre à cela il aurait fallu des 'jeunes talents' un peu plus représentatifs, moins "classes privilégiées", moins mâles, moins 100% blancs, et surtout ne pas laisser parler que les mandarins, aussi intéressants soient-ils.