lundi 6 octobre 2008
Flashback
J'ai passé presque une semaine à Strasbourg. J'avais oublié à quelle point c'est une belle ville. Pas seulement parce que la cathédrale peut contenir au moins trois Notre-Dame de Poitiers, mais parce que la ville a une unité de matériaux et une richesse architecturale indéniable. Comme je suis arrivé la veille, j'ai eu le temps de revoir des amis (Jean-Yves et Philippe, toujours ensemble un siècle plus tard, toujours sans aucune dispute, chapeau les garçons) et me promener en ville.
Quand j'ai quitté la ville en 1996, la première ligne de tram venait juste d'être finie. Il y a désormais cinq lignes et l'ensemble de la ville en a été transformée: plus agréable, plus mobile, débarrassée de la plupart de ses voitures. Cela n'a pas chassé les étudiants à vélo d'ailleurs, juste que les paysans se garent en banlieue pour faire leur magazinage en ville. Dire qu'à Amsterdam les commerçants veulent plus de voiture, les pauvres, ils se sont trompés de siècle...
C'est quand je me suis retrouvé près de l'Université que les choses se sont gâtées. Je me suis retrouvé assailli de souvenirs et une vague de nostalgie m'a submergé. Je me suis rappelé Laurent D. et Laurent V., Émilie, Liza, Claire (pour n'en citer que quelques uns), nos discussions d'étudiants stressés et insouciants, nos ballades le long de l'Observatoire, la fois où j'étais debout près de la fac de chimie sur le vélo de Laurent D. et que la roue a explosé, nos repas sans fin au Fec ou à la Gallia, les ouiquennes à se raconter nos vies au resto U, à réviser pour les examens et se moquer de nos camarades de promo. Ah, ces jeunes chiraquiens pleins de certitudes, ce qu'ils pouvaient nous faire rire...
Et puis, tout à coup, je me suis retrouvé au bord des larmes, un mec de 36 ans, qui commence à devenir chauve, habillé cher, avec quelques kilos en trop et pas mal de douleurs morales au compteur au milieu de cette foule d'étudiants jeunes, boutoneux et chevelus, submergé par un passé qu'ils ne soupçonnaient pas. J'ai pris la tengeante vers l'IEP (toujours aussi laid) et ai appelé mon mari. Là, à quelques mètres d'où j'ai vécu, j'ai fondu en larmes, ce qui doit m'arriver tous les cinq and à tout casser. Un grand garçon qui n'arrivait plus à gérer toutes ces émotions enfouies et ces souvenirs oubliés, comme dans un mauvais film américain.
Enfin, conférence intéressante avec plein de gens bien (j'en reparle plus tard), puis j'ai revu ma copine Anne, qui est devenue une maman bourgeoise élégante. Il va falloir retourner à Strasbourg un peu plus souvent désormais...