lundi 6 octobre 2008
Hispanisation de l'accentuation
La langue néerlandaise est fascinante. Un truc qui ne cesse de m'étonner est l'accentuation, un processus qui nécessite souvent une périphrase en français. Par exemple, alors qu'en français il faut utiliser trois mots de plus ("tu manges" / "c'est toi qui manges"), en néerlandais une seule lettre supplémentaire suffit parfois: "je eet" / "jij eet".
Cette accentuation est possible avec le sujet ("je t'aime", "c'est toi que j'aime": "ik hou van je" / "ik hou van jou"), mais aussi avec le possesseur ("ton vélo" / "ton vélo à toi"): "je fiets" / "jouw fiets".
Mais ce qui est encore plus exotique pour un français est l'accentuation des mots dont la forme ne change pas. On ajoute juste un accent, et le mot est accentué. Facile, hein? Ainsi, "wel" ('bien') peut devenir "wél" ('mais si, je vous assure'). "Maar" ('mais'') devenir "máár" ('mais', avec emphase sur le mot, pour bien marquer qu'il y a un 'mais'). "Ook" ('aussi') devenir "óók" ('en plus')
En lisant de vieux livres laissés par mon prof de néerlandais, feu Willem, je me suis rendu compte qu'alors que l'accent aigu est devenu la norme, autrefois on adaptait l'accent au type de voyelle, en suivant l'orthographe française. On écrivait "wèl" (puisque c'est ainsi qu'on le prononce), et "één". On est passé d'une influence française à une hispanisation de l'accentuation. Si c'est accentué, on utilise é, á, ó, í ou ú, c'est tout. Le son est déterminé par la longueur de la voyelle ("wel": 'e' court / "een": 'e' long) et l'accent est systématiquement aigu. Sur mon clavier, cela représente parfois pomme+&+o ou pomme+&+u. C'est barbare, quoi.
Cette évolution est plus rationnelle, certes, mais cela ne fait-il pas ressembler le néerlandais à une langue d'Amérique du Sud, genre guarani ou une langue amérindienne encore plus zarbe? J'ai des angoisses étranges parfois, I know...
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