Je ne dis pas ça par prétention. Il est des sujets où je suis naturellement en avance sur les collègues tout simplement car c'est mon travail. Comme le faisait remarquer Leena il y a quelques jours à table avec son sarcasme habituel: "c'est vrai que tout le monde sait tout mieux que nous, après tout nous ne sommes que des sociologues, ce n'est pas du tout notre travail de comprendre comment la société fonctionne".
Il y a plus d'un mois j'avais tiré la sonnette d'alarme à propos des petits commerçants qui sont racketés par les propriétaires ("bon, à partir de la semaine prochaine, c'est 1000 euros de plus par mois"). On m'a pris pour un Français trop porté sur le drame. Lundi, un camarade du quartier chic rapporte que son vendeur de cigares se fait pareillement racketer, et là tout le monde trouve que c'est scandaleux. Parfois c'est fatigant, cette méfiance continuelle...
Politique gauche/droite
Dans la presse néerlandaise, une analyse que je partage totalement. Alors que les expulsions de sans-papiers continue de plus belle, que les logements sociaux sont transformés en appartements de luxe et que les services étatiques continuent à être privatisés de plus belle, au PvdA on essaye de nous faire croire qu'on est en train d'effectuer un virage à gauche. Genre...
Le chroniqueur politique du Trouw, Willem Breedveld, réfléchit lui aussi à l’évolution de la politique néerlandaise depuis Pim Fortuyn.
« Cela fait sept ans que j’attends l’arrivée triomphante de la nouvelle politique annoncée de toutes parts après l’assassinat de Pim Fortuyn, en vain jusqu’à maintenant. Et les électeurs semblent partager ce sentiment. Les partis qui ont endossé la responsabilité gouvernementale depuis cette époque - CDA, VVD, PvdA, D66 - ont tous vu leur électorat s’effriter. Sur les flancs, le SP, le PVV et l’invisible Verdonk ont les faveurs des électeurs. Mais pris individuellement ou collectivement (ce qui serait du reste impossible), ils sont incapables de reprendre les commandes. Une simple collaboration avec un des partis traditionnels serait même problématique. Si je considère l’ensemble de la période écoulée, force est de reconnaître que les gouvernements Balkenende II et III semblaient disposer de bons atouts : ils partageaient avec les électeurs l’aversion de la société multiculturelle, la redécouverte de la culture nationale (jusqu’à la limite de l’exclusion ou de l’assimilation des autres), la volonté de lutter contre la bureaucratie, de réformer le système polder et de se libérer d’une protection sociale étouffante : vive le marché, pour la santé publique , l’école et l’emploi ! Mais au grand étonnement de Balkenende, les électeurs n’ont guère apprécié sa nouvelle politique ni son ‘esprit de la VOC’ (Compagnie des Indes Orientales). Ce résultat a pour effet de rendre les gens prudents ... et cela nous conduit au gouvernement Balkenende IV : il ne manque pas de grands projets (quartiers difficiles, environnement, enseignement, sécurité) mais sa prudence l’empêche d’imposer ses idées. Et en fait nous aurions déjà pu le deviner lorsque le nouveau gouvernement a annoncé son intention de se mettre à l’écoute de la population. Cette fameuse population venait certes d’élire un nouveau parlement, elle avait du subir un gouvernement Balkenende III qui n’en finissait pas, et voilà que les communicateurs du gouvernement décidaient qu’elle pouvait bien encore attendre six mois. Ensuite, rien ne s’est arrangé : le droit de licenciement a été évacué de l’agenda, les ‘quartiers superbes’ ont sombré dans le bras de fer avec les corporations locatives, l’enseignement est plus oublié que jamais et les salaires des grands managers galopent. Nous assistons à ce que le philosophe français Cornelius Castoriadis appelle ‘l’impuissance de la politique’ : notre époque est incapable de se trouver une alternative et n’offre guère plus que la justification récurrente du capitalisme libéral, qui suscite de nombreuses interrogations dans l’opinion publique. Il faut reconnaître que ce gouvernement partage ses interrogations sur ce point ; mais j’ai du mal à comprendre son manque de conviction, ses hésitations : on veut sauver la planète en retirant de la vente les ampoules électriques ou en se chamaillant sur un moulin à vent ; on pinaille sur la morale ou sur la nécessité d’une lampe arrière sur les vélos. Mais c’est une alternative que nous attendons de ce gouvernement pas du raccommodage. »
Natalité
Je ne parle même pas de la politique familiale néerlandaise. La ChristenUnie a ouvert la discussion, mais nulle part je n'ai encore entendu comment les Néerlandais allaient se débrouiller pour alléger le fardeau de la maternité pour les femmes. Pas de crèche spéciale, pas d'aide à la petite enfance, toujours du temps partiel imposé pour les femmes et cette morale très Cuisine-Église-Enfants qui règne à tous les étages. Et intériorisée au point que quand on aborde le sujet les femmes sont d'une agressivité incroyable. Someone needs a shrink here...
Politique familiale
Le ministre de la Jeunesse et de la Famille, M. Rouvoet, « plaide pour une politique familiale active », indique le Trouw. « La politique familiale a traditionnellement été un tabou aux Pays-Bas. C’est pourquoi M. Rouvoet aborde le sujet avec beaucoup de prudence. Il en a toutefois parlé hier dans une interview accordée à De Pers : les familles néerlandaises devraient avoir davantage d’enfants afin de compenser les dépenses liées au vieillissement de la population. En dépit de la prudence des propos de Rouvoet, les réactions des parlementaires expriment une grande réticence : aucun groupe ne veut prendre de risque sur cette question. Rouvoet a fait le lien entre le chiffre de la natalité, trop faible à ses yeux et le vieillissement de la population ; la plupart des défenseurs d’une politique de natalité active font le lien entre le nombre d’enfants des familles autochtones et les chiffres de natalité beaucoup plus élevés dans les familles allochtones. L’ancienne députée VVD Ayaan Hirsi Ali s’exprimait ainsi en 2005 dans notre journal : ‘ le gouvernement garde le silence sur une évolution démographique inquiétante, avec d’un côté une population autochtone vieillissante et de l’autre l’afflux dans les grandes villes néerlandaises de familles allochtones qui ont beaucoup d’enfants. Le gouvernement trouve-t-il que c’est une bonne évolution pour lutter contre le fondamentalisme musulman ? Pourquoi n’y a-t-il aucune proposition dans le domaine de la politique familiale ?’. De même, l’universitaire Paul Scheffer, qui a lancé le débat sur la société multiculturelle, plaide dans son dernier livre (Het land van aankomst / le pays d’arrivée), pour une intervention plus active des pouvoirs publics. Tout comme Rouvoet, il relève le vieillissement de la population et la nécessité d’assurer une jeune génération qui puisse en supporter le coût ; mais lorsqu’il explique que l’alternative, pour faire augmenter les chiffres de la natalité (plus de population active immigrée) n’est pas une véritable solution, il rejoint Hirsi Ali : le population autochtone doit prendre ses responsabilités, estime Scheffer. La prudence du gouvernement néerlandais est exceptionnelle dans le contexte international : dans des pays comme la France, l’Italie ou l’Allemagne, l’Etat s’implique fortement dans les politiques familiales. »
http://www.ambafrance.nl/article.php?id_article=9324
Politique gauche/droite
Dans la presse néerlandaise, une analyse que je partage totalement. Alors que les expulsions de sans-papiers continue de plus belle, que les logements sociaux sont transformés en appartements de luxe et que les services étatiques continuent à être privatisés de plus belle, au PvdA on essaye de nous faire croire qu'on est en train d'effectuer un virage à gauche. Genre...
Le chroniqueur politique du Trouw, Willem Breedveld, réfléchit lui aussi à l’évolution de la politique néerlandaise depuis Pim Fortuyn.
« Cela fait sept ans que j’attends l’arrivée triomphante de la nouvelle politique annoncée de toutes parts après l’assassinat de Pim Fortuyn, en vain jusqu’à maintenant. Et les électeurs semblent partager ce sentiment. Les partis qui ont endossé la responsabilité gouvernementale depuis cette époque - CDA, VVD, PvdA, D66 - ont tous vu leur électorat s’effriter. Sur les flancs, le SP, le PVV et l’invisible Verdonk ont les faveurs des électeurs. Mais pris individuellement ou collectivement (ce qui serait du reste impossible), ils sont incapables de reprendre les commandes. Une simple collaboration avec un des partis traditionnels serait même problématique. Si je considère l’ensemble de la période écoulée, force est de reconnaître que les gouvernements Balkenende II et III semblaient disposer de bons atouts : ils partageaient avec les électeurs l’aversion de la société multiculturelle, la redécouverte de la culture nationale (jusqu’à la limite de l’exclusion ou de l’assimilation des autres), la volonté de lutter contre la bureaucratie, de réformer le système polder et de se libérer d’une protection sociale étouffante : vive le marché, pour la santé publique , l’école et l’emploi ! Mais au grand étonnement de Balkenende, les électeurs n’ont guère apprécié sa nouvelle politique ni son ‘esprit de la VOC’ (Compagnie des Indes Orientales). Ce résultat a pour effet de rendre les gens prudents ... et cela nous conduit au gouvernement Balkenende IV : il ne manque pas de grands projets (quartiers difficiles, environnement, enseignement, sécurité) mais sa prudence l’empêche d’imposer ses idées. Et en fait nous aurions déjà pu le deviner lorsque le nouveau gouvernement a annoncé son intention de se mettre à l’écoute de la population. Cette fameuse population venait certes d’élire un nouveau parlement, elle avait du subir un gouvernement Balkenende III qui n’en finissait pas, et voilà que les communicateurs du gouvernement décidaient qu’elle pouvait bien encore attendre six mois. Ensuite, rien ne s’est arrangé : le droit de licenciement a été évacué de l’agenda, les ‘quartiers superbes’ ont sombré dans le bras de fer avec les corporations locatives, l’enseignement est plus oublié que jamais et les salaires des grands managers galopent. Nous assistons à ce que le philosophe français Cornelius Castoriadis appelle ‘l’impuissance de la politique’ : notre époque est incapable de se trouver une alternative et n’offre guère plus que la justification récurrente du capitalisme libéral, qui suscite de nombreuses interrogations dans l’opinion publique. Il faut reconnaître que ce gouvernement partage ses interrogations sur ce point ; mais j’ai du mal à comprendre son manque de conviction, ses hésitations : on veut sauver la planète en retirant de la vente les ampoules électriques ou en se chamaillant sur un moulin à vent ; on pinaille sur la morale ou sur la nécessité d’une lampe arrière sur les vélos. Mais c’est une alternative que nous attendons de ce gouvernement pas du raccommodage. »
Natalité
Je ne parle même pas de la politique familiale néerlandaise. La ChristenUnie a ouvert la discussion, mais nulle part je n'ai encore entendu comment les Néerlandais allaient se débrouiller pour alléger le fardeau de la maternité pour les femmes. Pas de crèche spéciale, pas d'aide à la petite enfance, toujours du temps partiel imposé pour les femmes et cette morale très Cuisine-Église-Enfants qui règne à tous les étages. Et intériorisée au point que quand on aborde le sujet les femmes sont d'une agressivité incroyable. Someone needs a shrink here...
Politique familiale
Le ministre de la Jeunesse et de la Famille, M. Rouvoet, « plaide pour une politique familiale active », indique le Trouw. « La politique familiale a traditionnellement été un tabou aux Pays-Bas. C’est pourquoi M. Rouvoet aborde le sujet avec beaucoup de prudence. Il en a toutefois parlé hier dans une interview accordée à De Pers : les familles néerlandaises devraient avoir davantage d’enfants afin de compenser les dépenses liées au vieillissement de la population. En dépit de la prudence des propos de Rouvoet, les réactions des parlementaires expriment une grande réticence : aucun groupe ne veut prendre de risque sur cette question. Rouvoet a fait le lien entre le chiffre de la natalité, trop faible à ses yeux et le vieillissement de la population ; la plupart des défenseurs d’une politique de natalité active font le lien entre le nombre d’enfants des familles autochtones et les chiffres de natalité beaucoup plus élevés dans les familles allochtones. L’ancienne députée VVD Ayaan Hirsi Ali s’exprimait ainsi en 2005 dans notre journal : ‘ le gouvernement garde le silence sur une évolution démographique inquiétante, avec d’un côté une population autochtone vieillissante et de l’autre l’afflux dans les grandes villes néerlandaises de familles allochtones qui ont beaucoup d’enfants. Le gouvernement trouve-t-il que c’est une bonne évolution pour lutter contre le fondamentalisme musulman ? Pourquoi n’y a-t-il aucune proposition dans le domaine de la politique familiale ?’. De même, l’universitaire Paul Scheffer, qui a lancé le débat sur la société multiculturelle, plaide dans son dernier livre (Het land van aankomst / le pays d’arrivée), pour une intervention plus active des pouvoirs publics. Tout comme Rouvoet, il relève le vieillissement de la population et la nécessité d’assurer une jeune génération qui puisse en supporter le coût ; mais lorsqu’il explique que l’alternative, pour faire augmenter les chiffres de la natalité (plus de population active immigrée) n’est pas une véritable solution, il rejoint Hirsi Ali : le population autochtone doit prendre ses responsabilités, estime Scheffer. La prudence du gouvernement néerlandais est exceptionnelle dans le contexte international : dans des pays comme la France, l’Italie ou l’Allemagne, l’Etat s’implique fortement dans les politiques familiales. »
http://www.ambafrance.nl/article.php?id_article=9324