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mercredi 20 février 2008

C'est dur d'avoir raison avant tout le monde...



Je ne dis pas ça par prétention. Il est des sujets où je suis naturellement en avance sur les collègues tout simplement car c'est mon travail. Comme le faisait remarquer Leena il y a quelques jours à table avec son sarcasme habituel: "c'est vrai que tout le monde sait tout mieux que nous, après tout nous ne sommes que des sociologues, ce n'est pas du tout notre travail de comprendre comment la société fonctionne".
Il y a plus d'un mois j'avais tiré la sonnette d'alarme à propos des petits commerçants qui sont racketés par les propriétaires ("bon, à partir de la semaine prochaine, c'est 1000 euros de plus par mois"). On m'a pris pour un Français trop porté sur le drame. Lundi, un camarade du quartier chic rapporte que son vendeur de cigares se fait pareillement racketer, et là tout le monde trouve que c'est scandaleux. Parfois c'est fatigant, cette méfiance continuelle...

Politique gauche/droite
Dans la presse néerlandaise, une analyse que je partage totalement. Alors que les expulsions de sans-papiers continue de plus belle, que les logements sociaux sont transformés en appartements de luxe et que les services étatiques continuent à être privatisés de plus belle, au PvdA on essaye de nous faire croire qu'on est en train d'effectuer un virage à gauche. Genre...

Le chroniqueur politique du Trouw, Willem Breedveld, réfléchit lui aussi à l’évolution de la politique néerlandaise depuis Pim Fortuyn.
« Cela fait sept ans que j’attends l’arrivée triomphante de la nouvelle politique annoncée de toutes parts après l’assassinat de Pim Fortuyn, en vain jusqu’à maintenant. Et les électeurs semblent partager ce sentiment. Les partis qui ont endossé la responsabilité gouvernementale depuis cette époque - CDA, VVD, PvdA, D66 - ont tous vu leur électorat s’effriter. Sur les flancs, le SP, le PVV et l’invisible Verdonk ont les faveurs des électeurs. Mais pris individuellement ou collectivement (ce qui serait du reste impossible), ils sont incapables de reprendre les commandes. Une simple collaboration avec un des partis traditionnels serait même problématique. Si je considère l’ensemble de la période écoulée, force est de reconnaître que les gouvernements Balkenende II et III semblaient disposer de bons atouts : ils partageaient avec les électeurs l’aversion de la société multiculturelle, la redécouverte de la culture nationale (jusqu’à la limite de l’exclusion ou de l’assimilation des autres), la volonté de lutter contre la bureaucratie, de réformer le système polder et de se libérer d’une protection sociale étouffante : vive le marché, pour la santé publique , l’école et l’emploi ! Mais au grand étonnement de Balkenende, les électeurs n’ont guère apprécié sa nouvelle politique ni son ‘esprit de la VOC’ (Compagnie des Indes Orientales). Ce résultat a pour effet de rendre les gens prudents ... et cela nous conduit au gouvernement Balkenende IV : il ne manque pas de grands projets (quartiers difficiles, environnement, enseignement, sécurité) mais sa prudence l’empêche d’imposer ses idées. Et en fait nous aurions déjà pu le deviner lorsque le nouveau gouvernement a annoncé son intention de se mettre à l’écoute de la population. Cette fameuse population venait certes d’élire un nouveau parlement, elle avait du subir un gouvernement Balkenende III qui n’en finissait pas, et voilà que les communicateurs du gouvernement décidaient qu’elle pouvait bien encore attendre six mois. Ensuite, rien ne s’est arrangé : le droit de licenciement a été évacué de l’agenda, les ‘quartiers superbes’ ont sombré dans le bras de fer avec les corporations locatives, l’enseignement est plus oublié que jamais et les salaires des grands managers galopent. Nous assistons à ce que le philosophe français Cornelius Castoriadis appelle ‘l’impuissance de la politique’ : notre époque est incapable de se trouver une alternative et n’offre guère plus que la justification récurrente du capitalisme libéral, qui suscite de nombreuses interrogations dans l’opinion publique. Il faut reconnaître que ce gouvernement partage ses interrogations sur ce point ; mais j’ai du mal à comprendre son manque de conviction, ses hésitations : on veut sauver la planète en retirant de la vente les ampoules électriques ou en se chamaillant sur un moulin à vent ; on pinaille sur la morale ou sur la nécessité d’une lampe arrière sur les vélos. Mais c’est une alternative que nous attendons de ce gouvernement pas du raccommodage. »


Natalité
Je ne parle même pas de la politique familiale néerlandaise. La ChristenUnie a ouvert la discussion, mais nulle part je n'ai encore entendu comment les Néerlandais allaient se débrouiller pour alléger le fardeau de la maternité pour les femmes. Pas de crèche spéciale, pas d'aide à la petite enfance, toujours du temps partiel imposé pour les femmes et cette morale très Cuisine-Église-Enfants qui règne à tous les étages. Et intériorisée au point que quand on aborde le sujet les femmes sont d'une agressivité incroyable. Someone needs a shrink here...

Politique familiale
Le ministre de la Jeunesse et de la Famille, M. Rouvoet, « plaide pour une politique familiale active », indique le Trouw. « La politique familiale a traditionnellement été un tabou aux Pays-Bas. C’est pourquoi M. Rouvoet aborde le sujet avec beaucoup de prudence. Il en a toutefois parlé hier dans une interview accordée à De Pers : les familles néerlandaises devraient avoir davantage d’enfants afin de compenser les dépenses liées au vieillissement de la population. En dépit de la prudence des propos de Rouvoet, les réactions des parlementaires expriment une grande réticence : aucun groupe ne veut prendre de risque sur cette question. Rouvoet a fait le lien entre le chiffre de la natalité, trop faible à ses yeux et le vieillissement de la population ; la plupart des défenseurs d’une politique de natalité active font le lien entre le nombre d’enfants des familles autochtones et les chiffres de natalité beaucoup plus élevés dans les familles allochtones. L’ancienne députée VVD Ayaan Hirsi Ali s’exprimait ainsi en 2005 dans notre journal : ‘ le gouvernement garde le silence sur une évolution démographique inquiétante, avec d’un côté une population autochtone vieillissante et de l’autre l’afflux dans les grandes villes néerlandaises de familles allochtones qui ont beaucoup d’enfants. Le gouvernement trouve-t-il que c’est une bonne évolution pour lutter contre le fondamentalisme musulman ? Pourquoi n’y a-t-il aucune proposition dans le domaine de la politique familiale ?’. De même, l’universitaire Paul Scheffer, qui a lancé le débat sur la société multiculturelle, plaide dans son dernier livre (Het land van aankomst / le pays d’arrivée), pour une intervention plus active des pouvoirs publics. Tout comme Rouvoet, il relève le vieillissement de la population et la nécessité d’assurer une jeune génération qui puisse en supporter le coût ; mais lorsqu’il explique que l’alternative, pour faire augmenter les chiffres de la natalité (plus de population active immigrée) n’est pas une véritable solution, il rejoint Hirsi Ali : le population autochtone doit prendre ses responsabilités, estime Scheffer. La prudence du gouvernement néerlandais est exceptionnelle dans le contexte international : dans des pays comme la France, l’Italie ou l’Allemagne, l’Etat s’implique fortement dans les politiques familiales. »


http://www.ambafrance.nl/article.php?id_article=9324

samedi 16 février 2008

Amateurisme

Ces derniers jours, les médias français n'en ont que pour l'idée de Nicolas Sarkozy de faire porter la mémoire d'enfants juifs déportés et assassinés par des enfants de CM2. L'unanimité des commentaires contre cette idée est frappante, à part le vieux Karlsfeld qui en a fait le projet de sa vie et qui ne réalise pas ce que cela représente pour un enfant de dix ans.
Dans cette histoire, ce qui me frappe le plus, c'est la solitude de Sarkozy, qui essaye à nouveau d'instrumentaliser l'émotion et qui lance des idées provocantes sans trop chercher à consulter des spécialistes. Quelque part, cela dénote d'un amateurisme assez fascinant.
Ceci dit, une autre de ses grandes spécialités est de nommer des commissions pour "réfléchir" aux sujets du moment. Chirac faisait pareil pour se débarrasser des sujets chauds. Le doigté de Sarko est tel qu'il arrive ainsi à neutraliser l'opposition, faire taire sa majorité, mais aussi saboter son propre programme présidentiel puisqu'il apparaît qu'il ne reposait sur rien: après nous avoir vendu son programme comme étant ce dont veulent vraiment les Français, le voilà qui a besoin de commissions avec des gens de gauche pour savoir ce qu'il faut faire.
Tout cela révèle à quel point Sarko s'est survendu (depuis le temps qu'on disait qu'il exploserait en vol...) et à quel point Ségolène a perdu à cause de sa propre solitude, mais surtout la campagne pro-Sarko organisée par les éléphants du PS.
Les étrangers me parlent de Sarko et de la France avec un mélange d'admiration et de consternation. "Pourquoi avez-vous élu un mec qui voulait être président pour se lever des meufs?" Ah, ça, bonne question. Ce n'est pas à moi qu'il faut la poser, tant j'ai averti ce qui nous attendant durant la campagne. 

dimanche 10 février 2008

Hirsi Ali revient. Encore?

Et voilà que Hirsi Ali revient. Cette fois, elle veut la nationalité française et que l'État français paye pour sa sécurité pendant qu'elle écrit pour un thinktank bushiste aux États-Unis. Cette fois-ci escortée par Caroline Fourest, of course, mais aussi BHL et notre brillante et très décorative Rama Yade.
Je ne sais plus si je dois rire ou me mettre en colère. Mon conseil à tous ceux qui fuient les meurtres, la terreur et les intimidations et à qui on refuse de rester en France: crachez sur les musulmans, traitez Mahomet de pervers, mentez à tout le monde, trahissez vos amis et faites tomber un gouvernement avec vos mensonges, ça risque de faciliter les choses. Obviously.

J'ai trouvé un commentaire à l'article de Libération sur les dernières aventures d'Hirsi Ali qui m'a semblé bien résumer la situation:
meg96 Imposture
Ayaan Hirsi Ali a pris des contacts avec le think-tank ultra-conservateur American Enterprise Institute avant même que des menaces de mort soient formulées à son encontre. La réalité est bien moins rose que ce Caroline Fourest et d'autres gogos s'imaginent (ou feignent de s'imaginer). La carrière entière d'Hirsi Ali est placée sous le signe de l'opportunisme. Remarquée par des membres du PvdA (l'équivalent néerlandais du PS), elle est recrutée pour travailler au sein de ce parti. Mais Mme Hirsi Ali estime qu'elle mérite mieux que ça, et qu'on n'utilise pas ses talents, qu'elle croit grands. Elle passe alors avec armes et bagages au VVD (équivalent néerlandais de l'UMP), qui lui offre un poste de députée sur un plateau. Las, Mme Hirsi Ali est bien trop égocentrique pour respecter ne serait-ce qu'un semblant de discipline de parti, et elle ne tarde pas à se mettre à dos la quasi-totalité du VVD par ses déclarations à l'emporte-pièce sur la place de l'islam aux Pays-Bas, qui ne font que jeter de l'huile sur un feu qui couve déjà. C'est alors qu'elle prend contact avec les ultra-réacs de l'American Enterprise Institute. Rien n'a obligé Hirsi Ali à quitter les Pays-Bas, et si elle y était restée, elle serait protégée en permanence. Mais la question est : quel pays accepterait de payer la protection de quelqu'un qui a choisi volontairement d'aller vivre ailleurs ? On peut aussi se poser la question suivante : qu'est-ce qui lie tous ce "intellectuels" français qui ont lancé cet appel ? Une même obsession pour un pseudo danger islamo-fasciste, peut-être ?
Dimanche 10 Février 2008 - 16:42

jeudi 7 février 2008

Une grande étape de franchie

J'ai été quelque peu silencieux ces derniers temps, mais cela ne veut pas dire que je dormais. En bref, rattrapage des niouzes kreukreuscopiques...

- J'ai fini mon livre hier matin, comme je l'avais promis à mon éditeur. J'ai passé les deux derniers jours (et la dernière nuit) à tout relire, corriger, compléter, préciser. La sortie est prévue le 24 avril, je vous donnerai des précisions (titre, résumé, quatrième de couverture, que sais-je) d'ici là...

- "Just Want To Be Loved" sera disponible en vinyl dans vos magasins préférés le jour de la Saint Valentin. L'ensemble des remixes devrait être disponible d'ici là sur vos plateformes numériques préférées (dont iTunes). En attendant, vous pouvez en écouter quelques un sur cette page ou sur notre Myspace.

- Je pars début mars en Finlande masteriser notre album (titre de travail: Überlove), histoire d'avoir un son bien scandinave. Je passerai à Helsinki puis à Lappeenrata (près de la frontière russe) pour lui donner le son que je veux en compagnie d'Ecodelay. Pierre Marly est déjà très avancé sur la pochette, ça a l'air vraiment chouette. Entretemps, "Ouh Bébé" sera ressorti, avec une pochette réalisée par Pierre et Geneviève Gauckler. Je n'ai rien vu mais je suis très curieux...

- Après moult drames compliqués, le Conseil s'est décidé sur la Ferdinand Bolstraat: pas de voitures, probablement le retour du tram, une étude sur les kiosques, voilà les grandes lignes. Le VVD aurait voulu une grande promenade sans tram. Moi aussi je veux plein de trucs, mais la question est aussi l'intérêt général: il faut transporter les gens, les amener aux boutiques et au marché, il faut désenclaver les quartiers sud (Rivierenbuurt) et préparer la venue du cargotram. Bref, il faut savoir parfois mettre ses envies en veilleuse et s'assurer que l'on fait ce qui est le plus utile pour le quartier mais aussi le reste de la ville.

- D'après ce que j'ai entendu, la guerre des tranchées à la Maison Descartes continue. C'est vraiment du n'importe quoi et je me demande parfois pourquoi l'État français continue à financer tous ces cadres parachutés et incompétants. Le directeur fait de son mieux pour virer un maximum de gens avant son départ, prévu en août. C'est d'un niveau... Aux question de Tanguy Le Breton sur l'usage du bâtiments, l'ambassade a pondu une lettre en novlangue administrativo-diplomatique disant que tout allait pour le mieux, pas besoin de stresser mes petits chéris. Parle à ma main... Entretemps, Vincent Toulotte déclare partout qu'on a retrouvé son usurpateur (des messages intéressants avaient été postés en son nom sur ce blogue), ce qui me fait beaucoup rire. Soit il ment, soit il est bête, soit il est un génie en informatique ayant réussi à entrer par effraction dans les serveurs des Google, mais je ne vois vraiment pas comment il aurait pu réussir ce tour de force. Il faudra qu'ils me montrent comment ils arrivent à faire tout ça si bien, il me reste tant à apprendre...

- Sandra, notre vendeuse attitré de saucissons sur le marché Albert Cuyp (riches en vitamines B12 et Z14, mais surtout vraiment crécrébons), va ouvrir une boutique sur le marché. Ça s'appelle 'Het Franse Winkeltje' (la petite boutique française), c'est Albert Cuypstraat 123, ça ouvre officiellement le 18 février, mais il y a un vernissage de saucissons le samedi 16 février à partir de 19 heures. On espère qu'elle proposera aussi du beurre d'Isigny demi-sel et du cidre doux. Miam.

lundi 4 février 2008

Vendredi sur Arte à 19h



Je suis visible ce vendredi dans une émission sur Arte, la chaîne franco-allemande, à 19h. Le reportage parle des "banlieues" néerlandaises, on a été filmer à Oost-Watergrafsmeer et Zeeburg, en particulier avec l'îlotier, le maire (travailliste) d'Oost, mais aussi des travailleurs sociaux... Rediffusion le samedi à midi pour ceux qui auraient raté. Bonne télé!

Bleu de Delft 2.0



À la gare d'Amsterdam Rai, l'ancienne salle d'attente est désormais occupée par un artiste un peu obsédé par le Bleu de Delft. Il détourne le truc et garde la technique. J'ai trouvé ça sympa. En tous les cas bien mieux qu'un distributeur de frites...



Geert Wilders en prend pour son grade (ci-dessus), mais aussi Al Qaida, qui, je vous le rappelle, est vendu comme une institution terroriste avec franchises (ci-dessous). Mignon, nan?

Associer

http://www.Medium4You.be/article.php3?id_article=3365