Les fêtes et un petit séjour en France sont l'occasion de comparer mes deux pays (de naissance et d'adoption) et de faire un petit bilan superficiel de la vie qu'on peut y mener, après presque dix ans de Pays-Bas. Je vais commencer par le plus positif pour la France, et finir en bitchant un peu, histoire de se la jouer neutre.
La bouffe
Je sais que c'est cliché, mais même le petit supermarché du coin offre plus de diversité culinaire que le plus grand des supermarchés néerlandais. Les Pays-Bas reviennent de loin, c'est vrai (quand je suis arrivé c'était un choix plus que restreint: pain synthétique blanc ou brun, bière, concombre, beurre de cacahuette, salade-chou, flocons en chocolat et margarine), mais il y a encore énormément de travail à faire. Nouveauté à laquelle je n'avais pas prêté attention auparavant: rayon casher, rayon portugais et arabe bien fournis, et rayons asiatique, antillais et africains impressionnants...
(ci-dessus) Dans le supermarché près de chez mes parents, les produits laitiers ont droit à trois allées différentes. Un choix stressant. Yaourt nature sans gras, avec oligo-éléments, crème au caramel ou truc régime synthétique. Oh nan, de la faisselle légère et un crème brûlée. Et puis, non, du fromage blanc aux fruits éxotiques, à moins que j'achète des yaourts aux fruits enrichis aux oméga 3 et 12 et au polonium 132. Ah, je n'arrive pas à choisir!
(ci-dessus) ... Le truc qui effraye les amerloques: de la cervelle de porc. J'ai été obligé de gober ça tout petit, depuis je m'en passe très bien. C'est peut-être délicieux, je ne veux pas savoir. J'ai déjà oublié de quoi on parlait, c'est dire.
(ci-dessus) Lewis, qui a une petit fixette sur les compotes, n'en croit pas ses yeux. Même de la compote sans sucre ajouté pommes vertes-lychee. Comment a-t-on pu vivre sans jusque là, je me demande encore...
(ci-dessous) Et le classique: le fromage! Dieu sait si j'adore le fromage hollandais, mais il sait aussi que les armes bactériologiques made in France me manquent. Et pas seulement le vieux calandos qui pue vendu au prix du caviar quand les boutiques de délicatesses d'Amsterdam.
(ci-dessous) Et puis, bien sûr, le cocholat, comme dit ma nièce. Ah, le chocolat... Même quand on est trop vieux pour apprécier le sexe, la musique ou les grandes ballades, il reste le chocolat. Il y en a pour tous les goûts, toutes les bourses, tous les palais. Mais que fait la Commission européenne?
Transports en commun
(ci-dessous) Et le truc que j'ai adoré, en plus de faire semblant de jouer au conducteur à l'avant de la ligne 14 du métro (sans conducteur), c'est le nouveau tram T3. Grand, lumineux, confortable, silencieux, vraiment rapide. Stations magnifiques aussi. Le seul problème: ça va si vite qu'on a à peine le temps de s'asseoir qu'on est déjà arrivé. Par rapport aux lignes pourries d'Amsterdam, où même les nouveaux trams sont laids, malfoutus et pas confortables, ça change. Si ces bordéliques de Grenouilles arrogantes y arrivent, pourquoi pas les Kreukreux, hein?
La banlieue
Le truc qui me tue, c'est la banlieue. Autant Paris intra muros est une ville vraiment magnifique, autant la banlieue m'horripile. Peut-être parce que j'y ai grandi et que j'en connais tous les travers. Ce n'est pas tant le chaos que le règne de la bagnole qui m'agace. Même pour aller au supermarché du coin (5 minutes à pied), il faut prendre sa caisse. Y aller à pied est dangereux: rien n'est prévu pour vous, il vous faudra traverser un échangeru d'autoroute et un parking immense avant d'être à l'abris d'un trottoir. Et seuls les Africains de la première génération y vont en bus, pas par choix mais parce qu'ils ne peuvent pas encore se payer une tire. Quelle horreur humaine, urbaine, écologique, sociale...
La laideur marchande
(ci-dessus et ci-dessous) La passion des Hollandais pour le shopping m'horripile, mais l'avarice des grand promoteurs français me fait vomir. Pour que les masses populaires aillent se fournir en bouffe, en écrans plats, en fringues chinoises ou en cadeaux merdiques pour Noël, ils ont construit des lieux d'une laideur sans nom où les petits Français bien dociles viennent dépenser leurs euros chèrement gagnés. Pour eux, pas de vitrines jolies, pas de service spécial, pas d'éclairage particulier ou d'architecture attrayante. Des hangars d'acier, des pancartes moches, des piles d'objet à accumuler. Même la fnac s'est transformée en zone de gros où on achète des Macs, des iPods et des livres à la tonne. J'ai failli pleurer. Les boutiques mignones du Pijp m'ont alors terriblement manqué.
La pauvreté, la richesse
Je m'inquiète des différences croissantes entre riches et pauvres aux Pays-Bas. Mais en France c'est pire. Les riches sont vraiment très très très riches, que ce soit intra muros ou dans les ghettos qui leur sont réservés en banlieue. Mais la plupart des gens tirent la langue et négocient les parts de gâteau chez le boulanger, achètent leurs slips chez Tati et leur télé à crédit. Cette confiscation de la richesse par quelques uns est ce qui m'a le plus choqué. Que notre président, tout occupé à lever des meufs et faire la bise au Pape, s'en fiche éperdument, me donne des soucis. Connaissant la France, cela va nécessairement avoir des conséquences. Montée du FN? Des émeutes? Besancenot et ses amis au pouvoir?
Bref, sachant que la vie en France reste une des plus agréables au monde, si la vie n'est pas toujours facile en Hollande, on pourrait être dans un endroit bien pire, non?