Voilà, nous avons un nouveau président de parti. Une nouvelle présidente, en fait. Le mode d'élection était intéressant: nous devions indiquer (sur papier, sur internet ou par téléphone) quelles étaient nos préférences. Des sept candidats, nous pouvions soit voter blanc, soit les mettre dans l'ordre de notre choix. Je pense que Lilianne Ploumen a bénéficié de votes de second choix, alors que quelques hommes au profil plus marqué (et plus célèbres) ont attiré des votes extrêmes (soit en n°1, soit en n°7). Je ne sais pas quoi penser de son élection. Apparement c'est une femme de qualité qui s'est engagé pour ce en quoi elle croyait, en particulier en faveur des femmes et des minorités. Pour le reste, c'est le mystère total. Branche gauchiste ou aile néo-libérale? Collectiviste ou individualistissime? Classique ou moderne? Aucune idée. Wouter Bos et le premier ministre doivent être soulagés.
Dans la presse néerlandaise:
"Les membres du PvdA ont élu Lilianne Ploumen à la présidence du parti", annonce le Volkskrant dans son grand article à la une. "Elle a finalement obtenu 54 pour cent des voix et a ainsi battu son principal rival, l’ancien ministre Jan Pronk. Un peu moins de la moitié (44 pour cent) des plus de soixante mille membres ont voté." "Ploumen, qui sera nommée officiellement par le congrès du PvdA, le 6 octobre, a déclaré être très satisfaite de sa victoire. Elle a promis aux responsables PvdA et au groupe parlementaire à la Deuxième Chambre de les ’aiguillonner’." "A cause de la complexité du système de vote, il a fallu six tours de scrutin pour aboutir à la victoire de Ploumen. Néanmoins, son rival Pronk a parlé d’une victoire marquante. ’Mon intuition me disait que ce serait juste. Je ne dirai pas que je suis soulagé, mais je ne trouve pas grave de ne pas avoir été élu.’ Pronk a reconnu que son style tranchant - il avait qualifié le premier ministre Balkenende de menteur - ne l’a pas rendu populaire auprès d’une partie de la base." "Le leader du parti, Bos, a loué l’expérience internationale de Ploumen. Il a reconnu être soulagé que Pronk n’ait pas obtenu la présidence. Bos espère que Ploumen fera du PvdA le parti le plus attrayant des Pays-Bas. ’Sur ce point, nous le cédons au CDA et au SP’." "Lilianne Ploumen, 45 ans, n’a été considérée à aucun moment comme favorite pour la présidence du PvdA", note le journal de centre gauche dans un "profil" en page 2. "Elle était la candidate inconnue et ’sûre’ de bonzes du parti tels que l’ancien président Ruud Vreeman. Pas de polémiste populaire et médiagénique, comme son principal rival Jan Pronk. Hier, elle a été élue présidente du PvdA contre toute attente et succédera donc à Michiel van Hulten. "Tout de suite après son élection chaotique - une panne informatique a retardé le résultat de quatre heures - Ploumen s’est montrée ferme. Elle n’était pas la candidate des bonzes, a-t-elle fait savoir aux journalistes." "Ainsi, la nouvelle présidente est partisane d’un référendum sur le traité européen. Et d’une enquête sur le processus décisionnel concernant le soutien néerlandais à la guerre d’Irak. ’Ce ne sera plus pour la législature actuelle, mais j’attache beaucoup d’importance à ce que cette enquête finisse par se faire’, a dit Ploumen hier soir." "S’agissant de la mission en Uruzgan, elle a déclaré qu’un retrait rapide des troupes néerlandaises lui paraissait déraisonnable. ’Un départ impromptu aurait d’énormes conséquences pour la population locale’. Elle n’évitera pas les questions d’actualité, mais sa principale ambition est de donner davantage d’influence aux membres du parti, qui se sentent trop souvent ignorés par la direction du parti au Binnenhof." "La nouvelle présidente du parti est née à Maastricht comme fille d’un laitier. Elle a étudié la sociologie historique à Rotterdam, puis elle a fait carrière dans des organisations idéalistes comme PLAN (anciennement Foster Parents Plan) et Mama Cash. Lutter contre l’injustice, tel est aussi son adage dans la politique néerlandaise." "Il y a quatre ans Ploumen était encore membre de GroenLinks. Elle a quitté ce parti pour le PvdA parce qu’elle pensait qu’un parti populaire large pouvait s’occuper davantage de la pauvreté et des problèmes ethniques." "Ploumen n’est pas une copine du leader Wouter Bos, souligne-t-elle. Selon ses propres dires, elle n’a serré la main du vice-premier ministre que trois fois." "Il ne semble pas qu’il faille attendre de Ploumen du tumulte politique, comme Pronk en promettait en réclamant un référendum sur l’UE et une enquête sur l’Irak", souligne le Telegraaf à la une. "A propos du référendum sur lequel le groupe PvdA prendra une décision aujourd’hui, Ploumen a dit : ’Personnellement je suis pour, mais j’attendrai les délibérations du groupe’." Pour l’éditorialiste du Volkskrant, "Ploumen, bien qu’elle ait bénéficié durant sa campagne du soutien de plusieurs échevins PvdA des grandes villes, est un poids léger sans base claire, en comparaison de Pronk". "Le leader Bos et le président du groupe parlementaire Tichelaar n’ont pas grand-chose à craindre d’elle. C’est valable aussi pour la coalition gouvernementale, qui ne tient absolument pas à avoir affaire à un trublion. Jan Pronk, lui, aurait provoqué des remous. Mais en tant que président il aurait aussi pu rendre le PvdA plus attrayant pour des électeurs de gauche qui votent SP. Les membres du parti n’ont donc pas opté pour la variante la plus vive, mais pour la sécurité." "Pour beaucoup de membres du PvdA, Jan Pronk était souvent un opposant déloyal qui, avec ses idées gauchistes, sa préférence pour une coopération avec le SP et son aversion pour le premier ministre Balkenende, se serait certainement mis dans les jambes de Wouter Bos", remarque le commentateur du Telegraaf.
http://www.ambafrance.nl/article.php?id_article=8892