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vendredi 30 mars 2007

Le vrai Sarkozy

Depuis quelques temps, le compte-rendu sans esprit critique des déclarations de Nicols Sarkozy par la press française et étrangère me sidère. Alors que beaucoup des déclarations des autres candidats sont souvent jugés de manière assez sévère, voire recadrés par des faits (on voit ce que Libé a fait subir à Ségolène Royal), l'ex-ministre de l'intérieur semble jouir de privilèges particuliers.
Sa politique sécuritaire poudre-aux-yeux ne commence à être critiquée que depuis quelques jours. On sait très bien que si Sarko n'est pas à l'origine des problèmes des banlieues, il n'a rien fait pour les résoudre, et il a été le premier à mettre de l'huile sur le feu, aussi bien par ses déclarations que par ses actions. Ce n'est pas comme si une telle attitude était sans conséquence: il a condamné des millions de personnes à la peur, le rejet, l'injustice et l'arbitraire des criminels et des policiers. Dont beaucoup de jeunes, et les jeunes c'est l'avenir du pays. Pire que tout, même les policiers se plaignent que la culture du chiffre et des arrestations à tour de bras va droit dans le mur. Si même les flics sont contre, où va-t-on.

Pire que la politique sécuritaire, la politique économique et les déclarations viriles sur la valeur travail et la France qui se lève tôt me scandalisent. Il faut savoir que Monsieur Sarkozy est avocat fiscaliste, c'est à dire que son travail consiste à aider les riches à ne pas payer d'impôts (il a commencé par lui-même, comme le Cannard nous l'a montré), alors que la France qui se lève tôt, comme il dit, n'a pas les moyens de programmer une quelconque évasion fiscale. Au ministère de l'économie et plus tard en tant que membre d'un gouvernement de droite ayant essayé de faire passer le droit du travail comme une chose archaïque et asociale, il s'est assuré que les détenteurs de capital (ses clients qui essayent de ne pas payer d'impôts) puissent vivre de leurs rentes alors que la France qui se lève tôt, comme il dit, s'enfonce dans la misère et la précarité. On vient de découvrir avec horreur qu'un tiers des Français vivent dans la pauvreté ou la précarité, et quand on sait qu'on a (selon les estimations) de 10% à 20% de chômage réel, ses déclarations sur la valeur travail semblent le fruit d'une cruelle ironie. Remettre le travail à l'honneur, c'est s'assurer qu'un maximum de personnes ont un accès aisé à l'emploi, à plein temps si elles le désirent (donc pas de temps partiel imposé), qu'elles puissent en vivre correctement, qu'elles puissent exercer un métier dignement, sans terreur, sans humiliations ou risques d'accidents du travail, et qu'elles puissent y accéder sans discriminations raciales, religieuses, d'âge, de sexe ou de code postal.
Franchement, autant Bayrou est une candidat de droite classique, finalement assez respectable malgré ses tentatives pour se positionner au-delà de la ligne droite-gauche (il reste un homme de droite, c'est un peu triste qu'il n'assume pas, comme s'il en avait honte), Sarkozy est le candidat non seulement de l'extrême-droite sécuritaire et raciste, mais aussi des rentiers pour qui l'évasion fiscal est un art très prisé, et clairement l'ennemi objectif des jeunes, de la France qui se lève tôt et de ceux qui essayent de vivre de leur travail.
J'espère que les Français auront l'intelligence de comprendre que leur vie va être profondément transformée, en mal, si ce monsieur est élu président. Encore quelques semaines pour savoir ce qu'il en sera.