vendredi 5 janvier 2007
Une ode à la beauté de la nature
Je viens de finir d'Antimanuel d'économie de Bernard Maris. C'est un livre à la fois simple (l'écriture est directe, simple, drôle, parfois familière) et compliqué (les thèmes abordés ne sont pas toujours évidents). Il porte très bien son nom d'antimanuel car il ne ressemble en rien aux manuels sur lesquels j'ai dû étudier à Science Po. Pas d'équations, pas de certitudes, par de mathématiques abstraites, pas de dérivées, pas de point d'équilibre...
A la place, des références philosophiques, des photos parfois bizares, souvent drôles. Et beaucoup d'envolées lyriques assez touchantes.
Ce qui m'a fasciné le plus, c'est son analyse psychanalytique du capitalisme moderne, et son blocage anal: alors que les société dites primitives vivent dans l'abondance naturelle (elles ne stockent que rarement car la nature est le stock, la réserve inépuisable si tant est qu'on respecte ses équilibres), la société capitaliste veut accumuler des objets sans jamais rien jeter (alors que les sociétés "primitives" jettent régulièrement lors de fêtes qui procurent un statur social aux plus riches qui viennent de se délester de leurs surplus). Les conséquences sont nombreuses: purges violentes (guerres), engorgement matériel (un classique), et surtout destruction de la nature (on vit en dilapidant la fortune de nos enfants).
Enfin, et c'est en cela que le livre est touchant, c'est l'espèce d'ode à la nature que Maris ne peut s'empêcher d'écrire. En lisant ses lignes, j'avais d'un côté mon chat Jean-Louis qui me regardait de ses magnifiques yeux dorés en étirant son corps gris-bleu, et de l'autre mon chien Martin, ronflant de bonheur par sa truffe parfaite et me regardant d'un air satisfait entre deux rêves canins.
Deux créatures sauvages dans mon univers synthétique et "civilisé". Deux preuves que la Nature, Dieu, le Hasard, que sais-je, a créé de la beauté et que la vie est miraculeuse.
Livre obligatoire pour ceux qui croient encore aux fables libérales, et pour les autres aussi.
Libellés :
Discussions