L'extrême-droite française est fascinante. Multiforme, plurielle, changeante. En voici une nouvelle preuve: Marine Le Pen, la très impressionnante fille de Jean-Marie (belle, jeune, intelligente, dangereuse), vient de donner un entretien hallucinant dans lequel sa position est, sur l'homosexualité, à gauche de Sarkozy et Chirac!
Pour mon bouquin j'ai réussi à m'entretenir par email avec un cadre du mouvement identitaire. Si leur crispation sur le catholicisme est assez encore étonnante, le reste est finalement plus moderne qu'une grande partie de la droite de l'UMP. Ils sont moins enthousiastes sur le revirement multiculturel du Front National (voir l'affaire de l'affiche avec la jeune fille beuro-antillaise), mais bon, même s'ils se défendent de racisme, ils sont au moins culturalistes.
L'extrême-droite est-elle devenue moderne et fréquentable? Je ne pense pas. Elle s'adapte à son public (beaucoup de jeunes moins vichystes, ex-collabo et cathos intégristes, plus de jeunes ayant grandi en banlieue, donc multiculturels de fait, et pas mal d'homos ou d'homofriendly), et elle montre surtout:
1°) la ringardise de la classe politique française (même à gauche) qui se pose encore des questions sur l'identité française et l'union des couples de même sexe (entre autres).
2°) l'intensité de la défiance anti-système politique. Sarko risque d'en souffrir, Ségo aussi.
3°) le manque de réactivité des politiques vis-à-vis de la "Démocratie 2.0" (puisqu'il faut lui donner un nom): si Ségo écume le net, le reste en est quasiment absent. Les identitaires sont bien organisés sur le net, le FN est sur Second Life...