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vendredi 5 janvier 2007

Réhabilitation de la régence?

Enfin quelqu'un avec qui je suis d'accord. En politique, coopération ne veut pas dire capitulation: on représente des cultures et des intérêts différents, on n'est pas en compétition pour gagner le pouvoir. Le pouvoir n'est qu'un moyen, pas un fin.
Par ailleurs, du point de vue des minorités (un sujet qui m'obsède, je sais), être en minorité ne veut pas dire devoir être réduit au silence ou forcé contre son gré. Ces derniers temps, en France ou aux Pays-Bas, c'est loin d'être une évidence.
Tout cela me rend très curieux sur quel type de gouvernement nous aurons avec Balkenende, Rouvoet et Bos. Ceci dit, je pense que c'est une erreur historique de ne pas réussi à embarquer le SP et GroenLinks dans un gouvernement de gauche: ils ne réussiront qu'à affaiblir les travaillistes et jouer l'opposition grincheuse...

Dans la presse néerlandaise:
Dans sa rubrique hebdomadaire du Financieele Dagblad (FD-Persoonlijk), Paul Schnabel, le directeur du SCPB, poursuit sa réhabilitation de « la fonction de Régent » : « nous ne pouvons pas nous en passer, dans un pays où un gouvernement est forcément une coalition et où gouverner est donc une affaire de grands compromis et de petits pas. La meilleure preuve en est le compromis trouvé pour éviter, après la motion de défiance du mois de décembre, d’aborder la nouvelle année avec un gouvernement doublement démissionnaire et pratiquement amputé de moitié. C’est ce que j’appelle une solution typiquement ‘catholique’ : personne n’est contraint de trahir ses principes et pourtant, le différend se trouve réglé, même si la solution ne mérite pas forcément un prix de beauté ».

L’expression fonction de Régent fait référence à « des personnes exerçant une autorité et considérant comme de leur devoir d’œuvrer pour l’intérêt général. Cette fonction s’exerce encore dans de nombreuses instances comme le Conseil d’Etat, le SER, ou la procédure d’Information (en vue de former un gouvernement). Sa tâche principale consiste à dépasser les divergences et à trouver des terrains d’entente. Ce qui n’est certainement pas devenu plus simple, puisque depuis les gouvernements ‘violets’, on estime que c’est une bonne chose - voire moralement supérieure - que de faire ressortir les divergences. Tout geste conciliant en direction de la partie adverse est presque considéré comme une forme d’auto négation, de faiblesse morale, ou d’absence de conviction.

Cette image se trouve renforcée par l’intrusion croissante de la publicité ; on répugne de plus en plus à une concertation à laquelle ne seraient pas conviées les caméras de la télévision. Mais personne ne veut négocier en public de ce qui divise l’opinion publique. Et du reste personne ne le fait. On ne l’a pas fait lorsqu’il a fallu recoller les morceaux dans l’affaire de l’amnistie générale, et on ne le fait pas davantage maintenant. Le Journal de 20 heures a annoncé que l’informateur et les leaders de la future coalition potentielle se sont retirés dans un endroit secret.

Il faut créer une relation de confiance et trouver un thème fédérateur : cela ne peut pas se faire face à leurs troupes. La pratique n’a guère changé : il y a trois cents ans, les Régents ont fait en sorte que les oppositions religieuses ne dégénèrent pas et il y a moins de trente ans, ils ont fait la même chose en prévenant, grâce à l’accord de Wassenaar, une confrontation entre le capital et le travail. Ce qui a changé, c’est le jugement porté sur la fonction de Régent. Celle-ci doit retrouver une image positive et cela implique que l’on accepte de nouveau les ‘discussions d’arrière-boutique’. On pourra toujours juger ultérieurement, sur la place publique, si les résultats sont bons et servent l’intérêt général ».
http://www.ambafrance.nl/article.php?id_article=8061