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dimanche 17 décembre 2006

La diversité travailliste

Jeudi dernier, je suis allé à la réunion des membres du parti travailliste australovicien. Avec Alper Tekin Erdogan, j'ai été soutenir notre collègue de la Commission Transport et Entreprises, Jan Witting. La nouvelle politique de stationnement est en effet très ambitieuse (construire des parkings automatisés sous les canaux et reprendre contrôle de l'espace public) mais génère aussi beaucoup de stress chez les habitants. La discussion s'est révélée, une fois de plus, complètement irrationnelle et impulsive, à coups d'arguments familiaux et misérabilistes sur l'état de l'économie et de la famille moderne.

Mais bon, cela s'est finalement pas trop mal passé. A la fin de la réunion, tour de salle pour savoir de quoi il serait bien de parler les prochaines fois. Je soulève le problème de la diversité au sein du parti. Dans un arrondissement où presque la moitié des habitants est non-néerlandaise (voire plus dans la Pijp), il n'y a que deux allochtones élus (Alper et moi), et nous étions aussi les deux seuls à la réunion. Les Néerlandais blancs de plus de 50 ans dominent. Je n'ai rien contre eux, ils sont pour la plupart adorables et intéressants, mais si nous voulons être représentatifs du quartier, il nous faut nous diversifier.
Silence plus ou moins gêné de la salle.

Je vais ensuite voir deux éminents membres du parti, qui me disent que c'est déjà assez difficile de mobiliser les membres blancs néerlandais de plus de 50 ans, alors les autres ce n'est même pas la peine d'essayer. Par ailleurs, me dit-on, les étrangers en question sont des expatriés richissimes, pour la plupart américains ou anglais, et que la politique néerlandaise n'intéresse pas.
Ce n'est pas du tout mon expérience. Rien que dans ma cage d'escalier, au premier étage il y a une famille marocaine mal intégrée et un Surinamien malade, à mon étage il y a un Français et un Américano-Portugais (Lewis et moi) et un Néerlandais timide en face. Au dessus, une Lituanienne mariée à un Egyptien, et en face une Portugaise maquée à un Néerlandais. Au dessus, deux Néerlandais (dont un guitariste à cheveux longs), et en face un Français d'origine maghrébine marié à une Hollandaise francophone. Tout le monde bosse, personne n'est un expat richissime. Tout le monde s'intéresse à la politique locale, à sa façon.
Je connais un boucher français (sur Albert Cuyp), une vendeuse de saucissons, un boulanger français. Une italienne qui vend des savons, une Autrichienne qui s'occupe des jeunes. Je connais des Belges et des Anglais intégrés, pas si riches que ça et intéressés par la politique. J'en connais d'autres d'origine portugaise, islandaise, autrichienne, marocaine, turque, allemande, israélienne, géorgienne, chinoise... Ils sont aussi intéressés par la politique, et ne sont pas des expats arrogants et peu impliqués.
Jusqu'à maintenant, aucun parti ne s'est intéressé à eux. Bien sûr que ce n'est pas facile. Mais le SP s'active déjà à en mobiliser certains, et Wouter Sletterhaar du VVD (libérauw) n'a pas fait mystère de son envie de les mobiliser. Il a raison, ils sont une source de richesse pour un parti politique.

Si le PvdA pense que son public cible est uniquement les gauchistes riches de plus de 50 ans d'origine néerlandaise, c'est son droit, mais qu'on ne vienne pas se plaindre lorsque les résultats des prochaines élections sont vraiment catastrophiques.
Par ailleurs, un parti a d'autres activités que les élections. Ces allochtones d'origines différentes sont une source d'idées nouvelles et d'expériences dont on devrait savoir profiter. Ils représentent une source presqu'intarissable d'inspiration, et ne pas en profiter serait un gâchis pour nous mais aussi pour l'arrondissement.

Sur le sujet, les partis travaillistes anglo-saxons ont une longueur d'avance. La médiocrité de la politique de diversité des travaillistes néerlandais me fascine, d'ailleurs. Les Canadiens ou les Britaniques y travaillent d'arrache-pied. Même les entreprises s'y mettent, maintenant qu'elles ont compris que c'est une source de richesse (et cela permet d'éviter des systèmes incestueux à la Enron ou Ahold).

Bref, on n'a pas fini de m'entendre sur le sujet.