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samedi 18 novembre 2006

Encore une victime de l'UvA

L'autre jour, j'ai été à la défense de thèse de mon amie Alexandra Schüssler... en allemand. Oh là là, mon allemand était rouillé. J'étais tellement occupé à comparer l'allemand au néerlandais que parfois j'ai un peu décroché des explications d'Alexandra. Lacan, objet petit a, la folie et l'art...

Mais bon. Elle a reçu son doctorat. Il était prévu qu'elle reçoive un "cum laude" (félicitations spéciales, données dans 1% des cas), mais au dernier moment, rien de tout cela. Un cum laude s'obtient à l'unanimité (dans mon cas, vu l'hostilité patente de deux membres du jury, on en était vraiment loin), mais dans le cas d'Alexandra le jury semblait unanime.
Ce qui s'est passé? Son directeur de thèse n'a pas donné les bons papiers au bon moment à l'administration de l'UvA (Université d'Amsterdam). Depuis, Alexandra essaye de comprendre comment cela est possible. Visite au directeur de l'école, au doyen, à son directeur de thèse, à l'administration des troisièmes cycles... Elle découvre (enfin!) la bureaucratie d'une université très mal gérée, dont les membres profitent largement des largesses du monde académique sans trop se soucier de leurs obligations à l'égard des étudiants et des thésards.

Quand j'ai bouclé mon doctorat, j'ai découvert que l'université avait oublié de payer mes impôts. Elle n'avait pas non plus rempli ses devoirs sociaux, en oubliant de payer ses charges sociales. Il a fallu un procès pour que le jude l'oblige à remplir ses obligations (avec, pour moi, plus de deux ans de chaos budgétaire lors desquels j'ai été obligé d'accepter tous les boulots, même les pires, pour ne pas être en interdit bancaire). L'université avait aussi des obligations de reclassement, mais j'ai reçu un lettre me l'expliquant deux ans plus tard, avec une demande de payement (800 euros pour un entretien de 45 minutes).

Le plus ironique dans l'affaire, c'est qu'Alexandra comme moi avons eu des problèmes "culturels" avec l'université. C'est à elle de raconter les siens. Les miens tournaient autour de l'inefficacité et le chaos supposé des Français. On me considérait incapable de mener une recherche à bien parce que je ne suivait pas la logique infantile du pas-à-pas sans laquelle ils se sentent perdus. On m'a même accolé un vice-directeur en charge de la méthodologie (qui finalement n'a fait que vérifier que mes tableaux étaient bien numérotés) pour vérifier que je savais écrire une thèse alors que je suis le seul à l'avoir fini dans les temps dans cette école depuis des années.
Bref, l'UvA exige soumission et efficacité de ses thésards, mais est incapable de bouger sa bureaucratie pour réparer ses propres erreurs lorsqu'il s'agit de récompenser une thésarde qui a réussi avec brio. Les Néerlandais appellent ça "de franse slag", le travail mal fini à la française. Si ce n'est pas une forme d'arrogance nationaliste déplacée, je ne sais pas ce que c'est.

Est-ce un hasard si c'est à l'UvA que le mouvement contestaire, anti-establishment, anti-machisme et anti-bureaucratie a germé dans les années 1960? Clairement, une nouvelle révlution y est nécessaire.