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Mais bon. Elle a reçu son doctorat. Il était prévu qu'elle reçoive un "cum laude" (félicitations spéciales, données dans 1% des cas), mais au dernier moment, rien de tout cela. Un cum laude s'obtient à l'unanimité (dans mon cas, vu l'hostilité patente de deux membres du jury, on en était vraiment loin), mais dans le cas d'Alexandra le jury semblait unanime.
Ce qui s'est passé? Son directeur de thèse n'a pas donné les bons papiers au bon moment à l'administration de l'UvA (Université d'Amsterdam). Depuis, Alexandra essaye de comprendre comment cela est possible. Visite au directeur de l'école, au doyen, à son directeur de thèse, à l'administration des troisièmes cycles... Elle découvre (enfin!) la bureaucratie d'une université très mal gérée, dont les membres profitent largement des largesses du monde académique sans trop se soucier de leurs obligations à l'égard des étudiants et des thésards.
Quand j'ai bouclé mon doctorat, j'ai découvert que l'université avait oublié de payer mes impôts. Elle n'avait pas non plus rempli ses devoirs sociaux, en oubliant de payer ses charges sociales. Il a fallu un procès pour que le jude l'oblige à remplir ses obligations (avec, pour moi, plus de deux ans de chaos budgétaire lors desquels j'ai été obligé d'accepter tous les boulots, même les pires, pour ne pas être en interdit bancaire). L'université avait aussi des obligations de reclassement, mais j'ai reçu un lettre me l'expliquant deux ans plus tard, avec une demande de payement (800 euros pour un entretien de 45 minutes).
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Bref, l'UvA exige soumission et efficacité de ses thésards, mais est incapable de bouger sa bureaucratie pour réparer ses propres erreurs lorsqu'il s'agit de récompenser une thésarde qui a réussi avec brio. Les Néerlandais appellent ça "de franse slag", le travail mal fini à la française. Si ce n'est pas une forme d'arrogance nationaliste déplacée, je ne sais pas ce que c'est.
Est-ce un hasard si c'est à l'UvA que le mouvement contestaire, anti-establishment, anti-machisme et anti-bureaucratie a germé dans les années 1960? Clairement, une nouvelle révlution y est nécessaire.