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lundi 20 février 2006

Jürgen Raymann est mon héros °

Hier, sans son fabuleux et drôlissime programme sur la télévision publique, l'humoriste Jörgen Raymann avait invité l'affreux Marco Pastors, héraut des rotterdamois blancs racistes et islamophobes. J'ai trouvé Raymann très fort. "On ma demandé comment je pouvais inviter quelque comme Pastors. C'est très simple, j'ai pris mon téléphone et je l'ai appelé". Plutôt que chercher à le diaboliser, il l'a mis devant ses contradictions. Pastors s'est ridiculisé lui-même et est reparti la queue entre les jambes, sourire crispé. Raymann lui a sorti un truc du genre "je hebt geen gelijk, je krijgt het", ce qui se traduit plus ou moins pas "il ne suffit pas d'avoir raison, encore faut-il en convaincre les autres". Avec Lewis on a applaudi tellement fort que le chien s'est réveillé en sursaut, se demandant ce qui arrivait.

Par ailleurs, Raymann a réalisé probablement l'interview la plus queer que 50 Cents ait jamais eu à donner, habillé en Tante Es, une vieille surniamienne un peu chaude qui lui donnait des petits noms en surinamien. Ca change des interview débiles de MTV et TMF ("ton disque est super, tu viens quand en concert?", "tu aimes les Pays-Bas? - Ouais j'adore, c'est le meilleur public du monde..."). L'air de rien, sous des dehors de folle mutine, Raymann a laissé entrevoir un 50 Cents vraiment humain, drôle, intelligent. Il est loin d'être la bête de muscle sexualisée que ses vidéos laissent croire. Je crois que Raymann, conscient comme personne des stéréotypes sexistes, racistes et colonialistes sur l'homme noir, mi-animal, mi-enfant-hypersexué, a réussi, très subtilement, à révéler autre chose que les clichés que les média classiques propagent sur le rap, la négritude, et la sexualité. Par ailleurs, Raymann avait vraiment bien préparé son interview, et ça se voyait. Il maîtrisait son sujet, et ça devient tellement rare que c'est vraiment agréable. Le tout sans avoir l'air d'un Jacques Chancel ou d'un Larry King.
Il y a parlé nudité, homosexualité, prostitution, famille monoparentale, violence du ghetto. Des sujets lourds, mais à la fin de l'entretien on avait envie de les embrasser tellement ils nous avaient faire rire intelligemment.

Bref, il y a des jours où, heureusement, il existe des gens biens qui vous rappellent que toutes les "célébrités" néerlandaises ne sont pas des pions idiots ou des cyniques manipulateurs. Merci.
Son saïte: http://www.jorgenraymann.com/