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mercredi 4 janvier 2006

La jeunesse rotterdamoise en question... °

Je viens de parcourir le rapport d'Entzinger, Phalet et van Lotringen, de l'Université Erasme de Rotterdam, et il y a beaucoup de choses intéressantes à lire là-dedans. La première est que si les jeunes d'origine marocaine ou turque se sentent avant tout Turcs ou Marocains, leur implication dans la vie sociale est plus élevée que celle des Bataves (Néerlandais de souche), même au sein des organisation non-ethniques.
Par ailleurs, quand on regarde la sympathie vis-à-vis des partis politiques, mais est-ce vraiment une surprise (cliquez sur l'image ci-contre pour en voir les détails), chez les Néerlando-marocains c'est le PvdA (parti travailliste) qui arrive largement en tête, suivi par GroenLinks (gauche écolo) et chez les Néerlando-turcs, c'est aussi le PvdA, mais talonné par le VVD (parti libéral). Et cela alors que le VVD et le PvdA n'ont pas fait beaucoup d'efforts pour inclure ces jeunes. Dans le cadre du PvdA, en fait, les jeunes Néerlando-turcs sont beaucoup plus nombreux que les Néerlando-marocains, alors que les statistiques montrent que ces derniers devraient (par leur nombre et par leurs préférences électorales) mis en avant. Avant de faire des listes, je pense que les partis devraient consulter des politologues et des démographes. Sachant qu'une élection peut se gagner à quelques voix près, je trouve que les partis politiques néerlandais font preuve d'amateurisme.

Gouverner uniquement avec les sondages est une erreur. Il faut, selon moi, suivre trois lignes directrices: 1°) la démographie, 2°) la sociologie, 3°) des règles politiques strictes. Je m'explique: il faut savoir qui est son public, comment le mobiliser, et quel est le public potentiel mobilisable en dehors de son vivier naturel; il faut ensuite suivre de près les variations sociales (changements de valeurs, de position financière et statutaire...) de son électorat pour voir quels sont les points forts de la campagne susceptible de lui parler avant même qu'il l'ait vocalisé (ou suivre sur ce point les associations de terrain, ainsi que les recherches sociologiques). Enfin, il faut avoir un programme clair, et des règles de gouvernement strictes: il faut d'une part que ceux qui gagnent les élections aient une partie du pouvoir (cela inclue donc les femmes, mais aussi les allochtones et les jeunes, et pas que seuls les Hollandais blancs hétéros de plus de 45 ans finissent seuls au pouvoir), que d'autre part le processus soit transparent (ce qui est loin d'être le cas), et qu'enfin les partis fassent savoir à leurs électeurs quels points de leur programme est négociable (en vue d'une coalition) et lesquels ne le sont pas (la "ligne rouge" infranchissable).

Pour lire le rapport soi-même:
http://www.ercomer.org/publish/reports/Islam_report.pdf