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mardi 17 janvier 2006

La colonisation en question °

France Télévisions vient faire un reportage pour France Europe Express, le magazine de Christine Ockrent, sur le débat sur la colonisation aux Pays-Bas (pour comparer avec ce qui se passe en France). Je suis leur fixeur (sauf vendredi où je serai à Rotterdam pour une conférence) et j'ai commencé à appeler plein de gens qui maîtrisent le sujet: Pieter Emmer (prof à Leiden), Asra Bijnaar (une ancienne collègue de l'ASSR), Gaby da Costa Gomes (prote-parole des Antillais), Maria Cuartas (chef du cabinet du maire d'Amsterdam, avec qui j'avais eu une très intéressante conversation il y a quelques temps lors de la conférence franco-néerlandaise et qui vient de Curação)...
Ce qu'il en ressort c'est ceci:
1°) alors que l'Angleterre a choisi la décolonisation totale et que la France a choisi l'intégration, les Pays-Bas ont laissé une autonomie à leurs anciennes colonies qui a débouché sur un statut hybride donnant moins de droits à leurs habitants qu'aux métropolitains, mais moins de libertés aussi. Cela explique que des gens qui sont néerlandais depuis 4 siècles puissent être considérés comme des étrangers. Par ailleurs le niveau de l'enseignement est tel que beaucoup d'Antillais n'apprennent jamais le néerlandais correctement et en viennent à le détester tant il est la marque du colonisateur
2°) il n'y a aucun débat aux Pays-Bas sur le sujet. Même au sein des partis politiques, les Noirs sont priés de la fermer. Un institut avait eu pour mission de conseiller Verdonk: le Ninsee n'a tellement pas été écouté qu'ils figurent maintenant comme ses plus fermes opposants
3°) l'esclavage, officiellement interdit il y a 150 ans, a perduré bien longtemps: beaucoup de Surinamiens ou Antillais ont entendu parler leurs grand-parents de l'esclavage. Le manque de discussion est tel que même la science sociale est utilisée pour "punir" les familles "déviantes" avec des projets (à Rotterdam) de retirer les allocations familiales des femmes noires qui refusent de révéler l'identité du père de leur enfant (on ne le fait pas pour les familles blanches, qui elles ne sont pas déviantes mais victimes de la vie, c'est bien connu).
J'en apprendrai bien plus très bientôt... A suivre donc!