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jeudi 10 février 2005

Matérialisme coupable? °

Il y a une dizaine de jours, un reportage sur la chaîne locale AT5 rapporte que la soirée XXLeather (où se retrouvent toutes le folles cuir d'Occident) s'est transformée en fête bèrebaque (c'est à dire pour les adeptes du sexe sans capotes). De quoi faire flipper la pauvre Lestrade qui se bat depuis 15 ans contre le sida. Et voilà que le scandale éclate. L'organisateur, un peu surpris, reprend du poil de la bête et geint que les méchants bèrebaqueurs ont squatté sa fête, diffusé des fausses affiches promettant du bèrebaque à gogo. Il annonce qu'il va porter plainte, euh..., allez, pour atteinte à l'image.
Qui cherche un peu trouve. Dans un entretien quelques temps auparavant, il avait affirmé "les bèrebaqueurs? peu me chault" (là c'est moi qui traduit, of course). Mais maintenant qu'AT5 en a fait un repartage à scandale, le voilà hérault de la prévention anti-bèrebaque, choqué des conduites déviantes de ces méchantes folles.
C'est très drôle, car s'il est des organisateurs de fêtes absolument cyniques et opportunistes, sans aucun fond moral, c'est bien ce genre de mecs.

Mais l'histoire n'est pas finie... J'ai proposé ce sujet à ma cheffe à Têtu, la fabuleuse Judith, qui m'écris, je cite "On fera une news quand la plainte aura été déposée. A ce moment-là, il faudra être super factuel, sans aucun jugement de valeur. La rédactio est très partagée sur le bareback (ou plutôt sur les moyens de le combattre) et il est hors de question qu'on entre dans le débat dans le Quotidien". Comme la plainte ne sera jamais déposée, ce sujet ne verra jamais le jour.
Je la comprends (déterrer la hache de guerre est une mauvaise idée) mais je commence à dire que la pauvre Lestrade a bien raison: c'est quand même incroyable que les pédés médiatiques, dont Têtu, of course, se portent indirectement garants de boites pourries comme les boites à cul parisiennes qui se font de l'argent sur la misère sexuelle des pédés et les laissent se contaminer sans piper mot, ou des organisateurs de soirées contaminantes. On croit que c'est du bizness, mais non, c'est hautement politique! Si les pédés ne sont pas capables de faire le ménage entre eux, il ne faudra pas se plaindre de la criminalisation des procédures, des saisies, des descentes de flics et des anathèmes.
On ne peut pas demander plus de liberté et n'assumer aucune responsabilité. On sait bien que la République ou le Royaume sont des entités naturellement autoritaires, le seul moyen de leur échapper est d'éviter de prêter flanc à la critique.
Ah, mais je deviens un Lestrade moi-même, que m'arrive-t-il?

A lire: Lestrade, The End, Denoël.