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samedi 6 décembre 2008

Virtualisation totale = démocratisation



L'industrie musicale a peur des mp3. Moi je pense que la révolution numérique n'est pas du tout finie et que ça va chauffer pour l'ensemble de l'industrie des loisirs. Je vais essayer de faire sens...
Pour ceux qui suivent un peu, il y a une dizaine d'années les synthétiseurs et les boites à rythme ont été virtualisés par les Suédois de Propellerhead, et cela a donné Rebirth, un petit programme tout simple qui permet de faire de la House de base sans matériel (désormais gratuit et disponible ici). Ils ont été suivis par beaucoup, dont les fabricants de matériel (Roland, Yamaha...) qui ont compris qu'il fallait y participer à la virtualisation sous peine de mourir. Personnellement, je me sers beaucoup de Reason, le grand frère de Rebirth. Tous les synthés analogiques d'Überlove, les boucles d'acide et les rythmes ont été fabriqués avec ces programmes virtuels imitant des machines de studio, jusque dans leur esthétique, même si je fais l'effort de rester lo-tech et de surtout ne pas passer aux synthétiseurs numériques et aux plugins à la mode. Le son "Laurent & Lewis" est pour beaucoup dû au Subtractor, au Redrum et à la NN-XT.

Avec une page comme celle d'Hobnox, on passe carrément à autre chose. Il suffit d'un butineur web avec Flash, et on peut commencer à installer plein de machines sans rien devoir installer sur son ordinateur. Alors qu'installer Reason prenait beaucoup de temps et surtout d'espace sur le disque (et d'argent si vous achetez le programme), avec Hobnox on commence tout de suite, gratuitement, sans rien installer.
Avec un internet de plus en plus développé, dans un futur très proche on va pouvoir probablement réserver sa page avec ses chansons en cours, charger des échantillons piqués ici et là ou enregistrés chez soi (des voix, par exemple) et, pour les plus talentueux... faire des chansons qui tiennent la route.
Je vous conseille d'aller sur le site et faire joujou avec les machines, avec un casque si vous êtes marié(e), histoire de le rester. Ça a l'air déroutant au début, mais c'est vraiment extrêmement intuitif: on change de séquence et la mélodie change tout de suite, on ajoute un clap et on l'entend immédiatement, on ajoute des effets qui se branchent tous seuls. Je ne garantie en rien la beauté du résultat, mais je vous assure que vous l'entendrez, pas besoin d'un doctorat en acoustique pour sortir une note.



En plus, pour les gens bordéliques créatifs comme moi, avoir tout dans une seule page (ou un seul programme) sans avoir trop de fils partout, c'est vraiment un don du ciel. Les machines sont toujours propres, ne tombent jamais en panne, on n'a pas égaré leur alimentation, on peut voyager avec sans avoir une armée de porteurs pour vous accompagner à la gare ou l'aéroport...
Cet accès simple et instantané va avoir des conséquences incroyables, puisque le coût d'entrée dans l'industrie de l'entertainment va être quasiment nul. N'importe quel kid d'Amstelveen, de Châtenay-Malabry, de Soweto ou de Kuala Lumpur aura la possibilité technique de devenir le Mozart du XXIe siècle, et avec un peu de pratique, n'importe qui va pouvoir créer où qu'il soit, dans une fête, spontanément avec ses amis, faire un gig avec une inconnue rencontrée dans le bus.
On assiste à la mise en place d'une infrastructure de création (musicale, mais on le voit de plus en plus avec la vidéo) totalement démocratique qui va remettre à plat l'ensemble de l'industrie. La crise économique et civilisationnelle aidant, je ne donne pas cher de la peau des éléphants de l'entertainment du XXe siècle, ceux qui déjà n'avaient pas compris la révolution de la virtualisation des supports musicaux.