Depuis quelques jours, partout on subit une publicité qui m'agace particulièrement: "ça commence avec la langue" (het begint met taal). L'idée est de promouvoir le néerlandais comme langue commune, au travail, entre amis, dans la rue. Dès que je l'ai vu j'avais envie de crier.
Tout d'abord, les clichés des Pays-Bas travailleurs et pacifiques me rappellent ces sites américains où les gens se mélangent avec grâce entre groupes ethniques, ont tous des belles dents, travaillent fort et sont tous heureux. À croire que personne n'est moche, gros, raciste ou malheureux dans l'Amérique de George W. Bush. Ensuite, c'est un aveu de faiblesse: si on a besoin de rappeler qu'on parle néerlandais aux Pays-Bas, le pays est mal barré.
Enfin, et surtout, ce "ici, on parle néerlandais" a quelque chose de très dénigrant. Sous entendu: "vous entendez, les bougnoules, on ne parle pas arabe ici, c'est clair?" Les Hollandais à qui j'en ai parlé ne comprennent pas. Les étrangers ou les allochtones (qui parlent tous néerlandais, d'ailleurs), le prennent comme une attaque personnelle. Ça me rappelle le "ici, on n'égorge pas les
Enfin, je le rappelle, parler la langue de son choix avec ses amis reste un droit. La dernière fois qu'on nous a empêché de parler notre langue c'était au début du XXe siècle, avec mes grand-parents, auxquels on a interdit le breton, même entre eux. Croire que c'est cela qui les a francisé est une erreur: ce sont la liberté et l'ascenseur social qui ont incité ma mère à maîtriser le français, pas les humiliations qu'ont subies ses parents. Si le gouvernement veut que les gens optent pour le néerlandais, il faut d'abord mettre fin aux discriminations sur le marché du travail et faire en sorte que le batave deviennent un outil de libération, pas une obligation gouvernementale humiliante. Le Canada s'est excusé, l'Australie aussi, on attend que les Pays-Bas et la France le fassent pour l'esclavage et les ethnocides, et on veut nous interdire de parler la langue de notre choix entre amis?
Qu'une telle campagne puisse avoir lieu en 2008 me dépasse, vraiment.