Je suis tombé sur une interview de Christophe de Voogd, ancien directeur de la Maison Descartes. Il pointe la crise identitaire qui traverse les Pays-Bas depuis plusieurs années, et je suis totalement d'accord avec lui (voir ma page textes pour plus de détails sur le sujet). Ce qui est intéressant, c'est que la plupart des observateurs le constatent, sauf les Néerlandais, qui semble en pleine crise de déni. Impossible d'en parler, surtout pour un étranger. C'est dommage, le nationalisme parfois violent des Français devraient leur servir de repoussoir, il n'en est rien. Même dans mon parti, impossible d'en parler.
J'en profite pour saluer Christophe, qu'on regrette beaucoup à Amsterdam, surtout depuis un an ou deux, la Maison Descartes s'enfonçant dans l'invisibilité et les guéguerres de personnes.
Dans la presse néerlandaise:
"Qui nous sommes et ce que nous faisons, le Centraal Bureau voor de Statistiek nous le dit chaque semaine", écrit le Volkskrant (p.2) dans le chapeau d’un tour d’horizon sur l’identité néerlandaise. "Et quand ce n’est pas lui, c’est le Sociaal Cultureel Planbureau ." "Ce que nous pensons, c’est Maurice de Hond qui nous le dit, ou sinon Standpunt.nl ." "Mais ce qui nous est propre, nous lie et fait partie de l’identité néerlandaise est plus difficile à exprimer dans des tableaux."
Selon le Français Christophe de Voogd, ancien directeur de la Maison Descartes, à Amsterdam, "la question de savoir ce qui lie les Néerlandais se pose en temps d’incertitude internationale". "Par exemple durant la deuxième moitié du XIXe siècle, lorsque les Pays-Bas craignaient d’être absorbés par l’Allemagne. Dans une grande Europe, les Pays-Bas ont du mal à déterminer leur place. Etudiez la motivation de ceux qui ont voté non au référendum sur l’Europe et vous trouvez la peur. Les Néerlandais insistent sur l’ouverture, mais leur pays est fermé, sauf sur le plan économique." "L’Europe des six était encore un petit comité. Maintenant, le sentiment de se perdre dans un océan domine."
"L’identité nationale a rarement été un thème : on était citoyen du monde. Depuis 2001 et Pim Fortuyn, le pays est dérouté. Cela peut alimenter le populisme de droite comme de gauche." "Il est bon d’avoir un certain sentiment national. Et d’établir des ’canons’. Les Néerlandais ne connaissent pas bien leur histoire. Ils clament ’Orange, Orange !’ durant les matches de football et à Koninginnendag, mais c’est du commerce. Ils ne savent pas que cette couleur est liée à la Principauté d’Orange (en France). Il y a une différence entre le passé national et la nationalisation du passé. Beaucoup de Néerlandais pensent vraiment qu’ils sont un produit direct de Dieu."
"Les Pays-Bas traversent une crise d’identité depuis quelques années", estime aussi la Polonaise Malgorzata Bos-Karczewska, rédactrice en chef de Polonia.nl, le site de la communauté polonaise des Pays-Bas. "Le meurtre de Pim Fortuyn et de Theo van Gogh et le non au référendum sur l’UE, en 2005, ont provoqué des ondes de choc."
http://www.ambafrance.nl/article.php?id_article=9208