Par des sources différentes, j'ai appris que la Maison Descartes (l'institut français d'Amsterdam) est en train de se vider de ses employés, chassés par la mauvaise ambiance et surtout la méchanceté de son directeur. Le directeur précédent (homme par ailleurs charmant) avait mis au placard quelques personnages exceptionnels, ce qui à mon avis a été une énorme erreur. Il a aussi fait détruire la salle de cinéma pour se rendre compte que le budget pour la reconstruire n'était plus là.
Mais on m'a raconté de ces histoires incroyables sur l'ambiance dans l'institut depuis que le nouveau directeur est arrivé, on se croirait dans une ambassade de république bananière. Il est vrai que des personnes qui quittaient Amsterdam avant sa nomination m'avaient prévenu que cela se passerait très mal, mais apparemment c'est encore pire que prévu.
C'est non seulement tragique pour les collaborateurs de la Maison Descartes, qui pour certains vivent un vrai drame personnel, mais aussi pour l'institut, qui est non seulement situé dans un bâtiment exceptionnel qui mérite mieux que quelques cours de français dans les sous-sol et quelques soirées indigentes par an (mais interdites aux gueux, je vous rassure), mais qui a longtemps eu un rôle culturel très important. La Maison Descartes continue de faire venir des auteurs francophones importants à Amsterdam, mais tous les autres projets ont été enterrés: la salle de cinéma est fermée, ravagée, le projet de restaurant n'a jamais rien donné et le dialogue culturel franco-batave est loin de ce qu'il a été.
Apparemment le Consul, qui partage le bâtiment avec l'institut, a du mal à disposer des espaces auxquels il a droit, et a encore plus de mal à permettre aux différentes associations de pouvoir s'y réunir. Ce devrait être le lieu naturel des activités francophones et francophiles, et cela ressemble de plus en plus à un château hanté.
Je ne parle même pas de la façon dont les francophones non-français sont accueillis, ce qui est vraiment indigne. J'ai entendu beaucoup de discours sur la francophonie, mais j'ai rarement autant entendu parler d'un endroit de façon aussi négative, de façon aussi unanime. Mépris, racisme, gallocentrisme, arrogance... C'est le genre de moment où j'ai honte de mon pays.
La dernière fois que j'ai rapporté vaguement ce qui s'y passe sur ce blogue, j'ai eu des coups de fils paniqués de gens qui y travaillent ou doivent s'y rendre régulièrement : "Laurent, tu vas être sur la blacklist" "Laurent, si on n'en parle pas, ça va s'améliorer" "Il va être encore plus méchant"... Il ne s'est rien passé. Ou plutôt, les choses en empiré. On m'a raconté qu'on attend que la personne qui protège ce directeur aux Quai d'Orsay soit muté, qu'on puisse enfin nous envoyer quelqu'un d'autre. Ça fait un peu Pakistan ou République d'Asie Centrale, pas démocratie occidentale, non? J'ai l'air d'être un vieux con qui radote, mais ç'a eu été tellement mieux et le potienciel est tel... Ça me brise le cœur.