J'ai été appelé par des socialistes européens aujourd'hui. Ils m'ont dit: "On attend de voir ce qui se passe au PvdA avant de commencer quoi que ce soit. On veut d'abord voir qui gagne cette bataille pour le pouvoir au sein du parti, maintenant que Bos est au gouvernement et qu'il est évident que sa stratégie a été la plus grosse raison de l'humiliation des dernières élections. Le résultat aura des conséquences sur le Bénélux, mais aussi en France, et probablement, en cascade, sur l'ensemble des pays européens."
Je résume, bien sûr. Ce n'est un secret pour personne que la droitisation du parti travailliste m'a rendu très malheureux. Au niveau national, mais aussi au niveau local, où la reprise sans critique de la fable néo-libérale pour justifier tout et n'importe quoi m'a révolté (voir les labels PvdA, Politique ou Oud Zuid). Dans ma fraction, il y a clairement une branche gauche et une branche droite, qui est pour beaucoup liée à la classe sociale. En gros, les riches sont de droite, les classes moyennes de gauche. Franchement cliché, mais c'est ainsi.
J'espère sincèrement qu'à défaut de reprendre le pouvoir (c'est toujours très compliqué, et le PvdA est un parti très difficile à gérer, avec de nombreux courants), l'opération "plumes rouges" va permettre de remettre les bonnes questions au centre du débat.
Dans la presse néerlandaise:
Le Volkskrant publie une tribune de Jacques Monasch, qui a pris la tête d’un groupe de socialistes favorables à un retour à une idéologie clairement marquée à gauche pour le PvdA : « il est temps de prendre un virage à gauche et de quitter la Troisième Voie ».
Selon M. Monasch, « la position de la social-démocratie en Europe est partout préoccupante, et aussi aux Pays-Bas où le PvdA ne cesse de baisser dans les sondages. Alors que dans les années quatre vingt dix, elle avait connu une renaissance miraculeuse sous le signe de la ‘Troisième Voie’. (...) Avec les coalitions ‘violettes’, le PvdA s’est subrepticement rapproché de ce mouvement de renouveau européen. Sur un certain nombre de sujets, le parti se distingue ainsi positivement de ses principaux concurrents électoraux : le SP a encore une approche simpliste de l’économie et dans les grandes villes, il s’oppose - de même que GroenLinks - à une politique de retour à l’activité des personnes bénéficiant d’une allocation sociale. Mais sur nombre d’autres questions, le renouveau n’apporte pas de réponse : la protection sociale a été assimilée à des citoyens peureux et une ligne de dépense pour l’Etat ; la globalisation est un processus inévitable, dont on met en valeur seulement les aspects positifs ; des thèmes de droite comme les privatisations et l’internationalisation ont été repris sans broncher et même encouragés par certains dirigeants du PvdA. (...)
La social- démocratie est pour nous plus qu’un mouvement destiné à renverser les obstacles et à oublier la protection des revenus moyens (pour ne leur apporter que des mesures d’urgence de type aide sociale ou projet subventionné). On ne bâtit pas un projet politique sur de simples filets de secours. Notre société moderne a toujours besoin d’arrangements de protections sociales à côté des arrangements stimulant la participation des citoyens. Le PvdA doit, plus que tout autre parti, être capable de proposer une combinaison de sécurité, d’émancipation et de perspectives d’avenir.
Les thèmes qui sont au cœur de notre initiative ‘plumes rouges’ doivent être les thèmes d’un PvdA moderne et progressiste : solidarité dans le domaine des revenus (...) ; maintien d’une législation protectrice dans le domaine du licenciement (...) ; lutte contre la pauvreté (...) ; préservation du critère humain comme mesure de toute chose (...) ; liberté d’expression (...). Et finalement, conformément à notre tradition internationale, nous demandons un débat sérieux sur la Constitution européenne, à l’issue duquel les électeurs devront être consultés par référendum.
Cela représente une rupture par rapport à la tradition de responsabilité gouvernementale du PvdA, qui pense trop souvent savoir ce qui est bon pour les citoyens. (...) Le vent de la politique s’apprête à souffler dans une autre direction, la Troisième Voie va être reléguée au passé. Une série d’études internes et le nouveau programme du parti n’ont pas permis de renouvellement notable. Le moment est venu pour les adhérents de faire savoir qu’ils souhaitent un changement d’orientation et d’organisation pour le plus grand parti social-démocrate des Pays-Bas. »
http://www.ambafrance.nl/article.php?id_article=8835